Responsable: >Richard Thomas

AG47 - Les communautés au regard du cinéma : proche-orient et Afrique du Nord

Date : 2022-09-23 | 08:45:00-10:45:00

Évènement : Rencontre “Arts, culture et cinéma”

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
CITÉ DE LA CULTURE
Salle :
Cinémathèque - Salle Soufia El Goulli
Responsable : Richard Thomas
Modérateur·trice :
Discutant·e : Boëx Cécile
Les intervenant·e·s :
Srour Némésis EHESS/CNRS
Corriou Morgan Paris 8
Appelt Nicolas Global Studies Institute Genève
Richard Thomas Université Clermont-Auvergne

AG47 - Les communautés au regard du cinéma : proche-orient et Afrique du Nord FR

Salle: Cinémathèque - Salle Soufia El Goulli

Responsable: Richard Thomas, Centre Michel de l'Hospital, Université d'Auvergne, France
Discutante : Boëx Cécile, CéSor-EHESS, France

  • Némésis Srour, Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud EHESS-CNRS, (France), « Catching Indian viewers’ eye » : communautés et plateformes numériques des films indiens dans le Golfe
  • Morgan Corriou, CEMTI, Université Paris 8 et Mélisande Leventopoulos, ESTCA, Université Paris 8, (France), Spectateurs et spectatrices musulman·e·s du cinéma des premiers temps à Thessalonique et Tunis
  • Nicolas Appelt, Global Studies Institute Genève, (Suisse), Destruction des liens et recréation d'une communauté par l’image en exil dans le cas syrien
  • Thomas Richard, Centre Michel de l'Hospital, Université Clermont-Auvergne, (France), Le cinéma copte, outil d’identification communautaire

AG47 - Les communautés au regard du cinéma : Proche-Orient et Afrique du Nord FR

Ce panel vise à interroger les expériences cinématographiques au Proche-Orient et en Afrique du Nord avec une ouverture vers les Balkans, en les confrontant à la notion-clé dans ces régions de communauté. Fortement marquée par les déterminants religieux et l'héritage ottoman, source de conflits et enjeu de reconnaissance politique, la communauté sera ici entendue comme public, objet et producteur de cinéma. La démarche vise à étudier la dimension communautaire de l'expérience partagée face à l'écran, mais aussi le cas du cinéma comme vecteur d'affirmation identitaire.  Enfin, vis-à-vis des enjeux de production d'image, nous verrons la façon dont ces communautés envisagent et s'approprient leur présence sur l'écran, pour en faire un élément d'une culture visuelle qui leur est propre. Ce panel se présente en cela comme une contribution à l'étude sociologique et politique du cinéma dans les contextes propres à ces régions. 
Il s’agira de prendre en compte des modes de circulation du cinéma peu étudiés, et une production cinématographique originale, parfois laissée dans l'ombre, tout en ambitionnant de dépasser le clivage culture et public d'élite / culture et public populaire. Nous voudrions montrer comment la diversité des expériences cinématographiques permet une meilleure compréhension des cultures visuelles locales. En parallèle, à un moment où les communautés de ces régions se recomposent sous la pression des migrations, professionnelles ou forcées, et du fait d'une circulation accrue des idées et des produits culturels, notre objectif est de mieux comprendre comment ces productions participent, et ont participé dans le courant du XXe siècle, à la redéfinition de leurs identités.

