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Table-ronde : AM58 - Penser le changement social, religieux et culturel en islam

Date : 2022-09-23 | 16:15:00-18:15:00

Évènement : Cycle "Les sciences humaines et sociales au Maghreb et ailleurs : bilans et perspectives”

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
T.R.
Lieu :
FLAHM
Salle :
Amphithéâtre Tahar Haddad
Responsable :
Modérateur·trice : Mounira Chapoutot
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Bekhechi Nabila N/A
El Nabolsy Zeyad Cornell University
Kchir Khaled Université de Tunis
Ergin Ergül L'Université Medipol d'Ankara
Scarpati Michele Université Autonome de Madrid

Table-ronde : AM58 - Penser le changement social, religieux et culturel en islam

Salle: Amphithéâtre Tahar Haddad
Modératrice : Mounira Chapoutot, Université de Tunis

  • Michele Scarpati, Universidad Autonoma de Madrid, (Espagne), Solidarity, neo-humanism, and Mediterranean: elements for a new approach to the thought of Mohammed Arkoun in the 21st century
  • Nabila Bekhechi, chercheuse indépendante, Sciences islamiques vs sciences humaines et sociales
  • Ergin Ergül, Université Medipol de Ankara, (Turquie), Les droits de l’homme dans la science de la société et de la civilisation d’Ibn Khaldûn 
  • Khaled Kchir, Université de Tunis, Décrire et déconstruire le social : quels enjeux pour Ibn Khaldûn ?
  • Zeyad El Nabolsy, Cornell University, (États-Unis), Rifa'a al-Tahtawi beyond 'Area Studies': Rifa'a al-Tahtawi, Africanus Horton, and Conceptions of Science in Contemporary African Philosophy

  • Michele Scarpati, Universidad Autonoma de Madrid, (Espagne), Solidarity, neo-humanism, and Mediterranean: elements for a new approach to the thought of Mohammed Arkoun in the 21st century
Cette intervention voudrait présenter l’interprétation de la pensée de Mohammed Arkoun, à  travers le concept de néo-humanisme méditerranéen et solidaire. La question humaniste  dans l'œuvre d'Arkoun remonte à la publication de sa thèse doctorale en 1970 sur  l'humanisme arabe au Xème siècle, centrée sur le philosophe perse Ibn Miskawahy. Selon notre analyse, la notion d'humanisme dans la pensée d'Arkoun se décline en deux termes :  adab et ansana. Le terme adab représente la production humaniste de l'Islam du Xème siècle  à la fin du XIIIème siècle. D’autre part, ansana est un néologisme créé par Arkoun à partir du  terme insān (homme, être humain) et fondé sur l'expression de al-Tawḥīdī « al-insān muškila  'alay-hi li-l-insān » (l'homme est un problème pour l'homme). Ce dernier terme, selon  Arkoun, remplace le mot adab parce qu'il n'a plus la même valeur sémantique qu'il avait au  Xème siècle. Ansana implique également la possibilité de réactiver la question humaniste  dans les sociétés musulmanes contemporaines, en le réintroduisant au centre du  débat culturel. Le terme ansana indique un changement de paradigme dans le concept  d'humanisme au sein de la pensée arkounienne, ce qui, à la fin des années 1990, a conduit  l'auteur à explorer de nouveaux champs de recherche. Cette présentation illustrera le terme  ansana, les nouveaux horizons et les significations qu'il ouvre dans la pensée islamique  contemporaine à travers l'expression : "néo-humanisme méditerranéen et solidaire". Bien  que cette expression n'ait jamais été utilisée par Arkoun, elle renvoie à ce qu'il appelle ses  combats pour un autre humanisme. En expliquant la notion de néo-humanisme méditerranéen et solidaire, il sera possible de comprendre la proposition d'Arkoun de  repenser l'espace méditerranéen et de créer une nouvelle coopération euro-méditerranéenne. Ce néo-humanisme fonctionne également comme un principe de  continuité dans la pensée arkounienne. Il relie d'une part les études sur l'humanisme arabe  au Xème siècle et sur l'archéologie de la pensée islamique, et d'autre part, il ouvre la pensée  d'Arkoun aux thèmes de la géopolitique et de la solidarité humaine. Le processus  d'élaboration de ce néo-humanisme méditerranéen et solidaire sera analysé, en décrivant  ses caractéristiques et les défis auxquels il est confronté. En conclusion, il sera possible de  réfléchir au fait que ce néo-humanisme constitue le point d'origine de la construction d'une  philosophie de l'espoir.

  • Nabila Bekhechi, chercheuse indépendante, Sciences islamiques vs sciences humaines et sociales
Les « sciences islamiques », filières et spécialités de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique en Algérie pose le problème des articulations conflictuelles entre une conception de l’islam et la science, de façon générale, et les sciences humaines et sociales SHS, en particulier. Depuis la réforme LMD en 2005, les « sciences islamiques », sont intégrées au champ disciplinaire des SHS ce dispositif, largement exogène (processus de Bologne 1999), ne semblent pas aboutir à une séparation des registres, religieux et scientifique. A contrario, l’islamisation des SHS continue à se faire au détriment des impératifs épistémologiques. L’approche sécularisée de la religion se trouve ainsi entravée. L’examen d’un corpus d’articles scientifiques issus du centre et laboratoires de recherche en Algérie permet d’appréhender, le traitement réservé aux méthodologies modernes, les imbrications concordistes ainsi que les rapports de hiérarchies qui lient les « sciences islamiques » aux SHS.

