AM71 - CriseS : regards croisés 2/2

Confronté à la configuration duale du territoire, le choix de politique régionale est passée, dans ses grandes lignes, par deux stades. La Tunisie s’est d’abord engagée vigoureusement dans la voie du développement planifié et des réformes structurelles. A ce stade, les pôles de croissance industrielle à effets inducteurs formaient, avec les réalisations socio-administratives et la réforme agraire, l’épine dorsale de l’action régionale (sectorielle) des années soixante. En rupture avec ces choix, le modèle de développement économique libéral mis en marche dès 1972, et approfondi dès 1986, semble avoir créé et accentué, à travers le saupoudrage d’actions à très faible effet et la politique de compensation/décentralisation, la tendance à la littoralisation des activités économiques, surtout celles tournées vers l’extérieur. S’inscrivant en droite ligne du choix économique libéral, la mondialisation  a, dès la deuxième moitié des années quatre vingt, favorisé la mise en place de nouvelles recompositions territoriales internes liées à la réduction de l’espace dynamique aux interfaces métropolitaines maritimes du Nord-est et du Sahel et mettant le reste du pays dans une situation de quasi-exclusion. Mis en avant dans la constitution de 2014 à la faveur d’une émotion politique « révolutionnaire » et sous-tendu par un mauvais diagnostic territorial, le principe de la discrimination positive s’avère, sept ans après, bien inopérant.

La présente communication se propose de donner une juste mesure des disparités régionales en Tunisie et de proposer une « solution contractuelle » visant, dans le cadre d’une vision stratégique concertée de sortie de crise, la promotion de régions-programmes engageant à la fois l’Etat et les pouvoirs régionaux.