Responsable: Thomas Richard, Centre Michel de l'Hospital, Université d'Auvergne, France
Discutante : Cécile Boëx , CéSor-EHESS, France


  • Némésis Srour, Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud EHESS-CNRS, (France), « Catching Indian viewers’ eye » : communautés et plateformes numériques des films indiens dans le Golfe
Dans un article en ligne de Gulf News daté du 1er novembre 2019, un journaliste fait état des batailles que se livrent les plateformes de VOD à Dubaï, et il souligne : « Il y a une bataille tout aussi intense ciblant le public indien et plus largement sud-asiatique résidant au Moyen-Orient. Et cela ne fait que commencer. »
L’intérêt que suscite la communauté d’Asie du Sud dans le Golfe n’est pas nouveau puisqu’il s’inscrit dans une histoire qui remonte aux années 1960. Toutefois, les publics des films indiens de la péninsule Arabique attestent d’une certaine singularité. Ils regroupent une pluralité de communautés indiennes mais aussi une communauté arabophone, habituée à voir des films indiens depuis plusieurs décennies. Alors que les offres VOD se démultiplient dans le Golfe, il s’agit ici d’interroger les stratégies de programmation digitale des films indiens en regard des publics indiens et/ou arabophones, en prenant en compte les différentes facettes communautaires de ces publics, et de voir comment les réseaux de distribution s'articulent avec ces dimensions communautaires. Comment les stratégies de programmation visant les communautés diasporiques d’Asie du Sud s’articulent-elles avec l’attraction d’un public arabophone, lui-même formant désormais un groupe identifié par ses goûts partagés ?


  • Morgan Corriou, CEMTI, Université Paris 8 et Mélisande Leventopoulos, ESTCA, Université Paris 8, (France), Spectateurs et spectatrices musulman·e·s du cinéma des premiers temps à Thessalonique et Tunis
L’inscription des populations musulmanes dans les pratiques culturelles de masse à la charnière des XIXe et XXe siècles a souvent été postulée marginale et leur adoption du spectacle cinématographique, tardive (dans la Turquie ottomane notamment). Dans cette communication à deux voix nourrie par le projet collectif « Faire communauté(s) face à l’écran de cinéma » de l’Eur ArTeC, il s’agira néanmoins de questionner les pratiques spectatorielles musulmanes au cours des deux premières décennies d’émergence du cinéma en entreprenant une étude comparée de deux territoires urbains ottomans et post-ottomans, Thessalonique et Tunis, où ces dernières sont avérées par des sources, quoiqu’extrêmement parcellaires. Il s’agira de questionner côté à côté deux types de processus. D’une part, on s’interrogera sur la place de ces projections au sein du groupe confessionnel. D’autre part, quelle place occupent ces usages dans les relations intercommunautaires se déployant pour les unes en contexte colonial, pour les autres dans l’empire ottoman tardif ?


  • Nicolas Appelt, Global Studies Institute Genève, (Suisse), Destruction des liens et recréation d'une communauté par l’image en exil dans le cas syrien
A côté des grandes fresques montées hors de Syrie qui donnent à voir sur plusieurs années l’évolution du mouvement de révolte dans le pays, plusieurs documentaires tournés en exil questionnent la façon de (se) représenter le conflit et interrogent le lien avec la Syrie. Comment maintenir et prolonger voire recréer les liens avec la communauté nationale tout en gérant une condition d’exilé(e) ? 
Ces questions apparaissent dans plusieurs documentaires tournés hors des frontières nationales, à l’instar de Chaos (Sara Fattahi, 2018), de Backyard (Khaled Abdulwahed, 2018) ou encore I Have Seen Nothing, I Have Seen All (Yaser Kassab, 2019). A partir de ces trois films, ainsi que d’autres documentaires, il s’agira de monter comment ceux-ci élaborent une mémoire du mouvement de révolte populaire qui a éclaté en mars 2011, puis du conflit, et des liens qui s'y sont tissés avec les situations d’exil, sans en édifier un tombeau morbide. Cette mémoire constitue un des aspects de l’appartenance à une communauté nationale en exil. En analysant des éléments formels (choix de réalisation et de narration, montage), il s’agira de comprendre de quelle façon, à partir d’éléments reliés à la mémoire personnelle, c’est-à-dire au passé syrien (une photographie d’un champ de cactus dans Bachyard) ou à l’exil (le poème Exil d’Ingeborg Bachmann dans Chaos), les réalisateurs/-trices parviennent à construire une représentation et même une appartenance à une communauté sans tomber dans une vision de « l’artiste en exil », coupé d’un « Orient compliqué ». 


