Responsable: >Matthieu Rey & Laura Ruiz de Elvira

A73 - Ce que les crises politiques font aux trajectoires individuelles

Date : 2022-09-23 | 08:45:00-10:45:00

Évènement : Symposium CriseS

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ESCT
Salle :
B3
Responsable : Matthieu Rey & Laura Ruiz de Elvira
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Baamara Layla MEAE/IRMC
Ceccaldi François USPN / Collège de France
Fourn Léo Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence
Hassabo Chaymaa Université Witwatersrand
Ruiz de Elvira Laura Institut de Recherche pour le Développement
Schwarz Christoph Université d'Innsbruck

Crises et politique

A73 - Ce que les crises politiques font aux trajectoires individuelles  FR

Salle : E3
Responsables : Matthieu Rey, Institut Français du Proche Orient (IFPO) ; Laura Ruiz de Elvira, IRD, Ceped, France 

  • Layla Baamara, MEAE, IRMC, Militantes et militants face au soulèvement populaire algérien
  • François Ceccaldi, EHESS, Collège de France, (France), Déclenchement de la seconde Intifada et modification des trajectoires partisanes au sein du mouvement national palestinien
  • Léo Fourn, Sciences Po Aix, MESOPOLHIS, (France), L’exil comme espace de dépolitisation ? Les modulations de l’engagement d’exilés syriens au Liban et en France
  • Chaymaa Hassabo, Southern center for Inequalities Studies, Wits University, Johannesburg, (Afrique du Sud), Trajectoires ordinaires, événement révolutionnaire : Militantisme égyptien de 2011 à 2014
  • Laura Ruiz de Elvira, IRD, Ceped, (France), Les mille et une vies d’Abu Joud. Ce que la « crise » syrienne fait aux parcours de vie
  • Christoph H. Schwarz, Institut d’Intervention Psycho-Sociale et des Recherches sur la Communication, Université d’Innsbruck, (Autriche), Socialisation politique et crises biographiques dans les processus d’engagement et désengagement aux mouvement sociaux

A73 - Ce que les crises politiques font aux trajectoires individuelles FR

Michel Dobry définit les « crises politiques » comme des « processus sociaux aboutissant, ou susceptibles d’aboutir, à des ruptures dans le fonctionnement des institutions politiques, pas nécessairement légitimes, propres à un système social et paraissant menacer la persistance de ces institutions ». Les travaux sur cet objet constitutif des sciences sociales ont mis en lumière certaines caractéristiques de ces moments :  perte de capacité de l’État à exercer ses monopoles de violence physique et symbolique légitimes, plasticité des structures, désobjectivisation des rapports sociaux, bouleversement des rôles des acteurs et de leurs identités, entreprises de conversion des différentes espèces de capitaux, ou encore la redéfinition des rapports intergénérationnels et de genre. L’attention se porte alors sur les aspects les plus visibles du changement et les niveaux méso et macro concentrent la plupart des études, que ce soit dans les domaines politiques, économiques, sociaux ou culturels.
Ce panel propose de changer la focale pour réfléchir, dans une démarche résolument pluridisciplinaire, à l’incidence des conjonctures de crises sur les trajectoires individuelles. A partir d’une série d’études de cas, croisant la Syrie, le Maroc, le Liban, l’Egypte et l’Algérie, et portant essentiellement sur des parcours militants et d’intellectuels, il analysera l’articulation entre ce qu’est une « crise », ce qu’elle fait aux individus et comment en retour, ceux derniers en viennent à faire la crise. En effet, on ne peut pas comprendre la manière dont les sociétés se (re)composent suite aux conjonctures « fluides » sans analyser comment celles-ci altèrent les parcours individuels, font bifurquer parfois les trajectoires professionnelles et militantes, redéfinissent les univers de sens, et affectent les états émotionnels et affectifs.

Responsables : Matthieu Rey, Institut Français du Proche Orient (IFPO) ; Laura Ruiz de Elvira, IRD, Ceped, France 


  • Layla Baamara, MEAE, IRMC, Militantes et militants face au soulèvement populaire algérien
Que deviennent les individus engagés de longue date dans des formes organisées de contestation quand les protestations prennent une tournure révolutionnaire ? En février 2019 à Alger, les militant·e·s sont – comme tout le monde – surpris·es par le soulèvement sans précédent de citoyen·nes qui déferlent dans les rues du pays contre le 5e mandat auquel prétend le président Abdelaziz Bouteflika. Un soulèvement qui se caractérise aussi par un dépassement des pratiques habituelles de contestation, l’absence de leaders et le rejet des structures existantes. À partir d’entretiens réalisés entre 2019 et 2021 auprès de militant·es déjà engagé·es, cette communication questionne comment les bouleversements observables depuis février 2019 sont vécus à l’échelle des trajectoires individuelles. En étudiant de près et sur le long cours des parcours d’engagement, j’explore plus précisément comment la crise politique – et l’incertitude qui l’accompagne – bouscule les croyances, les pratiques et, in fine, les engagements militants. Il s’agit de contribuer ainsi non seulement à la compréhension à la séquence politique qui s’ouvre en février 2019, mais aussi à une histoire de la contestation en Algérie.


