Responsable: >Clément Therme

AG70 - Regards croisés France-Iran

Date : 2022-09-22 | 14:00:00-16:00:00

Évènement : Rencontre “Arts, culture et cinéma”

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
CITÉ DE LA CULTURE
Salle :
Cinémathèque - Salle Soufia El Goulli
Responsable : Clément Therme
Modérateur·trice :
Discutant·e : Firouzeh Nahavandi
Les intervenant·e·s :
Therme Clément Science Po Paris
Mousavi Monika CETOBaC/EHESS
Castan-Taherian Sahel PSL
Durrieu Marie CMH
Azad Caroline Université libre de Bruxelles

AG70 - Regards croisés France-Iran FR

Salle: Cinémathèque - Salle Soufia El Goulli

Responsable: Clément Therme, Institut universitaire européen de Florence, Italie
Discutante : Firouzeh Nahavandi, Université Libre de Bruxelles (ULB)

  • Caroline Azad, Université Libre de Bruxelles (ULB), (Belgique), Soumises ou rebelles : l'image des athlètes iraniennes dans l'espace médiatique français
  • Marie Durrieu, CMH de l’UCA, La question de l’humiliation dans les relations diplomatiques franco-iraniennes
  • Sahel Castan-Taherian, PSL Université/EHESS/CRH, (France), La gestion de l’infertilité et l’accès à l’assistance médicale à la procréation (AMP) en Iran
  • Monika MOUSAVI, CETOBaC-EHESS, (France), La Place et le Mur : Une représentation de la mémoire collective de la Révolution islamique de 1979 en Iran
  • Clément Therme, Sciences Po Paris, CERI, (France), La production intellectuelle sur l’Iran en France : avant et après la Révolution islamique de 1979

AG70 - Regards croisés France-Iran FR

Cet atelier vise à étudier les changements de perception sur l'Iran contemporain en France, et en Iran et vice-versa, à partir de la rupture qu'a constituée la Révolution islamique de 1979. Avant la Révolution, si l’Iran des Pahlavis n'était pas un eldorado pour les chercheurs français en sciences sociales ; il existait néanmoins alors des coopérations universitaires et culturelles entre les Etats occidentaux et l’Iran d’une tout autre nature que celles que l’on connaît depuis la Révolution islamique de 1979. En effet, l’Université de Téhéran avait de très nombreux liens, avec de multiples institutions universitaires à travers le monde. L’Université de Shiraz, partiellement anglophone, entretenait des relations suivies avec les universités américaines, et l’Université de Hamadan, partiellement francophone, en gestation durant les dernières années du régime monarchique, développait des rapports de coopération avec les universités françaises et les pays francophones. Depuis la Révolution de 1979, la perception des médias français et les modes de production du savoir universitaire ont été des facteurs décisifs dans la construction de nouvelles perceptions. Sur le plan interne, l'usage  de la mémoire collective de la Révolution de 1979, les questions démographiques et le sport sont des facteurs permettant d'appréhender la complexité des dynamiques internes loin des clichés trop souvent entretenus par les médias occidentaux en général et français en particulier. Ainsi, nous nous interrogerons sur le rôle des perceptions réciproques dans la définition des relations entre les deux pays. La pertinence de cette étude s’inscrit dans la continuité du raisonnement de Robert Jervis dans Perception and misperception in international politics : les perceptions (et les « erreurs de perceptions »), ont un impact significatif  sur le processus décisionnel et contribuent à orienter la politique étrangère. Sans compter que les « perceptions inexactes » peuvent être particulièrement dangereuses, selon Robert Jervis « des erreurs de perceptions étaient au cœur des causes des deux guerres mondiales ». 

