Responsable: >Séverine Gabry-Thienpont

AG19 - Musiques et positionnements éthiques. Le musicien comme être social. (Égypte, Maroc, Golfe)

Date : 2022-09-21 | 11:00:00-13:00:00

Évènement : Rencontre “Arts, culture et cinéma”

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
CITÉ DE LA CULTURE
Salle :
TICDCE - Hubroom
Responsable : Séverine Gabry-Thienpont
Modérateur·trice :
Discutant·e : Lagrange Frédéric
Les intervenant·e·s :
Fariji Anis Université de Lille
France Pierre Paris 1 Panthéon Sorbonne
Gabry-Thienpont Séverine Aix-Marseille Université
Lagrange Frédéric Sorbonne Université

AG19 - Musiques et positionnements éthiques. Le musicien comme être social. (Égypte, Maroc, Golfe) FR

Salle: TICDCE - Hubroom

Responsable: Séverine Gabry-Thienpont, CNRS, Idemec, France
Discutant : Lagrange Frédéric, Sorbonne Université, France

  • Anis Fariji,  CEAC, Université de Lille (France), Centre Jacques-Berque, (Maroc), La cantillation du Coran au-delà de la religion
  • Pierre France, CESSP-Paris, (France), L'étrange Monsieur Ramadan : le moharagan au tamis de la pub et de la pop
  • Séverine Gabry-Thienpont, Idemec, et Nicolas Puig, IRD Urmis, (France), (à distance), Musiques de la discorde : controverses et sensibilités sociales en Égypte
  • Frédéric Lagrange, Sorbonne Université / CEFAS, (France), La marge se centralise : quand le Moyen-Orient chante “golfique” et le Golfe “moyen-oriental”

AG19 - Musiques et positionnements éthiques. Le musicien comme être social. (Égypte, Maroc, Golfe) FR

Alors que les modes de performance et de diffusion de la musique sont de façon croissante liés à des enjeux technologiques, ils se trouvent parallèlement soumis à des enjeux idéologiques, politiques ou moraux. À la faveur d’une soudaine polémique ou d’une prise de position politique ou religieuse, la popularité d’un musicien monte en flèche, tandis qu’un autre chutera au gré des attaques et des insultes sur les réseaux sociaux, avant de riposter pour tenter d’inverser la tendance. Car en filigrane, l’être-au-monde des musiciens du monde arabe « post-révolutionnaire » est soumis à des contraintes économiques profondément liés aux évolutions technologiques d’une industrie musicale à la recherche de ses nouvelles marques, entre sociétés de productions à capitaux golfiques, plateformes de streaming, et initiatives grassroot. Il est indispensable pour le musicien de mettre dans la balance, face à ses opinions, les réalités financières d’une carrière et les stratégies à mettre en œuvre (featuring, battle, création de label, etc.) pour se promouvoir. Partant, dans quelle mesure le “produit” musical exprime-t-il aussi le positionnement politique et/ou moral du musicien ? Quelles présentations et représentations de soi révèle ce “produit musique” ? Enfin, les styles et les genres musicaux choisis s’avèrent-ils significatifs de tendances rétrogrades ou au contraire subversives, tant du côté des musiciens que des auditeurs ?
L’objectif de cet atelier est de questionner les débats idéologiques et moraux suscités tant par les musiques elles-mêmes que par ceux qui les font, et de mettre au jour leurs conséquences à la fois sur les esthétiques et sur les carrières des artistes.

Responsable: Séverine Gabry-Thienpont, CNRS, Idemec, France
Discutant : Lagrange Frédéric, Sorbonne Université, France


  • Anis Fariji, CéSor/EHESS, Centre Jacques-Berque, (Maroc), La cantillation du Coran au-delà de la religion
Les règles de la déclamation du Coran induisent, lors de la récitation, une forme mélodique singulière. En outre, en raison de la durée très longue (plusieurs années) de l’apprentissage par cœur du Coran, les récitants développent des vocalités subtiles et d’une grande puissance. Voilà deux conditions suffisantes qui font de la récitation du Coran une forme d’un grand intérêt esthétique. Si bien qu’elle devient l’objet d’attention et de passion au-delà du seul domaine religieux. Des compositeurs s’y intéressent ainsi et en font un matériau musical. Cette communication s’arrêtera sur la dimension morale de l’appropriation de la cantillation du Coran dans des contextes tout à fait séculiers.
 

  • Pierre France, CESSP-Paris, (France), L'étrange Monsieur Ramadan : le moharagan au tamis de la pub et de la pop
Plutôt que d’aborder la pop arabe à travers l’étude d’une « industrie », cette communication vise plutôt l’analyse d’une carrière particulière qu’est celle de l'acteur-chanteur égyptien Mohammed Ramadan. Sa carrière est indicative des ressorts hybrides d'une carrière "réussie", qui passe par la musique autant que le cinéma (ou les musalsalât), la commande publicitaire, et l'enjeu de payer tribut au pouvoir politique. Dans une période où l'Egypte connaît un resserrement notable de la pression politique sur les artistes, comment construit-on une carrière qui ne soit pas en opposition? En suivant notamment l’appropriation par Ramadan de l’électro populaire « moharagan », c'est aussi à cette question que cette communication entend répondre incidemment. 