  • Thomas Richard, Centre Michel de l'Hospital, Université Clermont-Auvergne, (France), Le cinéma copte, outil d’identification communautaire
A part de l'industrie cinématographique classique égyptienne, la communauté copte a développé dans les dernières décennies un cinéma qui lui est propre. Produit par de petites structures communautaires et distribué dans le réseau des églises, ce cinéma, essentiellement d'inspiration religieuse, retrace des épisodes emblématiques de l'histoire copte, et fait passer sur l'écran sa spiritualité particulière. En soi, cette production d'image est elle-même un enjeu communautaire, en s'inscrivant dans la tradition iconographique propre à l'Eglise copte (Heo 2015). 
Plus profondément, ce cinéma joue un rôle essentiel dans le rapport à soi qu'à la communauté : soudant les chrétiens d'Egypte autour d'une histoire et d'une mémoire partagées, il pose également la question du statut des femmes, à la fois en tant qu'actrices et vectrices identitaires (Galal 2009, Armanios et Amstuz 2013), certains de ces films étant notablement consacrés à des héroïnes féminines, ce qui interroge leur rapport à l'institution religieuse elle-même. 
Développé à un moment de renouveau religieux pour les Coptes, dans un contexte marqué par l'expansion de l'Islam politique, ce cinéma joue également un rôle essentiel d'affirmation communautaire, en lien avec d'autres formes artistiques (White 2011), et de lien, via la diffusion par internet, avec les communautés diasporiques, particulièrement en Europe et aux Etats-Unis. Il permet aux Coptes de sortir de certains des stéréotypes qui leur sont liés au sein de la production cinématographique mainstream égyptienne (Shafik 2007), tout en menant une réflexion sur leur intégration au sein de la communauté nationale, hier, actuellement, et à l'avenir. 

Communities and cinema in the Middle East and North Africa 

This panel aims at questioning cinematographic experiences in the Near East, the Balkans, and North Africa by confronting them with the locally important notion of community. Deeply influenced by the Ottoman heritage and by religious belongings, a matter of conflict and an issue for political recognition, community is to be understood here as cinematographic audience, object, and producer. Our aim is to study the community dimension of the shared experience in front of the screen, and cinema as a way to assert one's identity. Towards issues of image production, we will see how these communities envision and appropriate their presence on screen in order to integrate it into their own visual culture. In this regard, this panel aims at offering some insight into the sociological and political study of cinema in the peculiar context of these regions. 
We aim at taking into account seldom studied ways of circulating cinema, and a peculiar, sometimes ignored, cinematographic production, while at the same time trying to overcome the high brow / low brow cultural dichotomy. We wish to show how the diversity of cinematographic experiences allow a better understanding of local visual cultures. At the same time, as communities encounter a process of recomposition through work and forced migrations, and in the context of a wider circulation of ideas and cultural products, our aim is to better understand how these productions have taken part and still do to the redefinition of identities. 

Responsable: Thomas Richard , Centre Michel de l'Hospital, Université d'Auvergne, France
Discutante : Cécile Boëx, CéSor-EHESS, France


  • Némésis Srour, Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud EHESS-CNRS, (France), “Catching Indian viewers’ eye”: communities and digital platforms for Indian films in the Gulf
In a Gulf News online article dated November 1st, 2019, a journalist reports on the battles between VOD platforms in Dubai, and notes: “There is an equally intense battle for eyeballs targeted at the Indian/wider South Asian audience residing in the Middle East. And it’s only getting started.”
The interest in the South Asian community in the Gulf is not new as it is part of a history that dates back to the 1960s. However, audiences for Indian films in the Arabian Peninsula are singular. They include a plurality of Indian communities but also an Arabic-speaking community, accustomed to seeing Indian films for several decades. While VOD offers are multiplying in the Gulf, the aim here is to question the strategies of digital programming of Indian films with regard to Indian and/or Arabic-speaking audiences. It will take into account the different community facets of these audiences, and analyze how the distribution networks articulate with the different communities. How do programming strategies targeting South Asian diaspora communities articulate with the attraction of an Arabic-speaking audience, itself now forming a group identified by its shared tastes?


