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AG2 - Les communautés non-musulmanes et leur rôle dans la production des institutions au Levant, 1920-1939

Date : 2022-09-21 | 08:45:00-10:45:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
ISAMM
Salle :
C9
Responsable : Victoria Abrahamyan
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Abrahamyan Victoria University of Neuchâtel
Bourmaud Philippe Université Lyon 3
Neveu Norig CNRS
Veldkamp Joel Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement

AG2 - Les communautés non-musulmanes et leur rôle dans la production des institutions au Levant, 1920-1939 FR
Salle : C9
Responsable : Victoria Abrahamyan, Université de Neuchâtel, Suisse  ( à distance ) 

  • Victoria Abrahamyan, Université de Neuchâtel, (Suisse), Le rôle ambivalent des réfugiés arméniens dans la Grande Révolte syrienne contre le pouvoir mandataire français (1925-1927)  ( à distance ) 
  • Philippe Bourmaud, Université Jean Moulin, Lyon 3, (France), Deux régimes politiques de l’action humanitaire : Organisations missionnaires protestantes françaises et réfugiés chrétiens anatoliens en Syrie-Liban mandataire 
  • Norig  Neveu, CNRS/AMU, IREMAM, (France), Les associations grecques-orthodoxes dans les mandats de Transjordanie et Palestine :  façonner un espace politique et intellectuel transfrontalier ( à distance ) 

Joel Veldkamp, Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement, Genève, (Suisse), “Afin que nous puissions sauvegarder vos vies”: Les juifs d’Alep entre le colonialisme, le nationalisme, et le sionisme, 1918-1946 


AG2
- Les communautés non-musulmanes et leur rôle dans la production des institutions au Levant, 1920-1939 FR


Après la chute de l’Empire ottoman, ses provinces arabes passèrent sous contrôle de la Grande-Bretagne et de la France. À partir des années 1920, les populations non-musulmanes ont occupé une place particulière dans les luttes pour l'indépendance et les processus de formation de l'État qui ont suivi au Levant. Elles ont fait l'objet d'une attention particulière de la part des autorités mandataires et des missionnaires occidentaux.

Inspiré par l'historiographie émanant des études subalternes et sur les réfugiés, ce panel s’attachera à montrer comment les communautés non-musulmanes ont construit ou contesté les politiques d'élites internationales, coloniales et locales. Il abordera les questions suivantes : comment la capacité de ces communautés à façonner et à transformer les politiques coloniales modifient-elles nos perceptions à leur propos ? Quels motifs relationnels se sont tissés entre les non-musulmans, identifiés ou non en termes communautaires, et les acteurs qui contribuaient à construire un ordre normatif mandataire ? Dans ces motifs relationnels, quelle place les facteurs religieux, la perception des discriminations à caractère communautaire, et les discours sur la cohésion nationale et la réforme sociale ont-ils occupés ? Ce panel placera les acteurs non-musulmans au centre de l'analyse, soulignant leur rôle dans la création et l'autonomisation des institutions locales, nationales et internationales, à travers le Levant.


Responsable : Victoria Abrahamyan, Université de Neuchâtel, Suisse 
Discutante : Salma Warscheid-Hargal, Center for History of Sciences Po Paris, France

