Responsable: >Chiraz Latiri

Table-ronde 28 - De la fouille de sentiment sur les réseaux sociaux à la fabrication de l’opinion politique

Date : 2022-09-22 | 16:15:00-18:15:00

Évènement : Rencontre « Humanités numériques »

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
T.R.
Lieu :
CITÉ DE LA CULTURE
Salle :
Amphithéâtre ITRAT
Responsable : Chiraz Latiri
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Hammami Sadok N/A
Touzri Fethi N/A
Kahlaoui Tarek Mediterranean School of Business
Hanin Maher N/A

Table-ronde 28 - De la fouille de sentiment sur les réseaux sociaux à la fabrication de l’opinion politique FR

Salle: TICDCE - Hubroom
Responsable: Chiraz Latiri, Université de la Manouba 

  •  Maher Hanin, Philosophe, chercheur en sociologie et militant politique
  • Tarek Kahlaoui, Professeur - Historien, MSB et militant politique
  • Sadok Hammami, Professeur de l’enseignement supérieur, IPSI et expert en communication
  • Fethi Touzri, Consultant, Militant politique, Médecin spécialiste en Psychiatrie

Une investigation sur l’apport de la fouille d’opinions pour une meilleure compréhension du paysage politique 

La Tunisie vit au rythme d’une phase de transition politique qui se prolonge depuis plus de dix ans maintenant et qui a connu des évènements marquants et des crises d’ampleurs variées.  Tous ces évènements ont été accompagnés par des débats, parfois houleux et toujours passionnés, des conflits parfois violents mais rapidement maîtrisés et des efforts gigantesques entre les divers protagonistes pour trouver des consensus et générer des compromis garantissant l’inclusion des acteurs sociopolitiques. 
L’ensemble de ces évènements (dynamique politique, dynamique sociale, crises conjoncturelles, etc.) ont été largement couverts par les médias traditionnels et les réseaux sociaux. Ces derniers jouent depuis la révolution un rôle majeur dans la fabrication et l’orientation de l’opinion publique ainsi que dans la mobilisation lors des crises et des phases de confrontation. Il n’est pas étonnant dans ce contexte de voir divers acteurs sociaux et politiques recourir aux médias sociaux pour ajouter à leur panoplie d’outils d’influence une sorte de « brigade numérique ». Des appellations tel que « Dhoubab » (mouche en français) font référence aux pages et aux divers groupes sur les réseaux sociaux dédiés à des « guerres » offensives et défensives et à la propagande et la fabrication d’images. Cette configuration a nourri des productions et des contenus chargés de haine et de violence. La polarisation, le développement du populisme et le corporatisme excessif a fait que des ingrédients se sont mélangés pour agiter les médias sociaux et deviennent par moment saturés de violence, de haine avec des incitations aux meurtre, à l’épuration, à l’éradication et à la guerre civile. Dans le cadre de ce panel, nous aborderons quelques problématiques mettant au centre le contenu social, véhiculant opinions, sentiments et émotions.  Nous proposons d’aller chercher sur ces contenus des explications pertinentes pour mieux comprendre le paysage politique, les motivations ainsi que les liens de l’engagement aux émotions et les défis posés aux mécanismes de régulations. 

Responsable: Chiraz Latiri, Université de la Manouba 


  • Tarek Kahlaoui, Professeur - Historien, MSB et militant politique
Les réseaux sociaux jouent un rôle politique majeur en ayant permis le contexte révolutionnaire de 2010-2011. Ils demeurent essentiels par leur influence sur les évènements politiques qui jalonnent le processus de démocratisation. Le contexte post-révolutionnaire et par essence populiste, où les tendances dominantes sont à la présence populaire massive dans les rues incarnant le rôle du “peuple” face aux élites dominantes et vieillissantes, soupçonnées de conspirer à la restauration de l’ancien régime. Pour les populistes comme pour les conspirationnistes, il n’y a pas de meilleur lieu d’expression libre et ouvert à tous que représentent les médias sociaux. Ils interrogent par leur propre exisence le rôle des médias traditionnels, qui sont perçus de plus en plus comme liées aux anciennes élites, comme les “médias honteux” (a‘lām al-‘ār). Cette présentation cherchera à comprendre comment ce contexte général a fait du populisme et du conspirationnisme les prérequis essentiels, depuis 2011, à une expression politique populaire.


