AI23 - Re-Integrating Iraq: Possibilities and Obstacles

La militarisation de la société en Irak, ou le phénomène du port d’armes par des institutions non officielles (à la différence des forces armées), n’est pas nouveau. Lorsque le nouvel État irakien moderne a été déclaré en 1920, l’État était confronté à une situation dans laquelle les armes détenues par des civils, des individus et des tribus dépassaient la quantité détenue par l’armée irakienne naissante. Plus tard, ce phénomène a pris une autre forme, lorsque l’État lui-même a opté pour la formation d’unités civiles armées en temps de crise. Cependant, toutes ces formations ont été de courte durée. L’autre caractéristique qui distingue ces unités est qu’elles ont été formées par un gouvernement irakien à un moment ou à un autre, c’est-à-dire qu’elles étaient toutes sous le contrôle de tel ou tel gouvernement, et n’ont jamais défié l’autorité de l’État ni opéré sans son consentement. La seule exception concerne les forces de la milice kurde, les peshmergas, formées en 1962. Depuis 2003, la prolifération des organisations armées caractérise l’Irak. Cela a été dû d’abord à la décision de dissoudre les forces armées irakiennes, et deuxièmement à la décision de créer une nouvelle armée composée des milices des partis religieux venus en Irak après l’invasion. Un troisième facteur a été la propagation des sociétés privées de sécurité paramilitaires. Et un quatrième facteur est que l’Irak est devenu un pays dans lequel toutes sortes d’organisations terroristes internationales ont été libres d’opérer. Cependant, le problème le plus alarmant a été la création et l’expansion des Forces de mobilisation populaire (2014). Ces forces ont été établies par une fatwa religieuse et presque entièrement parrainées par un pays étranger, l’Iran. Depuis lors, les scènes de personnes portant des armes ou défilant dans les rues sont devenues normales. Cette situation bizarre laisse présager de graves affrontements armés en Irak, d’abord entre les formations des Forces de mobilisation populaire fidèles à l’Iran et celles qui ne le sont pas ; deuxièmement, entre ces forces fidèles à l’Iran et les forces armées irakiennes ; et troisièmement, entre ces forces et les milices d’autres coalitions religieuses, telles que les partisans de l’influent chef religieux Muqtada Al-Sadr. Cette communication tentera de discuter de ces questions et de leur impact sur la survie de l’Irak en tant qu’entité unifiée, sûre et stable.

Depuis 2003, la violence sectaire et ethnique en Irak a provoqué un nombre variable de morts. Selon le projet Iraq Body Count, les incidents les plus nombreux se sont produits dans les provinces comprenant des ethnies et des groupes sectaires mixtes et les meurtres ont été commis par des acteurs non identifiés (qu’ils soient issus des forces américaines, des forces irakiennes et des militants anti-occupation et des groupes terroristes). En bref, il y avait trois facteurs principaux derrière cette violence. Premièrement, le radicalisme. Habituellement, le radicalisme augmente lorsque les gouvernements sont trop faibles pour éliminer la violence. Deuxièmement, au niveau institutionnel, le régime ethnico-sectaire établi et le système de quotas qu’il a établi. Les intérêts des pays voisins constituent un troisième facteur, puisque les représentants des groupes sectaires et ethniques reçoivent le soutien de certains pays de la région. Cependant, la nature de la violence a clairement changé au sein de chaque groupe sectaire après la défaite de l’État islamique (ISIS) en 2017. Au niveau de la communauté sunnite, ceux qui avaient rejoint l’Etat islamique avaient agressé et tué des personnes de la même région que la leur. Lorsque l’État islamique a été vaincu en 2017 et que les gens ont commencé à retourner dans leurs villes d’origine, les familles des victimes de l’État Islamique ont commencé à chercher à se venger auprès des familles des combattants. En ce qui concerne la communauté chiite, la violence a augmenté en raison des manifestations à Bagdad et dans d’autres provinces du sud où dominent les puissantes milices. Les incidents, sous forme d’enlèvements et d’assassinats, ont augmenté après les manifestations d’octobre 2019, lorsque les manifestations ont commencé à rejeter le système politique sectaire, à exiger des réformes politiques et économiques et à refuser l’ingérence des pays voisins en Irak, en particulier de l’Iran. Il y a quatre solutions possibles pour retrouver l’unité nationale. Premièrement, soutenir les petites et moyennes entreprises chez les jeunes, en particulier dans les zones mixtes. Deuxièmement, encourager le gouvernement irakien à promulguer une loi qui criminalise la discrimination à tous les niveaux. Troisièmement, éliminer le champ du nom de famille de l’identification nationale, afin de réduire la discrimination. Quatrièmement, travailler à trouver une solution pour les familles des combattants de l’Etat islamique. Toutes ces questions seront détaillées dans cette communication. 

