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Conférence : L’universalisme en question
Date : 2022-09-21 | 14:00:00-16:00:00
Évènement :
Cycle "Les sciences humaines et sociales au Maghreb et ailleurs : bilans et perspectives”
Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie : | ||
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C | ||
Lieu : | ||
FLAHM | ||
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Ahmed Brahim |
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Modérateur·trice : Olga Lizzini | |
Discutant·e : | |
Les intervenant·e·s : | |
Mahjoub Mohamed | Université de Tunis El Manar |
Seddik Youssef | N/A |
Conférence : L’universalisme en question Salle: Ahmed Brahim Modératrice : Olga Lizzini, Aix-Marsielle Université, France Mohamed Mahjoub, Université de Tunis El-Manar, في اللحظات الثقافية للفلسفة : مقامات الكلي Youssef Seddik, philosophe, Les trois exils du penseur arabe
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Conférence : L’universalisme en question
Modératrice : Olga Lizzini
- Mohamed Mahjoub, Université de Tunis El-Manar, في اللحظات الثقافية للفلسفة : مقامات الكلي
Arrêt est ici pris dans le sens cinématographique d’un arrêt sur image. Il s’agira d’examiner l’infinie traduction de la philosophie dans les langues qui se sont proposées de la porter au rang de concept. La philosophie a toujours été le discours du concept. Mais celui-ci n’est jamais donné : aucune langue, même pas la langue grecque, n’est conceptuelle par nature. Il s’agit d’examiner les recours du concept à la langue quotidienne, immergée dans le sensible, le métaphorique, le voisinage sémantique, l’ambiguïté, l’emprunt, la trace étymologique … Dans quelle mesure est-il alors légitime de parler de philosophie islamique ou arabe, de philosophie allemande, ou de philosophie juive ou chrétienne ? La philosophie, en se réclamant d’un ordre universel qui se laisse approcher et moduler par les contraintes linguistiques sans y épuiser son essence, reste-t-elle philosophie ? Que serait l’universel entaché de cette « malédiction » du langage qui, comme avait osé le dire Marx, pèse sur l’esprit et en freine l’élan universel.
Par-delà cet aspect comparatif des « états de la philosophie », qu’en est-il de l’Universel ? Est-il indifférent de faire de la philosophie quelle qu’en soit l’expression et la trame culturelle ? Ou bien l’Universel laisserait-il à chaque fois en lui-même la trace d’une indétermination par laquelle il s’affranchirait à chaque fois de la nécessité de tirer son essence et son contenu de la halte à partir de laquelle il se réfléchirait ? L’esprit aurait-il une consistance en dehors de sa langue, de sa culture, de ses symboles ? C’est à l’examen ainsi qu’à la vérification de ses intuitions que se livrera ma réflexion.
- Youssef Seddik, philosophe, Les trois exils du penseur arabe
Le moment est précis, repérable et daté, celui de la toute première apparition du mot "philosophe" (faylasûf) dans un texte arabe voué à la postérité durable. Il s’agit de Kalila et Dimna, l’oeuvre majeure de ‘Abdullah ibn al-Muqaffa’ (720-756), là où le premier grand monument de la pensée arabe islamisée affuble le personnage de Bidpaï, le conseiller et confident du roi, destinataire de l’oeuvre, du titre jusque-là inouï de faylasûf… Dès cet instant ce vocable transcrit tel quel du grec dans le lexique arabe, sera frappé de suspicion, sinon condamné à n’évoquer que l’hérésie tout comme Ibn al-Muqaffa’ lui-même, condamné à mort et exécuté sur ordre du calife pour ce même "forfait" .
Premier exil, précoce et brutal, du philosophe hors et en marge du concept qui nomme son champ de savoir.
L’autre exil jette le penseur arabe dans une errance toujours désespérée à la recherche d’un statut spécifique et autonome qui le libérerait de l’emprise déclarée ou sournoise du religieux.
Le troisième exil maintient le philosophe arabe dans la posture équivoque de l’enfant prodigue : soit qu’il retourne au sol originaire de la philosophie fécondé sans lui depuis Platon jusqu’à Foucault, profiter du pardon et des largesses du père, quitte à susciter le ressentiment du frère resté fidèle à son sol pauvre et infécond. Soit qu’il défriche un tout nouveau sol débarrassé de tous les a priori et préjugés du sacral et de l’idéologie…
- Youssef Seddik, philosophe, Les trois exils du penseur arabe
منافيالمفكّرالعربيالثّلاثة
زمنُ الاستعمالمُحدّدوتعيينُهمُمكنبلمؤرَّخ ، إنّهتاريخأوّلظهورلكلمة"فيلسوف"فينصّ عربيّ نالشهرةمتواصلةعلىمرّ العصور. كانذلكفي"كليلةودمنة "، الأثرالأساسيّ لعبداللّهبنالمقفّع (720-756 ) ،أينأسبغأوّلُ واحدمنأعلامالفكرالعربيّ المتأثّربالإسلامالصّفة"فيلسوف "، وهيصفةلمتُسمَعقبلذلكالتّاريخ ، علىشخصيّةبيدبا ، مستشارالملكوحافظسرّه. وللملككُتبذلكالأثر.
