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AG13 - Rashōmon au Sahara: lieux et mémoires de la « guerre d'Ifni-Sahara » (1956-1958)
Date : 2022-09-22 | 11:00:00-13:00:00
Évènement :
Congrès INSANIYYAT
Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie : | ||
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A.G | ||
Lieu : | ||
ISAMM | ||
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C7 |
Responsable : Francesco Correale | |
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Modérateur·trice : | |
Discutant·e : | |
Les intervenant·e·s : | |
Evrard Camille | Aix-Marseille Université |
Ahmed Dahmi Mohammed | N/A |
Correale Francesco | CNRS |
López Bargados Alberto | Université de Barcelone |
AG13 - Rashōmon au Sahara: lieux et mémoires de la « guerre d'Ifni-Sahara » (1956-1958) FR Salle: C7 Responsable: Francesco Correale, CNRS, France
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L'atelier se propose de présenter les résultats d'un projet de recherche financé, pour les années 2017-2020, par la Fondation Gerda Henkel de Düsseldorf (http://citeres.univ-tours.fr/spip.php?article2652) et portant sur les mémoires de la guerre dite d' « Ifni-Sahara » qui eut lieu entre 1956 et 1958 au Sahara Occidental et dans la région d'Ifni. Occupés par l'Espagne qui les déclarera provinces métropolitaines en 1958, les deux territoires furent le théâtre d'un conflit armé entre, d'un côté, l'Armée de Libération (AL) constituée d'un état-major marocain mais avec des effectifs pour la plupart locaux et jouissant du soutien d'une partie des populations, et de l'autre les armées coloniales espagnoles et françaises qui, au cours du mois de février 1958, mirent en œuvre une opération militaire conjointe pour expulser l'AL des deux régions.
Le projet a débouché sur un film documentaire de 55 minutes qui illustre les mémoires des vétérans de ce conflit par le biais des témoignages recueillis en Espagne, en France, au Maroc et au Sahara Occidental dans une exposition qui s'inspire du film de Kurosawa et du dénommé « effet Rashōmon », élaboré au cours des années 1980 par les anthropologues Karl G. Heider (1988) et Alberto Cardín (1988), et plus récemment l'objet d'une publication collective dirigée par Robert Anderson (2015).
Au cours de l'atelier, la projection du film sera accompagnée par de brèves communications (10 min.) des directeurs et responsables scientifiques du projet, ainsi que du sociologue Mohammed Mohammed Ahmed Dahmi, chercheur indépendant de Smara.
Responsable: Francesco Correale, CNRS, France
- Francesco Correale, CNRS, (France), Les enjeux mémoriels de la « guerre d'Ifni-Sahara » : actualités d’un conflit commencé il y a plus de 60 ans
La communication se penchera sur la « guerre des mémoires » du conflit eu égard à son impact sur les configurations géopolitiques actuelles et notamment à la décolonisation inaccomplie du Sahara Occidental. Seront mises en exergue les interprétations à géométrie variable de la « guerre d’Ifni-Sahara » par les protagonistes directs et indirects du conflit pour l’autodétermination des populations sahraouies, dont la plupart vit aujourd’hui dans les camps de réfugiés installés dans la région de Tindouf (Algérie) depuis 1975.
- Alberto López Bargados, Université de Barcelone/GRECS, (Espagne), Les vétérans espagnols de la « guerre Ifni-Sahara » et la mémoire en deuil. Emotion, subjectivité et silence institutionnel
Les vétérans marocains qui prirent part à la guerre opposant, entre 1957 et 1958, l'Armée de Libération (AL) aux troupes coloniales espagnoles et françaises, sont aujourd'hui intégrés dans le panthéon des héros nationaux du Maroc indépendant. Au contraire, les vétérans espagnols n'ont bénéficié d'aucune forme de compensation - économique et symbolique - après leur participation à cette guerre. L'ellipse, le silence administratif et institutionnel qui pèse sur la (non)mémoire officielle espagnole de ce conflit est déterminante dans la formation d'une mémoire collective faite de douleurs et d’injustice, qui canalise souvent une émotivité incontrôlable, à fleur de peau. Cette intervention vise à mettre en évidence les mécanismes sociologiques qui expliquent cette émotion débordante, qui contraste avec la sobriété des récits mémoriels des anciens combattants de l'AL.
- Camille Evrard, Chercheure associée à l’UMR 5136 Framespa, Toulouse et à l’UMR 7324 CITERES, (France), La lecture « mauritanienne » de l’opération Ecouvillon : une mémoire uniquement coloniale ?
La place qu’occupent les rapports de renseignements et les directives militaires au sujet de cet épisode dans les archives de la France coloniale tardive en Mauritanie, ainsi que la somme des témoignages et récits qu’il a engendrés chez les anciens officiers méharistes français sont considérables. A cette époque, dans un territoire largement délaissé, de gros efforts ont été fournis sur les plans logistique, financier et humain, et l’administration et l’armée coloniales ont misé sur une importante propagande pour rassembler la population derrière elles face à l’ennemi désigné qu’était l’AL marocaine. L’opération a aussi été l’occasion pour les futurs militaires de l’armée nationale mauritanienne de combattre pour leur propre pays contre l’irrédentisme marocain… aux côtés de leurs colonisateurs. C’est du moins la façon dont la mémoire des anciens militaires coloniaux s’exprime, et face à celle-ci, peu de récits alternatifs sont audibles en Mauritanie.