Responsable: Clément Therme, Institut universitaire européen de Florence, Italie
Discutante : Firouzeh Nahavandi, Université Libre de Bruxelles (ULB)


  • Caroline Azad, Université Libre de Bruxelles (ULB), (Belgique), Soumises ou rebelles : l'image des athlètes iraniennes dans l'espace médiatique français
Outil fondamental de modernisation sous l'ère impériale Pahlavi, le sport des femmes acquiert une dimension politique complexe et singulièrement différente depuis la fin des années 1990 en République islamique d'Iran. Condensé de diplomatie douce, de propagande idéologique, d'ouverture au monde et vecteur d'émancipation, le sport des Iraniennes est aussi et surtout un espace où se négocient les rapports de domination avec l'Etat. Ces dynamiques de résistances multiples, invisibles et nuancées, ne sont pas propres au domaine du sport. Elles s'inscrivent dans un mouvement de fond de la société civile, et de sa population féminine en particulier. Pourtant, la présence grandissante des athlètes iraniennes sur la scène sportive internationale a donné lieu à un traitement médiatique focalisé davantage sur la question du port du voile, et des réactions de colère et d'opposition que cette obligation suscite. Cet angle d'information choisi par une majorité de médias français mérite toutefois réflexion sur la négligence de ces actions civiles et la lecture généralement univoque des événements que reflètent les lignes éditoriales consacrées à l'Iran.


  • Marie Durrieu, CMH de l’UCA, La question de l’humiliation dans les relations diplomatiques franco-iraniennes
Dans un contexte post-Guerre Froide, où l’ennemi et la menace sont diffus et la puissance est déréglée : l’humiliation est devenu un paramètre des relations interétatiques. Bertrand Badie, qui a introduit cette nouvelle dimension des relations internationales, souligne son caractère non-négligeable. Pourtant les émotions et plus particulièrement l’humiliation restent majoritairement non-étudiées en science politique, même si, on assiste à l’émergence d’une certaine psychologie politique internationale qui découle de la remise en cause des approches rationnelles classiques. Quoi qu’il en soit, cette intervention visera à présenter la place de l’humiliation dans les relations diplomatiques, et plus particulièrement dans le cas des relations France-Iran. Pour ce faire nous tenterons de mesurer l’impact de la variable de l’humiliation sur les pratiques diplomatiques franco-iraniennes : les pratiques diplomatiques autour de la question du nucléaire iranien et plus particulièrement les pratiques de négociations lors du JCPOA (accord de Vienne sur le nucléaire iranien du 14 juillet 2015), nous servirons de cas d’étude. Lors des négociations à Vienne, la « fermeté constructive » défendue par Laurent Fabius dissimule-t-elle des logiques d’humiliation ? L’intransigeance iranienne peut-elle être interprétée comme un mécanisme de résistance à l’humiliation, notamment symbolique, imposée par le P5+1 ? Les sanctions américaines humilient-elles davantage la République Islamique, isolée sur la scène internationale, ou la France qui ne parvient pas à les contourner ? D’ailleurs, pourrait-on considérer que la volonté française d'entreprendre une médiation lors du G7 à Biarritz, était en partie motivée par cette dernière humiliation dont nous émettons l’hypothèse ?


  • Sahel Castan-Taherian, PSL Université/EHESS/CRH, (France), La gestion de l’infertilité et l’accès à l’assistance médicale à la procréation (AMP) en Iran
Depuis la révolution islamique (1979), la population iranienne a vécu des bouleversements très importants en lien avec les évolutions démographiques du pays. On constate d’une part une baisse historique de la fécondité que l’on peut qualifier de « stupéfiante », la plus rapide du monde. D’autre part, l’augmentation de l’infertilité est importante et celle-ci a dépassé la moyenne mondiale au cours de la dernière décennie. Enfin, aujourd’hui, l’Iran devient le seul pays du monde dans lequel toutes les méthodes d’assistance médicale à la procréation ont été légalisées. Cette légalisation suscite un grand intérêt dans le domaine de la reproduction naturelle et artificielle. Compte tenu de la place que le pays occupe sur la scène internationale dans ce domaine précis, ce sujet mérite une attention particulière.


