Responsable: >Gaëlle Gillot & Rajaa Nadifi

A77 - Où en est-on dans l’institutionnalisation des études de genre (Maghreb/Afrique) ?

Date : 2022-09-21 | 08:45:00-10:45:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ISAMM
Salle :
Amphithéâtre
Responsable : Gaëlle Gillot & Rajaa Nadifi
Modérateur·trice :
Discutant·e : Mina Kleiche-Dray
Les intervenant·e·s :
Wayack Madeleine Université Joseph Ki-Zerbo
Ben Hassine Khadija CREDIF
Nadifi Rajaa Université Hassan II de Casablanca
Gillot Gaëlle Paris 1 Panthéon Sorbonne

A77 - Où en est-on dans l’institutionnalisation des études de genre (Maghreb/Afrique) ? FR

Salle: Amphithéâtre
Responsable: Gaëlle Gillot, IEDES/Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, France, et Rajaa Nadifi,  Université Hassan II de Casablanca, Maroc
Discutante : Mina Kleiche-Dray, Ceped IRD-Université de Paris, France

  • Gaëlle Gillot, IEDES/Université Paris 1 Panthéon Sorbonne (France), Des études de genre, quels genres d’études ?
  • Rajaa Nadifi, Université Hassan II de Casablanca (Maroc), L’institutionnalisation des études de genre au Maroc : un long parcours semé d’embûches
  • Khadija Ben Hassine, CREDIF, Tunis, Les études de genre en Tunisie : la révolution a-t-elle été favorable aux études de genre à l’Université ?
  • Madeleine Wayack Pambè, ISSP/Université Joseph Ki-Zerbo (Burkina Faso), Approche de genre dans les universités du Burkina Faso : impacts et enjeux du lien entre expertise et recherche (Burkina/Afrique de l’Ouest).

A77 - Où en est-on dans l’institutionnalisation des études de genre (Maghreb/Afrique) ? FR

« L’approche genre » est devenue incontournable, voire obligatoire, dans tout projet de développement, dans tout projet de recherche. Alors que les études de genre avaient pour objet la prise de conscience et l’analyse des inégalités fondées sur l’appartenance des individus ou des groupes à un « sexe social », elles connaissent actuellement des développements qui ne font pas l’unanimité. Elles se multiplient dans les cursus universitaires en Afrique et au Maghreb (accréditation de masters, de bachelors / licences, d’écoles doctorales « études de genre ») poussées par des enseignant.e.s-chercheur.e.s, souvent impliqué.e.s dans des expertises et convaincu.e.s de l’utilité de l’approche et de l’employabilité de leurs étudiant.e.s dans ce domaine pour divers types de bailleurs et projets de développement. On observe cependant dans le même temps une levée de boucliers et une résistance importante liées à l’institutionnalisation des formations universitaires portant sur le genre. Les deux mouvements (de multiplication et de résistance) sont simultanés, pas du tout uniformes et demandent à être analysés : de quelles études de genre parle-t-on ? Sous quelle(s) forme(s) pourrait-on articuler les différentes initiatives à l’international pour une mise en commun des travaux et faire avancer la recherche ? D’où viennent les résistances ou l’engouement et à quel type d’études de genre s’adressent-elles ? Face à l’incompréhension, les amalgames, le radicalisme aussi qui tend à segmenter les approches de genre et nier l’universalisme des questions d’égalité, il est temps de se réunir et de faire le point. C’est l’objectif de cet atelier.


Responsable: Gaëlle Gillot, IEDES/Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, France, et Rajaa Nadifi,  Université Hassan II de Casablanca, Maroc
Discutante : Mina Kleiche-Dray, Ceped IRD-Université de Paris, France

  • Gaëlle Gillot, IEDES/Université Paris 1 Panthéon Sorbonne (France), Des études de genre, quels genres d’études ?
Les enjeux scientifiques, théoriques, conceptuels et d’analyse des sociétés par les études de genre tendent depuis quelques années à disparaître sous les débats publics qui les déforment et caricaturent. Il faut dire que le genre est perçu généralement comme un champ de recherche flou, parfois incompris et surtout qui évolue rapidement. Vu de ses détracteurs au Maghreb et en Afrique, le genre est aussi vu comme une approche importée et illégitime. L’enjeu du genre dépasse ainsi de beaucoup la « simple » analyse des sociétés dans la mesure où sa prise en compte devient prescriptive dans de nombreux domaines. Les sociétés du Maghreb intègrent malgré tout et peu à peu des approches de genre dans l’ensemble des domaines, le liant à des questions de développement économique, politique et social. « Pas de démocratie sans égalité » scandaient les Tunisiennes en 2011, les études de genre seraient-elles un moyen pour y arriver ? 


