Responsable: >Michele Scala & Erminia Chiara Calabrese

AG8 -Luttes sociales, recompositions partisanes : fissures au sein du système politique libanais 1/2

Date : 2022-09-21 | 08:45:00-10:45:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
ISAMM
Salle :
C12
Responsable : Michele Scala & Erminia Chiara Calabrese
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Abi-Yaghi Marie-Noëlle Université Saint-Joseph
Chérif-Alami Anis Paris 1 Panthéon Sorbonne
Calabrese Chiara EHESS

AG8 -Luttes sociales, recompositions partisanes : fissures au sein du système politique libanais 1/2 FR
Salle : C12
Responsable : Michele Scala, CeSSRA (Liban), et Erminia Chiara Calabrese, Université Rovira i Virgili (Espagne) /CéSor/Ehess, (France), 
Discutant : Rosita di Peri, Università degli Studi di Torino, Italie

  • Marie-Noëlle Abi-Yaghi, Université Saint-Joseph, (Liban), Micro-politiques du  « ihbat » dans le Liban contemporain: trajectoires militantes de résistance et de discipline
  • Erminia Chiara Calabrese, Université Rovira i Virgili (Espagne) /CéSor/Ehess, (France),  Ajustements et désajustements entre attentes militantes et pratiques institutionnelles. Le cas du Hezbollah libanais face au mouvement du 17 octobre 2019

Anis Chérif Alami, Université Paris 1/Sorbonne/Ifpo, (France), Modalités et limites de la réactivation de loyautés politiques « traditionnelles » dans le contexte de la crise économique libanaise : l’étude d’un quartier de la banlieue sud

Alors qu’il avait apparemment résisté aux revendications politiques qui intéressent les mondes arabes depuis 2011, le Liban connaît un mouvement protestataire inédit à l’automne 2019, baptisé avec le terme de thawra (révolution). Les manifestants dénoncent la corruption, le clientélisme et l’agencement confessionnel du système politique, tenus pour responsables d’un accès inégalitaire aux soins, aux médicaments, à l’éducation et au travail. Cet évènement contestataire a certainement « dés-orienté » ceux voyant dans le cas libanais, et dans sa formule politique dite consociative, une exception permanente au sein de la région.
Cet atelier, organisé autour de deux rencontres, se propose de mettre en lumière comment ces soulèvements populaires, loin d’être « immaculés » ou « spasmodiques », s’inscrivent dans des processus longs. Á contretemps des approches causales et météorologiques qui ont pu être portées sur les révolutions arabes, il propose, d’une part, de questionner l’émergence des processus contestataires de 2019 au Liban en portant l’attention sur les ruptures spectaculaires et à bas bruit observées depuis 2010 dans l’arène sociale, les mondes du travail et le champ partisan. D’autre part, il entend interroger les recompositions actuelles de la thawra de 2019 à partir de l’analyse des reconfigurations à l’œuvre dans ces espaces contestataires suite à l’étouffement apparent du mouvement en contexte de crises multiples, économique, sociale, politique et sanitaire.

Responsable : Michele Scala, CeSSRA (Liban), et Erminia Chiara Calabrese, Université Rovira i Virgili (Espagne) /CéSor/Ehess, (France), 
Discutant : Rosita di Peri, Università degli Studi di Torino, Italie

  • Marie-Noëlle Abi-Yaghi, Université Saint-Joseph, (Liban), Micro-politiques du  « ihbat » dans le Liban contemporain: trajectoires militantes de résistance et de discipline
Les cycles des mobilisations sociales dans le Liban contemporain rassemblent des militants autour d'un éventail de griefs, de la participation aux réformes politiques, de la dénonciation des politiques néolibérales aux demandes relatives au droit du travail et de protection sociale, des actions collectives NIMBY aux demandes systémiques de renversement du régime confessionnel, etc. Ces mobilisations, principalement urbaines, prennent différentes formes: divers modes d'organisation (organisations non gouvernementales institutionnalisées, collectifs informels et campagnes) et modes d'action (ateliers et campagnes de sensibilisation, manifestations, sit-in, flash mobs et actions de désobéissance civile pour ne citer que quelques exemples). Cependant, nombre de ces mobilisations apparaissent souvent de courte durée et montrent rapidement des signes de désintégration. Le sentiment de « désespoir » (ihbat) apparaît souvent dans les expressions discursives des militants comme le vecteur commun de leurs stratégies d’”exit” individuelles. En examinant de façon longitudinale les différents cycles de mobilisations, et au-delà des moments d'ébullition militante, que nous apprend une description épaisse de ces cycles sur les dynamiques de mobilisation des militants au Liban, leurs revendications, les processus de cadrage, les stratégies de exit, ainsi que les pratiques quotidiennes de contrôle de la politique contestataire? Cette intervention vise à examiner, au-delà des effets structurants de la répression ou de l'instrumentalisation des acteurs contestataires par le régime, un déplacement de regard sur les dites politiques affectuelles du « désespoir » (ihbat). Elle propose d'examiner les dynamiques internes des mouvements contestataires, les pratiques et les [dé]prises de parole, qui contribuent  non seulement à travailler ces mouvements mais aussi in fine à discipliner le mécontentement. 

