AI11 - Electrified Landscapes and Traveling Totems in Impossible Spaces

Cet article porte sur la créativité spirituelle égyptienne et la performance du madad (“aide divine”). Il se concentre sur la façon dont les derviches ou les soufis martialisent et signifient la dévotion. Je discuterai de la façon dont les derviches, ou Awlad El Madad, se rapportent à la présence d’Al-Sayyida Zeinab dans leur vie à travers différentes pratiques artistiques et performances dans de multiples arènes et espaces culturels. Sayyeda Zeinab est la protectrice des Ahl al-bayt (membres de la maison du prophète Mahomet). Elle est aussi la patronne des femmes en détresse, mais elle est surtout à la tête d’un conseil imaginaire régissant la vie des humains. Ce conseil assure la médiation entre les personnes qui cherchent à résoudre leurs problèmes et facilite l’attribution de l’aide divine ( madad ) aux demandeurs de diverses manières. Les gens peuvent accéder à Sayyida Zeinab ou aux membres de son conseil directement dans les sanctuaires à travers une variété de pratiques performatives. Chaque année, plus de cent mille fidèles ou pèlerins se rassemblent autour du sanctuaire d’Al-Sayyida pour célébrer son moulid. De telles performances peuvent inclure des rêves ou des visions, des prières, des supplications, des offrandes, des sacrifices et du dhikr (souvenir). Une telle dévotion peut également être matériellement signifiée dans les vêtements et les accessoires. Dans cette communication, je décrirai également la performance de madad à Sayyida Zeinab lors de son moulid à travers des vignettes ethnographiques et discuterai de la manière dont les femmes et les hommes matérialisent la dévotion. Je soutiendrai que le saint - en tant que vecteur important de madad dans l’imaginaire religieux populaire égyptien - fait partie de l’art de la résistance et de la survie des personnes en situation difficile qui ont besoin d’une intervention divine.

 

Le moulid—une fête célébrant les saints qui se déroule autour de leur éclat—a fait l’objet de nombreuses enquêtes ethnographiques. À la fois populaires et dévots, la plupart attirent l’attention sur la musique et les pratiques spirituelles qui dominent et sur les opportunités et les possibilités que l’événement présente pour « des [articulations alternatives] des identités et des solidarités urbaines collectives, [qui] dominent les tentatives conceptuelles, géographiques et religieuses de le contenir » (Madoeuf). Moment de rupture et d’exception, le moulid présente des opportunités de synergies créatives qui se chargent des contradictions propres à l’événement. Des murs vides sont collés avec des portraits en noir et blanc à grande échelle qui prennent vie et sont animés par des néons ; les jouets et les marchandises en plastique sont fusionnés et deviennent des objets sacrés ; les totems assemblés sur place s’inscrivent dans une pratique spontanée de performance publique ; les matériaux photographiques sont traités, dégradés et agrandis. Ce qui a émergé a façonné une compréhension modifiée de la pratique artistique et de l’espace public, exposant une interprétation contemporaine de l’art sacré et public qui charge l’espace—et les objets—de sens. 

Ce panel se penche spécifiquement sur les composants non confinables du moulid. La présentation d’Abo Bakr présente un certain nombre d’œuvres qui ont été réalisées dans le cadre du moulid depuis 2016. Les idées de Van Coillie en tant qu’ethnographe fournissent un compte rendu plus critique et théoriquement informé de l’art public, tandis que Hamam tente de donner un sens au matériau à travers l’alternative prisme du cinéma et de la culture visuelle. 

L’art d’interpréter Madad : le cas de Moulid El Sayeda 

Cet article porte sur la créativité spirituelle égyptienne et la performance du madad (aide divine). Il se concentre sur la façon dont les derviches ou les soufis martialisent et signifient la dévotion. Je discuterai de la façon dont les derviches, ou Awlad El Madad, se rapportent à la présence d’Al-Sayyida Zeinab dans leur vie à travers différentes pratiques artistiques et performances dans de multiples arènes et espaces culturels. Sayyeda Zeinab est la protectrice des Ahl al-bayt (membres de la maison du prophète Mahomet). Elle est aussi la patronne des femmes en détresse, mais surtout elle est à la tête d’un conseil imaginaire régissant la vie des humains. Ce conseil assure la médiation entre les personnes qui cherchent à résoudre leurs problèmes et facilite l’aide divine ( madad ) aux demandeurs de diverses manières. Les gens peuvent accéder à Sayyida Zeinab ou aux membres de son conseil directement dans les sanctuaires à travers une variété de pratiques performatives. Chaque année, plus de cent mille fidèles ou pèlerins se rassemblent autour du sanctuaire d’Al-Sayyida pour célébrer son moulid. De telles performances peuvent inclure des rêves ou des visions, des prières, des supplications, des offrandes, des sacrifices et du zikr (souvenir). Une telle dévotion peut également être matériellement signifiée dans les vêtements et les accessoires. Dans ce document, je décrirai également la performance de madad à Sayyida Zeinab lors de son moulid à travers des vignettes ethnographiques et discuterai de la manière dont les femmes et les hommes matérialisent la dévotion. Je soutiendrai que le saint - en tant que vecteur important de madad dans l’imaginaire religieux populaire égyptien - fait partie de l’art de la résistance et de la survie des personnes en situation difficile qui ont besoin d’une intervention divine. 

 

 

Appel au secours 

Dans cette partie du panel, je fournirai une explication des circonstances mystérieuses et extraordinaires qui ont façonné mon expérience et informé ma participation au moulid depuis le début des années 2000. Cette présentation examinera de près les objets qui sont devenus inextricablement liés au sanctuaire du saint, y compris une série de mâts totémiques de formes et de tailles variées qui sont apparus sous la forme de fusils et de bâtons de jouets ornés (qui ressemblent à l’ancien symbole égyptien du drapeau « nitir » et idéogramme pour « dieu »), des navires, des photographies à grande échelle collées sur les murs, des personnages à quatre pattes bestiaux et difformes, ainsi que des présentoirs de tissus élaborés et des installations lumineuses. Je montrerai des vidéos de certains des actes performatifs spontanés qui ont eu lieu dans le moulid. La figure du magzūb, une figure d’anomalies sociales ancrées dans le moulid, est prise comme un concept pour sentir comment le moulid lui-même défie les plans de son déroulement. Le pouvoir du temps est dépeint dans des histoires racontant la temporalité dans le paysage du moulid et leur relation avec une figure que j’ai dessinée à plusieurs reprises appelée « Le possesseur du temps. » Les objets qui ont émergé sont également liés à la Trilogie du désert du cinéaste tunisien Nacer Khemir. Enfin, je discuterai de la commémoration d’une figure clé et participante Assem, dont la vie et la mort prématurée au début de 2020 ont eu un impact profond sur le matériau émergent.