Responsable: >Samuli Schielke

A1 - The dream of stability: Family, home, work, and anti-politics

Date : 2022-09-21 | 08:45:00-10:45:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ISAMM
Salle :
C3
Responsable : Samuli Schielke
Modérateur·trice :
Discutant·e : Aymon Kreil
Les intervenant·e·s :
Alice Elliot University of London
Soliman Nayera Freie Universität Berlin
Weißenfels André Freie Universität Berlin
Makram-Ebeid Dina American University in Cairo

A1 - The dream of stability: Family, home, work, and anti-politics EN
Salle : C3
Responsable : Samuli Schielke, Berlin
Discutant : Aymon Kreil, Ghent University (Belgique)

- Alice Elliot, Department of Anthropology, Goldsmiths, University of London, (England),  A tale of four miscarriages: stability and its impossibilities

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Nayera Abdelrahman Soliman, Berlin Graduate School for Muslim Cultures and Societies, Freie Universität Berlin, (Germany), Dilemmas of remembering the 1967 forced displacement from homes

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André Weißenfels, Institute of Political Science, Freie Universität Berlin, (Germany), Working for stability. Life-making projects and work environment in a French factory in Tunisia

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Dina Makram-Ebeid, Department of Sociology, Egyptology and Anthropology, American University in Cairo, (Egypt), ‘Workers’ jobs are for workers’ children’: Class politics and the quest for stability ‘istiqrar’ in an industrial steel town in Egypt

Vivre une vie normale n’est pas une tâche aisée. Durant les crises, l’urgence de maintenir un semblant de normalité prévisible est particulièrement forte et les efforts qui l’accompagnent en deviennent plus explicites et visibles. Un mot clé de ces efforts est de nos jours la quête affichée de stabilité/istiqrār: il s’agit d’un idéal à l’intersection d’une variété d’aspirations politiques, morales et économiques visant à mettre en place un monde contrôlé et prévisible. Des idéaux de stabilité  motivent les projets de mariage et de création de famille, de migration et de carrières professionnelles, ainsi que les antipolitiques autoritaires et néolibérales visant à réorganiser le travail et la société selon les logiques du marché. Pourtant, la quête de stabilité s’assimile plus à la poursuite infinie d’un rêve qu’à la promesse d’un accomplissement : pour réussir, elle requiert en général de la mobilité, de la croissance et de profondes mutations. En l’absence de mouvement vers l’avant, la stabilité peut se transformer en immobilisme, créant une crise qui appelle en retour à l’action. Ce panel propose une discussion interdisciplinaire (anthropologie, histoire et sciences politiques) sur la stabilité comme rêve puissant mais aussi paradoxal. Les contributions de ce panel offrent la perspective d’une approche critique de la stabilité en sciences sociales qui rendrait compte à la fois des aspirations à la continuité d’une vie prévisible et des paradoxes et frustrations que ces attentes peuvent produire.

Responsable : Samuli Schielke, Leibniz-Zentrum Moderner Orient, Berlin
Discutant : Aymon Kreil, Ghent University (Belgique)

  • Alice Elliot
    , Department of Anthropology, Goldsmiths, University of London, (England),  A tale of four miscarriages: stability and its impossibilities

L’histoire de quatre fausses couches : la stabilité et ses impossibilités

Que se passe-t-il lorsque la stabilité devient une impossibilité ? Cette proposition est une réflexion anthropologique sur ce qui se passe lorsque les rêves de la vie ordinaire sont perturbés, interrompus, perdus. En abordant les rêves de stabilité qui accompagnent l'idée et la pratique de la famille, et en travaillant avec l'essai classique de Lila Abu Lughod " A tale of two pregnancies ", je retrace les conséquences intimes et sociales de la perte d'une grossesse sur les projets normatifs et personnels de la vie ordinaire. Je le fais en retraçant les expériences croisées de multiples fausses couches de moi-même, une anthropologue italienne, et de mon amie de longue date et participante à la recherche, une soignante marocaine. En abordant les similitudes frappantes et les différences complexes entre nos expériences d'instabilité soudaine et écrasante, je montre comment le "rêve de stabilité" peut se matérialiser de manière plus puissante lorsqu'il devient impossible, et comment la perte de grossesse peut à la fois interrompre et alimenter le désir de banalité. Ce faisant, j'aborde la manière dont la perturbation, l'interruption, la perte de stabilité réelle et espérée révèlent les possibilités et les défis clés d'une science sociale critique de la "vie ordinaire" dans la région méditerranéenne et au-delà

