Responsable: >Ester Sigillò

A58 - Sociétés civiles en crises : Enjeux et reconfigurations politiques dans le monde arabe après 2011 2/2

Date : 2022-09-22 | 11:00:00-13:00:00

Évènement : Symposium CriseS

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ESCT
Salle :
D18
Responsable : Ester Sigillò
Modérateur·trice :
Discutant·e : Benoit Challand
Les intervenant·e·s :
Lizzola Irene Université de Bordeaux
Ramzy Farah European University Institute
Ruiz de Elvira Laura Institut de Recherche pour le Développement
Sigillò Ester Università di Bologna

A58 - Sociétés civiles en crises : Enjeux et reconfigurations politiques dans le monde arabe après 2011 2/2 FR

Salle: D18

Responsable : Ester Sigillò, University of Bologna, Italy
Discutant : Benoit Challand, New School for Social Research, United States

  • Irene Lizzola, Sciences Po Bordeaux, (France), Plaider pour l’abolition de la peine de mort et la réforme de la “gouvernance sécuritaire” au Maroc: pluralité normative et dimension politique des circulations normatives transnationales droitsdelhommistes

  • Farah Ramzy, Université de Strasbourg, (France), Pour la défense du quartier : Modalités et contradictions de l’action collective virtuelle des habitants des quartiers bourgeois du Caire

  • Laura Ruiz de Elvira, IRD, CEPED, (France), La politisation et l’internationalisation de la société civile syrienne en temps de crise politique

  • Ester Sigillò, Université de Bologne, (Italie), Société civile et lutte anticorruption dans le cadre de la reconfiguration du pouvoir en Tunisie et Algérie

  • Irene Lizzola, Sciences Po Bordeaux, (France), Plaider pour l’abolition de la peine de mort et la réforme de la “gouvernance sécuritaire” au Maroc: pluralité normative et dimension politique des circulations normatives transnationales droitsdelhommistes
En partant de l’hypothèse que la circulation transnationale des références normatives exerce un impact sur les processus de création et d’interprétation des normes au niveau national (Dezalay et Garth 2002; Delpeuch 2006, 2008), en prenant le milieu associatif marocain de défense des droits de l’homme comme cas d’étude, nous décrirons le pluralisme normatif caractérisant le discours sur les droits de l’homme s’exprimant dans plusieurs « sites » et contextes d’interaction.
De même, nous mettrons en lumière les dynamiques de politisation et dépolitisation intéressant les pratiques de plaidoyer des ONG de défense des droits de l’homme dans le cadre desquelles cette pluralité s’exprime (Catusse et Vairel, 2010 ; Gaudin et al., 2019).
En combinant les apports de la sociologie politique de l’international, la sociologie et l’anthropologie du droit (Keck et Sikkink 1998; Goodale et Merry 2007) et l’ethnométhodologie du droit (Travers et Manzo 1997; Dupret 2006), nous procéderons à une comparaison entre deux cas d’étude issus de notre terrain d’enquête auprès d’acteurs associatifs marocains : la campagne pour l’abolition de la peine de mort et les initiatives de réforme de la “gouvernance sécuritaire”.


  • Farah Ramzy, Université de Strasbourg, France, Pour la défense du quartier : Modalités et contradictions de l’action collective virtuelle des habitants des quartiers bourgeois du Caire
Face à un plan de réaménagement urbain entamé par l’Etat, les voix des habitants de certains quartiers aisés comme Zamalek et Héliopolis s’expriment contre les inconvénients du réaménagement urbain. Les problèmes signalés vont des accidents de route, l’atteinte à l’architecture historique, le déracinement d’arbres jusqu’à l’expression d’un agacement de la modification de la géographie, à la fois physique et humaine du quartier.
Graduellement, se construisent des espaces virtuels, notamment des groupes Facebook pour les habitants du quartier. Loin d’être des espaces de contestations, ces groupes portent plutôt des plaintes, qui parfois, comme dans le cas d’un projet de construction d’un pont à Korba en 2019 peuvent se transformer en une sorte de protestation électronique contre un projet. En temps ordinaires, ces groupes constituent aussi des espaces de plaidoyer par rapport aux problèmes quotidiens du quartier.
Cette communication présente comment ces espaces virtuels des quartiers bourgeois constituent des lieux citoyens pour coordonner des actions collectives pour résoudre des problèmes.  


  • Laura Ruiz de Elvira, IRD, CEPED, (France), La politisation et l’internationalisation de la société civile syrienne en temps de crise politique
Michel Dobry définit les crises politiques comme des conjonctures fluides « susceptibles d’aboutir à des ruptures dans le fonctionnement des institutions politiques, pas nécessairement légitimes, propres à un système social et paraissant menacer la persistance de ces institutions ». Lors de ces situations non routinières, l’État perd sa capacité à exercer ses monopoles de violence physique et symbolique légitimes, les rapports sociaux ordinaires sont renversés (bouleversement des contraintes habituelles et des rôles des acteurs), et les identités bouleversées. Cette communication propose d’explorer ce que les crises politiques font aux sociétés civiles dans les pays autoritaires. A partir de l’étude de cas syrien – où j’ai mené mes recherches doctorales entre 2007 et 2012 auprès d’associations de bienfaisance, puis postdoctorales auprès d’acteurs engagés dans l’action révolutionnaire et dans l’aide humanitaire – je m’intéresserai à deux logiques observables au sein de la société civile de ce pays depuis 2011. D’une part, la politisation (politisation des répertoires d’action et des registres de justification, montée en généralité, imbrication avec la politique partisane) et d’autre part l’internationalisation (au niveau des financements, de l’appartenance à de réseaux internationaux, du rôle de la diaspora…).