  • Rajaa Nadifi, Université Hassan II de Casablanca (Maroc), L’institutionnalisation des études de genre au Maroc : un long parcours semé d’embûches
Le premier master d’études de genre au Maroc a été créé en 2006 à l’université de Casablanca au département de français, presque en même temps que celui de Fès au département d’anglais. Issus d’une mobilisation d’enseignant.e.s chercheur.e.s, ils marquent des premières expériences réussies d’implantation des études de genre dans l’université publique marocaine, suivie par d’autres masters. Cette présentation fera le point sur les études de genre au Maroc, le parcours sinueux et difficile et pourtant très fécond d’un domaine de recherche porté par la volonté d’universitaires engagées pour l’égalité. Il s’agira de présenter les diverses expériences, les soutiens et les résistances qui marquent l’histoire des études de genre dans l’université marocaine. Cette communication s’appuiera notamment sur un programme de recherche d’état des lieux mené en partenariat avec l’IRD/Paris 1 et l’UNESCO.


  • Khadija Ben Hassine, CREDIF, Tunis, Les études de genre en Tunisie : la révolution a-t-elle été favorable aux études de genre à l’Université ?
Etudier et enseigner le genre en Tunisie relève d’un activisme militant malgré des acquis législatifs importants, historiques et plus récents (Constitution de 2014 qui consacre l’égalité des sexes). La question a fait son entrée durant la dernière décennie à l’université via l’articulation « genre et développement » qui a mobilisé les chercheures dans des recherches-actions à finalité immédiate et souvent commanditées par les organisations internationales. L’héritage de la révolution en matière d’études de genre à l’université n’est pas du tout systématisé ni institutionnalisé et manque cruellement à la fois de moyens et de reconnaissance et reste une caractéristique de certaines recherches individuelles en raison du manque de laboratoires en SHS et de la très forte segmentation en terme disciplinaire de l’université tunisienne. Cette communication reviendra sur un état des lieux des études de genre en Tunisie mené en partenariat avec l’UNESCO.


  • Madeleine Wayack Pambè, ISSP/Université Joseph Ki-Zerbo (Burkina Faso), Approche de genre dans les universités du Burkina Faso : impacts et enjeux du lien entre expertise et recherche (Burkina/Afrique de l’Ouest).

Les études de genre au Burkina Faso ne rencontrent pas vraiment de problèmes d’institutionnalisation, voire au contraire. Beaucoup de pays en Afrique s’y engagent et de nombreuses enseignant.e.s-chercheur.e.s adoptent cette démarche, à la fois par intérêt personnel et parce qu’elle est très demandée par les expertises internationales et les ONG, les bailleurs de fonds de manière générale. La budgétisation sensible au genre par exemple est actuellement à la mode dans tous les pays africains. Il existe par conséquent une très forte demande de formations parce que le genre est une voie d’accès aux financements. Dans ce contexte de lien très étroit entre l’expertise et la recherche, se posent les questions de la qualité des formations, de leur finalité, et des impacts réels sur le statut des femmes. On peut toutefois s’interroger, comme ailleurs, sur le dévoiement du sens même de « genre » et de son usage.


Where are we in the institutionalisation of gender studies (Africa/Maghreb)? Characteristics and challenges 

The "gender approach" has become unavoidable, even mandatory, in any development project, in any research project. While the aim of gender studies was to raise awareness and analyse inequalities based on the fact that individuals or groups belong to a 'social sex', they are currently undergoing developments that are not unanimous. They are multiplying in university curriculum in Africa and the Maghreb (accreditation of masters, bachelor degrees, "gender studies" doctoral schools), driven by professor-researchers, who are often involved in expertise and convinced of the usefulness of the approach and the employability of their students in this field for various types of donors and development projects. At the same time, however, there has been a significant outcry and resistance to the institutionalisation of university gender training. The two movements (of multiplication and resistance) are simultaneous, not at all uniform and require analysis: what gender studies are we talking about? In what form(s) could the various international initiatives be articulated to pool work and advance research? Where does the resistance or enthusiasm come from and what type of gender studies are they aimed at? In the face of misunderstanding, amalgams and radicalism that tend to segment gender approaches and deny the universalism of equality issues, it is time to meet and take stock. This is the objective of this workshop.

