Responsable: >François-Olivier Touati

A31 - Les crises sanitaires en Méditerranée : Nécessaires approches plurielles de l’Antiquité à nos jours

Date : 2022-09-23 | 16:15:00-18:15:00

Évènement : Symposium CriseS

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ESCT
Salle :
D16
Responsable : François-Olivier Touati
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Bargès Anne Université de Tours
Bendoumi Abed Université de Tours
Castex Dominique Université de Bordeaux
Touati François-Olivier Université de Tours

CriseS dans l’histoire, Histoire de crises sanitaires

A31 - Les crises sanitaires en Méditerranée : Nécessaires approches plurielles de l’Antiquité à nos jours FR

Salle : D16
Responsable : François-Olivier Touati, Université de Tours-UMR Citeres Équipe Monde arabe et Méditerranée, EMAM, France
  • Dominique Castex, PACEA, Université de Bordeaux, (France), Crises et épidémies : l’apport de l’archéologie funéraire en Méditerranée
  • Abed  Bendoumi, EMAM, Université de Tours, (France), Observer, recenser les crises sanitaires au Maghreb médiéval
  • François-Olivier Touati, EMAM, Université de Tours, (France), Critiques ou endémiques : affronter les pathocénoses au Proche-Orient médiéval
  • Anne Bargès, EMAM, Université de Tours, (France), Dimension sociohistorique des maladies, la dynamique des populations et la pluralité du vivant  

A31 - Les crises sanitaires en Méditerranée : Nécessaires approches plurielles de l’Antiquité à nos jours FR

C’est considérées comme « fait social total » que les crises sanitaires seront ici abordées, à la fois par la pluralité des exemples, du Maghreb au Proche-Orient, mais aussi et surtout par la réflexion méthodologique que suppose leur compréhension : touchant tous les aspects de la vie sociale, économique, culturelle, politique, morale, spatiale et religieuse, ainsi que le champ des savoirs et des sciences, l’analyse exige de faire dialoguer les acteurs, aires disciplinaires et modes d’expertise face au risque de dilution du capital scientifique par « la dispersion de collections d’objets, de documentations patiemment constituées dans des circonstances exceptionnelles par des chercheurs aux trajectoires hors normes » (Salem Chaker, Hommage à Marceau Gast, 2010). 
Ce dialogue partira de quatre éclairages complémentaires : l’archéologie funéraire (D. Castex), la pertinence du décryptage des codes sémantiques environnementaux en vue d’un inventaire des catastrophes naturelles, de leurs enchaînements et de leur mesure au Maghreb médiéval et en al-Andalūs (A. Bendoumi), l’examen des modalités archivistiques et philologiques d’identification des pathocénoses ainsi que les réponses médicales au Proche-Orient depuis la Peste de Justinien jusqu’aux mamelouks bahrites (F.-O. Touati), et enfin le rapprochement de l’ethnologie et de la géographie des populations avec l’analyse phylogénétique et l’étude des vecteurs pathogènes dans l’espace nord-africain (A. Bargès).

Responsable : François-Olivier Touati, Université de Tours-UMR Citeres Équipe Monde arabe et Méditerranée, EMAM, France


  • Dominique Castex, PACEA, Université de Bordeaux, (France), Crises et épidémies : l’apport de l’archéologie funéraire en Méditerranée
Certains ensembles funéraires constituent, grâce à leurs spécificités et notamment la présence de sépultures renfermant un grand nombre d'individus inhumés simultanément, des témoins privilégiés de l’histoire des maladies infectieuses. Ces vingt dernières années, ils ont fait l’objet de recherches interdisciplinaires, abordées sous l’angle du croisement des sciences humaines et sociales (histoire et archéologie) et de la biologie, qui ont conduit à un renouvellement complet des connaissances et des problématiques quant aux manifestations et conséquences des épidémies médiévales et modernes sur les sociétés du passé. Grâce aux acquis relatifs à la deuxième pandémie de peste, de récents travaux ont été engagés sur la première pandémie (peste justinienne) et les « pestes » antiques.  Les objectifs principaux de ces recherches sont, d’une part, d’identifier et retracer les itinéraires de ces « pestes » et, d’autre part, d’analyser et interpréter leur impact social et culturel en intégrant données épidémiologiques (âge, sexe, état sanitaire) et archéologiques (modes et lieux d’inhumation) en lien avec les connaissances populaires et médicales de ces maladies pour les périodes considérées.