- Mohammed Ahmed Dahmi, Sociologue, Chercheur indépendant, (Maroc), Les mémoires de la bataille d’Edchera (13-14 janvier 1958)
Le 13 janvier 1958 un contingent de la Légion espagnole fut attaqué à quelques dizaines de kilomètres du chef-lieu du Sahara Occidental, El Ayoun, dans la localité d’Edchera. Les Espagnols essuyèrent une lourde défaite laissant sur le terrain des dizaines de morts. Aujourd’hui, cet endroit est devenu un lieu de pèlerinage pour les combattants de l’un et de l’autre côté. Un mémorial avec un cimetière où reposent les tombés de l’Armée de Libération a été érigé à l’endroit où la bataille eut lieu. Cette communication abordera les mécanismes de la construction de ce lieu de mémoire ainsi que le rituel des cérémonies qui ont lieu tous les ans les 13 et 14 janvier avec la participation des anciens combattants.
Rashōmon in the Sahara: places and memories of the "Ifni-Sahara war" (1956-1958)
The panel will present the results of a research project funded by the Gerda Henkel Foundation in Düsseldorf (http://citeres.univ-tours.fr/spip.php?article2652) for the years 2017-2020 based on the memories of the so-called "Ifni-Sahara" war that took place between 1956 and 1958 in Western Sahara and the Ifni region. Occupied by Spain, which declared them metropolitan provinces in 1958, the two territories were the scene of an armed conflict between, on the one hand, the Liberation Army (LA), which consisted of a Moroccan general staff but with a mostly local component and enjoying the support of part of the population; and, on the other hand, the Spanish and French colonial armies who, in February 1958, carried out a joint military operation to expel the LA from the two regions. The project resulted in a 55-minute documentary film that illustrates the memories of the veterans of this conflict through the testimonies collected in Spain, France, Morocco and Western Sahara in the form of an exposure inspired by Kurosawa's film and the so-called "Rashōmon effect". This one was developed in the 1980s by anthropologists Karl G. Heider (1988) and Alberto Cardín (1988), and more recently the subject of a collective publication directed by Robert Anderson (2015).
During the workshop, the projection of the film will be accompanied by short communications (10 min.) from the directors and scientific staff members of the project, as well as the sociologist Mohammed Mohammed Ahmed Dahmi, an independent researcher from Smara.
Responsable: Francesco Correale, CNRS, France
- Francesco Correale, CNRS, (France), Les enjeux mémoriels de la « guerre d'Ifni-Sahara » : actualités d’un conflit commencé il y a plus de 60 ans
The memorial issues of the "Ifni-Sahara war": news of a conflict began 65 years ago
The paper will focus on the "war of memories" of the conflict in view of its impact on the current geopolitical configurations and in particular on the uncompleted decolonisation of Western Sahara. It will highlight the various interpretations of the "Ifni-Sahara war" by the direct and indirect protagonists of the conflict for the self-determination of the Saharawi populations, most of whom are now living in the refugee camps that have been set up in the Tindouf region (Algeria) since 1975.
- Alberto López Bargados, Université de Barcelone/GRECS, (Espagne), Les vétérans espagnols de la « guerre Ifni-Sahara » et la mémoire en deuil. Emotion, subjectivité et silence institutionnel
Spanish veterans of the "Ifni-Sahara War" and mourning memory. Emotion, subjectivity and institutional silence
The Moroccan veterans who took part in the war between the Liberation Army (LA) and the Spanish and French colonial troops in 1957/1958 are now part of the pantheon of national heroes of independent Morocco. On the contrary, the Spanish veterans did not receive any form of compensation - economic and symbolic - after their participation in this war. The ellipse, the administrative and institutional silence that weighs on the Spanish official (non)memory of this conflict is decisive in the formation of a collective memory made up of pain and injustice, which often channels uncontrollable emotionality. This intervention aims to highlight the sociological mechanisms that explain this overwhelming emotion, which contrasts with the sobriety of the memorial narratives of LA veterans.
- Camille Evrard, Chercheure associée à l’UMR 5136 Framespa, Toulouse et à l’UMR 7324 CITERES, (France), La lecture « mauritanienne » de l’opération Ecouvillon : une mémoire uniquement coloniale ?
The "Mauritanian" approach to Ecouvillon Operation : a colonial memory?
The place occupied by intelligence reports and military directives about this episode in the archives of late colonial France in Mauritania, as well as the sum of the testimonies and accounts it generated among former French Meharist officers, are considerable. At that time in a largely neglected territory, great efforts were made on the logistical, financial and human levels, and the colonial administration and army relied on extensive propaganda to rally the population behind them in the face of the designated enemy that was the Moroccan LA. The operation was also an opportunity for the future soldiers of the Mauritanian national army to fight for their own country against Moroccan irredentism... on the side of their colonisers. This is at least the way the memory of the former colonial military expresses itself, and in the face of it, few alternative narratives are audible in Mauritania.
- Mohammed Ahmed Dahmi, Sociologue, Chercheur indépendant, (Maroc), Les mémoires de la bataille d’Edchera (13-14 janvier 1958)
Memories of the Battle of Edchera (13-14 January 1958)
On 13 January 1958 a contingent of the Spanish Legion was attacked a few dozen kilometres from the capital of Western Sahara, El Ayoun, in the district of Edchera. The Spaniards suffered a heavy defeat, leaving dozens of dead on the ground. Today, this place has become a place of pilgrimage for fighters from both sides. A memorial with a cemetery where the fallen of the Liberation Army are buried has been erected at the place where the battle took place. This paper will discuss the mechanisms of the construction of this place of remembrance as well as the ritual of the ceremonies that take place every year on 13 and 14 January with the participation of the veterans.