Responsable: >Taher Labadi
AG29 - La fabrique des productions culturelles : une économie politique de l’art et de la culture au proche-orient
Date : 2022-09-23 | 14:00:00-16:00:00
Évènement :
Rencontre “Arts, culture et cinéma”
Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie : | ||
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A.G | ||
Lieu : | ||
CITÉ DE LA CULTURE | ||
Salle : | ||
Salle Soufia El Goulli |
Responsable : Taher Labadi | |
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Modérateur·trice : | |
Discutant·e : Stéphanie Latte Abdallah | |
Les intervenant·e·s : | |
Labadi Taher | IFPO |
Raymond Candice | IFPO |
Slitine Marion | EHESS |
Sbeih Sbeih | Aix-Marseille Université |
Latte Abdallah Stéphanie | CNRS |
AG29 - La fabrique des productions culturelles : une économie politique de l’art et de la culture au proche-orient FR Salle: Cinémathèque - Salle Soufia El Goulli Responsable: Taher Labadi, IfpoJ, Palestine Discutant : Stéphanie Latte Abdallah, Sciences Po, CERI
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Cet atelier propose de réfléchir à la fabrique culturelle dans un Proche-Orient confronté à des situations de crises polymorphes (guerres, révoltes, colonisation, crise financière, crise sanitaire, etc.). La pratique culturelle est ici considérée en tant qu’activité collective, engageant une multiplicité d’acteurs rassemblés au sein de « mondes de la culture ». Nous cherchons à comprendre comment se développent, au niveau historique et socioéconomique, ces « mondes de la culture » au Proche-Orient, et comment ils évoluent dans un contexte de crises. L’attention est dès lors portée sur l’ensemble des relations sociales, politiques et économiques qui régissent la production d’objets culturels, dans une approche résolument interdisciplinaire (sociologie, histoire, anthropologie, économie politique). Nous envisageons également les pratiques culturelles à partir de leur matérialité : accès aux ressources, financements, professionnalisation, industrialisation des arts et de la culture, circulation des acteurs, des matériaux et des œuvres, institutions et politiques culturelles, etc. Il s’agit enfin d’interroger, depuis cette région, les phénomènes de professionnalisation et de mondialisation du travail d’artiste, ou encore de numérisation et de marchandisation des œuvres culturelles.
Responsable: Taher Labadi, IfpoJ, Palestine
Discutante : Stéphanie Latte Abdallah , Sciences Po, CERI
- Taher Labadi, IfpoJ, Vers une économie politique des arts dans le monde arabe
Si les activités artistiques ont comme toute activité sociale une dimension économique, elles bénéficient chez les économistes d’un traitement à part. Cette communication présentera dans un premier temps différents angles thématiques traités par cette « économie des arts », en questionnant les enjeux mêmes de sa singularité. Ces thèmes concernent notamment la valeur socioéconomique des œuvres, la rémunération des artistes, l’organisation des industries culturelles, les inégalités face aux arts, le financement des activités artistiques ou encore leurs retombées économiques. Il s’agira dans un second temps d’interroger le pouvoir heuristique d’une économie politique de la fabrique artistique dans le contexte proche-oriental et arabe de sociétés en crise. L’hypothèse ici est que jamais les relations de pouvoir n’apparaissent aussi bien que dans les moments de crise systémique, lorsqu’une configuration institutionnelle se défait, ou se refait. Or, au travers de ces relations de pouvoir, ce sont différentes conceptions de l’activité artistique et de ce qui fait sa valeur qui sont aussi l’objet de luttes.
- Candice Raymond, IREMAM, Le théâtre culturel de la Guerre du Liban (1975-1990) : fragmentation socio-territoriale et ordres sociaux de la culture.