  • Erminia Chiara Calabrese, Université Rovira i Virgili (Espagne) /CéSor/Ehess, (France),  Ajustements et désajustements entre attentes militantes et pratiques institutionnelles. Le cas du Hezbollah libanais face au mouvement du 17 octobre 2019

Depuis le 17 octobre 2019 le Liban est traversé par des mouvements de protestations qui dénoncent la corruption et le népotisme du système politique confessionnel. Comme tout autre parti politique libanais, le Hezbollah n’est pas épargnés de ces accusations ; plusieurs bureaux de ses députés sont pris d’assaut par les manifestants, qui incluent dans la première phase de cette révolte un nombre important de son électorat, notamment dans le sud du pays et dans la banlieue sud de Beyrouth.  Hasan Nasrallah, secrétaire général du parti, si dans les premières jours de la révolte offre son soutien aux revendications des manifestants après une dizaine de jours dans un discours télévisé du 25 octobre 2019 appelle ses partisans à se retirer de la rue. Il affirme que « le mouvement n’est plus populaire et spontané », il déplore une récupération du soulèvement par des partis libanais ; il met en garde les manifestants contre le « chaos » et les « financement des ambassades des puissances étrangères » ; cela provoquant une déception au sein de sa base militante.  À partir d’une enquête ethnographique menée en 2019 auprès de la base militante et combattante de ce parti, cette communication interroge les logiques d’ajustements et de désajustements entre les attentes militantes et les pratiques institutionnelles au sein de ce parti. Comment s’opèrent et s’expriment ces désajustements au sein d’une institution politico-religieuse et armée qui a une emprise importante sur ses militants ? Quels sont les effets de ces déceptions militantes sur les trajectoires au parti et quelles sont les possibles bifurcations qu’elles peuvent ouvrir? 

  • Anis Charaf Alami, Université Paris 1/Sorbonne/Ifpo, (France), Modalités et limites de la réactivation de loyautés politiques « traditionnelles » dans le contexte de la crise économique libanaise : l’étude d’un quartier de la banlieue sud

 Bien que la crise économique actuelle accélère des processus de précarisation anciens, la chute vertigineuse de la livre libanaise a fait émerger brutalement, en l’espace de quelques mois à peine, de nouveaux rapports de forces économiques. Nous décortiquons ce phénomène via une enquête menée à Hay el Sellom, un quartier populaire de la banlieue sud de Beyrouth. Les membres du Hezbollah et les employés des ONG toujours rémunérés en devises étrangères dans la crise et résidant dans la banlieue sud correspondent à une nouvelle bourgeoisie chiite émergente. On observe que cette situation accélère la désaffiliation sociale du reste des habitants du quartier plongés dans la misère. La politique de salarisation menée par le Hezbollah semble dès lors incertaine dans la mesure où elle entraîne des bouleversements indirects et brutaux des rapports de classes. Ainsi est-il plus que probable que ces transformations économiques soudaines fragilisent à terme les liens de loyauté au parti de Dieu. 

Social Struggles and partisan reconfigurations:understanding cracks in the Lebanese Political system 

While it had appeared resilient to the political transformations involving Arab countries since 2011, Lebanon is experiencing an unprecedented protest movement in autumn 2019, dubbed with the term thawra (revolution). The protesters denounce the corruption, clientelism and confessional arrangement of the political system, held responsible for unequal access to health care, medicine, education and work. This protest event has certainly "disoriented" those who see the Lebanese case, and its so-called consociational political formula, as a permanent exception in the region.
This workshop, organized around two sessions, aims to highlight how these popular uprisings, far from being "immaculate" or "spasmodic", are part of long processes. Against the backdrop of the causal and meteorological approaches that have been taken to the Arab revolutions, it proposes, on the one hand, to question the emergence of the protest processes of 2019 in Lebanon by focusing on the spectacular and low-profile ruptures observed since 2010 in the social arena, labour worlds and the partisan field. On the other hand, it intends to question the current recompositions of the 2019 thawra from the analysis of the reconfigurations in these protest fileds following the apparent stifling of the movement in the context of multiple economic, social, political and health crises.

