Responsable: >Perin Emel Yavuz

AG56 - De l’art abstrait à l’art contemporain : signes et gestes calligraphiques chez les artistes du Moyen-Orient et du Maghreb

Date : 2022-09-22 | 14:00:00-16:00:00

Évènement : Rencontre “Arts, culture et cinéma”

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
CITÉ DE LA CULTURE
Salle :
TICDCE - Hubroom
Responsable : Perin Emel Yavuz
Modérateur·trice :
Discutant·e : Alain Messaoudi
Les intervenant·e·s :
Perin Emel Yavuz CNRS
Polledri Claudia Université de Montréal
Naef Silvia Université de Genève
Ait Slimani Zouina ENS

AG56 - De l’art abstrait à l’art contemporain : signes et gestes calligraphiques chez les artistes du Moyen-Orient et du Maghreb FR

Salle: TICDCE - Hubroom

Responsable : Perin Emel Yavuz, CNRS, Institut Convergences Migrations, France
Discutant : Alain Messaoudi, Université de Nantes

  • Ait Slimani Zouina, École normale supérieure de Paris, Université de Genève, (Suisse) Une approche de l’abstraction par le prisme de la théorie :  le cas de Shakir Hassan Al Said (1925-2004) 
  • Silvia Naef, Université de Genève, Unité d’arabe, (Suisse), Retour sur la hurūfiyya : entre lettres, lignes et signes 
  • Claudia Polledri, Université de Montréal, Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, Laboratoire CinéMedias, (Canada), Le geste calligraphique dans la photographie iranienne contemporaine  (à distance)
  • Yavuz Perin Emel, CNRS, Institut Convergences Migrations, (France), Selim Turan : de la forme à l’informe aux confins d’une gestualité calligraphique  (à distance)

AG56 - De l’art abstrait à l’art contemporain : signes et gestes calligraphiques chez les artistes du Moyen-Orient et du Maghreb FR
 
 Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Paris continue à attirer des artistes originaires du Maghreb et du Moyen-Orient. Or, s’y développe un art abstrait qui, par certains aspects, peut faire écho à des traditions vivantes qui leur sont familières, notamment autour du Salon des Réalités Nouvelles, créé en 1946. L’historiographie générale de l’abstraction gestuelle/lyrique et de l’art informel réserve peu de place à ces artistes et à ces traditions, par comparaison aux arts d’Extrême-Orient, auxquels on fait souvent référence lorsqu’on analyse les œuvres de Georges Mathieu, de Hans Hartung ou de Jean Degottex. C’est le plus souvent à l’échelle de leur « aire culturelle » d’origine, arabe, turque ou iranienne, que les œuvres de ces artistes, dont certains ont été formés à la calligraphie, ont été étudiées, qu’il s’agisse de la Hurūfiyya (« lettrisme », en arabe), de la production de l’école turque de Paris ou de l’œuvre d’artistes iraniens singuliers. Dans le sillage des travaux du séminaire du groupe de recherches sur les arts visuels au Maghreb et au Moyen-Orient, 19e-21e siècle (Arvimm) organisé en 2020-2021 à l’IISMM-EHESS avec la perspective d’une publication collective, cet atelier se donne pour objectif d’interroger, à partir de trajectoires individuelles d’artistes moyen-orientaux et maghrébins, le rapport du geste artistique à la calligraphie, à la lettre arabe et au signe. Il s’agit également de décloisonner ces artistes d’une approche culturaliste et de les réinscrire dans une avant-garde internationale. 


Responsable : Perin Emel Yavuz, CNRS, Institut Convergences Migrations, France
Discutant : Messaoudi Alain, Université de Nantes


  • Ait Slimani Zouina, École normale supérieure de Paris, Université de Genève, (Suisse), Une approche de l’abstraction par le prisme de la théorie :  le cas de Shakir Hassan Al Said (1925-2004) 
En 1971 le peintre et théoricien de l’art irakien Shakir Hassan Al Said publie son manifeste Al-Buʿd al-wāḥid(Une seule dimension) dans lequel il posait les fondements théoriques de la hurūfiyya(« lettrisme »). Ces écrits constituent le point de rencontre entre l’art abstrait et les possibilités plastique de la lettre arabe.Bien que les fondements théoriques aient été posés à cette occasion, les artistes irakiens expérimentent les lettres de l'écriture arabe depuis les années 1940, jetant ainsi les bases de ce qui sera définit par la suite comme al-hurūfiyya. Les deux artistes irakiens que sont Madiha Umar (1908-2005) et Jamil Hamoudi (1924-2003) furent les premiers à avoir utilisé des éléments de l’alphabet arabe dans un style pictural ou sculptural principalement abstrait. 

Cette démarche s’inscrit dans le développement d’une recherche artistique qui puise dans le registre formel de l’art préislamique et islamique pour incarner le renouveau de l’art irakien. Cependant, loin d’un retour aux formes calligraphiques traditionnelles, Al Said vise un réemploi moderne des formes dans le but d’aboutir à un art abstrait qui ne soit pas le simple reflet des styles artistiques occidentaux. Cette communication se focalisera sur l’analyse des préoccupations esthétiques et théoriques de Shakir Hassan Al Said entre l'abstraction et l’emploi de la lettre arabe. 


