Responsable: >Marine Poirier & Sahar Aurore Saeidnia

AG44 - Gouverner dans la crise. La matérialité de l’action publique dans les contextes extraordinaires 1/2

Date : 2022-09-23 | 11:00:00-13:00:00

Évènement : Symposium CriseS

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
ESCT
Salle :
D18
Responsable : Marine Poirier & Sahar Aurore Saeidnia
Modérateur·trice :
Discutant·e : Layla Baamara
Les intervenant·e·s :
Jouhanneau Cécile Université Paul Valéry Montpellier
Poirier Marine Aix-Marseille Université
Abescat Camille Science Po Paris

Crises et politique

AG44 - Gouverner dans la crise. La matérialité de l’action publique dans les contextes extraordinaires 1/2 FR

Salle : D18
Responsables : Marine Poirier, CNRS, IREMAM, France et Sahar Aurore Saeidnia, Université libre de Bruxelles, REPI/OMAM, Belgique 
Discutante : Layla Baamara, IRMC, Tunis

  • Cécile Jouhanneau, Université Paul-Valéry Montpellier 3, ART-Dev, (France), Ce que la guerre fait à l’action publique. Enquête sur la lutte contre le chômage en Bosnie-Herzégovine (1951-2018) 
  • Marine Poirier, CNRS, IREMAM, (France) Produire de l’action publique dans le Yémen en guerre, un enjeu de survie pour les dirigeants politiques. Retour sur les luttes autour du contrôle des infrastructures des eaux à Aden 
  • Camille Abescat, Sciences Po, CERI / IFPO, (France), « Les gens veulent tous un travail mais il n’y en a pas » : appréhender la crise du chômage en Jordanie à partir du point de vue de ses député-e-s. 

AG44 - Gouverner dans la crise. La matérialité de l’action publique dans les contextes extraordinaires 1/2 FR

À situation extraordinaire, problèmes extraordinaires ? Ce panel interroge comment la crise sanitaire inédite provoquée par le Covid-19 a bousculé les modes de fonctionnement routiniers des acteurs du welfare d’une région qualifiée « en crise » depuis des décennies – crises politiques, crises des réfugiés, crises sociales, financières ou encore économiques. Il invite à réfléchir plus largement aux effets de la situation de crise et de la « mise en crise » sur les modes de calcul, d’action et de prise de décision ordinaires d’acteurs devant prendre en charge les vulnérabilités sociales. Dans des contextes d’incertitude aiguë où les demandes de la population en action publique sont décuplées, comment l’action publique ordinaire est-elle mise à l’épreuve ? Quels sont les mécanismes permettant aux acteurs du gouvernement de la crise de redistribuer des ressources, de tenir et d’entretenir les services publics ? La mise en dialogue de ces cas limites, couvrant une région allant de l’épicentre iranien à la Méditerranée et s’appuyant sur des enquêtes individuelles et collectives originales, permettra d’examiner ce qu’il reste des mécanismes ordinaires d’action publique dans des situations extraordinaires. Une attention particulière sera accordée aux dimensions matérielles des circulations et transactions entre acteurs locaux, régionaux et internationaux participant au gouvernement de la crise.

Responsables : Marine Poirier, CNRS, IREMAM, France et Sahar Aurore Saeidnia, Université libre de Bruxelles, REPI/OMAM, Belgique 
Discutante : Layla Baamara, IRMC, Tunis

  • Cécile Jouhanneau, Université Paul-Valéry Montpellier 3, ART-Dev, (France), Ce que la guerre fait à l’action publique. Enquête sur la lutte contre le chômage en Bosnie-Herzégovine (1951-2018) 
Au même titre que les pandémies et les crises économiques, les guerres sont souvent présentées comme des chocs exogènes sources de changement des politiques publiques et des institutions. La guerre transforme-t-elle forcément la fabrique de l’action publique et si oui, comment ? En prenant pour objet un segment négligé de l’action publique en Bosnie-Herzégovine, les politiques de lutte contre le chômage, on met en évidence les continuités relatives du gouvernement de l’emploi avant, pendant et après la guerre de 1992-1995. L’enquête conduite à différents niveaux de la fabrique de l’action publique, des institutions financières internationales aux échelons entitaires, cantonaux et municipaux suggère que les relations entre les agents de l’intervention de paix et leurs interlocuteurs politiques bosniens sont faites de dépendance mutuelle et de pratiques d’externalisation du travail bureaucratique. De façon similaire à la Yougoslavie socialiste, les partis de gouvernement pèsent de façon discrète sur la fabrique de ces politiques.

  • Marine Poirier, CNRS, IREMAM, (France) Produire de l’action publique dans le Yémen en guerre, un enjeu de survie pour les dirigeants politiques. Retour sur les luttes autour du contrôle des infrastructures des eaux à Aden 
Cette communication analyse comment la capacité à formuler et mettre en place des politiques publiques, et plus généralement à redistribuer des ressources, constitue un enjeu central pour les dirigeants politiques civils dans le Yémen en guerre. A partir d’une enquête auprès des représentants de deux gouvernements concurrents à Aden (le gouvernement Hadi et le Conseil de transition sudiste), j’étudierai comment se déploient les luttes pour le contrôle de la compagnie nationale d’assainissement de l’eau mais aussi des réseaux de distribution de l’eau dans le gouvernorat d’Aden. J’examinerai les effets de contrainte mais aussi d’opportunité produits par la situation de crise et de conflit armé pour les dirigeants civils, dont la légitimité dépend de leur capacité à produire et matérialiser l’action publique sur le terrain, dans un contexte de crise sanitaire et humanitaire majeure (choléra, famine, COVID-19). 