Les géographes et urbanistes ont montré comment la ville de Beyrouth et plus généralement le territoire libanais ont été fragmentés par la guerre civile (1975-1990), se divisant progressivement en plusieurs espaces physiques et sociaux cloisonnés. Ma communication interrogera les effets de cette fragmentation socio-territoriale, couplée à l’homogénéisation des populations en fonction de leur appartenance confessionnelle ou de leurs affiliations politiques, sur le redéploiement des institutions culturelles de part et d’autre des lignes de démarcation et sur la recomposition des mondes culturels au Liban. Il s’agira en fait d’envisager comment la guerre du Liban a fait émerger plusieurs mondes de la culture structurés différemment, et autant d'ordres sociaux de la production culturelle : un monde « ouest-beyrouthin », tout d’abord, multipolaire, très articulé au secteur de l'édition, et fortement marqué jusqu’en 1982 par la présence palestinienne ; un monde « chrétien », ensuite, davantage articulé à l'institution universitaire, connaissant un processus de spécialisation professionnelle plus poussé, tout en restant marqué par la tradition érudite de diverses institutions religieuses ; des mondes régionaux, enfin, dont la subdivision de l’Université Libanaise en plusieurs branches provinciales a favorisé l’institutionnalisation et l’autonomisation relative des milieux beyrouthins, notamment dans la grande ville du Nord-Liban Tripoli.
- Sbeih Sbeih, AMU, IREMAM, (France), Les « nouveaux » romanciers palestiniens : d’une ouverture à l’international au retour du national.
L’essor que connaît la littérature romanesque palestinienne depuis la signature des accords d’Oslo en 1993 laisse croire à l’émergence de « nouveaux » romanciers en Palestine. Cette production en langue arabe est néanmoins tiraillée par deux logiques opposées : universelle et patriotique. La première se caractérise par la référence aux valeurs universelles qui entraîne l' “ouverture à l’international » dans la nouvelle configuration politique en Palestine. L’enjeu ici peut s’expliquer par la volonté de certains romanciers d’être traduits et lus à l’international, soit d’occuper une place dans la « république mondiale des lettres ». La seconde s’exprime notamment après la fin de la 2nde Intifada en 2005 par le « retour » de la cause nationale et de la question coloniale, ce qui fait resurgir le vieux slogan : « l’art, c’est l’engagement ». Cette communication vise à étudier ces deux logiques et la lutte entre elles dans le champ littéraire palestinien à travers l’analyse des trajectoires de certains romanciers écrivant depuis la Cisjordanie d’une part et la correspondance de ces trajectoires avec les représentations qui animent cette nouvelle production de l’autre.
- Marion Slitine, EHESS/MuCEM, (France), L’art contemporain de Palestine post-Oslo : un "monde de la culture du développement" ?
Cette communication portera sur les mondes de l’art contemporain des Territoires palestiniens occupés, en analysant les politiques et les institutions culturelles qui se sont déployées dans le contexte post-Oslo de domination coloniale israélienne. En étudiant les politiques culturelles qui ont été adoptées depuis les années 1990, ainsi que les acteurs de promotion de l’art contemporain palestinien, il s’agira d’explorer le développement culturel sans précédent qu’a connu la Palestine à la faveur des Accords d’Oslo et de la construction étatique palestinienne, mais aussi de mettre en avant l’extrême fragmentation des scènes culturelles palestiniennes, les articulations d’échelles locales, régionales et internationales, et les politiques néolibérales post-Oslo qui ont progressivement pu conduire à un « monde de la culture du développement ».
The cultural factory in times of crisis in the Near East
This workshop intends to address the cultural factory in a Near East facing polymorphous crisis situations (wars, revolts, colonization, financial crisis, health crisis, etc.). Cultural practice is considered here as a collective activity, involving a multiplicity of actors gathered within "culture worlds". We seek to understand how these "culture worlds" in the Near East develop historically and socio-economically, and how they evolve in a context of crisis. The focus is therefore on all the social, political and economic relations that govern the production of cultural objects, in an approach that is resolutely interdisciplinary (sociology, history, anthropology, political economy). We also consider cultural practices through their materiality: access to resources, funding, professionalization, industrialization of the arts and culture, circulation of actors, materials and works, cultural institutions and policies, etc. Finally, we will question, from this region, the phenomena of professionalization and globalization of artistic work, as well as the digitization and commercialization of cultural works.