Person in charge : Gaëlle Gillot, IEDES/Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, France, et Rajaa Nadifi,  Université Hassan II de Casablanca, Maroc

Discutante : Mina Kleiche-Dray, Ceped IRD-Université de Paris, France

  • Gaëlle Gillot, IEDES/Université Paris 1 Panthéon Sorbonne (France), Des études de genre, quels genres d’études ?
Gender studies: what kind of studies?

The scientific, theoretical and conceptual issues at stake and the analysis of societies through gender studies have tended to disappear in recent years under the weight of public debates that distort and caricature them. It must be said that gender is generally perceived as a vague field of research, sometimes misunderstood, and above all, one that evolves rapidly. Seen by its detractors in the Maghreb and in Africa, gender is also seen as an imported and illegitimate approach. The issue of gender thus goes far beyond the "simple" analysis of societies insofar as its consideration becomes prescriptive in many areas. Despite this, Maghreb societies are gradually integrating gender approaches in all areas, connecting it to economic, political and social development issues. "No democracy without equality" chanted Tunisian women in 2011, could gender studies be a means to achieve this? 


  • Rajaa Nadifi, Université Hassan II de Casablanca (Maroc), L’institutionnalisation des études de genre au Maroc : un long parcours semé d’embûches
The institutionalisation of gender studies in Morocco: a long and bumpy road

The first master's degree in gender studies in Morocco was created in 2006 at the University of Casablanca in the French department, almost at the same time as that of Fez in the English department. Resulting in a mobilization of professor-researchers, they mark the first successful experiences of the implementation of gender studies in the Moroccan public university, followed by other masters. This presentation will take stock of gender studies in Morocco, the winding and difficult yet very rich path of a research field driven by the will of academics committed to equality. It will present the various experiences, the support and the resistance that mark the history of gender studies in the Moroccan university. This presentation will be based on a research programme conducted in partnership with the IRD/Paris 1 and UNESCO.


  • Khadija Ben Hassine, CREDIF, Tunis, Les études de genre en Tunisie : la révolution a-t-elle été favorable aux études de genre à l’Université ?
Gender studies in Tunisia: has the revolution been favourable to gender studies at the University?

Studying and teaching gender in Tunisia is a matter of militant activism, despite important historical and more recent legislative achievements (the 2014 Constitution enshrining gender equality). The issue has entered university during the last decade via the "gender and development" discussion, which has mobilised researchers in action-research with an immediate purpose and often sponsored by international organisations. The legacy of the revolution in terms of gender studies at university is not at all systematized or institutionalized and harshly lacks both means and recognition. It remains a characteristic of some individual research due to the lack of laboratories within social sciences and the very strong segmentation in terms of discipline of the Tunisian university. This paper will review a survey of gender studies in Tunisia conducted in partnership with UNESCO.


  • Madeleine Wayack Pambè, ISSP/Université Joseph Ki-Zerbo (Burkina Faso), Approche de genre dans les universités du Burkina Faso : impacts et enjeux du lien entre expertise et recherche (Burkina/Afrique de l’Ouest).

Gender approach in universities in Burkina Faso: impacts and challenges of the link between expertise and research (Burkina/West Africa).

Gender studies in Burkina Faso do not really have problems of institutionalisation. Many countries in Africa are committed to it and many professor-researchers are adopting this approach, both out of personal interest and because it is in great demand by international experts, NGOs, and donors in general. Gender budgeting, for example, is currently a trend in all African countries. There is therefore a very strong demand for training because gender is a way to access funding. In this context of a very close link between expertise and research, questions arise about the quality of the training, its purpose, and its real impact on the status of women. However, as elsewhere, we can question the misuse of the very meaning of 'gender' and its use.


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