Responsable: >Barbary Caroline

AG3 - Les subalternes de la politique et la politique des subalternes dans les sociétés arabes et musulmanes

Date : 2022-09-22 | 16:15:00-18:15:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
ISAMM
Salle :
C3
Responsable : Barbary Caroline
Modérateur·trice :
Discutant·e : Barbary Caroline
Les intervenant·e·s :
Barbary Caroline Université de Lille
Elnour Saker Freie Universität Berlin
Fautras Mathilde Université de Fribourg
Gennaro Gervasio Università Roma Tre

AG3 - Les subalternes de la politique et la politique des subalternes dans les sociétés arabes et musulmanes FR
Salle: C3
Responsable : Barbary Caroline, Université de Lille, France
Discutante : Barbary Caroline, Université de Lille, France

  • El Nour Saker, IEDES, Université Panthéon-Sorbonne, (France), Protestations autour de l'eau dans les zones rurales d'Égypte
  • Mathilde Fautras, University of Fribourg, (Switzerland), Les récits des agriculteurs subalternes dans la révolution tunisienne : Expériences de dépossession des terres et de formation de classe
Gervasio Gennaro, Università Roma Tre, (Italy), Les subalternes et le soulèvement égyptien : Les travailleurs indépendants entre résistance et cooptation

Alors que dix années d’évènements protestataires se sont écoulées dans plusieurs sociétés du monde « arabo-musulman », nous assistons à de nouveaux moments de contestation depuis 2018. Si la plupart des analyses se concentrent sur les dynamiques de transitions démocratique ou autoritaire, le phénomène islamiste, ou encore l’émergence de nouveaux acteurs comme les électeurs ou les jeunes, peu d’études prennent en compte les dynamiques des luttes localisées et les formations des réseaux de résistance, présents pourtant au sein de la majeure partie de ces sociétés. Cet atelier a alors pour ambition d’élargir la réflexion des études subalternes, peu exploitée dans ces contextes de contestations. Il vise à donner une analyse, en contextes révolutionnaire et post-révolutionnaire, centrée sur les subalternes en politique, tout en réintégrant la question des classes sociales dans le débat théorique. Comment comprendre les ambiguïtés et la complexité des rapports entre les groupes subalternes et les formations sociopolitiques, idéologiques et/ou culturelles hégémoniques ? Au-delà d’une perspective dichotomique entre État et société civile, une attention particulière sera accordée aux formes et constitutions des réseaux de résistances et des groupes subalternes organisés et/ou non organisés. Plus largement, il s’agit d’une occasion de se saisir et de s’approprier le concept de subalternes en le confrontant à nos terrains pluriels, par l’interrogation des modalités de constitution des réseaux de résistances dans des lieux et des temporalités multiples, l’exploration des rapports de forces entre groupes subalternes et formations hégémoniques, et enfin par l’appréhension des formes et processus des luttes pour la representativité politique. 

Responsable : Barbary Caroline, Université de Lille, France
Discutante : Barbary Caroline, Université de Lille, France

  • El Nour Saker, IEDES, Université Panthéon-Sorbonne, (France), Protestations autour de l'eau dans les zones rurales d'Égypte
Cette contribution vise à cartographier et analyser les mouvements sociaux autour de l'eau dans l'Égypte rurale entre 2007 et 2018. Sur la base de mon récent travail de terrain, je compte proposer une analyse socio-spatiale en explorant la distribution géographique de ces mobilisations, et en étudiant le contexte socioculturel dans lequel elles émergent. Malgré le caractère localisé et isolé de ces luttes, dans quelle mesure les revendications, les enjeux et l'organisation des groupes autour de la question de l'eau peuvent-ils constituer des " réseaux de résistance " ?

  • Mathilde Fautras, University of Fribourg, (Switzerland), Les récits des agriculteurs subalternes dans la révolution tunisienne : Expériences de dépossession des terres et de formation de classe
En marge des principaux mouvements de protestation qui ont eu lieu dans le centre de la Tunisie depuis 2010 et sur la base de mon travail de terrain passé dans la région, cet article aborde l'évolution des relations de pouvoir exprimées et façonnées par un récit rapportant des expériences de dépossession foncière. En regardant qui parle au nom des paysans dépossédés, j'analyse l'articulation de la classe, des relations sociales de parenté et de l'appartenance régionale des agriculteurs qui sous-tend ce récit. Cette analyse souligne à la fois la manière dont ce récit aide les "agriculteurs subalternes" dans leur ensemble à se positionner dans l'espace social à différentes échelles, et la manière dont il soutient l'accumulation des terres opérée par les plus influents d'entre eux. Je soutiens que ce récit, en tant que lutte politique, est donc un " réseau de résistance " fluide (Bush 2011) ainsi qu'un moyen ambigu de renforcer la formation des classes dans les campagnes dans le contexte post-révolutionnaire.