  • Ergin Ergül, Université Medipol de Ankara, (Turquie), Les droits de l’homme dans la science de la société et de la civilisation d’Ibn Khaldûn 
Ibn Khaldûn (1332-1406)  est un savant à la dimension universelle en sciences sociales. Il  est fondateur d’une nouvelle science sociale appelé « science de la société et de la civilisation » (umran). La communication tente de  traiter de son approche avancée sur son temps en matière des droits de l’homme, souvent négligé, dans le contexte de cette science.  À côté des concepts de justice (adl) et d'injustice (zulm), qui sont les concepts dominants d'umran politique dans la Muqaddima qui signifient respectivement « respect des droits de l’homme » et « violation des droits de l’homme », il utilise également l'expression des « droits des hommes » (huquq an nas) à trois endroits dans son œuvre au sens  moderne du terme des « droits de l’homme ». Selon lui,  contrairement aux actes criminels des gens qui constituent  infraction en droit, les actes des violations des droits de l'homme (injustice), ne peuvent être commis que par les autorités publiques. Ce constat reflète l’approche moderne des droits de l’homme. 

D’autre part, il explique l'origine de la société politique avec la nécessité de la sécurité et la prévention des violations des droits de l’homme dans la vie sociale. Il lie le développement et  la survie de la société et de la civilisation au respect des droits de l’homme, tandis qu’il voit leurs disparitions dans les violations des droits fondamentaux de l’homme, à savoir le droit à la sécurité,  à la vie et à la propriété. Lorsque nous relisons le penseur de la société et de la civilisation  de cette manière, il   peut inspirer et guider à la fois le monde islamique d'aujourd'hui et l'humanité entière pour surmonter leurs défis en matière des droits de l’homme.


  • Khaled Kchir, Université de Tunis, Décrire et déconstruire le social : quels enjeux pour Ibn Khaldûn ?

  • Zeyad El Nabolsy, Cornell University, (États-Unis), Rifa'a al-Tahtawi au-delà des études aréales : Rifa'a al-Tahtawi, Africanus Horton, et les conceptions de la science dans la philosophie africaine contemporaine.
Une grande partie du débat dans la philosophie africaine contemporaine sur le rôle de la science moderne dans les cultures africaines ignore la réception précoce des sciences modernes par des personnalités africaines du XIXème siècle telles que Africanus Horton (1835-1883) en Afrique de l'Ouest, et Rifa'a al-Tahtawi (1801-1873) en Afrique du Nord.  Cette communication propose une étude comparative de la réception de l'anatomie, de la géologie et de la géographie modernes dans l'œuvre de Horton, et de l'ingénierie, de la géographie et de la logique modernes dans les œuvres d'al-Tahtawi. Je soutiens que, de même que les débats sur la philosophie africaine contemporaine peuvent bénéficier d'une réflexion sur des figures telles que Tahtawi, le domaine des "études sur le Moyen-Orient et le Proche-Orient" peut bénéficier d'un engagement avec des réflexions sur Tahtawi qui soulignent son importance pour la philosophie africaine contemporaine. Je soutiens qu'en raison de la manière dont " l'Afrique proprement dite " est souvent assimilée à " l'Afrique subsaharienne ", al-Tahtawi n'a pas été compris comme un penseur pertinent pour l'histoire intellectuelle africaine moderne.  En fait, bien qu'ils aient été contemporains, avec des intérêts intellectuels similaires, aucune étude comparative soutenue de Tahtawi et de Horton n’existe. Cet article vise donc à contribuer à dépasser la division illégitime de l'Afrique en "Afrique du Nord" et "Afrique sub-saharienne", une division qui a affecté les "études sur le Moyen-Orient et le Proche-Orient".




