Responsable: >Fernanda Fischione & Arturo Monaco

A14 - How to face the socio-political crisis: reflections about Just Peace in the Arab cultural production 1/2

Date : 2022-09-21 | 14:00:00-16:00:00

Évènement : Symposium CriseS

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ESCT
Salle :
D18
Responsable : Fernanda Fischione & Arturo Monaco
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Ada Barbaro Università di Roma Sapienza
Dozio Cristina Universita degli Studi di Milano
Fischione Fernanda Università di Roma Sapienza
Viviani Paola Università della Campania Luigi Vanvitelli

Crises et politique

A14 - How to face the socio-political crisis: reflections about Just Peace in the Arab cultural production 1/2 EN

Salle: D18
Responsables: Fernanda Fischione, Sapienza Università di Roma, Italy, Université Internationale de Rabat, Maroc, et Arturo Monaco, Università degli Studi di Catania, Italy

  • Ada Barbaro, Sapienza Università di Roma, (Italy), When cataloguing fragments of - material and immaterial - memory becomes a practice of transitional justice: Reading Fihris by Sinān Anṭūn
  • Cristina Dozio, Università degli Studi di Milano, (Italy), From Testimonial Literature to Fiction: Addressing the Reconciliation Process in Morocco
  • Fernanda Fischione, Sapienza Università di Roma (Italy) – Université Internationale de Rabat (Morocco), “You have left a void we cannot fill”: The heritage of Edmond Amran El Maleh in the novel Aḥǧiyat Idmūn ʿAmrān al-Māliḥ by Muḥammad Saʿīd Iḥǧiyūǧ
  • Paola Viviani, Università degli Studi della Campania “Luigi Vanvitelli”, (Italy), Literature as a Mirror: The Search for Peace and Pacification in Moroccan Society ( à distance )

Comment faire face à la crise socio-politique : réflexions sur la paix juste dans la production culturelle arabe

La région arabe connaît de nombreuses crises sociopolitiques, qui sont souvent la conséquence de conflits prolongés et de guerres qui embrasent encore plusieurs pays. Certains États ont tenté de surmonter ces crises en engageant des processus de consolidation de la paix, qui ont conduit – dans certains cas – à l’élaboration de chartes de réconciliation nationale. La littérature, les arts et les initiatives culturelles de la société civile ont également abordé les questions de justice transitionnelle et de réconciliation, suivant des voies alternatives à celles établies par les institutions.
Ce panel vise à explorer l’effort non institutionnel dans le domaine de la paix juste en encourageant les participants à critiquer, analyser et discuter de la question de la justice transitionnelle et de la réconciliation nationale dans les produits culturels arabes modernes et contemporains de tous les domaines (littérature, cinéma, théâtre , nouveaux médias, musique populaire, journalisme, etc.). L’analyse peut répondre aux questions suivantes :
  • Comment les intellectuels arabes théorisent-ils la paix juste ? Comment la Paix Juste est-elle réfléchie et construite dans la production intellectuelle ? Comment se construit le discours sur la Paix Juste dans la tradition intellectuelle arabe ?
  • Quelles initiatives culturelles et artistiques sur la justice transitionnelle et la réconciliation sont mises en œuvre dans la région arabe aujourd’hui ?
  • Comment les produits culturels représentent-ils et aident-ils à faire face aux blessures de la mémoire collective ? Comment représentent-ils/soutiennent-ils/critiquent-ils les processus de réconciliation ? Comment souhaitent-ils restaurer la paix civile dans des contextes déchirés ?
Responsables: Fernanda Fischione, Sapienza Università di Roma, Italy, Université Internationale de Rabat, Maroc, et Arturo Monaco, Università degli Studi di Catania, Italy

  • Ada Barbaro, Sapienza Università di Roma, (Italy), Quand le catalogage de fragments de mémoire - matériel et immatériel - devient une pratique de justice transitionnelle : lecture de Fihris de Sinān Anṭūn
En réponse au traumatisme qui touche l’Irak depuis 2003, des artistes – et des écrivains en l’occurrence – se sont mis à décrire la parabole de chaque blessure en creusant en profondeur, même si une telle description est douloureuse en soi. Leurs récits visent parfois à mettre en œuvre des pratiques de justice transitionnelle, normalement structurées autour de trois piliers clés : la redevabilité, la reconnaissance et la réparation. La réparation symbolique peut également jouer un rôle crucial, en parvenant à une connaissance partagée du passé, ce qui est particulièrement important pour éviter la récurrence. Dans ce scénario, Fihris (2016) de Sinān Anṭūn peut être lu à travers le prisme de la justice transitionnelle. En répertoriant les destructions matérielles et immatérielles, Anṭūn reconnaît et documente la violence : il tente de donner la parole aux victimes de l’histoire comme moyen de recomposer le traumatisme. Si la justice transitionnelle garantit aussi « la restitution aux victimes » (Philpott 2015 : 336), Fihris devient un espace de commémoration non conventionnel.