  • Sadok Hammami, Professeur de l’enseignement supérieur, IPSI et expert en communication
 
Médias sociaux et opinions politiques 

 Les médias sociaux joue désormais un rôle important dans la vie politique, en tant que source d’information sur la vie politique et vecteur de communication avec l’opinion publique pour les élites politiques. Divers rapports (Cour des comptes, Atide) témoignent de l’importance accrue de Facebook dans les campagnes électorales Il est nécessaire en conséquence d’interroger selon quelles modalités les médias sociaux (et Facebook en particulier) participent à la formation de opinions politiques. Parmi, les nombreux « objets de recherche » qui peuvent être mobilisés pour observer ces modalités, les groupes Facebook présentent un intérêt particulier. En ce sens, qu’ils nous permettent d’observer la nature et la qualité des interactions autour des évènements politiques, les sources d’information qui alimentent ces interactions…. Une méthodologie spécifique basée sur l’observation participante et les entretiens semi directifs permet d’observer comme ces nouveaux dispositifs participent à la fabrication des opinions politiques. 


  • Fethi Touzri, Consultant, Militant politique, Médecin spécialiste en Psychiatrie
La passion, l’enthousiasme, l’agressivité et l’exaltation sont des dimensions psychologiques fortement impliquées dans les comportements d’engagement sociopolitique et/ou religieux. Ces dimensions sont régulées par des mécanismes provoquant soit l’inhibition soit la désinhibition et le passage à l’acte dans des contextes sociaux particuliers et en fonction de la personnalité de base et de son développement. Dans le cadre de ce travail, nous avons parcouru quelques évènements politiques majeurs des dix dernières années en Tunisie pour voir le déploiement de ces phénomènes, l’étendue de ces passions destructrices et essayer d’analyser le fonctionnement/dysfonctionnements des mécanismes de régulation.
Dans ces contextes, des profils psychologiques et psychopathologiques se sont déchaînés sur les réseaux sociaux, en se donnant allègrement à des pratiques réprouvées, voire illégales. Ces profils, engloutis dans des silos, se nourrissent de l’information médiocre circulant sur les réseaux répondant à leur propre besoin et entretiennent avec cette « illusion de participation » le flux de haine et de violence. Ils n’ont que rarement l’occasion de prendre des distances avec ce rôle destructeur sur le plan social, « narcotique » sur le plan personnel, toxique sur le plan politique ; certains finissent par devenir, parfois sans le savoir, mercenaires ou « addict » à ces pratiques.


  •  Maher Hanin, Philosophe, chercheur en sociologie et militant politique
Facebook comme lieu de sociabilité politique des jeunes en Tunisie après 2011 
 
Un intérêt grandissant ne cesse d’être accordé aux réseaux sociaux par les sciences sociales depuis l’avènement de cette nouvelle révolution technologique mondiale, il s’agit essentiellement de repenser les nouveaux liens sociaux à l’ère du numérique. 
En effet les relations sociales face-à-face comme fait social selon Simmel et lesinteractions sociales analysées par Ervin Goffman comme interactions qui engendrent une influence réciproque que les partenaires exercent sur leurs actions respectives quand ils sont en présence physique immédiates , sont en train d’être revues dans nos sociétés contemporaines. 
On parle de plus en plus aujourd’hui de pouvoir des liens faibles ou à faible charge affective quoique essentiel dans le fonctionnement des structures sociales selon Mark Granovetter , selon cette nouvelle théorie, il convient de distinguer deux types de relations pour un individu : celles qui le relient à sa famille et ses amis proches, qui constituent des liens forts, et celles formées par un réseau généralement plus étendu et plus distant, qui constituent les liens faibles. un individu profitera paradoxalement plus de ses relations de liens faibles que de celles issues des liens forts. 
En Tunisie et depuis la révolution on ne cesse de souligner le rôle des cyber militants qui étaient en première ligne à défier les verrouillages de l’autoritarisme. 
Dans quelle mesure donc nous pouvons dire que Facebook est devenu un nouveau lieu de sociabilité politique pour les jeunes tunisiens pendant ses dernières dix années ? 
Il est clair que la Tunisie a connu depuis 2011 des usages très diversifiés des médias sociaux, pour certains chercheurs nous pouvons distingué trois âges caractéristiques de l’usage de Facebook l’âge social, l’âge révolutionnaire , et l’âge politique. 
C’est dans ce cadre que se situe notre réflexion sur les nouvelles formes de sociabilité politique des jeunes depuis 2011 , il est question de montrer le changement que Facebook a opéré dans la signification de l’espace public et l’élargissement de la prise de parole politique dans un nouveau contexte tunisien en transition fluide selon la terminologie de Michel Dobry, donnant lieu à un processus de mobilisation multisectorielle, quelle qu’en soit la forme et quels qu’en soient les acteurs particuliers 
Les transformations dans les phases de transition provoquent d’après Dobry une remise en question des rapports sociaux, de la hiérarchie en place et des normes habituelles donnant lieu à une crise et une tension qui traversent tout le corps social. D’où la nécessité d’ analyser le rapport entre ces transformations et l’usage des réseaux sociaux. 
En second lieu il s’agira de témoigner sur le rôle qu’ a joué Facebook dans la mobilisation sociale et les actions collectives de jeunes. Nous partirons de quelques exemples précis pour illustrer ce nouveau rôle. 
Chemin faisant nous essayerons de donner des éléments d’analyses de la nature du lien entre le tournant numérique, la dynamique sociale post 2011 et les nouvelles formes d’engagement politique des jeunes 
 