ومنذذلكالعهدأصبحتتلكالكلمةالّتينُقلتمنالإغريقيّة ،كماهي، إلىالمعجمالعربيمحلّ شُبهة، وقُضيَ عليهابألاّ توحيإلاّ بالّزندقة ،وهذاماحصللابنالمقفّعنفسه ،فقدحُكمعليهبالإعدامونُفّذالحكمبأمرمنالخليفةعقابالهذاالجُرمنفسه.
هذاهوالمنفىالأوّل، المُبكّروالفظّ ، للفيلسوف ، إلىخارجالمفهومالّذييُسمّيحقلهفيالمعرفةأوإلىهامشه. وألقىالمنفىالآخربالمفكّرالعربيفيتيهيائسعلىالدّوامبحثاعنوضعمخصُوصومستقلّ قديحرّرهمنسلطانالدّينيالمُعلَنأوالمُتكتّم.وأبقىالمنفىالثالثالفيلسوفَ العربيفيهيئةالابنالضّالّ المُلبسة: فإمّاأنيعودإلىأرضالفلسفةالأصليّةالّتيأُخصبتبدونه، منذأفلاطونإلىفوكو، ويتمتّعَ بغُفرانالأبوكَرَمه، وإناستثارذلكاستياءَ أخلهظلّ أمينالأرضهالفقيرةالمُجدبة ، وإمّاأنيُحييأرضاجديدةتمامامتخلّصةمنجميعالمُسبَقاتوأحكاممااعتُبرمقدّساوأحكامالإيديولوجيا.
Universalism in question
Modératrice : Olga Lizzini
- Mohamed Mahjoub, Université de Tunis El-Manar, في اللحظات الثقافية للفلسفة : مقامات الكلي
« Maqamet : Philosophy’s Cultural Moments in the Universal »
“Still” is taken here in the cinematographic sense of a freeze frame. It will be a question of examining the infinite translation of philosophy into the languages that propose to bring it to the level of concept. Philosophy has always been the discourse of the concept. However, the concept has never given itself a language, not even the Greek language, which is not conceptual by nature. It is a question of examining the concept's recourse to everyday language, immersed in the sensitive, the metaphorical, the semantic proximity, the ambiguity, the borrowing, the etymological trace... To what extent is it then legitimate to speak of Islamic or Arabic philosophy, of German philosophy, or of Jewish or Christian philosophy? Does philosophy, by claiming a universal order that allows itself to be approached and modulated by linguistic constraints without exhausting its essence, remain philosophy? What would be the universal tainted by this “curse” of language, which, as Marx had dared to say, weighs on the mind and slows down its universal momentum?
Beyond this comparative aspect of the “states of philosophy”, what about the Universal? Does it make no difference to do philosophy regardless of its expression and cultural framework? Or else, would the Universal each time leave within itself the trace of an indetermination by which it would free itself each time from the need to draw its essence and its content from the halt, a position from which it would think itself? Would the spirit have a consistency outside of its language, its culture, and its symbols? My reflection will seek to examine and verify its intuitions.
- Youssef Seddik, philosophe, The Three Exiles of the Arab Thinker
The moment, that of the very first appearance of the word "philosopher" (faylasûf) in an Arabic text intended for a viable posterity, is accurate, identifiable and dated. It is in Kalila and Dimna, the major work of ‘Abdullah ibn al-Muqaffa’ (720-756) that the first great monument of Islamized Arab thought attributes to the character of Bidpai, the advisor and confident of the king, recipient of the work, the previously unheard of title of faylasûf…. From that moment on, this word, transcribed as it is from Greek into Arabic, would be marked with suspicion, otherwise fated to evoke only heresy, just like Ibn al-Muqaffa’ himself, condemned to death and executed on the order of the Caliph for this same "crime".
The first exile of the philosopher, early and brutal, was outside and on the margins of the very concept that labels his field of knowledge.
The first exile of the philosopher, early and brutal, was outside and on the margins of the very concept that labels his field of knowledge.
The other exile throws the Arab thinker into a permanent desperate wandering, in search of a specific and autonomous status that would free him from religion’s avowed or guileful grip.
The third exile keeps the Arab philosopher in the equivocal position of the prodigal child. Either he returns to the soil originating from the philosophy, which has been fertilized without him, from Plato to Foucault, enjoy the fathers’ forgiveness and generosity, even if it arouses the resentment of the brother who has remained faithful to his poor and infertile soil, or he clears an entirely new ground free of all the preconceptions and prejudices of the sacred and ideology...