  • Nayera Abdelrahman Soliman, Berlin Graduate School for Muslim Cultures and Societies, Freie Universität Berlin, (Germany), Dilemmas of remembering the 1967 forced displacement from homes
Les dilemmes du souvenir du déplacement forcé des maisons en 1967
Lorsque les habitants de Suez ont dû quitter leur ville en raison des attaques israéliennes au lendemain de la défaite de 1967, ce fut un moment de chaos. Ils ont dû quitter leurs maisons sans savoir où ils allaient, comment ils allaient vivre, quand ils allaient rentrer. Ils se dirigeaient vers l'inconnu, l'imprévisible, même si c'était dans leur pays d'origine.
Cette présentation explore comment le souvenir de ce moment de chaos et d'avenir imprévisible influence la compréhension du moment présent en Egypte où istiqrar (stabilité) et aman (sécurité) sont présentés comme un objectif pour mes interlocuteurs qui ont réussi à retourner dans leurs villes après la guerre de 1973. Basée sur des entretiens d'histoire orale à Suez avec des personnes qui ont été témoins de la guerre et du déplacement, cette présentation pose la question suivante : qu'est-ce que cela signifie de se souvenir de chez soi, d'une position sûre et stable ? Beaucoup de mes interlocuteurs considèrent cette migration forcée de sept ans comme quelque chose qui s'est produit et a pris fin, tout en reconnaissant ses difficultés. Cependant, ils continuent de la comparer aux déplacements forcés actuels, comme celui de la Syrie. Des excuses apparaissent pour l'injustice qu'ils ont dû vivre ou endurer. Je soutiens que le fait de se souvenir de chez soi, d'une position stable et de chercher l'istiqrar comme le meilleur scénario possible, peut cacher les sacrifices et renforcer l'oppression, plutôt que de servir de rédemption comme le soutient Benjamin (1940) dans sa thèse sur l'histoire.

  • André Weißenfels, Institute of Political Science, Freie Universität Berlin, (Germany), Working for stability. Life-making projects and work environment in a French factory in Tunisia
Travailler pour la stabilité. Projets de vie et environnement de travail dans une usine française en Tunisie
La plupart des quelque 350 employés tunisiens du CERAT, une usine française délocalisée à Tunis, aspirent à une vie que la société et eux-mêmes ont prévue pour eux. Même s'ils sont issus de milieux socio-économiques différents, leurs idées d'une bonne vie sont similaires : un emploi stable, une voiture, une maison, fonder une famille (le plus souvent dans cet ordre). Mais pour beaucoup, une vie "normale" et décente est hors de portée. Un avenir anticipé ne s'est pas concrétisé et ils se sentent bloqués - dans leur parcours professionnel et dans leurs projets de vie. Cependant, la plupart des employés ne rejettent pas la faute sur l'entreprise, mais sur des forces extérieures abstraites : les politiciens, la corruption, l'inflation, la "Tunisie". L'usine représente plutôt quelque chose qui est en ordre.
 Les employés apprécient l'environnement ordonné, le fait que chaque composant soit soigneusement trié et qu'ils ne soient pas la cible d'abus arbitraires de la part de leurs supérieurs. Le système de gestion de la qualité de l'usine, qui vise à produire des résultats prévisibles et "conformes", joue un rôle important dans cet ordre. Ainsi, les employés se sentent - comme beaucoup le diraient - "à l'aise" dans l'usine. Dans ma présentation, je discerne différentes formes de (non-)prévisibilité et d'(in)stabilité qui se croisent dans l'atelier. Qu'est-ce qui est en ordre et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Quelles formes de prévisibilité les gens désirent-ils ? Que font-ils lorsqu'un futur prévu ne se matérialise pas ?


