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AM37 - Genre, pouvoir et contre-pouvoir

Date : 2022-09-20 | 14:00:00-16:00:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.M
Lieu :
ESCT
Salle :
D14
Responsable :
Modérateur·trice : Ikbal Gharbi
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Heshmat Dina American University in Cairo
Khichane Samia EHESS
Zaied Sarra EHESS

AM37 - Genre, pouvoir et contre-pouvoir FR
Salle: D14
Modération : Ikbal Gharbi, Université Zitouna
  • Dina Heshmat, The American University in Cairo, (Égypte), Autobiographie, genre et mouvement nationaliste en Egypte: les lettres inédites de Fikriyya Husni FR
  • Samia Khichane, EHESS, (France), Pratiques langagières et contre-pouvoirs : À propos des injures féminines dans les conflits domestiques en Kabylie. FR
  • Sarra Zaïed, EHESS, (France),  Pratiques langagières des femmes du sud tunisien : une histoire de l’intime à travers le chant lyrique improvisé (ġnaʾ bil ṣūt) FR

  • Dina Heshmat, The American University in Cairo, (Égypte), Autobiographie, genre et mouvement nationaliste en Egypte: les lettres inédites de Fikriyya Husni FR
Autobiographie, genre et mouvement nationaliste en Egypte: les lettres inédites de Fikriyya Husni

Le récit dominant sur la révolution de 1919 en Egypte présente Fikriyya Husni comme la femme dont le dirigeant nationaliste Saad Zaghlul a spectaculairement dévoilé le visage alors qu’elle haranguait les foules. Rien, ou très peu, n’est dit sur sa participation au mouvement anticolonialiste, ni sur son rôle dans le Comité Central des Femmes du Wafd. Cette contribution analyse les lettres qu’elle a adressées entre 1920 et 1922 à son amie la dirigeante Huda Sha‘rawi. Ces missives inédites, envoyées du Caire et de Minya en Haute-Egypte, où Husni était directrice d’une école pour filles, détaillent les activités nationalistes de l’auteure. Mais la voix de Husni est aussi remarquablement personnelle; elle partage sa colère contre ceux de ses compatriotes qui soutiennent l’occupant, ne ménage pas ses sarcasmes contre les dirigeants du Wafd qui entravent le militantisme des femmes, et exprime ses profonds sentiments de solitude et d’anxiété. Sur la base d’études affirmant l’existence d’éléments d’autobiographie dans d’autres genres d’écriture, je lis ces lettres à la fois comme un récit épistolaire et autobiographique. J’analyse l’expression du moi dans un contexte dominé par des dirigeants nationalistes masculins, la manière dont l’identité du destinataire façonne le récit, et les thèmes de l’amitié et de la solidarité féminines. Cette contribution s’inscrit dans un projet de recherche plus large sur les écrits auto/biographiques des femmes qui ont participé à la lutte nationaliste en Egypte.

  • Samia Khichane, EHESS, (France), Pratiques langagières et contre-pouvoirs : À propos des injures féminines dans les conflits domestiques en Kabylie. FR
En Kabylie, société de tradition patriarcale à domination masculine, les femmes ont recouru pendant des siècles à une multitude de pratiques détournées, décrites dans la littérature comme des « contre-pouvoirs » (Lacoste-Dujardin, 1985, 2008). À travers nombre de processus, elles semblent avoir de tout temps défié l’autorité dominante par le recours à des pratiques magiques, par une adaptation aux normes et valeurs de la société, mais surtout par la subtilité et la maîtrise de l’art de la parole. L’injure féminine, en tant qu’acte de langage, fait également partie des stratégies qu’utilisent les femmes kabyles afin d’exercer leur pouvoir de manière indirecte sur la société dominante, autrement dit, sur les hommes.