  • Monika Mousavi, CETOBaC-EHESS, (France), La Place et le Mur : Une représentation de la mémoire collective de la Révolution islamique de 1979 en Iran
La mémoire collective est la mise au présent d'une chose absente. Elle contribue à la reconstruction de sens d'un espace, ici, la place et le mur, dans un contexte de Révolution. La réappropriation d’un lieu, d’une place, d’un mur se réalise à travers le changement de nom attribué aux places et aux murs, des graffitis ou de l’occupation des lieux transformés en symbole par le pouvoir politique. La mémoire collective participe à cette réappropriation à travers de trois facteurs : la communication, le sentiment d'appartenance à un groupe, le langage.  
Comment la mémoire collective façonne-t-elle l'action des acteurs sociaux dans le milieu urbain ? Comment les murs et les places peuvent représenter un point d'affrontement entre un ordre établi et un nouvel ordre revendiqué ? Comment, après la révolution 1979, cette mémoire collective est-elle entretenue ?


  • Clément Therme, Sciences Po Paris, CERI, (France), La production intellectuelle sur l’Iran en France : avant et après la Révolution islamique de 1979
La perception occidentale et française de l'Iran a été profondément transformée par la Révolution islamique de 1979. En effet, le Chah était l'un des alliés privilégiés de Paris alors que la République islamique devient dès les années 1980 sinon un ennemi du moins un rivale. Cette dimension géopolitique de la rupture entre l’Iran, allié de la France, et l’Iran révolutionnaire n’a pas eu que des conséquences pour la définition des relations diplomatiques entre Paris et Téhéran. Elle a également eu des effets significatifs sur la production de la connaissance universitaire de l’Iran en France. Cette nouvelle approche domine d’autant plus que l’Iran est devenu un terrain de recherche presque inaccessible pour les chercheurs en sciences sociales qui s’intéressent aux questions politiques contemporaines. La difficulté d’accès au terrain a conduit les chercheurs à faire des choix scientifiques pour des raisons politiques. L’adaptation aux réalités politiques de la République islamique a donc déterminé un nouveau mode de production de la recherche iranologique en France. Cette intervention mettra en évidence les ruptures entre la période Pahlavi et la période révolutionnaire (depuis 1979) dans la production du savoir universitaire en France sur l'Iran en étudiant plus particulièrement la question de l'autocensure dans la recherche et celle de la surreprésentation de la dimension religieuse dans notre perception de l'Iran contemporain.

Perspectives France-Iran

This workshop aims to study the impact of the Islamic Revolution of 1979 on mutual perceptions between France and Iran. Before the Revolution, the Iranian imperial regime  was not a paradise for French social science researchers. However, there was then academic and cultural cooperation between the French State and the former regime of a completely different nature from those we have known since the Islamic Revolution of 1979. Since then, the perception of the French media and the modes of production of academic knowledge were decisive factors in the construction of new perceptions. Internally, the use of the collective memory of the 1979 Revolution, demographic questions and sport became factors that make it possible to understand the complexity of internal dynamics, far from the clichés too often maintained by the Western media in general and French ones  in particular. Thus, we will question the role of reciprocal perceptions in the definition of relations between the two countries. The relevance of this study follows on from Robert Jervis’ argument in Perception and misperception in international politics: perceptions can have a significant impact on the decision-making process and help to guide foreign policy. Not to mention that “misperceptions” can be particularly dangerous.