  • Abed  Bendoumi, EMAM, Université de Tours, (France), Observer, recenser les crises sanitaires au Maghreb médiéval
Partant d’une exploration de l’histoire de l’environnement au Maghreb médiéval, il s’agira de cerner la succession des catastrophes naturelles et les processus de liaison entre les « crises » qu’elles ont engendrées. 
Les savants de cette époque montrèrent un intérêt de plus en plus marqué pour les différents types de calamités ou de fléaux. Ils décrivent ces phénomènes comme « anormaux » ou « exceptionnels » par leurs dimensions. Leur écho offre le moyen d’identifier les différentes crises récurrentes qui ont frappé cette aire géographique jusqu’aux XVe-XVIe siècles : aléas climatiques, séismes, épidémies, parasitoses, incendies, etc. Il s’agit d’abord de faire un recensement chronologique et géographique précis de ces différents épisodes, de même que leur cartographie historique. Cet inventaire reste toutefois dépendant de l’interprétation des phénomènes, de leurs modes de perception et de diffusion, des concepts et des définitions qui désignaient ces crises : les codes culturels doivent être décryptés afin de mesurer l’amplitude des réactions tant individuelles que collectives, la possibilité ou l’absence de mesures de prévention, mais aussi les mutations sociales et politiques importantes (changement de dynasties) qui en sont issues.


  • François-Olivier Touati, EMAM, Université de Tours, (France), Critiques ou endémiques : affronter les pathocénoses au Proche-Orient médiéval
En l’absence d’enregistrement documentaire spécifique (sanitaire, hospitalier, démographique, etc.), comment cerner la succession pathologique des sociétés passées ? Comment même discerner la nature de « crises sanitaires » dont les dimensions brutales et massives (mais pas toujours) appellent un vocabulaire générique ou de stupeur qui peut occulter les réalités ?
L’examen des modalités archivistiques et philologiques d’identification des pathocénoses, depuis la Peste de Justinien jusqu’aux mamelouks bahrites, fournit un cas d’école intéressant à décrire. Le processus invite à visiter l’atelier de l’historien constituant une base de données à partir d’une documentation la plus large possible mais non dédiée à son objet : chroniques, actes de la pratique, statuts juridiques, documents comptables, échanges épistolaires et même textes religieux émanant d’une pluralité de langues (arabe, latin, grec, syriaque, arménien, hébreu, ancien français) et d’origines entrecroisées, de l’Égypte à la Syrie. Comment rapporter le vocabulaire descriptif des « traces » repérées à la nosographie actuelle sans problèmes interprétatifs ? Comment en confronter les éléments perçus avec les écrits médicaux en usage (lesquels ?) et la nature des soins prodigués dans cette aire géographique et culturelle particulière ?


  • Anne Bargès, EMAM, Université de Tours, (France), Dimension sociohistorique des maladies, la dynamique des populations et la pluralité du vivant  
L’espace nord-africain et la Méditerranée donnent particulièrement à voir les perspectives d’une pluralité des approches et d’une compréhension partagée de la science de chacun, particulièrement pour les maladies infectieuses : par l’ouverture géographique et historique des champs et lieux d’étude, par un développement des travaux en phylogénétique d’agents pathogènes et histoire des sciences ; par la confluence de travaux discutant la pluralité et variabilité du vivant en interaction avec les conditions environnementales, alimentaires. Cela nécessite une mise à plat et une méta-analyse de sources anciennes, d’archives dispersées de chercheurs. Notre propos s’arrêtera sur les formes de mobilités et de concentration des individus, la question de l’anticipation de la crise, les différences sociales devant l’exposition à l’épidémie.

Health crises in the Mediterranean Area :
Necessary plural approaches from Antiquity to the present day

Health crises will be considered as a "total social fact", both through the plurality of examples, from the Maghreb to the Middle East, and above all through the methodological reflection required to understand them: The analysis, which affects all aspects of social, economic, cultural, political, moral, spatial and religious life, as well as the field of knowledge and science, requires a dialogue between actors, disciplinary areas and modes of expertise in the face of the risk of dilution of scientific capital through "the dispersion of collections of objects and documentation patiently built up in exceptional circumstances by researchers with unusual trajectories" (Salem Chaker, Hommage à Marceau Gast, 2010).
This dialogue will be based on four complementary perspectives: funerary archaeology (D. Castex), the relevance of deciphering environmental semantic codes in view of an inventory of natural disasters, their sequences and their measurement in the medieval Maghreb and al-Andalūs (A. Bendoumi), the examination of the archival and philological modalities of identification of pathocenoses as well as the medical responses in the Near East from the Plague of Justinian to the Bahrit mamluks (F.- O. Touati), and finally the rapprochement of ethnology and geography of populations with phylogenetic analysis and the study of pathogenic vectors in North Africa (A. Bargès).

