Responsable: >Pauline Tucoulet

AG54 - « Ne pas partir, venir ou revenir ». Images filmées de villes en conflit

Date : 2022-09-22 | 08:45:00-10:45:00

Évènement : Rencontre “Arts, culture et cinéma”

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
CITÉ DE LA CULTURE
Salle :
Cinémathèque - Salle Soufia El Goulli
Responsable : Pauline Tucoulet
Modérateur·trice :
Discutant·e : Cyril Roussel
Les intervenant·e·s :
Blanc Anthony Université Sorbonne Nouvelle
Guillard Kahina EHESS
Schwarzinger Charlotte EHESS
Tucoulet Pauline Université Sorbonne Nouvelle

AG54 - « Ne pas partir, venir ou revenir ». Images filmées de villes en conflit FR

Salle: Cinémathèque - Salle Soufia El Goulli

Responsable:  Pauline Tucoulet, Sorbonne-Nouvelle, Ircav, France
Discutant : Cyril Roussel, CNRS, MIGRINTER, France

  • Anthony Blanc, Sorbonne-Nouvelle, Ircav, (France) Les Sauteurs, aux portes de Mellila
  • Kahina Guillard, EHESS, CETOBaC, (France), Représentations des rues de Duhok dans le film documentaire d’Hakar Abdulqadir, The Gypsy of March (2012)
  • Charlotte Schwarzinger, EHESS, CéSor, (France), Regards cinématographiques sur Beyrouth
  • Pauline Tucoulet, Sorbonne-Nouvelle, Ircav, (France), Entre témoignages et représentations, Kirkouk sur grand écran

AG54 - « Ne pas partir, venir ou revenir ». Images filmées de villes en conflit FR

La représentation de la ville au cinéma ne se réduit pas à un espace urbain, une agglomération d’habitations. Lieu de passage ou lieu de fixation, elle concentre une multitude de réalités sociales, politiques et historiques qui s’étendent sur ses zones contiguës tels que les villages, les avants-centres, les banlieues, les aires d’habitations temporaires, les plaines pétrolifères ou agraires. Alep, Dohuk, Bagdad, Beyrouth, Tunis, Kirkouk, Le Caire, Melilla, Alger, Kobanê... Ces toponymes renvoient à un imaginaire filmique qui rend compte des situations sociopolitiques en cours ou d’un nouveau temps politique.
Ces villes du Moyen-Orient et du Maghreb, ainsi que leurs périphéries, sont des territoires de pratiques filmiques multiformes et changeantes. Elles sont traversées par des preneurs d’images locaux ou étrangers, amateurs ou professionnels, qui sillonnent ces espaces urbains avec des caméras, des appareils photo ou des téléphones portables.
Les images et les sons ainsi pris pour des productions locales, des coproductions internationales ou des films étrangers, participent à la multiplicité des représentations de la ville.
Fictives ou documentaires, métaphoriques ou prosaïques, mémorisées ou vécues, comment les images et les sons d’une ville racontent-elles ses tensions ? Par l’étude de cas particuliers, cet atelier propose une réflexion mutuelle, au croisement de la géographie et des études cinématographiques, pour observer comment des villes et leurs contours sont filmés par ceux qui y restent, ceux qui y viennent ou qui y reviennent. Ces analyses, mises en résonance, interrogent ce qui semble commun ou singulier dans les façons de les représenter.

Responsable:  Pauline Tucoulet, Sorbonne-Nouvelle, Ircav, France
Discutant : Cyril Roussel, CNRS, MIGRINTER, France


  • Anthony Blanc, Sorbonne-Nouvelle, Ircav, (France) Les Sauteurs, aux portes de Mellila
« Tout le monde devrait connaître notre souffrance devant ces barrières »
Ce chant sert de trame au documentaire. Il est récité par l’un des migrants africains dans la forêt du massif de Gurugu, près de la frontière marocaine où se trouve la ville de Melilla - y accéder, c’est accéder à l’Europe. Abou S, Adama D, Guizo S, Mamourou D, Souleymane D... contemplent la barrière chaque jour et derrière elle « l’Eldorado », la Côte que la caméra nous permet de voir si l’on zoome. Car le zoom dans le film remplace le mouvement physique, empêché, de ces migrants qui se filment eux-mêmes dans un espace interdit. Aux portes de l’Europe, ils sont nombreux à fantasmer sur Melilla. L’un d’entre eux, Abou S, dessine sur la terre un cœur dans lequel est écrit « Abou + Melilla ». La ville est personnifiée, elle est une femme désirée, inaccessible. Pourtant, l’espoir traverse le film : « Derrière la barrière, c’est l’avenir ». Nous analyserons la représentation de ce territoire paradoxal - sans structures (des camps de transit) mais avec des lois (on expulse un “traître”). Confrontant des images de surveillance de la Guardia Civil Melilla avec celles, amateurs, des
migrants, le documentaire bascule vers un point de vue subjectif. Nous nous intéresserons ainsi à la façon dont Abou, un des principaux filmeurs, représente son environnement, une vision qui trahit inévitablement - notamment à travers de nombreux plans sur la Côte - le désir du franchissement.