  • François Ceccaldi, EHESS, Collège de France, (France), Déclenchement de la seconde Intifada et modification des trajectoires partisanes au sein du mouvement national palestinien
La visite d’Ariel Sharon, chef de l’opposition israélienne, sur l’esplanade des mosquées le 28 septembre 2000 est considérée comme l’événement déclencheur du soulèvement palestinien. Il n’explique pas à lui seul l’éclatement de ce qu’il est convenu d’appeler la seconde Intifada, ou Intifada al-Aqsa ; cette dernière traduit aussi une frustration palestinienne, une colère populaire, que l’absence de résultats politiques promis par le processus de négociation d’Oslo, a contribué à faire naître. 
L’Intifada ouvre une nouvelle séquence dans le processus d’Oslo. Ses dynamiques modifient structurellement les équilibres politiques et brouillent les clivages traditionnels entre partisans et opposants d’Oslo mais aussi – chose nouvelle, ou du moins distincte – entre partisans et opposants à la direction palestinienne. L’irruption du soulèvement et la violence de la répression israélienne laisse peu d’espace aux factions dont les moyens d’action traditionnels sont mis à l’épreuve. L’Intifada déstructure le camp palestinien : elle le confronte à ses choix politiques et aux méthodes que chacun emploie pour répondre à la répression. 
Cette communication visera à interroger les modifications des trajectoires partisanes au sein du mouvement national palestinien induites par le déclenchement de l’Intifada. Elle se concentrera en particulier sur la trajectoire des militants des factions membres de l’OLP en montrant la manière dont la crise politique remodèle le champ partisan ou, au contraire, gèle certaines dynamiques politiques durant cette période.


  • Léo Fourn, Sciences Po Aix, MESOPOLHIS, (France), L’exil comme espace de dépolitisation ? Les modulations de l’engagement d’exilés syriens au Liban et en France
Les militants révolutionnaires qui quittent la Syrie à partir de 2011 tentent de continuer à défendre leur cause à distance, depuis leurs pays d’exil. Malgré l’adversité de l’exil, la continuité de leur engagement est indéniable. Cependant, on peut se demander, pour nuancer ce constat de continuité, dans quelle mesure l’exil contribue à une prise de distance progressive de ces révolutionnaires par rapport à la cause de la révolution. Cette communication propose d’aborder la thématique, désormais classique en sociologie des mobilisations, du désengagement militant, à partir du cas de révolutionnaires syriens exilés au Liban et en France. Entre les extrêmes de l’engagement total et du désengagement, on observe une infinité de nuances d’engagement. Je questionnerai la façon dont les conditions différenciées d’exil influencent l’évolution du militantisme à distance en étudiant au plus près les parcours biographiques de militants. 


  • Chaymaa Hassabo, Southern center for Inequalities Studies, Wits University, Johannesburg, (Afrique du Sud), Trajectoires ordinaires, événement révolutionnaire : Militantisme égyptien de 2011 à 2014
Les événements égyptiens de 2011 et leurs différents développements ont souvent été analysés selon des approches globalisantes cherchant à identifier les grandes causes de ce bouleversement et ses conséquences politiques. Aussi, les études ont cherché à confirmer ou infirmer la qualification révolutionnaire à ces événements. Cette communication part d’une approche micro et subjective qui vise à comprendre comment ces moments constituent, autant des moments de rupture, et de continuité, dans les trajectoires d’individus dont l’événement révolutionnaire représente et façonne leur quotidien sur une période assez importante (soit trois ans de 2011 à 2014).
Autour de la trajectoire de deux militant(es), l’un engagé depuis le milieu des années 2000, l’autre engagé pendant l’événement révolutionnaire de 2011, cette communication entend revenir sur la façon dont les individus décrivent, vivent au quotidien, et questionnent un moment de ce type. Elle précise l’insertion de l’individu dans des séquences historiques différentes : le moment révolutionnaire, ses lendemains, etc. Autour de ces moments, se joue une relation entre individus, moment ordinaire, et crise. Comment font-ils lorsque d’une situation pacifique il y a passage à la violence ? Comment justifient-ils, légitiment-ils et expliquent-ils leur passage à cette violence qu’ils nomment révolutionnaires ? Comment ces moments façonnent leur quotidien ?  Comment identifient-ils leurs cibles ?  Comment se positionnent-ils lorsque la révolution donne à voir une transition politique ?  Quels sont les rapports intergénérationnels entre les différentes cohortes de militants quant à leur approche des événements révolutionnaires ? 