  • Victoria Abrahamyan, Université de Neuchâtel, (Suisse), Le rôle ambivalent des réfugiés arméniens dans la Grande Révolte syrienne contre le pouvoir mandataire français (1925-1927)
La Syrie de l'entre-deux-guerres est devenue le foyer de milliers d'Arméniens, d'Assyriens et de Kurdes ottomans. L'installation de ces réfugiés a eu lieu pendant un moment historique critique, au cours duquel un État syrien a été formé sous la tutelle française. S'appuyant sur des sources primaires provenant des archives françaises, britanniques, américaines, arméniennes et russes, ainsi que sur des journaux arabes et arméniens, cet article entend examiner le rôle des réfugiés arméniens dans la Grande Révolte syrienne (1925-1927) qui a ébranlé les fondations de la domination française en Syrie. La participation des arméniens à cette révolte a été contestée jusqu'à aujourd'hui, et peu d’études en font état. La communauté arménienne a officiellement maintenu une position de neutralité pendant la révolte, tandis que ses franges communistes se sont rangées du côté des rebelles. Nonobstant, la communauté dans son ensemble a plutôt été perçue comme étant du côté des Français et impliquée dans la répression de la révolte. Cette perception a déclenché ultérieurement les pogroms anti-arméniens les plus importants de la Syrie moderne, faisant 50 morts. Cet article vise à apporter un éclairage nouveau sur les événements qui ont conduit à l'attaque et à révéler le rôle joué par les différentes couches des réfugiés arméniens dans la révolte. 

  • Philippe Bourmaud, Université Jean Moulin, Lyon 3, (France), Deux régimes politiques de l’action humanitaire : Organisations missionnaires protestantes françaises et réfugiés chrétiens anatoliens en Syrie-Liban mandataire 

Deux régimes politiques de l’action humanitaire : Organisations missionnaires protestantes françaises et réfugiés chrétiens anatoliens en Syrie-Liban mandataire 

L’aide humanitaire à destination des réfugiés arméniens et assyriens en Syrie-Liban sous mandat français comporte une dimension sociologique ainsi que programmatique et politique, qui ont pu être interprétées comme l’application concurrente de deux modèles : protection à base communautaire associée aux conceptions catholiques, et d’un modèle universaliste comme les missions protestantes, en particulier américaines après la Grande Guerre. 
Nous analysons ici la pertinence de cette opposition à travers la manière dont elle est prise en compte ou rejetée par les récipiendaires de l’aide humanitaire, et dans leurs relations avec deux institutions : les missionnaires protestants francophones - l’Action Chrétienne en Orient, fondée en Alsace et connectée à un réseau transnational de donateurs entre les Pays-Bas, la France et la Suisse ; et les Œuvres Protestantes Françaises en Syrie-Liban qui, elles, sont étroitement associées aux milieux intellectuels et coloniaux protestants de la capitale française. L’opposition protection/universalisme résiste-t-elle à l’épreuve des faits et en particulier aux demandes des récipiendaires de l’aide à l’égard de ces deux organisations ? Comment sont-elles perçues - missionnaires, françaises, différentes ou non des autres acteurs de l’humanitaire - au sein des deux communautés réfugiées avec lesquelles elles ont tissé des liens privilégiés ?

  • Norig  Neveu, CNRS/AMU, IREMAM, (France), Les associations grecques-orthodoxes dans les mandats de Transjordanie et Palestine :  façonner un espace politique et intellectuel transfrontalier 
Au moment de la création des mandats de Palestine et de Transjordanie sous autorité britannique, le Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem traversait une importante crise financière. L’opposition des laïcs et du bas clergé arabe à son encontre grandissait et leurs revendications portaient notamment sur une nécessaire arabisation du clergé. À partir de la fin du XIXe siècle, les laïcs grecs orthodoxes commencèrent à s'organiser en associations. Partant des principales villes de Palestine, la dynamique s’étendit rapidement à la Transjordanie. À partir des documents d'archives des associations orthodoxes jordaniennes et de la presse palestinienne, cette présentation propose une histoire connectée des associations orthodoxes en Jordanie et en Palestine. Ces associations seront considérées comme des d’espace de négociation avec les représentants du pouvoir mandataire et les représentants politiques palestiniens et transjordaniens. Comment la circulation et le transfert de modèles de la Palestine vers la Jordanie ont-ils influencé les activités sportives et culturelles mais également la vie intellectuelle et politique ? Comment ces associations ont-elles façonné l'espace social de ces deux territoires ? 