  • Ester Sigillò, Université de Bologne, (Italie), Société civile et lutte anticorruption dans le cadre de la reconfiguration du pouvoir en Tunisie et Algérie
Au cours de la dernière décennie, plusieurs auteurs ont commencé à réfléchir aux mobilisations contre la corruption « par le bas », sans pourtant prendre en compte les spécificités des pays où de profonds changements politiques ont eu lieu, ni les mécanismes de diffusion et d'appropriation des dispositifs de la lutte anticorruption autour de la notion de « société civile ». Les cas de la Tunisie et de l'Algérie sont pertinents dans la mesure où, dans ces deux pays, la lutte contre la corruption s'est superposée aux revendications populaires de changement de régime et à une dynamique de reconfiguration du pouvoir politique. En Tunisie, après 2011, les paradigmes de la « bonne gouvernance » ont été diffusés par les acteurs internationaux et internalisés par des associations locales. En Algérie, dans le cadre du mouvement contestataire populaire Hirak, le nouveau président a construit sa légitimité à travers une campagne contre « les clans corrompus proches de Bouteflika ». Cette contribution analyse les dynamiques de mobilisation des acteurs associatifs et leurs relations avec les autres acteurs impliqués dans les dispositifs de lutte anticorruption, en dépassant une approche normative et en proposant une analyse basée sur les spécificités des contextes. 

  • Irene Lizzola, Sciences Po Bordeaux, (France), Advocating for death penalty’s abolition and “security governance” reforms in Morocco: normative plurality and political dimension of a transnational human rights discourse
Considering that the transnational circulation of normative references has an impact on norms’ creation and interpretation processes at the national level (Dezalay and Garth 2002; Delpeuch (2006, 2008), and taking Moroccan human rights NGOs’ advocacy practices as a case study, we will analyze the normative plurality proper to the human rights discourse, as it is mobilized within different “sites” and contexts of interaction. Therefore, we will highlight the politicization and depoliticisation dynamics at play within human rights NGOs’ advocacy practices (Catusse and Vairel, 2010; Gaudin et al., 2019).
By combining contributions from international political sociology, sociology and anthropology of law (Keck and Sikkink 1998; Goodale and Merry 2007) and ethnomethodology of law (Travers and Manzo 1997; Dupret 2006), we will carry out a comparison between two empirical case studies: the Moroccan campaign for the abolition of the death penalty and the reform initiatives in the “security governance” field.


  • Farah Ramzy, European University Institute, (Italie), In defense of the neighborhood: modalities and contradictions of virtual collective action in bourgeois neighborhoods in Cairo
Faced with an urban development plan initiated by the State, the voices of the inhabitants of certain wealthy neighborhoods in Cairo such as Zamalek and Heliopolis rose to denounce some perceived disadvantages of such a plan. Reported problems range from traffic accidents, threats to historic architecture, uprooting of trees, to expressions of annoyance at the change in the geography, both physical and human, of the neighborhood.
Gradually, new virtual spaces emerged, in the form of Facebook groups gathering the inhabitants of the district. Far from being spaces for protest, these groups are about sharing complaints, although sometimes, as in the case of a project to build a bridge in Korba in 2019, they can facilitate some kind of space for electronic expression of dissent. In ordinary times, these groups constitute spaces for advocacy to shed light on the daily problems of the neighborhood.
This communication presents how these virtual spaces of bourgeois neighborhoods constitute civic spaces to coordinate collective actions to solve problems.


  • Laura Ruiz de Elvira, IRD, CEPED, (France), The politicization and internationalization of Syrian civil society in times of political crisis
Michel Dobry defines political crises as fluid conjunctures "likely to lead to ruptures in the functioning of the political institutions, not necessarily legitimate, specific to a social system and appearing to threaten the persistence of these institutions". In these non-routine situations, the state loses its capacity to exercise its legitimate monopolies of physical and symbolic violence, ordinary social relations are overturned (disrupting the usual constraints and roles of actors), and social identities are disrupted. This paper proposes to explore what political crises do to civil societies in authoritarian countries. Based on the Syrian case study - where I conducted my doctoral research between 2007 and 2012 with charitable associations, as well as my post-doctoral research with actors involved in revolutionary action and humanitarian aid - I will focus on two logics that have been observable within the civil society of this country since 2011. On the one hand, politicization (politicization of the repertoires of action and registers of justification, montée en généralité, imbrication with partisan politics) and on the other hand, internationalization (at the level of funding, membership in international networks, the role of the diaspora...).


  • Ester Sigillò, Université de Bologne, (Italie), Civil society and the fight against corruption in the context of the reconfiguration of power in Tunisia and Algeria
Over the past decade, several authors have begun to reflect on mobilizations against corruption "from below", without taking into account the specificities of countries where profound political changes have taken place, nor the mechanisms of diffusion and appropriation of anti-corruption mechanisms around the notion of "civil society". The cases of Tunisia and Algeria are relevant insofar as, in these two countries, the fight against corruption was superimposed on popular demands for regime change and on a dynamic of reconfiguration of political power. In Tunisia, after 2011, the paradigms of "good governance" were disseminated by international actors and internalized by local associations. In Algeria, in the context of the popular protest movement Hirak, the new president built his legitimacy through a campaign against "corrupt clans close to Bouteflika". This paper analyzes the dynamics of mobilization of associative actors and their relations with other actors involved in anti-corruption mechanisms, going beyond a normative approach and proposing an analysis based on the specificities of the contexts. 



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