  • Matthieu Rey, Département des études contemporaines, IFPO (Institut Français du Proche Orient), 1979, regard sur la crise politique syrienne à l’aune des mémoires militantes
1979 a été principalement renommé au Moyen Orient par les événements iraniens, avec l’avènement de la république islamique d’Iran. Pourtant cette date marque également une césure dans le parcours des militants de nombreuses autres régions. En Syrie, autour de la tuerie à l’académie militaire à Alep, quelque chose se passe qui fait qu’un avant et un après se dessinent. Plus qu’interroger la nature de l’événement et de voir les organisations agissantes à ce moment-là, cette communication propose d’étudier la manière dont cet été marque, dans les mémoires individuelles des Frères musulmans, un temps charnière. 
Depuis 1976, plusieurs groupes contestent le pouvoir de Hafez al-Assad. Parmi eux, la Confrérie des Frères musulmans et l’avant-garde combattante, se font connaître pour leur opposition au caractère despotique du régime. Plusieurs modes de contestation émergent depuis le coup de main, en passant par des mobilisations de rue. Rapidement, Alep et Hama deviennent les deux centres majeurs autour desquels se structurent la lutte contre le régime. Adnan Saad ed Din, délégué de la confrérie à Hama, et proche de l’avant-garde combattante, devient l’un des acteurs clés qui pousse à une radicalisation du combat. Il est appuyé en cela par les militants qui font face à une répression importante à l’été 1979.
La présente intervention s’intéressera à la manière dont Adnan Saad ed Din définit ces événements par rapport à un ensemble d’autres mémoires individuelles. Producteur d’une œuvre volumineuse – cinq volumes de mémoire -, acteur indéniable du soulèvement de Hama de 1982, dont l’ombre a pu masquer les expériences antérieures, sa trajectoire repensée à l’aune de ses mémoires permet tout à la fois de questionner le moment de crise et ses suites, mais aussi les modes de mémorisation et transmission au soir de la vie de l’acteur. 


  • Laura Ruiz de Elvira, IRD, Ceped, (France), Les mille et une vies d’Abu Joud. Ce que la « crise » syrienne fait aux parcours de vie
Si la « crise révolutionnaire » syrienne de 2011, et la guerre qui s’en est suivie, ont été étudiées par de nombreux chercheurs sous l’angle des mobilisations collectives, de la destruction des infrastructures, ou encore des dynamiques migratoires qu’elles ont générées, peu de travaux se sont penchés sur comment elles ont affecté et façonné les trajectoires individuelles. Pourtant, les parcours de vie des citoyens et citoyennes syriens, qu’ils renvoient à des carrières militantes ou à des parcours plus « ordinaires », nous semblent particulièrement heuristiques pour explorer ce que les « crises politiques » d’ampleur font aux individus : reconfiguration des réseaux interpersonnels, des liens sociaux familiaux et amicaux, processus de politisation et radicalisation, nouvelles formes d’engagement et désengagement, logiques migratoires multiples, foisonnement des émotions et de sentiments ambivalents, poids de l’incertitude dans la prise des décisions, etc.
A partir de l’étude de cas d’une trajectoire singulière – celle d’Abu Joud, un jeune syrien qui faisait son service militaire lorsque le mouvement protestataire s’enclenche – nous proposons d’étudier comment les « crises » transforment la vie des individus. Suivant une perspective microsociologique et de carrière, nous proposons de nous concentrer plus particulièrement sur les questions des liens familiaux, les logiques militantes et les « états affectifs ». 


  • Christoph H. Schwarz, Institut d’Intervention Psycho-Sociale et des Recherches sur la Communication, Université d’Innsbruck, (Autriche), Socialisation politique et crises biographiques dans les processus d’engagement et désengagement aux mouvement sociaux
Depuis le Printemps Arabe, de nombreux auteurs ont mis l'accent sur l'émergence d'une nouvelle subjectivité politique dans la région, d'autres soulignent une nouvelle compréhension de son propre rôle en tant que citoyen, dans le contexte d’une « crise de citoyenneté ». Classiquement, l’analyse de ces types des questions incomberait au domaine de la recherche sur la socialisation politique. Mais ce terme n'a guère été utilisé dans les recherches sur les mouvements sociaux et la jeunesse dans la région Maghreb / Moyen Orient depuis 2011. Afin d’approfondir l’idée de « l’individu politisé en pluralité », cette intervention propose de revenir sur les discussions de la socialisation politique depuis une perspective biographique. Se basant sur des récits de vie avec des activistes au Maroc et dans la diaspora en Europe, cette intervention discute la gamme conceptuelle des processus biographiques et les concepts respectifs de « crise ».