Responsable: Labadi Taher, IfpoJ, Palestine
Discutant (éventuel) : Stéphanie Latte Abdallah , Sciences Po, CERI
- Taher Labadi, IfpoJ, Towards a political economy of the arts in the Arab world.
If artistic activities, like any social activity, have an economic dimension, they receive special treatment from economists. This paper will first present different thematic angles addressed by this "economy of the arts", questioning the very issues at stake in its singularity. These themes focus in particular on the socio-economic value of artworks, the remuneration of artists, the organisation of cultural industries, inequalities in the arts, the financing of artistic activities and their economic spinoffs. Second, the heuristic potential of a political economy of the artistic factory in the Near Eastern and Arab context of societies in crisis will be questioned. The hypothesis here is that never are power relations more apparent than in moments of systemic crisis, when an institutional configuration breaks down, or rebuilds itself. However, through these power relations, it is different conceptions of artistic activity and its value that are also the object of struggles.
- Candice Raymond, IREMAM, The cultural theater of the Lebanon War (1975-1990): socio-territorial fragmentation and social orders of culture
Geographers and urban planners have shown how the city of Beirut and more generally the Lebanese territory were fragmented by the civil war (1975-1990), gradually dividing into several partitioned physical and social spaces. My paper will question the effects of this socio-territorial fragmentation, coupled with the homogenisation of populations according to their religious or political affiliations, on the redeployment of cultural institutions on both sides of the dividing lines and on the recomposition of cultural worlds in Lebanon. In fact, we will consider how the war in Lebanon brought about the emergence of several differently structured worlds of culture, and as many social orders of cultural production: a "West Beirut" world, first of all, multipolar, very much linked to the publishing sector, and strongly marked until 1982 by the Palestinian presence; a "Christian" world, then, more linked to the university institution, undergoing a more advanced process of professional specialisation, while remaining shaped by the scholarly tradition of various religious institutions; finally, regional worlds, whose subdivision of the Lebanese University into several provincial branches has favoured the institutionalisation and relative autonomy of the Beirut area, especially in the large North Lebanese city of Tripoli.
- Sbeih Sbeih, AMU, IREMAM, (France), The "new" Palestinian novelists: from opening up to the international to the return of the national
The rise of Palestinian fiction since the signing of the Oslo Accords in 1993 suggests the emergence of "new" novelists in Palestine. This production in Arabic is nevertheless torn by two opposing logics: universal and patriotic. The first is characterized by the reference to universal values brought about by the "opening to the international" in the new political configuration in Palestine. What is at stake here can be explained by the desire of certain novelists to be translated and read internationally, that is to say, to find their place in the "world republic of letters". The second is expressed notably after the end of the 2nd Intifada in 2005 by the "return" of the national cause and the colonial question, which brings back the old slogan: "art is engagement". This paper aims to study these two logics and the struggle between them in the Palestinian literary field through the analysis of the trajectories of certain novelists writing from the West Bank on the one hand, and the correspondence of these trajectories with the representations that animate this new production on the other.
- Marion Slitine, EHESS/MuCEM, (France), Contemporary art in post-Oslo Palestine: a "world of development culture"?
This paper will focus on the worlds of contemporary art in the Occupied Palestinian Territories, analysing the cultural policies and institutions that have been developed in the post-Oslo context of Israeli colonial domination. By studying the cultural policies that have been adopted since the 1990s, as well as the actors promoting Palestinian contemporary art, the aim is at exploring the unprecedented cultural development that Palestine has undergone as a result of the Oslo Agreements and Palestinian state-building, but also to highlight the extreme fragmentation of Palestinian cultural scenes, the articulation of local, regional and international scales, and the post-Oslo neo-liberal policies that have gradually led to a "world of development culture".