Responsable: >Michele Scala & Erminia Chiara Calabrese

AG8 - Luttes sociales, recompositions partisanes : fissures au sein du système politique libanais 2/2

Date : 2022-09-21 | 11:00:00-13:00:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
ISAMM
Salle :
C12
Responsable : Michele Scala & Erminia Chiara Calabrese
Modérateur·trice :
Discutant·e : Amin Allal
Les intervenant·e·s :
Tufaro Rossana Università di Roma Sapienza
Scala Michele La Manouba

AG8 - Luttes sociales, recompositions partisanes : fissures au sein du système politique libanais 2/2 FR
Salle: C12
Responsable(s): Michele Scala, CeSSRA (Liban), et Erminia Chiara Calabrese, Université Rovira i Virgili (Espagne), et EHESS/Cesor ( France)
Discutant: Amin Allal (CERAPS/CNRS) 

  • Michele Scala, CeSSRA (Liban), Mondes du travail sous-tension. Arènes de la contestation dans le Liban contemporain
  • Rossana Tufaro, Centre for social sciences research and action, Beyrouth, (Liban), Où sont passés les travailleurs (organisés)? Sur les traces des avancées et des reculs historiques de l'activisme des travailleurs libanais en période révolutionnaire

  • Michele Scala, Sciences Po Lyon / Triangle / Ifpo, (France), Mondes du travail sous-tension. Arènes de la contestation dans le Liban contemporain
Loin de se réduire à une réaction spasmodique à la profonde crise économique qui traverse le pays, le mouvement contestataire qui intéresse actuellement le Liban montre des liens étroits aux luttes sociales qui l’ont précédé. Ses mots d’ordre notamment : chute du régime politique confessionnel, lutte à la corruption et au clientélisme, font écho aux mouvements sociaux de l’été 2015 nés autour de la crise des déchets, ou encore au Mouvement pour la chute du régime confessionnel, né en 2011. Cette contribution entend porter l’attention sur une autre arène de la contestation qui a, jusque-là, peu saisi l’attention des observateurs : les mondes du travail. Dans ces dix dernières années, de nombreuses mobilisations ont éclaté dans le secteur public et privé, signalant l’accentuation des tensions autour du travail. Souvent réduits à des conflits pour du « pain quotidien (bread and butter) » car surgis autour de revendications « matérielles », ces mobilisations sont approchées comme des phénomènes exceptionnels, qualifiés ailleurs « d’improbables ». En d’autres cas, elles sont appréhendées comme le champ de déploiement d’affrontements politiques entre hommes ou factions rivales, ce qui revient à priver ces protestations de leur propre sens politique. Or, en interrogeant les protestations survenues à Spinneys (entreprise de grande distribution multinationale) et à Électricité du Liban (établissement public), nous montreront comment ce sont les équilibres clientélaires qui régiss(ai)ent le travail et ses arrangements qui sont remis en cause au cours de ces mobilisations. Issue d’une longue enquête ethnographique (2012-2018), cette contribution entend ainsi montrer que dans ces mondes du travail sous tension s’observent des microfissures au sein du « cercle de fer » libanais du clientélisme et du confessionnalisme.