What political crises do to individual trajectories

Michel Dobry defines 'political crises' as social processes leading, or likely to lead, to ruptures in the functioning of the political institutions (not necessarily legitimate) specific to a social system. Works on this constituent object of the social sciences have highlighted certain characteristics of these moments: the loss of the state's capacity to exercise its legitimate monopolies of physical and symbolic violence, the plasticity of structures, the de-objectification of social relations, the reconfiguration of the roles of actors and their identities, the conversion of different types of capital, or else the redefinition of intergenerational and gender relations. Attention is therefore usually focused on the most visible aspects of change, and the meso and macro levels concentrate most studies, whether in the political, economic, social or cultural fields.
This panel proposes to shift the analysis to reflect, following a multidisciplinary approach, on the impact of crisis situations on individual trajectories. Based on a series of case studies, combining Syria, Morocco, Lebanon, Egypt and Algeria, and focusing on the case of activists and intellectuals, it will study the link between what a "crisis" is, what it does to individuals and how, in return, the latter come to make the crisis. Indeed, we cannot understand the way in which societies are (re)composed following 'fluid' conjunctures without analyzing how these alter individual paths, sometimes fork professional and activist trajectories, redefine universes of meaning, and affect emotional and affective states.

Responsables : Matthieu Rey, Institut Français du Proche Orient (IFPO) ; Laura Ruiz de Elvira, IRD, Ceped, France 


  • Layla Baamara, MEAE, IRMC, Activists facing the Algerian popular uprising
What happens to individuals who have long been involved in organized forms of protest when the protests take a revolutionary turn? In February 2019 in Algiers, activists were - like everyone else - surprised by the unprecedented uprising of citizens who took to the streets of the country against the fifth mandate to which President Abdelaziz Bouteflika pretended. Overcoming the usual protest practices, the absence of leaders and rejection of existing structures also characterized this uprising. Based on interviews conducted between 2019 and 2021 with activists already involved, this paper questions how they lived and experienced individually the upheavals observable since February 2019. By studying closely and over the long term individual protest trajectories, I explore more precisely how the political crisis - and the uncertainty that accompanies it - shakes up beliefs, practices and activist commitments. The aim is to contribute to the understanding of the political sequence that opens in February 2019 and the history of protests in Algeria.


  • François Ceccaldi, EHESS, Collège de France, (France), Partisan trajectories within the Palestinian national movement: what changed with the second Intifada
On September 28th 2000, Ariel Sharon, who was then the right-wing Israeli opposition leader, visited the Al Aqsa Mosque Compound. This visit is considered to be the triggering event of the Palestinian uprising, albeit not the only reason for the outbreak of the so-called second Intifada, or al-Aqsa Intifada. The latter also reflects Palestinian frustration and a popular anger, fuelled by the absence of the political results promised by the Oslo negotiation process. 
The Intifada opened a new sequence in the Oslo process. Its dynamics structurally modified the traditional political divisions between supporters of and opponents to Oslo and the Palestinian leadership. Thus, the Palestinian factions were also forced to change their means of struggle and resistance. 
This presentation seeks to interrogate the partisan trajectories within the Palestinian national movement during this period. It will focus on the trajectory of the members of the PLO factions by showing how the political crisis reshaped the political landscape or, on the contrary, freezed certain political dynamics.


  • Léo Fourn, Sciences Po Aix, MESOPOLHIS, (France), Exile as a space of depoliticization? Modulations of the activism of Syrian exiles in Lebanon and France
The revolutionary activists who left Syria after 2011 tried to continue defending their cause at a distance, in their countries of exile. Despite the adversity of exile, the continuity of their activism is undeniable. However, in order to nuance this assumption of continuity, we can consider the extent to which exile contributes to a progressive distancing of these revolutionaries from the cause of the revolution. This paper proposes to address the theme of militant disengagement, which has become a classic in the sociology of mobilizations, based on the case of Syrian revolutionaries exiled in Lebanon and France. Between the extremes of total commitment and disengagement, we can observe an infinite number of nuances of commitment. I will question the way in which the differentiated conditions of exile can influence the evolution of activism at a distance by closely studying the biographical paths of activists. 