  • Sarra Zaïed, EHESS, (France),  Pratiques langagières des femmes du sud tunisien : une histoire de l’intime à travers le chant lyrique improvisé (ġnaʾ bil ṣūt) FR

« Que désires-tu ? Ô mon âme, que désires-tu ? Quel est ton vœu ? 
Ma fille qui se marie et moi qui chante à son mariage ! »

Tel est le type de chant lyrique que nous pouvons entendre dans le sud tunisien, entonné par des femmes, lors de fêtes ou pendant la préparation d’un repas. Ce type d’exaltation du désir d’une femme, transmis à sa fille non mariée, dans une scène du quotidien, fait partie d’un répertoire plus vaste présent dans le sud tunisien et plus largement dans les régions marginales du Maghreb. Ce riche répertoire vise, entre autres, à transmettre une normativité entre deux générations, comme le montre le court extrait ci-dessus. 
Nous partons de l’hypothèse que le chant lyrique improvisé, dans son langage, agit sur le social (Boutet, 2010). Présent à la fois dans le quotidien et dans les rites de passage, il porte en son sein une fonction de transmission. Cette dernière correspond au « sens commun » (Geertz, 1986) des sociétés maghrébines : le mariage, la prospérité, la perpétuation de la lignée familiale, etc. Le langage de ces femmes vise ainsi à transmettre une normativité. C’est pourquoi les femmes en mesure d’entonner ces chants sont des femmes d’âge mûr. Nous analyserons ainsi cette normativité dans les pratiques langagières du chant lyrique improvisé, comme le suggère notamment le linguiste Georges Elia-Sarfati (2007). A partir de l’hypothèse d’une normativité à transmettre, nous nous pencherons également sur ces chants en tant que compétence linguistique et statutaire (Bourdieu, 1982) et verrons en quoi le langage de ces femmes est révélateur d’une position sociale.
Il s’agit également de comprendre la formation discursive (Maingueneau, 2011) de ces chants, comment ils sont construits par ces femmes et quelle logique ils suivent. A travers cette analyse des pratiques langagières, nous essaierons de rendre compte de la part de normativité que l’on trouve dans ce répertoire.




  • Dina Heshmat, The American University in Cairo, (Égypte), Autobiographie, genre et mouvement nationaliste en Egypte: les lettres inédites de Fikriyya Husni FR
 
السيرة ذاتية والجندر والحركة الوطنية في مصر: رسائل فكرية حسني غير المنشورة 

تذكُر السردية المهيمنة فكرية حسني كتلك المرأة التي رفع الزعيم سعد زغلول البرقع عن وجهها أثناء إحدى خُطَبها الجماهيرية في ثورة 1919. لا تكشف هذه السردية الكثير عن مشاركتها في الحركة الوطنية، ولا عن عضويتها في لجنة الوفد المركزية للسيدات. تحلّل هذه الورقة الرسائل التي وجهتها فكرية حسني إلى صديقتها الزعيمة هدى شعراوي بين 1920 و1922. هذه الخطابات، التي كُتبت في القاهرة ومدينة المنيا في صعيد مصر، حيث كانت فكرية حسني تعمل كناظرة لمدرسة بنات، تصف مشاركتها الفعّالة في الحركة الوطنية. لكن صوت فكرية حسني فيها يتميّز بحميمية شديدة، حيث تعبّر عن غضبها على هؤلاء المصريين الذين يدعمون النظام الاستعماري، وتسخر من زعماء الوفد الذين يعرقلون مشاركة المرأة في الحركة الوطنية، كما تفصح عن مشاعر وحدة وقلق وخوف من الموت. بالاعتماد على أعمال باحثات دافعن عن أطروحة وجود آثار سيرة ذاتية في أنواع أخرى من الكتابة، ترى هذه الورقة أنه يمكن قراءة هذه الرسائل كسيرة ذاتية لمؤلفتها. وسأتطرق فيها، من خلال قراءة متأنية للنصوص، إلى كتابة الذات في سياق يهيمن عليه زعماء الحركة الوطنية الرجال، وتأثير هوية المرسَل إليه على تشكيل النص، وموضوعات الصداقة والتضامن النسائيين. تشكّل هذه الأسئلة جزءاً من مشروع بحثي أوسع عن كتابات السيرة الذاتية للنساء اللاتي شاركن في الحركة الوطنية في مصر. 

  • Samia Khichane, EHESS, (France), Pratiques langagières et contre-pouvoirs : À propos des injures féminines dans les conflits domestiques en Kabylie. FR
 
الممارسات اللغوية والسلطات المضادة: حول إهانات الإناث في النزاعات المحلية في منطقة القبائل. 