  • Rossana Tufaro, Centre for social sciences research and action, Beyrouth, (Liban), Où sont passés les travailleurs (organisés)? Sur les traces des avancées et des reculs historiques de l'activisme des travailleurs libanais en période révolutionnaire
Au cours des huit dernières années, sur le fond des soulèvements arabes de 2011, l'explosion d'une intense vague de mobilisations des travailleurs a attiré l'attention des chercheurs sur l'histoire et la sociologie de l'activisme ouvrier et syndical au Liban, longtemps négligée jusque-là. Ces études assez récentes ont mis en lumière à différents niveaux l'importance des réseaux clientélistes ainsi que le phénomène répété de la cooptation étatique dans l'action de répression ou de désamorçage de l'activisme des travailleurs. Cette cooptation étatique constante a aussi été majoritairement pointée comme le motif principal de l'absence - ou à tout le moins du rôle marginal - des travailleurs organisés dans le soulèvement du 17 octobre. 
La cooptation et le clientélisme ont sans nul doute joué un rôle central dans l'affaiblissement constant du rôle politique et des possibilités de mobilisation de masses des travailleurs au Liban. Néanmoins, en se penchant sur la longue et riche histoire du travail au Liban, on devine que ces deux éléments à eux seuls ne suffisent pas à expliquer la marginalisation extrême dont souffrent actuellement les organisations des travailleurs au sein de la mobilisation sociale. C'est pourquoi, à travers le prisme de la comparaison historique, la présente contribution vise à saisir les racines profondes de la marginalisation actuelle des travailleurs sur le terrain du conflit social, en proposant les structures productives, l'idéologie et l'évolution des “problem-spaces” dans lesquels les mobilisations se déroulent comme grille de lecture complémentaire.


  • Michele Scala, Sciences Po Lyon / Triangle / Ifpo, (France), Mondes du travail sous-tension. Arènes de la contestation dans le Liban contemporain

Labour Worlds Under Pressure. Contentious Arena in Contemporary Lebanon

Far from being reduced to a spasmodic reaction to the deep economic crisis which is going through the country, the protest movement which currently interests Lebanon shows close links to the social struggles which preceded it. Its slogans in particular: downfall of the sectarian system, fight against corruption and clientelism, echo the social movements of the summer of 2015 born around the waste crisis, or the Movement for the downfall of the sectarian system born in 2011. This contribution intends to focus attention on another arena of contestation that has so far received little attention from observers: labour and its worlds. In the last ten years, numerous mobilizations have erupted in the public and private sectors, pointing out to increasing tensions around labour issues. These protests arising around “material” demands are often reduced to “bread and butter” and therefore exceptional or “improbable” conflicts. In other cases, they are approached as the expression of political clashes between political figures and their followers, depriving protests of their own political meaning. By questioning the mobilizations that occurred at Spinneys (a multinational retail company) and Electricité du Liban (public establishment), we will show how they question the clientelistic balances and arrangements that govern labour in these two workplaces. Based on a long ethnographic survey (2012-2018), this contribution thus intends to show that recent labour conflicts can be envisaged as observatories of fractures within the Lebanese “iron circle” of clientelism and confessionalism.

  • Rossana Tufaro, Centre for social sciences research and action, Beyrouth, (Liban), Où sont passés les travailleurs (organisés)? Sur les traces des avancées et des reculs historiques de l'activisme des travailleurs libanais en période révolutionnaire
Where did (organized) workers go? Tracking the historical makings and unmakings of Lebanese labor activism against revolutionary times
 
In the past eight years, the explosion of a sustained wave of labor mobilizations in the background of the outbreak of the first wave of Arab Uprisings, ignited scholarly interest in the long neglected history and sociology of Lebanese labor activism. While primarily focusing on the unfolding mobilizations and their protagonists, this latest body of studies has stressed at different levels the importance of clientelist networks and the repeated state co-optation in repressing or de-ignite workers’ activism and its (re)production. Cumulative state co-optation has also been predominantly assumed as the major factor explaining the absence - or, at least, the marginal weight - of organized labor in the making of the October 17 Uprising.
Cooptation and clientele have undoubtedly played a central role in constantly and cumulatively downsizing the political load and the possibilities for a mass workers’ activism in Lebanon. However, a look back at the same long and rich Lebanese labor history suggests that these two elements cannot be alone self-sufficient to explain the current marginalization of organized labor in Lebanese social contention. Through the prism of historical comparison, therefore, the following contribution aims at grasping the long roots of the current “disappearance” of workers from the terrain of social conflict, suggesting productive structures, ideology and the changing “problem-spaces” informing social contention as complementary readings.


>