  • Silvia Naef, Université de Genève, Unité d’arabe, (Suisse),  Retour sur la hurūfiyya : entre lettres, lignes et signes 
Alors que le premier manifeste prônant l’usage des lettres arabes, celui rédigé par l’artiste irakienne Madiha Omar, date de 1949 et que de nombreux artistes ont expérimenté, dans plusieurs pays, cette pratique bien auparavant, c’est le manifeste Al-Bu’d al-wāḥid (Une seule dimension), dû à Shakir Hassan Al Said, qui en théorise l’emploi en 1971 et sera à l’origine du mouvement artistique panarabe qu’on nomme hurūfiyya.
La réflexion de Al Said devait beaucoup à son intérêt pour le soufisme et à ses efforts pour construire une théorie de l’art à partir de cette pensée. D’autres artistes, notamment au Maghreb, parfois en lien et en collaboration avec Al Said, ont formulé leurs propres visions de la hurūfiyya, partant de présupposés très différents de ceux de Al Said. C’est de cela dont il sera question ici. 


  • Claudia Polledri, Université de Montréal, Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, Laboratoire CinéMedias, (Canada), 
    Le geste calligraphique dans la photographie iranienne contemporaine 
Avec la série "Women of Allah" (1993-1997), Shirin Neshat introduit l'usage de la calligraphie dans la photographique contemporaine iranienne en apportant sur les images des inscriptions après tirage. La relation entre image et écriture a été adoptée aussi par d'autres photographes iraniens comme Bahman Jalali dans la série « Image of imagination » (2000-2008) ou, plus récemment, par Newsha Tavakolian, par exemple dans la série "Mothers of Martyrs". À partir d'une réflexion sur le geste calligraphique, cette communication se propose d'analyser la portée esthétique et signifiante que ce geste assume en photographie et de réfléchir à la façon dont son introduction permet d'articuler la relation entre photographie et peinture. 


  • Yavuz Perin Emel, CNRS, Institut Convergences Migrations, (France), Selim Turan : de la forme à l’informe aux confins d’une gestualité calligraphique 
Selim Turan (né à Istanbul en 1915 et décédé à Paris en 1994) entre au département de peinture à l'Académie des beaux-arts d'Istanbul dont il sort diplômé en 1938. Il suit également des cours d'arts décoratifs, de calligraphie et de miniature. A cette époque, dans le contexte de la modernisation de la Turquie, sa peinture se veut figurative et soucieuse de décrire la réalité sociale. Grâce à une bourse du gouvernement français, il arrive à Paris en 1947. Au contact de l’avant-garde parisienne et auprès de Hans Hartung dont il a été l’assistant, il adopte la peinture abstraite. Là où les maîtres parisiens de l'abstraction gestuelle sont influencés par la calligraphie extrême-orientale, Selim puise ses sources dans le geste calligraphique oriental. Cette intervention s’attachera à retracer la trajectoire plastique de l’artiste qui le conduit à adopter cette abstraction empreinte d’une gestualité calligraphique au cœur de la modernité parisienne. 



Abstraction, the Parisian environment and artists from the MENA region

After World War II, Paris continued to  attract artists from the MENA region. The form of abstraction that was developing then in Paris, particularly in the artistic networks gravitating around the Salon des Réalités Nouvelles, created in 1946, could, for certain aspects, echo living traditions that were familiar to them.. The general historiography of gestural/lyrical abstraction and Art informel is rather silent about these artists and traditions. When analyzing the works of Georges Mathieu, Hans Hartung or Jean Degottex, it rather refers to East Asian arts. The works of these artists from the MENA region, some of whom were trained in calligraphy, are more often studied in terms of their original Arab, Turkish or Iranian « cultural area ». Historiography thus links them to the Hurufiyya (« Letterism », in Arabic), to the production of the Turkish school in Paris, or the work of singular Iranian artists, but takes little interest in their relations with the Parisian art scene. In the wake of the annual theme of the seminar of the research group on visual arts in the Maghreb and the Middle East, 19th-21st century (Arvimm) developed in 2020-2021 at IISMM-EHESS, and with the prospect of a collective publication, this workshop aims to question, from the individual trajectories of Middle Eastern artists, the relationship of the artistic gesture to calligraphy, the Arabic letter and the sign. It thus aims to release these artists from a culturalist approach and to reintegrate them into an international avant-garde.

Responsable : Yavuz Perin Emel, CNRS, Institut Convergences Migrations, France
Discutant : Alain Messaoudi, Université de Nantes


  • Zouina Ait Slimani, École normale supérieure de Paris, Université de Genève, (Suisse)


  • Silvia Naef, Université de Genève, Unité d’arabe, (Suisse), 


  • Claudia Polledri, Université de Montréal, Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, Laboratoire CinéMedias, (Canada), The calligraphic gesture in contemporary photography
With the series "Women of Allah" (1997), the Iranian artist Shirin Neshat introduced the use of calligraphy in photographic representation by adding inscriptions to the images after printing. This superimposition between image and writing was later taken up by other photographers of the region such as the Iranian Newsha Tavakolian in the series "Listen" or the Moroccan Lalla Essaydi in "Converging Territories", each assigned to writing a different meaning and function. In connection with these case studies, this paper proposes to analyze the aesthetic significance that this gesture assumes in photography, and how its introduction links photography and painting.


  • Yavuz Perin Emel, CNRS, Institut Convergences Migrations, (France), Selim Turan : calligraphic gestuality between form and inform
Selim Turan (born in Istanbul in 1915 and died in Paris in 1994) studied painting at the Istanbul Academy of Fine Arts, graduating in 1938. He also attended courses in decorative arts, calligraphy and miniature. At that time, in the context of the modernization of Turkey, his painting is figurative and concerned with describing social reality. Thanks to a grant from the French government, he arrives in Paris in 1947. In contact with the Parisian avant-garde and with Hans Hartung, whose assistant he was, he turns to abstract painting. Where the Parisian masters of gestural abstraction are influenced by Far Eastern calligraphy, Selim draws his sources from the oriental calligraphic gesture. This intervention will attempt to retrace the artist's plastic trajectory which leads him to adopt this abstraction marked by a calligraphic gestuality at the heart of Parisian modernity.


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