Responsable: Clément Therme, Institut universitaire européen de Florence, Italie
Discutante : Firouzeh Nahavandi, Université Libre de Bruxelles (ULB)


  • Caroline Azad, Université Libre de Bruxelles (ULB), (Belgique), Submissive or Rebellious: The Image of Iranian Athletes in the French Media Space
As a fundamental tool of modernization under the Pahlavi imperial era, women's sport has acquired a complex and singularly different political dimension since the late 1990s in the Islamic Republic of Iran. Condensed with soft diplomacy, ideological propaganda, openness to the world and vector of emancipation, the sport of Iranian women is also and above all a space where relations of domination with the State are negotiated. These dynamics of resistance, multiple, invisible and nuanced, are not specific to the domain of sport. They are part of a fundamental movement of civil society, and of its female population in particular. However, the growing presence of Iranian athletes on the international sports scene has given rise to media treatment focused more on the issue of wearing the veil, and the reactions of anger and opposition that this obligation arouses. This angle of information chosen by a majority of the French media deserves, however, a deeper reflection on the neglect of these civil actions and the generally unequivocal reading of the events reflected in the editorial lines devoted to Iran.


  • Marie Durrieu, CMH de l’UCA, The diplomatic relations between France and Iran in the light of humiliation
In a post-Cold War context, in which the enemy has become vague and hard to define, and power is diffuse and elusive : humiliation has become a parameter of international relations. Bertrand Badie, introduced this new dimension of international life, and underlined its undeniable impact on international dynamics. However, scholars in political science are mostly reluctant to study international politics through emotional dimensions like humiliation. The questioning of the classical and rational theories gave rise to a few studies that looked at  politics through a more psychological perspective ; yet it is still an neglected approach. Thereby, this intervention’s goal is to present the role of humiliation in diplomatic relations, specifically between France and Iran. We will try to measure the impact of humiliation on the diplomatic conduct between these two countries : mainly through the case of the diplomatic relations surrounding the Iranian nuclear issue and the negotiations of the JCPOA (14th of July 2015). During the negotiations in Vienna, could we consider the “constructive firmness” defended by Laurent Fabius was partly led by humiliation dynamics ?  


  • Sahel Castan-Taherian, PSL Université/EHESS/CRH, (France), Managing Infertility and Access to Assisted Reproductive Technologies in Iran
Since the Islamic revolution of 1979, Iran’s population has transformed greatly. On the one hand, we observe a historical decline in fertility that we can describe as "stupefying" because it was one of the fastest in the world. On the other hand, during the last decade, there has been a sharp increase in infertility that exceeds the world average. Finally, Iran has become the only country in the world in which all methods of medically assisted procreation have been legalized. This legalization creates a great interest in the field of natural and artificial reproduction. Considering the place that the country occupies throughout the world in this specific field, it may require particular attention.


  • Monika Mousavi, CETOBaC-EHESS, (France), The Square and the Wall: A representation of the collective memory of the 1979 Islamic Revolution in Iran
Collective memory is the presentation of an absent thing. It contributes to the reconstruction of the meaning of a space, here, the square and the wall, in the context of Revolution. The reappropriation of a place, a square, or a wall is achieved through changes to the names attributed to the squares and walls, graffiti or the occupation of places transformed into a symbol by the political power. Collective memory is involved in this reappropriation through three factors: communication, the sense of belonging to a group, and language. How does collective memory shape the action of social actors in the urban environment? How can walls and squares represent a point of confrontation between an established order and a new claimed order? How, after the 1979 revolution, is this collective memory maintained?


  • Clément Therme, Sciences Po Paris, CERI, (France), The French scholars’ view on Iran before and after the Islamic Revolution of 1979
The Western and French perception of Iran was profoundly transformed by the Islamic Revolution of 1979. Indeed, the Shah was one of the main  allies of Paris while the Islamic Republic became from the 1980s if not an enemy at least one rival. This geopolitical dimension of the definition of a new relationship between Iran and France has not only had consequences for the diplomatic relations between Paris and Tehran. It also had significant effects on the production of academic knowledge regarding “Iran” in France. Difficulties accessing the field have led researchers to make scientific choices for political reasons. The adaptation to the political realities of the Islamic Republic was therefore determined in a new mode of production of research in Iranian Studies in France. This intervention will shed light on the ruptures and continuities in the production of knowledge on Iran by studying more particularly the issue of self-censorship and the issue of the over-representation of the religious dimension in our perception of contemporary Iran since 1979.


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