Responsable : Michele Scala, SciencesPo-Lyon (France) - Ifpo et CeSSRA (Liban), et Erminia Chiara Calabrese, Université Rovira i Virgili (Espagne) /CéSor/Ehess, (France), 
Discutant : Rosita di Peri, Università degli Studi di Torino, Italie

  • Marie-Noëlle Abi-Yaghi, Université Saint-Joseph, (Liban), Micro-politiques du  « ihbat » dans le Liban contemporain: trajectoires militantes de résistance et de discipline

Everyday Politics of “Ihbat”: activists’ trajectories of resistance and discipline

Contentious politics in contemporary Lebanon appears characterised by cycles of mobilisation that gather activists around a spectrum of grievances ranging from political participation and reform, denunciation of neoliberal policies, labour and social rights, NIMBY collective actions to cite only a few. These mainly urban and Beirut based mobilisations, have also taken various modes of organisation (institutionalised non-governmental organizations, informal collectives and campaigns) and modes of action (sensitisation workshops and campaigns, demonstrations, sit-ins, flash mobs, and civil disobedience actions to cite only a few examples). However, many of these mobilisations often appear short lived, and quickly show signs of disintegration; “despair” is often voiced by activists as the main driver to their individual exit strategies. Looking longitudinally at these mobilisations, and beyond “abeyance structures”, what does a thick description of these cycles tell us about activists’ mobilisation dynamics in Lebanon, their grievances, framing processes, exit strategies, as well as everyday practices of “taming” politics?
This presentation, looking beyond the structuring effects of regime oppression and instrumentalisation on contentious politics, rather proposes to unpack the affectual politics of “despair” (ihbat), by examining internal dynamics of disciplining movements, framing narratives and practices of activists, and that contribute in fine to disciplining discontent.


  • Erminia Chiara Calabrese, Université Rovira i Virgili (Espagne) /CéSor/Ehess, (France),  Ajustements et désajustements entre attentes militantes et pratiques institutionnelles. Le cas du Hezbollah libanais face au mouvement du 17 octobre 2019

Adjustments and de-adjustments between militant expectations and institutional practices. The case of the Lebanese Hezbollah and the 17 October 2019 social movement. 


Since October 17, 2019 protest movements denouncing the corruption and nepotism of the confessional political system have traversed Lebanon. Like any other Lebanese political party, Hezbollah is not spared from these accusations; several offices of its deputies are stormed by the protesters, who include in the first phase of this revolt a significant number of its electorate, especially in the south of the country and the southern suburbs of Beirut.  Hasan Nasrallah, secretary general of the party, if in the early days of the revolt offers his support to the demands of the demonstrators after ten days in a televised speech on October 25, 2019 calls his supporters to withdraw from the street. He asserts that "the movement is no longer popular and spontaneous", he deplores a recuperation of the uprising by Lebanese parties; he warns the demonstrators against "chaos" and "funding from the embassies of foreign powers"; this provokes a disappointment within his militant base.  Based on an ethnographic survey conducted in 2019 among the militant and fighters base of this party, this paper questions the logics of adjustments and de-adjustments between militant expectations and institutional practices within this party. How do these de-adjustments operate and express themselves within a politico-religious and armed institution that has a strong hold on its militants? What are the effects of these militant disappointments on the trajectories of the party and what are the possible bifurcations that they can open? 


  • Anis Charaf Alami, Université Paris 1/Sorbonne/Ifpo, (France), Modalités et limites de la réactivation de loyautés politiques « traditionnelles » dans le contexte de la crise économique libanaise : l’étude d’un quartier de la banlieue sud

Modalities and limits of the reactivation of "traditional" political loyalties in the context of the Lebanese economic crisis: a study of a neighbourhood in the southern suburbs of Beirut 

Although the current economic crisis is accelerating old processes of precariousness, the vertiginous fall of the Lebanese pound has abruptly brought, in just a few months, a new balance of economic power. We analyze this phenomenon through an investigation carried out in Hay el Sellom, a working-class neighborhood in the southern suburbs of Beirut. Members of Hezbollah and NGO workers still paid in foreign currency in the crisis and residing in the southern suburbs correspond to a new emerging Shiite bourgeoisie. We observe that this situation accelerates the social disaffiliation of the rest of the inhabitants of the district plunged in misery. The wage policy pursued by Hezbollah therefore seems uncertain insofar as it leads to indirect and brutal upheavals in class relations. So it is more than probable that these sudden economic transformations will weaken in the long term the bonds of loyalty to the party of God. 


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