  • Séverine Gabry-Thienpont, Idemec, et Nicolas Puig, IRD Urmis, (France), Musiques de la discorde : controverses et sensibilités sociales en Égypte
En juin 2020, le musicien “electro-shaabi” Islam Chipsy s’attire les foudres des réseaux sociaux à la suite d’un post homophobe sur son mur Facebook. En réaction à ce post, l’organisateur londonien de DJ sets Boiler Room a immédiatement supprimé les archives du musicien de son site. Cet incident, venant à la suite de nombreux autres (notamment de l’interdiction en 2019 du mahragân par Hani Shaker, président du syndicat des musiciens), interroge la façon dont les musiciens s’insèrent dans les débats sociaux de leur époque et ce que cela implique pour leurs carrières, comme il met en lumière l’évaluation morale dont leurs musiques font l’objet (contenu, éthique, technique). À partir de polémiques récentes, cette contribution à deux voix cherchera à clarifier ce rapport entre artistes, musiques et normes sociales aujourd’hui en Égypte. 


  • Frédéric Lagrange, Sorbonne Université / CEFAS, (France), La marge se centralise : quand le Moyen-Orient chante “golfique” et le Golfe “moyen-oriental”
L’avènement de la pop golfique depuis le début du XXIe siècle et la centralité des maisons de production à capitaux saoudiens et émiriens dans l’économie de la musique de consommation courante dans le monde arabe a entraîné un débat moral : dans quelle mesure “chanter golfique” est-il signe d’ouverture culturelle et linguistique ou de prostitution artistique pour les artistes pop issus des vieilles cultures urbaines du monde arabe ? Et parallèlement, dans quelle mesure “chanter moyen-oriental” pour les artistes de la Péninsule est-il un hommage aux anciens ou une démonstration de soft power soutenue par de jeunes états n’hésitant pas à intervenir via la musique dans la politique de voisins vieillissants ?   

Music and ethical positioning: the musician as a social being (Egypt, Morocco, The Gulf)

As the ways in which music is performed and distributed have increased in conjunction with technological developments, these ways have in parallel been touched by ideological, political and moral questions. The popularity of one musician might skyrocket as a result of a sudden controversy or the adoption of a particular political or religious standpoint, while that of another might collapse following attacks and insults on social media, only to rebound after a pushback. In the background to this, the “being-in-the-world” of musicians in the “post-revolutionary” Arab world is subject to economic constraints that are profoundly linked to the technological evolutions of a music industry in search of new brands, hovering between Gulf-funded production companies, streaming platforms and grassroots initiatives. The musician must balance his/her opinions against the financial realities of a career and the strategies to be employed (featuring, battle, creating a label, etc.) to promote him/herself. To what extent does the musical “product” also express the political and or moral position of the musician? What sort of self-presentation and representation reveals this “musical product”? And, does the choice of musical genre signify reactionary or, on the contrary, subversive tendencies on the part of both musician and audience?

The aim of this workshop is to examine the ideological and moral debates arising as much from the music itself as those who make it, and to review the consequences both on the aesthetics and the careers of the artists. 

Responsable: Séverine Gabry-Thienpont, CNRS, Idemec, France
Discutant : Frédéric Lagrange, Sorbonne Université, France


  • Anis Fariji, CéSor/EHESS, Centre Jacques-Berque, (Maroc), Cantillation of the Qur’an beyond religion
The rules of the Qur’an declamation induce a singular melodic form during recitation. Moreover, due to the very long duration (several years) of rote learning of the Qur’an, the reciters develop subtle and powerful vocalities. These are two sufficient conditions that make the recitation of the Qur’an a form of great aesthetic interest. So much so that it becomes the object of attention and passion beyond the religious realm alone. Composers are thus interested in it and turn it into musical material. This paper will focus on the moral dimension of the appropriation of Quranic chanting in secular contexts.


  • Pierre France, CESSP-Paris, (France), The elusive Mister Ramadan: new mainstream moharagan, advertising and pop music. A sociological career analysis
Rather than approaching Arabic pop through the study of an "industry", this paper aims rather at analyzing a particular career, that of the Egyptian actor-singer Mohammed Ramadan. His is indicative of the hybrid "successful" art career kind, between cinema (or television musalsalât), advertising, and the challenge of paying tribute to political power. As if to complete this, Ramadan recently turned to music, through a series of moharaganât tunes. At a time when Egypt is experiencing a notable tightening of political pressure on artists, how can one build such a career that is not in opposition?  By following Ramadan's appropriation of the popular electro genre "moharagan", it is this second question that this communication raises incidentally.


  • Séverine Gabry-Thienpont, Idemec, et Nicolas Puig, IRD Urmis, (France), Music of Discord: Controversies and Social Sensitivities in Egypt
In June 2020, the "electro-shaabi" musician Islam Chipsy was caught in social networks following a homophobic post on his Facebook wall. In reaction to this post, the London DJ set organizer Boiler Room immediately deleted the musician's archives from its site. This incident, following many others (notably the ban on the mahragân in 2019 by Hani Shaker, president of the musicians' union), questions how musicians fit into the social debates of their time and what this implies for their careers, as well as highlighting the moral assessment of their music (content, ethics, technique). Based on recent polemics, this two-part contribution will try to clarify this relationship between artists, music and social norms in Egypt today. 


  • Frédéric Lagrange, Sorbonne Université / CEFAS, (France), The Margin Moves under the Spotlight: When the Middle-East Sings Khaleeji and the Khaleej Sings Middle-Eastern.
The emergence of Gulf pop since the beginning of the 21st century, combined to the pivotal role played by producing companies owned by Saudi and Emirati capitals in the economy of mainstream popular music in the Arab world, triggers a moral debate: to which extent is “singing khaleeji” a sign of cultural and linguistic openness or a scarlet letter of artistic prostitution for artists stemming from the traditional urban cultures of the Arab world? Simultaneously, is singing in Middle-Eastern dialects or musical genres an homage to icons of the past, or a display of soft power supported by young nations who don’t hesitate to interfere via music in their eldering neighbors’ politics?


>