  • Gervasio Gennaro, Università Roma Tre, (Italy), Les subalternes et le soulèvement égyptien : Les travailleurs indépendants entre résistance et cooptation

Les subalternes et le soulèvement égyptien : Les travailleurs indépendants entre résistance et cooptation

Inspiré par l'œuvre séminale de Gramsci sur le subalterne - ramené à sa dimension de classe -, et basé sur mon travail de terrain passé en Égypte, cet article examine l'émergence de " sujets subalternes " en tant que protagonistes des différentes vagues du soulèvement égyptien, à partir de janvier 2011. Cet article se penchera sur la trajectoire des syndicats indépendants (ITUs), en examinant comment la résistance des travailleurs a été transformée par la " pratique révolutionnaire ", pendant le soulèvement, puis par l’ouverture de la " fenêtre d'opportunité " (2011-13), et surtout après le coup d'État militaire de juillet 2013.


The Subalterns of Politics and the Politics of Subalterns
in Arab and Muslim societies

While ten years of protest events have passed in several societies of the "Arab-Muslim" world, we are witnessing new moments of contestation since 2018. While most analyses focus on the dynamics of democratic or authoritarian transitions, the Islamist phenomenon, or the emergence of new actors such as voters or youth, few studies take into account the dynamics of localized struggles and the formation of resistance networks, which are present in most of these societies. This workshop aims to broaden the reflection of subaltern studies, which is little used in these contexts of contestation. It aims to provide an analysis, in revolutionary and post-revolutionary contexts, focused on the subalterns in politics, while reintegrating the question of social classes in the theoretical debate. How can we understand the ambiguities and complexity of the relationship between subaltern groups and hegemonic socio-political, ideological and/or cultural formations? Beyond a dichotomous perspective between state and civil society, particular attention will be paid to the forms and constitutions of resistance networks and organized and/or unorganized subaltern groups. More broadly, it is an opportunity to seize and appropriate the concept of subalterns by confronting it to our plural terrains, by questioning the modalities of constitution of resistance networks in multiple places and temporalities, by exploring the relations of forces between subaltern groups and hegemonic formations, and finally by apprehending the forms and processes of the struggles for political representativity.

Responsable : Barbary Caroline, Université de Lille, France
Discutante : Barbary Caroline, Université de Lille, France

  • El Nour Saker, IEDES, Université Panthéon-Sorbonne, (France), Protestations autour de l'eau dans les zones rurales d'Égypte
This contribution aims to map and analyze social movements around water in rural Egypt between 2007 and 2018. Based on my recent fieldwork, I intend to offer a socio-spatial analysis by exploring the geographic distribution of these mobilizations, and by studying the socio-cultural context in which they emerge. Despite the localized and isolated nature of these struggles, to what extent the demands, the issues and the organization of groups around the water issue can constitute “networks of resistance”? 

  • Mathilde Fautras, University of Fribourg, (Switzerland), Les récits des agriculteurs subalternes dans la révolution tunisienne : Expériences de dépossession des terres et de formation de classe

Subaltern Farmers’ Narrative in the Tunisian Revolution: Experiences of Land Dispossession and Class Formation

Beside the main protest movements that occurred in central Tunisia since 2010 onwards and based on my past fieldwork in the region, this paper addresses the changing relations of power expressed and shaped through a narrative reporting experiences of land dispossession. By looking at who speaks on behalf of the dispossessed peasants, I analyse the articulation of class, social relations of kinship and regional belonging of farmers underlying this narrative. This analysis highlights both how this narrative helps the “subaltern farmers” as a whole to position themselves in the social space at different scales; and how it underpins land accumulation operated by the more influential ones among them. I argue this narrative, as a political struggle, is therefore a fluid “network of resistance” (Bush 2011) as well as an ambiguous way to strengthen class formation in the countryside in the post-revolutionary context.

  • Gervasio Gennaro, Università Roma Tre, (Italy), Les subalternes et le soulèvement égyptien : Les travailleurs indépendants entre résistance et cooptation

Subalterns and the Egyptian Uprising: Independent Workers between Resistance and Co-optation

Inspired by Gramsci’s seminal work on the subaltern – taken back to its class dimension-, and based on my past fieldwork in Egypt, this paper is looking at the emergence of ‘subaltern subjects’ as the protagonists of the different waves of the Egyptian Uprising, from January 2011 onwards. This paper will look at the trajectory of the Independent Trade Unions (ITUs), investigating how workers’ resistance has been transformed by ‘Revolutionary practice’, during the Uprising, then in the ‘window of opportunity’ (2011-13), and especially after July 2013 military-led coup, with the ITUs leader becoming Ministry of Manpower.

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