AG16 - Political Socialization in MENA Societies: when and where does “the Political” begin?

La citoyenneté, la participation politique ou les mouvements sociaux dans la région MENA n'ont guère été abordés jusqu'à présent sous l’angle de la socialisation politique, bien que les événements de 2011 illustrent le besoin urgent de comprendre comment les personnes socialisées sous des régimes autoritaires en viennent à protester. La plupart des recherches sur la socialisation politique sont produites sur/dans les pays du Nord, et adhèrent donc aux conceptions de la politique prévalant dans les démocraties établies. La recherche sur la socialisation politique dans la région MENA nécessite certainement une notion plus globale de la politique ou du "politique" ; cette recherche, à son tour, a beaucoup à offrir au débat conceptuel international. Dans un cadre interdisciplinaire, ce panel rassemble des recherches qui explorent la formation des subjectivités politiques et des orientations politiques à différents niveaux et dans différents contextes dans les sociétés de la région MENA. Cette session présente des études qui dévoilent des pratiques (a)politiques communautaires et collectives controversées et subversives visant à accroître l’action sociale collective et la conscience politique, éclairant ainsi les parcours individuels entrelacés avec les relations intergénérationnelles et le contexte du régime.

Responsable: Diana Chiara, Université libre de Bruxelles, Belgique

Discutante : Schwarz Christoph H. , Institut für Sozialforschung, Frankfurt a.M., Germany

Cette présentation problématise la « politique des petits actes ». Elle documente l’affirmation des actions politiques entreprises par des jeunes et des organisations des jeunes en Algérie. Elle est basée sur un travail de terrain entrepris en Algérie entre 2013 et 2018 et sur un projet de recherche qui traite et problématise les « marges » et les « bords du politique »  dans les pays maghrébins antidémocratiques. Elle propose que le politique est produit et soutenu par des actions ne résultant pas nécessairement et automatiquement d'une organisation institutionnelle. Si la sociologie politique et la philosophie politique ont déjà ouvert la voie à un tel argument, elles l'ont fait en le limitant à un corps constitué comme le « prolétariat » (Rancière) ou la formation de « l'Idée » de l'histoire (Badiou). Cette présentation souhaite plus loin en proposant que le politique se forme lorsque le bien commun est en jeu, élaboré et ancré localement. En Algérie, cette élaboration a pris de nombreuses formes dans le contexte de la répression et a été principalement l’expression de la « jeunesse ». En effet, en défiant le régime politique et en prenant leurs distances vis-à-vis des partis politiques, les jeunes créent de nouvelles manières de comprendre et de faire du ‘politique’. Afin de faire la démonstration de cette hypothèse nous analyserons analyse trois cas, le premier concerne les fans de football et leur implication dans la contestation populaire du Hirak (2019-), les YouTubers et leur longue et persistante protestation, et enfin l'humour, celui étant est une autre façon de se distancier davantage de la corruption politique et de la mauvaise gouvernance. Ces trois cas sont liés par la conceptualisation de l'ordinaire en tant qu’un point de convergence, une focale politique et un cadre temporel.

Cet article interroge comment l’engagement étudiant dans le contexte de la révolution de 2011, puis du coup d’État en 2013, joue dans le processus de socialisation politique des individus.

Articulant la littérature sur la socialisation politique primaire, la socialisation des événements politiques et par l’engagement militant, cet article aborde la socialisation politique comme un processus continu à plusieurs niveaux et multidirectionnel. 

Le rapport des individus à la politique reflète leur éducation et leur origine socio-économique. Ces dispositions orientent les étudiants vers certaines formes d'engagement à l’université mais aussi dans la révolution. En évolution continue, ce rapport individuel à la politique évolue est également, le produit de ces différentes expériences d’engagement militant ou dans l’évènement. En étudiant les récits de quatre étudiants de la même cohorte d'âge, cette étude dialogue avec l'analyse générationnelle de la révolution égyptienne. Si ces quatre trajectoires portent des traces d'une expérience générationnelle, cette expérience dépend toujours des dispositions individuelles, des réseaux et des trajectoires d’engagement. Je montrerai alors la politisation différentielle dans et par les événements politiques.

En contexte de guerre, les enfants ont été étudiés principalement dans une perspective psychologique visant à saisir les effets des violences sur leur santé mentale, avec une attention particulière portée aux enfants-soldats (Audoin-Rouzeau : 2006 ; Grappe : 2014). Les mécanismes de socialisation des enfants, ainsi que leurs engagements dans des contextes de guerre, demeurent à présent peu étudiés. Comment le rôle socialisateur de la famille est-il affecté et quels sont les autres agents de socialisation qui émergent dans ces contextes ? Comment le flux d’informations et la gestion de la vie quotidienne contribuent à l’émergence de catégories politiques et de perceptions du monde parmi les enfants ? Quelles sont les formes d’engagement que développent-ils ? Ce sont là les questions centrales auxquelles cette présentation propose de répondre à partir d’une étude de la socialisation d’enfants à l’issue des contestations anti-régime débutée en Syrie en mars 2011 et du conséquent conflit violent. Il se fondera plus précisément sur une enquête menée au Liban parmi des enfants syro-palestiniens originaires du camp de Yarmouk, près de Damas, et actuellement réfugiés au Liban. Au début des protestations, ces enfants étant âgés entre 7 et 10 ans, un âge au cours de laquelle les premières perceptions du monde social et politique sont forgées (Lignier & Pagis : 2017).