  • Joel Veldkamp, Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement, Genève, (Suisse), “Afin que nous puissions sauvegarder vos vies”: Les juifs d’Alep entre le colonialisme, le nationalisme, et le sionisme, 1918-1946

Le mandat français en Syrie fut une période de transformations et de tensions intenses pour la communauté juive d'Alep. Cette communauté politiquement marginalisée (bien que prospère) était affectée par la grande famine de la Grande Guerre, et les crises économique et politique qui l'ont suivie. Durant ces crises, l'administration française coloniale, le mouvement nationaliste syrien, et le mouvement sioniste croissant ont rivalisé pour obtenir la loyauté de la communauté. La communauté elle-même était divisée par des conflits internes entre son ancienne classe de riches et une nouvelle génération de professionnels. La transition subie par la communauté du fait du remplacement du système Ottoman de gestion des communautés religieuses par une approche improvisée des autorités françaises a exacerbé le conflit. Ce dernier a affaibli la communauté, précisément lorsque la montée des conflits politiques dans la région a atteint son point le plus critique. En se basant sur la correspondance de deux directeurs qui ont servi les écoles de l'Alliance Israélite Universelle pendant cette époque, ainsi qu'une variété d'autres sources, cet article jette un nouveau regard sur la destruction des communautés juives de Syrie après 1948, montrant l’importance des facteurs locaux derrière une tragédie dont on ne discute souvent qu'en référence à la création de l'État d'Israël.

After the fall of the Ottoman Empire, its Arab provinces came under the control of Great Britain and France. 
In the decades that followed, the Levant was the scene of both struggles for independence and processes of state formation. The region’s non-Muslim populations played a distinctive role in both, as they were made the object of particular attention by British and French Mandate authorities and western missionaries.
Inspired by recent historiography in subaltern and refugee studies, this panel seeks to show how non-Muslim communities constructed or contested the policies of international, colonial and local elites in the Levant. It will ask: how does the capacity of these communities to shape and transform colonial policy modify our perceptions of them? What patterns of relationships developed between non-Muslims, identified in communitarian terms or not, and the actors who contributed to the construction of a normative order under the Mandates? Within these relationship patterns, what place did religious factors, the perception of sectarian discrimination, and discourses of national cohesion and social reform occupy? This panel will place non-Muslim actors at the center of the analysis, underlining their role in the creation and empowerment of local, national and international institutions throughout the Levant.

Responsable : Victoria Abrahamyan, Université de Neuchâtel, Suisse 
Discutante : Salma Warscheid-Hargal, Center for History of Sciences Po Paris, France

  • Victoria Abrahamyan, Université de Neuchâtel, (Suisse), Le rôle ambivalent des réfugiés arméniens dans la Grande Révolte syrienne contre le pouvoir mandataire français (1925-1927)

The ambivalent role of the Armenian refugees in the Great Syrian Revolt against the French Mandate (1925-1927)


In between the world wars, Syria became a home for thousands of displaced Ottoman Armenians, Assyrians and Kurds. The installation of these refugees took place during a crucial historical moment, in which the Syrian state was formed under the French tutelage. Relying on primary sources from French, British, American, Armenian and Russian archives, as well as Arabic and Armenian newspapers, this article intends to examine the role of Armenian refugees in the Great Syrian Revolt (1925-1927) which shook the foundations of French domination in Syria. The participation of Armenians in this conflict has been contested until today, and there are few academic studies about it. The Armenian community officially maintained a position of neutrality during the revolt, whereas communist partisans within the community sided with the rebels. Nevertheless, the community as a whole was perceived as siding with the French and implicated in the suppression of the revolt. This perception ultimately led to the worst anti-Armenian pogroms in Syria’s modern history, which left fifty dead. This article aims to shed new light on the events which led to this attack and to reveal the role played by different sections of the Armenian refugee population in the Revolt.