Emad Salah Abdul Razzaq, al-Nahrain University, Baghdad, Impairment of Public Policy Cycles and Challenges of Good Governance (Iraq as a Model 2003-2021)

« Altération des cycles des politiques publiques et défis de la bonne gouvernance (l’Irak en tant que modèle 2003-2021) »

Ce n'est un secret pour personne que le succès de tout cycle de politique publique est étroitement lié aux capacités des acteurs officiels et non officiels à le gérer et à l’adapter aux variables externes et internes qui l’entourent. En outre, le succès des politiques publiques est lié à la poursuite incessante de la justice grâce à l’utilisation des connaissances pour analyser les problèmes publics et choisir parmi les alternatives. De plus, le succès d’une politique publique est lié à la compétence professionnelle mise en œuvre pour la résoudre, à la sincérité de sa planification et à la crédibilité de son appréciation et de son évaluation. Cet article suggère que, pour y parvenir, les acteurs, formels et informels, doivent être attentifs aux défis internes et externes et s’opposer courageusement à l’altération des cycles des politiques publiques en Irak en concevant 7 solutions qui peuvent permettre à ces cycles pour de commencer un véritable voyage vers la réalisation de la bonne gouvernance et du développement durable dans le pays.

« La relation problématique entre l’autorité fédérale et l’Autorité régionale du Kurdistan irakien selon la constitution »

L’union fédérale dans n'importe quel pays est considérée comme le reflet des conditions et des circonstances dans lesquelles le pays vit en termes politiques, sociaux et économiques. Chaque pays a sa situation politique propre et suit des modalités de répartition des compétences entre l’autorité fédérale et l’autorité régionale, selon le processus politique sur lequel ces États sont construits. Il va sans dire que la répartition des compétences dans les États fédéraux relève généralement de la compétence de la Constitution fédérale, et c’est ce que la plupart, sinon la totalité, des États fédéraux ont adopté, à l’exception de la Constitution de la République d’Irak pour l’année 2005, qui a donné la priorité au droit des régions et gouvernorats non organisés au sein d’une région, en cas de litige entre eux, ce qui a suscité et continue de susciter de nombreuses crises entre l’autorité du gouvernement fédéral et l’autorité de la Région du Kurdistan. Comme la constitution limitait les pouvoirs du gouvernement central et laissait le reste aux gouvernements régionaux, donnant la priorité à la loi régionale en cas de conflit entre eux. Cette constitution a créé un système incohérent, et ses caractéristiques ne permettent pas la stabilité. Au contraire, la constitution a créé une base de conflit entre les autorités régionales et fédérales. Ce conflit de pouvoirs et de frontières constitutionnelles a poussé les forces kurdes à intensifier leur discours politique, exigeant l’autodétermination et la sécession de l’État irakien, comme l’a exprimé à plusieurs reprises Massoud Barzani, président de la Région du Kurdistan, affirmant la volonté kurde de rester ou faire sécession comme un droit légitime de la nation kurde.