  • Dina Makram-Ebeid, Department of Sociology, Egyptology and Anthropology, American University in Cairo, (Egypt), ‘Workers’ jobs are for workers’ children’: Class politics and the quest for stability ‘istiqrar’ in an industrial steel town in Egypt

 Les emplois des travailleurs sont pour les enfants des travailleurs : La politique de classe et la quête de stabilité 'istiqrar' dans une ville sidérurgique industrielle en Egypte.

Cette présentation se penche sur le concept de stabilité et son importance dans le projet de construction de l'Etat en Egypte. Elle montre comment l'Etat égyptien a capitalisé sur la quête des travailleurs pour une bonne vie, reflétée dans l'idéal de stabilité dans leur vie intime et au travail. Les récits sur l'importance de maintenir la stabilité et la menace alternative du chaos ont prédominé dans la plupart des discours de l'État sur l'importance de maintenir le statu quo. Ce faisant, les discours de l'État ont intimement lié la stabilité de l'État, et en particulier celle des différents régimes, à celle de la vie des gens.

A Helwan, une ville industrielle au sud du Caire, la stabilité est devenue synonyme de beaucoup de choses, y compris le mariage, un emploi stable, un revenu régulier, mais aussi des travailleurs permanents du secteur public qui transmettent leur emploi à leurs enfants. Par le biais d'une recherche ethnographique, la présentation s'interroge sur ce qu'il advient de la politique de classe à l'intersection des discours de l'État et de la population sur la stabilité. La présentation s'intéresse aux pères et aux fils travaillant côte à côte sur le plancher d'une usine d'acier et à la manière dont la tentative de représenter les aspirations à une bonne vie à travers les héritages familiaux est devenue une revendication pour la consolidation des privilèges, a compliqué la politique de classe dans la ville industrielle et a lié les aspirations des travailleurs de cette usine à celles de l'État.



Living an unremarkable, normal life is never simple; and during crises, the effort towards a predictable normality becomes especially urgent - and also more explicit and visible. A common keyword and explicit aim of such efforts in the current moment is stability / istiqrar: a societal and political ideal at the intersection of a variety of political, moral, and economic strivings towards a predictable and controlled state of affairs. Ideals of stability motivate projects of marriage and family-making, migration and work careers, as well as authoritarian anti-politics and neoliberal policies to reorganise work and society along market logics. And yet stability is better understood as a dream rather than a conclusive accomplishment: it commonly requires mobility, growth, and transformation in order to be successful. In the absence of positive movement, stability can turn into a standstill, a crisis that calls for action. This panel offers an interdisciplinary (anthropology, history, political science) engagement with stability as a powerful but also paradoxical dream that people strive to realise. Presentations at the panel offer perspectives towards a critical social science of stability that may account both for the strivings for predictable continuity, as well as the paradoxes and frustrations they may produce.


 


Responsable : Samuli Schielke, Leibniz-Zentrum Moderner Orient, Berlin
Discutant : Aymon Kreil, Ghent University (Belgique)

  • Alice Elliot
    , Department of Anthropology, Goldsmiths, University of London, (England),  A tale of four miscarriages: stability and its impossibilities

What happens when stability becomes an impossibility? This paper is an anthropological reflection on what happens when dreams of and for ordinary life are disrupted, interrupted, lost. Addressing the dreams of stability that accompany the idea and practice of family, and working with Lila Abu Lughod’s classic essay ‘A tale of two pregnancies,’ I trace the intimate and social consequences of pregnancy loss on normative and personal projects of ordinary life. I do this by tracing the intersecting experiences of multiple miscarriages of myself, an Italian anthropologist, and of my long-term friend and research participant, a Moroccan carer. 