  • Chaymaa Hassabo, Southern center for Inequalities Studies, Wits University, Johannesburg, (Afrique du Sud), Ordinary trajectories, revolutionary events. Activism in Egypt between 2011 and 2014
The different analyses of the 2011 Egyptian events and their developments have often used globalizing approaches to identify the prominent causes of this upheaval and its political consequences. Indeed, different studies have looked into confirming or negating the revolutionary qualification of such events. However, this presentation applies a micro and subjective approach to understanding how these events have represented both moments of rupture and continuity in the trajectories of individuals and shaped their everyday lives during an important time span (2011-2014). 
Based on the life trajectory of two activists, one who has been committed to politics since the mid-2000s, while the other got into politics during the revolutionary moment of 2011, this presentation seeks to show how individuals describe, live, and question such a moment. Furthermore, it pinpoints the individual insertion in different historical sequences: the revolutionary moment and its aftermaths. These moments witness the interplay between individuals, the ordinary, and the crisis. What do they do when a pacifist situation moves into violence? How do they justify, legitimate, and explain their turn to violence? How do these moments shape their everyday life? How do they identify their protagonists? How do they position themselves when revolution becomes a moment of political transition? How are the intergenerational relations between the different cohorts of activists shaped according to their understanding of the revolutionary events?


  • Matthieu Rey, Département des études contemporaines, IFPO (Institut Français du Proche Orient), 1979, perspectives on the Syrian crisis from Activist Memoirs.
1979 is a well-known milestone in Middle Eastern history, as the Iranian Revolution broke out during this year. However, this moment echoed other critical episodes in the area. In Syria, after the attack of the military academy in Aleppo, something changed. The current presentation will focus on the narrative around this summer in different memoirs, to understand what this milestone meant for activists. It will shed light on personal path rather than institutional or partisan histories. 
From 1976 onwards, several groups started to contest the Hafez al-Assad regime. The Muslim Bortherhood was one of them and it joined others such as the Fighting Vangard, in order to undermine the Assad regime. They used several means such as demonstrating or targetting authorities. Aleppo and Hama quickly became the main hub of the protests. Adnan Saad al-Din, representative of the Muslim Brotherhood in Hama, and close ally to the Fighting Vangard, became the leaders of those who refused any kind of negotiation, and pushed towards armed actions. 
The current presentation will explore how Adnan Saad al-Din scrutinized these events in his memoirs. He wrote a massive monument of five volumes, discussing other souvenirs. He aimed to precise Muslim Brotherhood legitimacy and correct misunderstandings around their involvement in the late 1970s. It is a unique piece of evidence of how crise reshaped personal parth but also, how memory affected the narrative after the crise. 


  • Laura Ruiz de Elvira, IRD, Ceped, (France), Abu Joud’s 1001 lives. What the Syrian "crisis" does to life courses
While the Syrian "revolutionary crisis" of 2011, and the ensuing war, have been studied by many researchers from the perspective of collective mobilisations, the destruction of infrastructures, or the migratory dynamics that they generated, few studies have examined how they affected and shaped individual trajectories. However, the life paths of Syrian citizens, whether they refer to militant careers or more "ordinary" paths, seem to us to be particularly heuristic for exploring what large-scale "political crises" do to individuals: reconfiguration of interpersonal networks, family and friendship social ties, processes of politicization and radicalisation, new forms of commitment and disengagement, multiple migratory logics, an abundance of emotions and ambivalent feelings, the weight of uncertainty in decision-making, etc. Based on the case study of a singular trajectory - that of Abu Joud, a young Syrian who was doing his military service when the protest movement started - we propose to study how "crises" transform the lives of individuals. Following a micro-sociological and career perspective, we propose to focus particularly on issues of family ties, militant logics and "affective states". 


  • Christoph H. Schwarz, Institut d’Intervention Psycho-Sociale et des Recherches sur la Communication, Université d’Innsbruck, (Autriche), Political socialization and biographical crises in the processes of engagement and disengagement in social movements
Since the Arab Spring, many authors have emphasized the emergence of a new political subjectivity in the region, while others point to a new understanding of one's own role as a citizen, in the context of a "crisis of citizenship". Classically, the analysis of these types of issues would fall within the field of political socialization research. But this term has hardly been used in research on social movements and youth in the Maghreb/Middle East since 2011. In order to further explore the idea of the "politicized individual in plurality," this intervention proposes to revisit discussions of political socialization from a biographical perspective. Based on life stories with activists in Morocco and in the diaspora in Europe, this intervention discusses the conceptual range of biographical processes and the respective concepts of "crisis".

>