AI25 - Roundtable: Preserving and Representing Heritage

Table ronde : Préserver et représenter le patrimoine

Le patrimoine culturel est défini, y compris par l’UNESCO, comme « le legs d’actifs matériels et immatériels dont dispose un groupe ou une société, hérités des générations passées ». Toutefois, des appels récents lancés par des praticiens de la culture et des artistes ont souligné l’importance d’autres formes de patrimoine périssables comprenant des matériaux éphémères, tels que des textiles, des paniers, des filets, des chaussures, etc. De tels matériaux offriraient un aperçu unique sur le passé pour combler les lacunes de nos récits culturels et historiques. Cette table ronde présente deux projets contemporains en lien avec le travail l’archéologue et historienne de l’art, Zainab Bahrani, qui défend l’idée que la Mésopotamie ancienne et ses monuments sont compris à travers le contexte moderne et qu’ils « traversent ainsi le temps ; ils projettent leur présence dans le futur tout en demeurant dans le passé » (Bahrani). Ces deux projets de long terme aux dimensions épiques correspondent également à des formes d’intervention environnementale et écologique active et de résistance aux défis actuels auxquels l’Irak comme pays et les Irakiens comme nation doivent faire face. Tous deux se reconnectent à la terre, aux gens et à la tradition en négociant de nouvelles relations et en visant à faire revivre d’anciennes pratiques. Ils se réapproprient, tous deux, leur passé, leur présent, leurs souvenirs et leurs capacités d’agir. Ils s’engagent avec la matérialité et leurs souvenirs enfouis et oubliés. Ces projets perpétuent la tradition des artistes irakiens qui mettent l’accent sur le patrimoine et l'environnement historique, bien que selon des approches très différentes et en utilisant les nouvelles technologies.

The Ark Re-imagined est un projet artistique qui envisage une arche mésopotamienne basée sur les anciens types de bateaux et les formes architecturales vernaculaires de l’Irak. En explorant et en documentant ce qui reste des techniques traditionnelles de construction de bateaux et des métiers associés dans l’Irak d’aujourd'hui, le projet innove dans l’étude du patrimoine maritime mésopotamien. S’engageant à l’intersection entre l’art, le patrimoine culturel, l’écologie et le développement, l’approche du projet, suivant celle d’une expédition à la fois artistique et scientifique (“Expeditionary Art”), cherche des moyens tangibles de renouer avec la terre et les rivières à travers une palette de techniques de fabrication et de formes esthétiques qui perdurent dans la région depuis de nombreux millénaires. La pertinence globale du projet est assurée par sa confrontation imaginative avec la situation actuelle de crise systémique et de transformation potentielle, en établissant des parallèles entre l’urgence climatique actuelle et celle du Grand Déluge et en se demandant quels types de connaissances, de ressources et de pratiques une Arche pour notre temps aurait besoin de préserver. Le projet met l’accent sur l’importance du « patrimoine périssable » - ces traditions qui sont définies par des formes tangibles, telles que les bateaux, les textiles et même les bâtiments, mais dont les matériaux sont sujets à la décomposition et qui, par leurs origines rurales ou périphériques sont exclues des définitions standard du patrimoine matériel qui privilégient les grands monuments et les structures durables des anciens centres urbains.