Addressing the striking similarities and complex differences between our experiences of sudden, overwhelming instability, I trace how the ‘dream for stability’ can materialise itself most powerfully when it becomes an impossibility, and how pregnancy loss can both interrupt and fuel the long for ordinariness. In doing so I address how disruption, interruption, loss of actual and hoped stability reveals key possibilities and challenges of a critical social science of ‘ordinary life’ within and beyond the Mediterranean region


  • Nayera Abdelrahman Soliman, Berlin Graduate School for Muslim Cultures and Societies, Freie Universität Berlin, (Germany), Dilemmas of remembering the 1967 forced displacement from homes

When inhabitants of Suez had to leave their city due to Israeli attacks in the aftermath of the 1967 defeat, was a moment of chaos. They had to leave their homes without knowing where they were heading, how they would live, when they would go back. They were heading to the unknown, the unpredictable, even if in their home country.


This presentation explores how remembering this moment of chaos and unpredictable future influences the understanding of the present moment in Egypt where istiqrar (stability) and aman (security) are coined as a goal for my interlocutors who managed to return to their cities after the 1973 war. Based on oral history interviews in Suez with people who witnessed the war and displacement, this presentation inquires: what does it mean to remember from home, from a secure and stable position? Many of my interlocutors deal with this forced migration for seven years as something that happened and ended, while recognizing its hardships. However they keep comparing it with current forced displacements as the Syrian one. Excuses appear for the injustice they had to live or endure. I argue that remembering from home, from a stable position and looking for istiqrar as the best possible scenario, may hide the sacrifices and reinforce the oppression, rather than serving as redemption as argued by Benjamin (1940) in his thesis on history.


  • André Weißenfels, Institute of Political Science, Freie Universität Berlin, (Germany), Working for stability. Life-making projects and work environment in a French factory in Tunisia

Most of the roughly 350 Tunisian employees at CERAT, a French off-shore factory in Tunis, are striving for a life that society and they themselves have foreseen for them. Even though they come from different socio-economic backgrounds, their ideas of a good life are similar: a steady job, a car, a house, starting a family (mostly in that order). But for many, a ‘normal’, decent life is out of reach. An anticipated future did not materialize and they feel blocked – in their career paths and in their life-making projects. However, most employees do not blame the firm for this but abstract external forces: politicians, corruption, inflation, ‘Tunisia’. The factory, rather, represents something that actually is in order.


 Employees like the tidy environment, the fact that every component is neatly sorted, and that they are not targets of arbitrary abuse by superiors. A big role in this order plays the quality management system at the factory, which is concerned with producing predictable, ‘conform’, outcomes. Thus, employees feel – as many would say – ‘at ease’ in the factory. In my presentation, I discern different forms of (un)predictability and (in)stability that intersect on the shop floor. What is in order and what is not? Which forms of predictability do people desire? What do they do when a foreseen future does not materialize?

  • Dina Makram-Ebeid, Department of Sociology, Egyptology and Anthropology, American University in Cairo, (Egypt), ‘Workers’ jobs are for workers’ children’: Class politics and the quest for stability ‘istiqrar’ in an industrial steel town in Egypt


This presentation looks at the concept of stability and its importance to the project of state making in Egypt by seeing how the Egyptian state capitalised on workers’ quest for a good life reflected in the ideal of stability in their intimate lives and at work. Narratives about the importance of maintaining stability and the alternative threat of chaos predominated much of the state’s discourse about the importance of keeping the status quo. In doing so the discourses of the state intimately tied the stability of the state, and particularly those of the different regimes, to that of people’s lives.


In Helwan, an industrial town in the south of Cairo, having stability became synonymous with many things including marriage, a stable job, a steady income but also tenured workers in the public sector passing on their jobs to their children. Through ethnographic research, the presentation questions what happens to class politics at the intersection of state and people’s discourses of stability. The presentation looks at fathers and sons working on the shopfloor of a steel factory side by side and how the attempt to represent the aspirations of good life through family legacies became a claim for privilege consolidation, complicated class politics in the industrial town and tied workers’ aspirations in that factory to that of the state



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