  • Kahina Guillard, EHESS, CETOBaC, (France), Représentations des rues de Duhok dans le film documentaire d’Hakar Abdulqadir, The Gypsy of March (2012)
Principal lieu d’interaction entre Doms du village d’Azadî et habitants de Duhok, la rue a une place de premier ordre dans les discours exogènes liés aux Doms, et plus particulièrement lorsqu’on s’intéresse à leur statut de travailleur de rue : mendiants, éboueurs ou vendeurs de mouchoirs. En complément de ma démarche ethnographique, je discuterai de la mise en récit de ces espaces urbains dans le film documentaire The Gypsy of March (2012) réalisé par Hakar Abdulqadir. Cette œuvre, réalisée dans le cadre d’une formation au cinéma dispensée par l’ONG française Alterdoc, retrace les trajectoires des habitants d’un village dom en périphérie de Dohuk, au Kurdistan irakien. Par le visionnage de plusieurs extraits, cette communication sera l’occasion de réfléchir sur le discours d’un preneur d’image kurde ainsi que sur les liens faits entre rue et précarité d’une population hautement mise à distance.


  • Charlotte Schwarzinger, EHESS, CéSor, (France), Regards cinématographiques sur Beyrouth
Cette communication propose une réflexion sur la représentation de Beyrouth un an après la double explosion du 4 août 2020. En prenant comme cas d’étude trois courts-métrages - une fiction, un documentaire, et une science-fiction documentaire -, il s’agit de comparer les formes narratives, visuelles et sonores utilisées pour évoquer cet événement traumatique de l’histoire contemporaine du pays. A l’encontre d’images spectaculaires véhiculées par les médias, les trois films dessinent les conséquences de l’explosion à Beyrouth, qui devient la ville d’un énième désastre, mais également une ville de colère et d’espoir. À l’aide d’entretiens réalisés avec les trois cinéastes (Sarah Kaskas, Ely Dagher et Panos Aprahamian) et par l’analyse filmique, cette communication explore l’émancipation politique, la création de sens et la réactivation du geste artistique via l’outil cinématographique, afin d’interroger le temps présent dans un contexte de crises protéiformes. L’objectif est de discerner comment le cinéma peut devenir un lieu possible de réappropriations d’espaces et de paroles.


  • Pauline Tucoulet, Sorbonne-Nouvelle, Ircav, (France), Entre témoignages et représentations, Kirkouk sur grand écran
Située dans la zone dite des territoires contestés au Nord de l’Irak et au sud de la région du Kurdistan, elle est aussi au croisement des routes reliant l’Iran à la Syrie et l’Iran à la Turquie. Régulièrement disputée et convoitée notamment pour ses richesses pétrolifères, son emplacement territorial la positionne au cœur de conflits locaux, nationaux, régionaux et internationaux. Cette communication présente un état des connaissances en histoire du
cinéma sur la ville et réfléchit à ses représentations dans un corpus de films de fiction et documentaire réalisés entre 1992 et 2016. En associant l’analyse filmique et l’analyse de discours, il s’agit de comprendre la place adoptée par les preneurs d’images à Kirkouk. Leurs profils divergent : certains cinéastes sont originaires de la ville ou y habitent, d’autres sont étrangers. Ils y reviennent pour tourner lors d’événements socio-politiques majeurs, la traversent pour documenter la situation à l’étranger voire la reconstituent s’ils ne peuvent pas s’y rendre par eux-mêmes. Une attention particulière sera portée aux postures et aux récits d’expérience du documentariste de Kirkouk, Hawre Khalid, du réalisateur de Zakho (Kurdistan d’Irak), Shawkat Amin Korki, de l’opérateur de Marivan (Iran), Ala Hoshyar-
Tayyeb et du monteur de Rennes (France), Camille Lotteau.

« Don’t go, come or come again » Film footage of cities in tension

The city representation in cinema is not reduced to an urban space or a residential area. Either a crossing point or a place of settlement, the city concentrates a multitude of social, political and historical realities which extends itself through contiguous areas such as villages, outposts, township, suburbs, temporary dwellings, oil reserves or agrarian areas. Aleppo, Dohuk, Baghdad, Beirut, Tunis, Kirkuk, Cairo, Melilla, Algiers, Kobanê... these toponyms suggest a filmic imaginary around a socio-political situation or a new political moment.
Both north african cities and middle eastern towns as much as their surrounding areas, are territories of multiform and changing filmic practices. They are penetrated by local and foreign image takers, amateurs and professionals, who criss-cross these urban spaces with video cameras, still cameras and mobile phones. Images and sounds are taken for local production companies, international co-productions, or foreign films, through which they contribute to the many representations of the city.
Fictional or documentary, metaphorical or prosaic, memorized or experienced, how do images and sounds around a city tell the story of its tensions ? Through the study of particular cases, this workshop proposes a mutual brainwork, at the crossroads of geography and film studies, to observe how cities and their surroundings are filmed by those who either stayed, came or came back. These analysis, put together,will focus on what seems common or singular in their ways of representation.