  • Michele Scarpati, Universidad Autonoma de Madrid, (Espagne), Solidarity, neo-humanism, and Mediterranean: elements for a new approach to the thought of Mohammed Arkoun in the 21st century
This communication aims to present an interpretation of Mohammed Arkoun's thought,  starting from the Mediterranean and solidary neo-humanism concept. The humanist  question in Arkoun's work goes back to the publication of his doctoral thesis in 1970 on Arab  humanism in the 10th century, focusing on the Persian philosopher Ibn Miskawahy1. In our  analysis, the notion of humanism in Arkoun's reflection is expressed in two terms: adab and  ansana2. The term adab represents the humanist production of Islam from the 10th century  to the end of the 13th century. Meanwhile, ansana is a neologism created by Arkoun from  the term insān (man, human being) and is based on al-Tawḥīdī’s expression: “al-insān  muškila ‘alay-hi li-l-insān”3(man is a problem for man). The latest term, according to Arkoun,  replaces the word adab since it has no longer the same semantic value today as it once had in the 10th century. Ansana also implies a possibility of reactivating the humanist question  in contemporary Muslim societies by bringing humanism back to the center of cultural  debate. The term ansana indicates a paradigm shift in the concept of humanism in  Arkounian reflection, which from the late 1990s, will lead the author to explore new  research fields. This presentation will describe the term ansana, the new horizons, and the  meanings it opens within contemporary Islamic thought through the expression: “Mediterranean and solidary neo-humanism”4. While this expression has never been used  by Arkoun, it reflects well what he mentioned as his struggles for another humanism5. By  explaining the notion of Mediterranean and solidary neo-humanism, it will be possible to  understand the proposal of Arkoun to rethink the Mediterranean space and create new  Euro-Mediterranean cooperation. This neo-humanism also functions as a principle of  continuity within Arkoun`s thought. It connects, on one side, the studies on Arab humanism  in the 10th century and on the archaeology of Islamic thought, and on the other, it opens  Arkounian reflection to themes of geopolitics and human solidarity. The process of  elaboration of the Mediterranean and solidary neo-humanism will be analyzed, describing its characteristics and the challenges it must face. In conclusion, it will be possible to reflect  on how this neo-humanism is the point of origin to build a philosophy of hope. 

  • Nabila Bekhechi, chercheuse indépendante, Sciences islamiques vs sciences humaines et sociales
Islamic sciences vs humanities and social sciences

The "Islamic sciences", branches and specialties of higher education and scientific research in Algeria raises the problem of conflicting articulations between a conception of Islam and science, in general, and the humanities and social sciences SHS, in particular. Since the LMD reform in 2005, the "Islamic sciences" are integrated into the disciplinary field of the SHS. This device, largely exogenous (Bologna process 1999), does not lead apparently to a separation of the religious and scientific registers. On the contrary, the Islamization of SHS continues to be done to the detriment of epistemological imperatives. The secularized approach to religion is thus hindered. The examination of a corpus of scientific articles resulting from the center and laboratories of research in Algeria makes it possible to apprehend, the treatment reserved for the modern methodologies, the concordist imbrications as well as the relations of hierarchies which bind the "Islamic sciences" to the SHS.

  • Ergin Ergül, Université Medipol de Ankara, (Turquie), Les droits de l’homme dans la science de la société et de la civilisation d’Ibn Khaldûn 
Human rights in the science of society and civilization of Ibn Khaldun

Ibn Khaldûn (1332-1406) is a universal scholar in the social sciences. He is the founder of a new social science called the "science of society and civilization" (umran). In the context of this science, the paper aims to discuss his approach to human rights ahead of its time, which is often neglected. Next to the concepts of justice (adl) and injustice (zulm), which are the dominant concepts of political umran in the Muqaddima, which respectively mean "respect for human rights" and "violation of human rights." He also uses the expression "people's rights" (huquq an nas) in three places in his work in the modern sense of the human rights concept. According to him, unlike criminal acts of people which constitute offenses in law, acts of human rights violations (injustice) can only be committed by public authorities. This view reflects the modern approach to human rights.
On the other hand, he explains the origin of political society with the need for security and the prevention of human rights violations in social life. He links the development and survival of society and civilization to respect human rights. At the same time, he sees their disappearance in violation of fundamental human rights, namely the right to security, life and property. When we read the thinker of society and civilization in this way, he can inspire and guide the Islamic world today and all of humanity to overcome their human rights challenges.

  • Khaled Kchir, Université de Tunis, Décrire et déconstruire le social : quels enjeux pour Ibn Khaldûn ?

  • Zeyad El Nabolsy, Cornell University, (États-Unis), Rifa'a al-Tahtawi beyond 'Area Studies': Rifa'a al-Tahtawi, Africanus Horton, and Conceptions of Science in Contemporary African Philosophy
Much of the debate in contemporary African philosophy about the role of modern science in African cultures proceeds by ignoring the early reception of modern sciences by nineteenth century African figures such as Africanus Horton (1835–1883) in West Africa, and Rifa'a al-Tahtawi (1801 - 1873) in North Africa.  This paper provides a comparative study of the reception of modern anatomy, geology, and geography in the work of Horton, and modern engineering, geography, and logic in the works of al-Tahtawi. I argue that just as debates in contemporary African philosophy can benefit from reflection on figures such as Tahtawi, the field of "Middle/Near East Studies" can benefit from engagement with reflections on Tahtawi that emphasize his importance for contemporary African philosophy. I argue that because of the manner in which "Africa proper" is often equated with "sub-Saharan Africa"; al-Tahtawi has not been understood as a thinker who is relevant to modern African intellectual history.  In fact, despite being contemporaries with similar intellectual interests, there has hitherto been no sustained comparative study of Tahtawi and Horton. This paper thus aims to contribute to the overcoming of the illegitimate division of Africa into "North Africa" and "sub-Saharan Africa", a division which has plagued "Middle/Near Eastern Studies". 






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