  • Philippe Bourmaud, Université Jean Moulin, Lyon 3, (France), Deux régimes politiques de l’action humanitaire : Organisations missionnaires protestantes françaises et réfugiés chrétiens anatoliens en Syrie-Liban mandataire 

Two political regimes of humanitarian action: French Protestant missionary organizations and Christian refugees from Anatolia in Mandatory Syria-Lebanon

Humanitarian aid directed at Armenian and Assyrian refugees in Syria-Lebanon under the French Mandate entailed both a sociological dimension as well as a political and programmatic dimension. It can be interpreted as the simultaneous application of two different models: protection on a communitarian basis, closely associated with the conceptions of Catholic and French institutions, and a universalist model, closely associated with the Protestant and, in particular, American missionaries during and after the Great War.
In this article we seek to analyze the relevance of this opposition through the manner in which it was taken into account or rejected by the recipients of humanitarian aid, and in their relations with these institutions. The institutions in question were l’Action Chrétienne en Orient, which was founded in Alsace and was connected to a transnational network of donors from the Netherlands, France and Switzerland; and les Œuvres Protestantes Françaises en Syrie-Liban, that was closely linked to Protestant intellectual and colonialist circles in the French capital. Did the protection/universalism opposition withstand the test of reality, and in particular, the claims that the recipients of this aid made on these two organizations? How were they perceived within the two refugee communities with whom they forged privileged ties – as missionaries, as French, as different or not from other humanitarian actors?

  • Norig  Neveu, CNRS/AMU, IREMAM, (France), Les associations grecques-orthodoxes dans les mandats de Transjordanie et Palestine :  façonner un espace politique et intellectuel transfrontalier 

Greek Orthodox Associations in Mandatory Transjordan and Palestine: Creating a Cross-Border Political and Intellectual Space

At the moment of the creation of the British mandates of Palestine and Transjordan, the Greek Orthodox Patriarchate of Jerusalem was going through a grave financial crisis, and faced growing opposition from its lay-congregants and Arab lower clergy, whose demands notably included an Arabization of the clergy. From the end of the 19th century, Greek Orthodox laypeople had begun to organise themselves into associations. Starting in the principal cities of Palestine, this dynamic spread rapidly into Transjordan. Based on documents found in the archives of Greek Orthodox associations in Jordan and the Palestinian press, this presentation proposes a linked history of Orthodox associations in Jordan and Palestine. These lay associations will be considered as a space of negotiation with representatives of the Mandatory power and Palestinian and Transjordanian political representatives. How did the circulation and the transfer of models from Palestine to Jordan influence sporting and cultural activities, as well as intellectual and political life? How did these associations fashion the social space of these two territories?

  • Joel Veldkamp, Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement, Genève, (Suisse), “Afin que nous puissions sauvegarder vos vies”: Les juifs d’Alep entre le colonialisme, le nationalisme, et le sionisme, 1918-1946 

“So that We Can Safeguard Your Lives”: The Jews of Aleppo between Colonialism, Nationalism and Zionism, 1918-1946

The French Mandate in Syria was a period of intense stress and transformation for Aleppo’s Jewish community. This politically marginalized, yet prosperous community was battered by the great famine of World War I, and the prolonged economic and political crises that followed. During these crises, the French colonial administration, the Syrian nationalist movement, and the burgeoning Zionist movement competed for and demanded the community’s allegiance, demands that became increasingly threatening over time. At the same time, the community itself was divided by internal power struggles between its existing notable class and a new generation of professionals, a conflict which was exacerbated by the transition the community endured from the Ottoman system of managing religious communities to the French Mandate's patchwork approach. This conflict weakened the community at precisely the moment when rising political conflict in the region posed the greatest danger. Using the correspondence of two headmasters of the Alliance Israélite Universelle schools in Aleppo, as well as a range of other sources, this paper sheds new light on the destruction of Syria’s Jewish communities after 1948, showing the local factors behind a tragedy that is often discussed only in reference to the creation of the State of Israel.

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