  • Tarek Kahlaoui, Professeur - Historien, MSB et militant politique
لعبت وسائل التواصل الاجتماعي دورًا سياسيًا رئيسيًا في خلق سياق ثورة 2010-2011. وظلت أساسية في التأثير على الحدث السياسي في عملية التحول الديمقراطي. إن حقبة ما بعد الثورة هي في جوهرها سياق شعبوي يكون فيه الاتجاه المهيمن هو الوجود الشعبي في الشوارع ويمتص دور "الشعب" في مواجهة النخبة المهيمنة القديمة التي يعتقد أنها تتآمر لاستعادة النظام القديم. تحدد الشعبوية ومبدأ المؤامرة الشقيقة مثل هذا السياق وتفرضان بدرجات متفاوتة نفسها على القوى السياسية المختلفة. لا توجد منصة أفضل لكل من الشعبوية والتآمر من منصة وسائل التواصل الاجتماعي المجانية للجميع. إنهم يتساءلون من خلال وجودهم في الأدوار الوسيطة لوسائل الإعلام التقليدية السائدة ، والتي يُنظر إليها بشكل متزايد على أنها جزء من النخبة المتآمرة ، "الإعلام المخزي" (اعلام العار). سوف تستكشف هذه الورقة كيف صنع هذا السياق العام منذ 2011 المتطلبات الأساسية للشعبوية والعقلية الكونية للوجود السياسي الشعبي 


  • Fethi Touzri, Consultant, Militant politique, Médecin spécialiste en Psychiatrie