Responsable:  Pauline Tucoulet, Sorbonne-Nouvelle, Ircav, France
Discutant : Cyril Roussel, CNRS, MIGRINTER, France


  • Anthony Blanc, Sorbonne-Nouvelle, Ircav, (France) Those Who Jump, at the Gates of Melilla
"Everyone should know about our suffering in front of these barriers." This song serves as the framework for the documentary. It is recited by one of the African migrants in the forest of the Gurugu massif, near the Moroccan border where the city of Melilla is located - to access it is to access Europe. Abou S, Adama D, Guizo S, Mamourou D, Souleymane D... contemplate the barrier every day and behind it “the Eldorado”, the coast that the camera allows us to see if we zoom in. Because the zoom in the film replaces the physical movement, prevented, of these migrants who film themselves in a forbidden space. At the gates of Europe, many people fantasize about Melilla. One of them, Abou S, draws a heart on the ground in which is written “Abou + Melilla”. The city is personified, she is a desired, inaccessible woman. However, hope crosses the film : “Behind the barrier, it is the future”.
We will analyze the representation of this paradoxical territory - without structures (transit camps) but with laws (a “traitor” is expelled). Confronting surveillance footage from the Guardia Civil Melilla with amateur footage of migrants, the documentary shifts towards a subjective point of view. We will thus be interested in the way in which Abou, one of the main filmmakers, represents his environment, a vision which inevitably betrays - in particular through numerous shots on the Coast - the desire to cross.


  • Kahina Guillard, EHESS, CETOBaC, (France), Representations of Duhok’s streets in Hakar Abdulqadir’s documentary, The Gypsy of March (2012)
The street is the principal place of encounter between Doms inhabitants living in Azadi’s village and inhabitants living in Duhok’s city. It is also a huge part of the exogenous discourses regarding Doms, especially when it comes to their street worker status : beggars, garbage collectors, or tissue salers. Through this paper, keeping in mind my fieldwork approach, I will discuss the narrative created around urban spaces in a kurdish documentary. The Gypsy of March (2012), directed by Hakar Abdulqadir, was part of cinema workshops organized by the French NGO Alterdoc. The documentary gives an overview on Doms’ life paths in a village on the outskirts of Duhok, Iraqi Kurdistan. After showing multiple film extracts, attention will be paid on the storytelling of a Kurdish director, and the links of
Doms’ precarious situation within street life.


  • Charlotte Schwarzinger, EHESS, CéSor, (France), Cinematographic gazes on Beirut
This paper proposes a reflection on the representation of Beirut one year after the double explosion of August 4, 2020. Taking as a case study three short films - a fiction, a documentary, and a science-fiction documentary -, the aim is to compare the narrative, visual and sound forms used to evoke this traumatic event of the contemporary history of the country. Against the spectacular images conveyed by the media, the three films draw the consequences of the explosion on Beirut, which becomes the city of yet another disaster, but also a city of anger and hope.
Through interviews with the three filmmakers (Sarah Kaskas, Ely Dagher et Panos Aprahamian) and filmic analysis, this paper explores political emancipation, the creation of meaning and the reactivation of the artistic gesture via the cinematographic tool, in order to interrogate the present time in a context of multiple crises. The objective is to discern how cinema can become a possible place of reappropriation of spaces and words.


  • Pauline Tucoulet, Sorbonne-Nouvelle, Ircav, (France), Between testimonies and representations, Kirkuk on the big screen
Located in the so-called contested territories in the north of the country and south of the Kurdistan region, Kirkuk is also at the crossroad between Iran and Syria, and between Iran and Turkey. Often disputed and envied for its oil resources, its territorial location puts it at the heart of local, national, regional and international conflicts.
This paper will recap the recent knowledge in film history about Kirkuk and will reflect on the representations of the city through a film corpus made out of both fiction and documentary produced between 1992 and 2016. With the combination of film and discourse analysis, the aim is to reveal which position was taken by the image takers in Kirkuk. Their profiles differ from native filmmakers to inhabitants of the city, or to foreigners. They return to shoot during major socio-political events, travel through the city and will report the situation abroad, or even reconstitute it when it is impossible for them to come. Particular attention will be paid to the postures and experiences of the documentary filmmaker Hawre Khalid (Kirkuk), the director Shawkat Amin Korki (Zakho, Iraqi Kurdistan), Shawkat Amin Korki, the cameraman Ala Hoshyar-Tayyeb (Marivan, Iran) and the editor Camille Lotteau (Rennes, France).

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