  • Morgan Corriou, CEMTI, Université Paris 8 et Mélisande Leventopoulos, ESTCA, Université Paris 8, (France), Early Muslim Male & Female Cinemagoers in Salonica and Tunis
Scholarship has often postulated the mass cultural practices of Muslim populations at the turn of the 19th and the 20th century as a marginal phenomenon, and considered their adoption of cinemagoing as late (most notably in the Ottoman Empire). This paper, based on the EUR ArTeC project “Community building at the cinema”, intends nevertheless to question Muslim spectatorship during the first two decades of cinema history. This will be done by undertaking a comparative study of two Ottoman and post-Ottoman urban centres, Salonica and Tunis where such practices are, even by means of fragmented sources, documented. We aim at questioning simultaneously two kinds of processes: on the one hand, we will focus on the role of these screenings within the religious group. On the other hand, how to understand such practices within the inter-community relations framework that developed in a colonial context and in the late Ottoman Empire?


  • Nicolas Appelt, Global Studies Institute Genève, (Suisse), Destruction of ties and recreation of a community through the image in exile in the Syrian case
Alongside the large frescoes mounted outside Syria showing the evolution of the revolt movement in the country over several years, several documentaries filmed in exile question the way of (oneself) representing the conflict and the link with Syria. How to maintain and extend, or even recreate, links with the national community while managing a condition of exile?
These questions appear in several documentaries shot outside national borders, like Chaos (Sara Fattahi, 2018), Backyard (Khaled Abdulwahed, 2018), or even I Have Seen Nothing, I Have Seen All (Yaser Kassab, 2019). Drawing from these three films, as well as from other documentaries, it will be a question of showing how the memory of the popular revolt movement that erupted in March 2011, then of the conflict, and the links which exist therein are elaborated and then woven with the situations of exile, without building a morbid tomb. This memory constitutes one of the aspects of belonging to a national community in exile. By analyzing formal elements (choice of production and narration, editing), this paper seeks to understand how based on elements linked to personal memory, that is to say to the Syrian past (a photograph of a cactus field in Backyard) or in exile (the poem Exile by Ingeborg Bachmann in Chaos), the directors manage to build a representation and even a belonging to a community without whatsoever falling into a vision of “the artist in exile”, cut off from a  “complicated Orient”.


  • Thomas Richard, Centre Michel de l'Hospital, Université Clermont-Auvergne, (France), Coptic cinema as a tool of community identification
During the last decades, apart from classical Egyptian production, the Coptic community of Egypt has developed its own cinema. Produced through small community structures, and distributed through the churches network, this religiously-inspired cinema describes emblematic episodes of Coptic history, bringing its peculiar spiritual life to the screen. The production of these images is in itself a community issue, as it embeds itself within the Coptic iconographic tradition (Heo 2015). 
At a deeper level, this cinema plays an important part as a reflexive tool for the community. As it bonds Egyptian Christians together around a shared history and memory, it also raises the issue of women's status, as actors, and as they embody a common identity (Galal 2009, Armanions and Amstuz 2013), some of these films being notably devoted to female heroes, which questions their relation to the religious institution. 
As this cinema developed at a time of religous renewal among the Copts, in a context that was marked by the rise of political Islam, it also plays an important part as a mean of community asserting, together with other artistic forms (White 2011), and as a way to maintain a link, through online screening, with diasporic communities, partcularly in Europe and in the US. It also allows Copts to distance themselves from their stereotypical representation within mainstream Egyptian cinema (Shafik 2007), while at the same time helping in their apprehension of national integration, yesterday, today, and in the future. 


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