  • Camille Abescat, Sciences Po, CERI / IFPO, (France), « Les gens veulent tous un travail mais il n’y en a pas » : appréhender la crise du chômage en Jordanie à partir du point de vue de ses député·es. 
Cette communication vise à analyser les effets de la réduction du champ de la redistribution clientélaire sur le quotidien et les pratiques des député-e-s jordaniens et jordaniennes. Alors que la crise du COVID-19 a largement aggravé les taux de pauvreté et de chômage dans le pays, les élu-e-s à la Chambre des député-e-s (majlis al-nuwwâb), intermédiaires vers qui se tourne une population de plus en plus précarisée, sont parmi les premiers et premières témoins d’une telle dégradation. À partir d’enquêtes de terrain conduites entre 2019 et 2022, j’étudierai dans quelle mesure ces représentant-e-s peuvent satisfaire ces demandes décuplées, dans un contexte où le secteur privé offre aujourd’hui peu d’opportunités d’emplois alors que celui-ci représentait jusqu’à lors une alternative au secteur public saturé. Il s’agira de comprendre comment les député·es parviennent, ou non, à faire face à une telle pression et à entretenir ces relations clientélaires qu’ils et elles savent pourtant si nécessaires à leur potentielle future réélection. Cette communication aspire ainsi à mettre en lumière tant les modalités de transformation et de complexification du clientélisme que les effets de ces mutations dans un contexte néolibéral et autoritaire.

Governing the crisis. The materiality of public action in extraordinary contexts

Extraordinary situations, extraordinary problems? This panel examines how the unprecedented health crisis caused by Covid-19 has shaken up the routine operations of welfare workers in a region that has been described as "in crisis" for decades - political crises, refugee crises, social, financial and economic crises. It invites us to reflect more generally on the effects of the crisis situation on the ordinary methods of calculation, action and decision-making of actors who have to deal with social vulnerabilities. In contexts of acute uncertainty where the demands of the population in public action have dramatically expanded, how is the « ordinary » public action put to the test? What are the mechanisms that enable actors governing the crisis to redistribute resources and maintain public services? Putting these borderline cases into dialogue, covering a region ranging from the Iranian epicentre to the Mediterranean and based on original individual and collective surveys, will make it possible to examine what remains of ordinary public action mechanisms in extraordinary situations. Particular attention will be paid to the material dimensions of the circulations and transactions between local, regional and international actors involved in governing the crisis.

Responsables : Marine Poirier, CNRS, IREMAM, France et Sahar Aurore Saeidnia, Université libre de Bruxelles, REPI/OMAM, Belgique 
Discutante : Layla Baamara, IRMC, Tunis

  • Cécile Jouhanneau, Université Paul-Valéry Montpellier 3, ART-Dev, (France), What war does to policy-making. An investigation into unemployment policies in Bosnia and Herzegovina (1951-2018)
Like pandemics and economic crises, wars are frequently considered as exogenous shocks that trigger change in public policies and institutions. Does war necessarily transform policy-making, and if so, how? By scrutinizing an oft-neglected public policy in Bosnia –unemployment policies – this article highlights the relative continuities of policy-making before, during and after the 1992-1995 war. A multi-level investigation conducted with international financial institutions as well as local, cantonal and municipal actors reveals that the relations between peacebuilders and their Bosnian interlocutors feature mutual dependence and the externalisation of bureaucratic labour. Like in socialist Yugoslavia, local ruling parties discreetly weigh on policy-making.
 
  • Marine Poirier, CNRS, IREMAM, (France) Producing public action in war-torn Yemen, a matter of survival for political leaders ? Observations on the struggles over control of the water infrastructure in Aden
This paper analyses how the capacity to formulate and implement public policy, and more generally to redistribute resources, is a central issue for civilian political leaders in war-torn Yemen. Based on a survey with representatives of two competing groups of government in Aden (the Hadi government and the Southern Transitional Council), I will examine how the struggles for control of the national water sanitation company, as well as the water distribution networks in Aden governorate, are unfolding. I will examine the effects of constraint but also of opportunity produced by the crisis and the armed conflict situation for civilian leaders, whose legitimacy depends on their capacity to produce and materialise public action on the ground, in a context of major health and humanitarian crisis (cholera, famine, COVID-19). 

  • Camille Abescat, Sciences Po, CERI / IFPO, (France), "People all want a job but there is no job": looking at the unemployment crisis in Jordan from its MPs’ point of view.
This paper aims to analyze the effects of the reduction of the scope of clientelistic redistribution on the daily life and practices of Jordanian MPs. While the COVID-19 crisis has greatly worsened poverty and unemployment rates in the country, the elected members of the House of Representatives (majlis al-nuwwâb), intermediaries to whom an increasingly precarious population turns, are among the first witnesses of such a deterioration. Based on fieldworks conducted between 2019 and 2022, I will study the extent to which these representatives are able to satisfy these increased demands, in a context where the private sector now offers few job opportunities, whereas it used to represent an alternative to the saturated public sector. The aim is to understand how MPs manage, or not, to cope with such pressure and to maintain these clientelistic relationships that they know are so necessary for their potential future re-election. This paper aims to shed light on the ways in which clientelism has been transformed and complexified, as well as the effects of these changes in a neoliberal and authoritarian context.

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