AI20 - Art and the Environment in Iraqi Art 2/2

En 1950, l’artiste britannique Lorna Selim s’installe à Bagdad avec son mari, l’artiste Jewad Selim, alors que la ville est en pleine modernisation et urbanisation spectaculaire. Résultat de l’abandon et de la destruction de milliers de maisons traditionnelles dans la capitale irakienne, le paysage de la ville change rapidement, les architectes et urbanistes internationaux alimentant ces changements pour répondre à leurs désirs modernistes sans se soucier des questions de conservation ou de fluidité et de cohérence dans le paysage. Pendant de nombreuses années, les croquis et les peintures de Lorna Selim ont capturé un instantané de l’histoire culturelle et architecturale irakienne - en particulier la maison irakienne traditionnelle - qui a depuis été perdue en raison de l’impact d’un ensemble de politiques, d’événements historiques et de tendances architecturales. Cette présentation étudiera les traditions perdues de l’architecture vernaculaire dans le paysage changeant de Bagdad, les communautés disparues qui habitaient autrefois ces espaces et les archives visuelles que l’héritage artistique de Selim a créées depuis.

Cet exposé est un aperçu de l’évolution de la série en cours Land of Darkness de Dia al-Azzawi (né à Bagdad en 1939), qui est marquée par un manque de couleur, inhabituel dans l’œuvre d’Azzawi. Cette présentation formule l’hypothèse que, bien qu’il ait initialement choisi le terme de « ténèbres » comme une réinterprétation ironique d’un nom historique de l’Irak, pour le titre d’une œuvre d’art unique portant sur une tragédie spécifique, Azzawi a été contraint d’y revenir à maintes reprises alors qu’il était témoin, à distance, de la détérioration continue de sa patrie. La communication examine également comment et pourquoi, pendant près de trois décennies après la guerre du Golfe de 1991, Azzawi a constamment tourné son attention vers l’Irak, critiquant ses ennemis, défendant son avenir et continuant à effectuer des travaux de plus en plus importants sur le sort de ce Land of Darkness.

Les premiers étudiants irakiens qui étudièrent l’art monumental sont venus à Moscou au début des années 1960. Mahmoud Sabri (1927–2012) a rejoint l’Institut d’art académique d’État Vasily Surikov de Moscou en 1960, tandis que Shams al-Din Faris (1937–1983) et Ahmed al Numan (1939–2013) ont rejoint l’Académie d’État Stroganov des arts industriels et appliqués de Moscou en 1961. Dans cette présentation, j’aborderai le sujet des projets de peintures murales de fin d’études créés par ces trois artistes irakiens dans le cadre idéologique du réalisme socialiste dans l’art et l’éducation artistique en URSS, influencés également par leurs propres environnements historiques et politiques. Mon objectif est de répondre à diverses questions portant sur l’histoire de ces peintures murales telles que : par qui, quand, où et comment elles ont été créées, pourquoi elles sont devenues une manifestation des expériences et des espoirs politiques et sociaux de ces étudiants et pourquoi ces grands projets n'ont malheureusement jamais été réalisés. En analysant l’histoire de ces œuvres d’art et de la pratique artistique qui leur est liée, je soutiendrai l’idée que, en tant que produits du résultat final du transfert de connaissances à cette époque, ces œuvres d’art sont effectivement des documents de leur époque, répondant et reflétant leurs contextes socio-historiques à la fois en Irak et en URSS.