في منطقة القبائل؛ المجتمع الأبوي التقليدي الذي يهيمن عليه الرجال، لجأت النساء لعدة قرون إلى العديد من الممارسات المخادعة، الموصوفة في الأدبيات على أنها "قوى مواجهة" (Lacoste-Dujardin ، 1985 ، 2008). من خلال عدد من العمليات، يبدو أنهن تحدين دائماً السلطة المهيمنة باللجوء إلى الممارسات السحرية، بالتكيف مع معايير وقيم المجتمع، ولكن قبل كل شيء من خلال دقة وإتقان فن الكلام. سلاطة اللسان هي أيضًا جزء من الاستراتيجيات التي تستخدمها نساء القبائل لممارسة سلطتهن بشكل غير مباشر على المجتمع المهيمن، بمعنى آخر، على الرجال. 


  • Sarra Zaïed, EHESS, (France),  Pratiques langagières des femmes du sud tunisien : une histoire de l’intime à travers le chant lyrique improvisé (ġnaʾ bil ṣūt) FR

  • Dina Heshmat, The American University in Cairo, (Égypte), Gender, Autobiography and Nationalist Movement in Egypt: Fikriyya Husni’s Unpublished Letters FR
The dominant narrative about the 1919 revolution in Egypt presents Fikriyya Husni as the woman whose face veil nationalist leader Saad Zaghlul theatrically lifted as she stood on a podium haranguing the crowds. Not much is said about her contributions to the anti-colonial movement, including as a member of the Wafdist Women’s Central Committee (WWCC). This paper focuses on the letters she wrote to her friend, feminist and nationalist leader Huda Sha‘rawi, between 1920 and 1922. The unpublished missives, sent from both Cairo and the Upper-Egyptian city of Minya, where Husni was the headmistress of a girls’ school, give a detailed account of the author’s nationalist activities. Husni’s voice, however, is strikingly personal, as she shares her anger against compatriots supporting the colonial power, her sarcasm against male Wafd leaders hindering women’s activism, and her feelings of loneliness and anxiety. Building on scholarship that has argued that traces of autobiography can be found in other genres of writing, I contend that these missives can be read as both an epistolary and an autobiographical narrative. My close-reading analyzes how the self is written in a context dominated by male political leaders, how the identity of the addressee shapes the narrative, and how tropes of female friendship and solidarity are articulated. These questions are part of a broader project about the auto/biographical writings of women who contributed to Egypt’s anti-colonial movement. 


  • Samia Khichane, EHESS, (France), Pratiques langagières et contre-pouvoirs : À propos des injures féminines dans les conflits domestiques en Kabylie. FR
Language practices and counter-powers: About female insults in domestic conflicts in Kabylia

In Kabylia, a society with a male-domination patriarchal tradition, women have employed for many centuries a set of indirect practices, defined in the literature as « counter-powers » (Lacoste-Dujardin, 1985, 2008). Through several processes, they seem to have always defied the dominant authority by exercising magical practices, adapting to the norms and values of society, but also, by their mastery and subtle use of the art of speech. Female term of abuse, as an act of language, is one of the strategies used by kabyle women to exert their power in an indirect manner on the dominant society, constituted by the men.

  • Sarra Zaïed, EHESS, (France),  Pratiques langagières des femmes du sud tunisien : une histoire de l’intime à travers le chant lyrique improvisé (ġnaʾ bil ṣūt) FR

Linguistic practices of women in southern Tunisia: a history of intimacy through improvised lyrical song (ġnaʾ bil ṣūt)

"What do you desire ? O my soul, what do you desire ? What is your wish ?
My daughter getting married and me singing at her wedding !

This is the type of lyrical song that we can hear in southern Tunisia, sung by women, during parties or while preparing a meal. This type of exaltation of a woman's desire, transmitted to her unmarried daughter, in an everyday scene, is part of a larger repertoire present in southern Tunisia and more widely in the marginal regions of the Maghreb. This rich repertoire aims, among other things, to transmit norms between two generations, as shown in the short excerpt above. 
Our main hypothesis is that improvised lyrical song, in its language, acts on the social (Boutet, 2010). Present both in everyday life and in rites of passage, it carries within it a function of transmission. The latter corresponds to the "common sense" (Geertz, 1986) of Maghrebi societies : marriage, prosperity, the perpetuation of the family lineage, etc. The language of these women thus aims to transmit norms. This is why women who are able to sing these songs are middle-aged women. We will thus analyze these norms in the linguistic practices of improvised lyrical songs. 
At last, we will also analyze the discursive formation (Maingueneau, 2011) of these songs, how they are constructed by these women. Through this analysis of linguistic practices, we will try to account for the norms found in this repertoire.


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