الشغف والحماس وحتى العدوانية والغبطة أبعاد نفسية مرتبطة بقوة بسلوكيات المشاركة الاجتماعية والسياسية / أو الدينية. تنتظم هذه السلوكيات وتعدل من خلال آليات ثقافية واجتماعية ونفسية في سياق معين وبالنظر إلى الجوانب الهيكلية للشخصية ومجال تطورها. إلى أي مدى تتأثر هذه الجوانب النفسية بالشبكات الاجتماعية وبأي طريقة. وما مدى إمكانية التنبؤ بهذه السلوكيات والمواقف بناءً على نظريات المشاركة الاجتماعية؟ 
الشبكات الاجتماعية فضاء مفتوحة للجميع، يسهل الوصول إلى المعلومات والتفاعل معها أولأنتاج محتوى ومضامين يقع تقاسمها، وهو ما شكل تحول ملفت للأطر التقليدية للمشاركة الاجتماعية ومفهوم المشاركة في الحياة العامة. تحول تدريجيا هذا النشاط جزء من حياتنا اليومية وممارسة ثقافة عالمية بمزاياها وعيوبها. وكتب الكثير عن تأثير هذه الشبكات على السلوك والممارسات و"تسييس" عامة الناس، وخاصة على القدرة في تشكل رأي عام أو توجيهه. وقد توفر للقضايا المجتمعية والسياسية، العنيفة منها وغير العنيفة، فرص حقيقية للانتشار والبروز كقضايا هامة. في إطار هذا المبحث، قمنا بدراسة تحليلية شملت بعض الأحداث السياسية الرئيسية في السنوات العشر الماضية (الانتخابات ، الحوار الوطني ، استقطاب النهضة / النداء) لمعرفة مدى حضور المشاعر الهدامة في محتويات الخطاب ، كما قمنا بالنظر في أداء الآليات المنوطة بها تحصين المشاركة في الحياة العامة من مشاعر الكراهية والعنف والتمييز والأقصاء. 
المعارك السياسية والمجتمعية قائمة بطبيعتها على الصراع والمنافسة والمواجهة، ولقد وجدت في الشبكات الاجتماعية وسيلة لتحقيق أهدافها مع مزايا أفضل سيما وأن الشبكات أقل تنظيمًا بكثير من الأطر الأخرى للمشاركة المدنية والسياسية على غرار وسائل الإعلام التقليدية والأماكن العامة أو التنظيمات الاجتماعية و السياسية. 
خلال العشرية المنقضية تم توثيق عديد المعطيات حول المعلومات المضللة والتلاعب بالرأي العام ونشر خطاب الكراهية والشائعات وزعزعة الاستقرار، على وسائل التواصل الاجتماعي. ويعتقد البعض أن القوة التدميرية لهذه الشبكات تفوق بكثير القدرة على بناء الديمقراطية أو دعم التحول الاجتماعي. وفي نفس السياق نشهد تأخر في البعد الأخلاقي والقيمي للمشاركة السياسية من خلال الشبكات الاجتماعية ما يطرح بشكل متزايد أسئلة فلسفية وقانونية. 
تعددت وتكاثرت خطابات العنف والكراهية على الشبكات الاجتماعية ، وانغمس الكثير، رجالا وذكورا وبمبررات مختلفة وشغف غير مخفي في الممارسات المرفوضة، بل غير القانونية. تتغذى هذه الممارسات من معلومات متواضعة تلبي احتياجات نفسية بدائية (تشفي، إلخ) وتحافظ على "الوهم بالمشاركة" بما يسمح بمواصلة تدفق الكراهية والعنف. تختلف الأدوار ما بين فاعل ومنتج أو مستقبل ومنتوج ونادراً ما نشهد مراجعات عن هذا الدور المدمر على المستوى الاجتماعي "المخدر" على المستوى الشخصي؛ وينتهي الأمر بالبعض أن بتحول إلى مرتزقة تخاض به معارك يجهل أبعادها أو "مدمن" يوهم نفسه بدور اجتماعي. 
إن التلاعب بالجماهير بفضل الامكانيات المالية الضخمة والثغرات في التعديل القانوني وتكاثر هذه الأدوار عوامل حاسمة في صعوبة بناء هويات سياسية مستقرة ورأي سياسي مؤيد لعملية سياسية مبنية على القيم والمشاريع والأفكار. 

  • Tarek Kahlaoui, Professeur - Historien, MSB et militant politique
Social media played a key political role in creating the context of the 2010-2011 revolution. It remained key in influencing political event in the democratization process. The post-revolutionary era is by essence a populist context in which the dominant trend is popular presence in the streets absorbing the role of "the people" facing the old dominant elite who is believed to be conspiring to restore the old regime. Populism and its sister principle conspiracism define such context and impose with varying degrees themselves on the different political forces. There is no better platform for both, populism and conspiracism, than the free for all platform of social media. They question by their very existence the mediating roles of traditional mainstream media, which are themselves perceived increasingly as part of a conspiring elite, the "shameful media" (اعلام العار). This paper will explore how such general context made since 2011 populism and conspiracism essential requirements for popular political existence.


  • Sadok Hammami, Professeur de l’enseignement supérieur, IPSI et expert en communication

  • Fethi Touzri, Consultant, Militant politique, Médecin spécialiste en Psychiatrie, Passions, exaltations and disinhibition in political participation through social networks: actors or products of the manufacturing public opinion 
Passion, enthusiasm, aggressiveness and exaltation are psychological dimensions that are strongly involved in socio-political and/or religious engagements. These dimensions regulated by mechanisms that provoke inhibition, disinhibition. The acting out of such behaviors depend largely on social context, the basic personality and its development. 
We went through some major political events of the last ten years in Tunisia to assess the deployment of these phenomena and to appreciate the extent of these destructive passions and analyze the function/dysfunction regulation’s mechanisms. 
In this context, psychological and psychopathological profiles have been unleashed on social networks, giving themselves to reprehensible, even illegal practices. These profiles, locked in silos, feed with mediocre information circulating on the networks, responding to their own needs and maintaining with this "illusion of participation" the flow of hate and violence. They rarely have the opportunity to distance themselves from this socially destructive, personally "narcotic" and politically toxic role; some end up becoming, sometimes without knowing it, mercenaries or "addicts" to these practices. 



  •  Maher Hanin, Philosophe, chercheur en sociologie et militant politique

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