Responsable : François-Olivier Touati, Université de Tours-UMR Citeres Équipe Monde arabe et Méditerranée, EMAM, France


  • Dominique Castex, PACEA, Université de Bordeaux, (France), Crises and epidemics: the contribution of funerary archaeology in the Mediterranean
Due to their specific characteristics, and in particular the presence of burials containing a large number of individuals buried simultaneously, certain funerary complexes are privileged witnesses to the history of infectious diseases. Over the last twenty years, they have been the subject of interdisciplinary research, approached from the angle of the intersection of the human and social sciences (history and archaeology) and biology, which has led to a complete renewal of knowledge and issues concerning the manifestations and consequences of medieval and modern epidemics on past societies. Thanks to the knowledge acquired on the second plague pandemic, recent work has been undertaken on the first pandemic (Justinian plague) and the ancient "plagues".  The main objectives of this research are, on the one hand, to identify and retrace the itineraries of these 'plagues' and, on the other hand, to analyse and interpret their social and cultural impact by integrating epidemiological (age, sex, health status) and archaeological (modes and places of burial) data in relation to popular and medical knowledge of these diseases for the periods considered.


  • Abed  Bendoumi, EMAM, Université de Tours, (France), Observing and recording health crises in the medieval Maghreb
Starting with an exploration of the history of the environment in the medieval Maghreb, the aim is to identify the succession of natural disasters and the linking processes between the 'crises' they generated. 
The scholars of this period showed an increasing interest in the different types of calamities or plagues. They described these phenomena as 'abnormal' or 'exceptional' in their dimensions. Their echo offers a means of identifying the various recurrent crises that struck this geographical area until the 15th-16th centuries: climatic hazards, earthquakes, epidemics, parasites, fires, etc. The first step is to make a precise chronological and geographical inventory of these different episodes, as well as their historical mapping. However, this inventory remains dependent on the interpretation of the phenomena, their modes of perception and dissemination, and the concepts and definitions that designate these crises: the cultural codes must be deciphered in order to measure the amplitude of both individual and collective reactions, the possibility or absence of preventive measures, and also the important social and political mutations (change of dynasties) that resulted from them.


  • François-Olivier Touati, EMAM, Université de Tours, (France), Critical or endemic: facing pathocenoses in the medieval Near East
In the absence of specific documentary records (health, hospital, demographic, etc.), how can we identify the pathological succession of past societies? How can we even discern the nature of "health crises" whose brutal and massive dimensions (but not always) call for a generic vocabulary or stupor that can obscure the realities?
The examination of the archival and philological modalities of identification of pathocenoses, from the Plague of Justinian to the Bahrit mamluks, provides an interesting case study to describe. The process invites us to visit the historian's workshop, where he builds a database from the widest possible documentation, but not dedicated to his subject: chronicles, practice acts, legal statutes, accounting documents, epistolary exchanges and even religious texts emanating from a plurality of languages (Arabic, Latin, Greek, Syriac, Armenian, Hebrew, Old French) and from intertwined origins, from Egypt to Syria. How can the descriptive vocabulary of the "traces" be related to the current nosography without interpretative problems? How can the perceived elements be compared with the medical writings in use (which ones?) and the nature of the care provided in this particular geographical and cultural area?


  • Anne Bargès, EMAM, Université de Tours, (France), Socio-historical dimension of diseases, population dynamics and the plurality of life  
The North African space and the Mediterranean offer the prospect of a plurality of approaches and a shared understanding of each other's science, particularly for infectious diseases: through the geographical and historical openness of the fields and places of study, through the development of work on the phylogenetics of pathogens and the history of science; through the confluence of work discussing the plurality and variability of living organisms in interaction with environmental and dietary conditions. This requires an analysis and a meta-analysis of old sources and dispersed archives of researchers. We will focus on the forms of mobility and concentration of individuals, the question of anticipating the crisis, and social differences in the face of exposure to the epidemic.



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