  • Cristina Dozio, Università degli Studi di Milano, (Italy), De la littérature témoignage à la trilogie de Youssef Fadel : Aborder le processus de réconciliation au Maroc
Youssef Fadel (Yūsuf Fādil, né en 1949) est un écrivain et dramaturge marocain qui a été enfermé dans le centre de torture de Derb Moulay Chérif en 1974-1975 à cause de ses écrits, notamment sa pièce Lguirra (La Guerre). Il s’agit d’une expérience personnelle illustrant le conflit entre l’intellectuel et l’autorité dans une période de répression politique connue comme Les années de plomb (sanawāt al-raṣāṣ).
Aujourd’hui, plusieurs années plus tard, Fadel est un écrivain reconnu qui a reçu des prix littéraires nationaux et internationaux. Ses derniers romans Qiṭṭ abyaḍ jamīl yasīru maʻī (2011), Ṭāʾir azraq nādir yuḥalliqu maʻī (2013) et Faraḥ (2016) sont considérés comme une trilogie déliée sur l’histoire récente du Maroc qui éclaire certaines mémoires clivantes, tels que l’emprisonnement politique, le conflit au Sahara occidental et la construction de la mosquée du roi Hassan II.
Cet article met la trilogie de Fadel en relation avec la littérature témoignage pour explorer comment les productions culturelles contribuent au le processus de réconciliation marocain. On y soutient que cette trilogie, avec ses techniques narratives et son approche de la violence, considère que la paix ne peut jamais être prise pour acquise, mais qu’on l’obtient par des négociations.

  • Fernanda Fischione, Sapienza Università di Roma (Italy) – Université Internationale de Rabat (Morocco), « Vous avez laissé un vide que nous ne pouvons pas combler » : L’héritage d’Edmond Amran El Maleh dans le roman Aḥǧiyat Idmūn ʿAmrān al-Māliḥ de Muḥammad Saʿīd Iḥǧiyūǧ
Le départ de nombreux juifs marocains entre 1948 et 1967 a laissé un vide dans la société marocaine, au point que quelqu'un décrit l'existence d'un « double traumatisme » (Trevisan Semi 2010 : 108) : un traumatisme tant pour ceux qui sont partis en Israël que pour la société marocaine en général. Cette profonde fracture sociale n'a jamais été réparée.
L'intellectuel juif marocain Edmond Amran El Maleh (1917-2010) est le héros du roman court Aḥǧiyat Idmūn ʿAmrān al-Māliḥ (2020) de Muḥammad S. Iḥǧiyūǧ. Dans son roman, Iḥǧiyūǧ met en scène le « double traumatisme » des juifs et des musulmans marocains en donnant la parole au personnage liminal d'El Maleh, qui se situe entre le désir de la Terre promise et la terre marocaine où lui et ses ancêtres ont habitée pendant des générations. Critique du sionisme et de l'idéologie coloniale française, El Maleh est une figure centrale du débat sur le pluralisme et la coexistence pacifique au Maroc. Il « a consacré ses écrits critiques et fictifs à réfuter le mythe d'une inimitié judéo-musulmane/arabe intemporelle et intrinsèque » (Harrison 2016 : 129), et son apparition en tant que personnage semi-fictif dans un roman contemporain est un signe que le « double traumatisme » susmentionné est loin d'être guéri.

  • Paola Viviani, Università degli Studi della Campania “Luigi Vanvitelli”, (Italy), La littérature comme un miroir : la quête de la paix et de la pacification dans la société marocaine 
Plusieurs périodes de guerre et de paix ou mieux de pacification ont caractérisé l’histoire du Maroc au XXe siècle  et d’aujourd’hui. La pays a achevé la pacification au moyen de stratégies violentes et non-violentes en fonction des acteurs impliqués et du contexte glocale. Dans un passé très récent le Maroc a vécu une situation de grands changements dans beaucoup de domaines, et ces changements ont affecté la vie de certaines personnes parmi les plus marginalisés dans la société locale. Comme un miroir, la littérature a toujours réfléchi et enregistré les événements et leurs conséquences au niveau individuel et collectif. Cette étude se focalise sur le roman Banāt al-ṣubbār (2018) de Karīma Aḥdād afin de vérifier s’il y a la possibilité, et dans quelle mesure, de réaliser une approche renouvelée à la pacification dans la société marocaine.

A14 - How to face the socio-political crisis: reflections about Just Peace in the Arab cultural production 1/2 EN

The Arab region has been experiencing many socio-political crises, which are often a consequence of prolonged conflicts and wars that are still setting on fire several countries. Some States have tried to overcome these crises by starting peacebuilding processes, which led – in some cases – to the drafting of charters of national reconciliation. Literature, the arts, and civil society cultural initiatives have also tackled the issues of transitional justice and reconciliation, following paths alternative to those established by the institutions. 
This panel aims to explore the non-institutional effort in the field of Just Peace by encouraging participants to criticize, analyze, and discuss the issue of transitional justice and national reconciliation in modern and contemporary Arab cultural products of any field (literature, cinema, theater, new media, popular music, journalism, etc.). Analysis may address the following questions:
  • How do Arab intellectuals theorize Just Peace? How is Just Peace reflected upon and constructed in intellectual production? How is the discourse about Just Peace built in the Arab intellectual tradition?
  • Which cultural and artistic initiatives about transitional justice and reconciliation are implemented in the Arab region today? 
  • How do cultural products represent and help cope with the wounds of collective memory? How do they represent/support/criticize reconciliation processes? How do they wish to restore civil peace in torn contexts? 

Responsables: Fernanda Fischione, Sapienza Università di Roma, Italy, Université Internationale de Rabat, Maroc, et Arturo Monaco, Università degli Studi di Catania, Italy

  • Ada Barbaro, Sapienza Università di Roma, (Italy), When cataloguing fragments of - material and immaterial - memory becomes a practice of transitional justice: Reading Fihris by Sinān Anṭūn
In response to the trauma affecting Iraq since 2003, artists – and writers in this case – have started to describe the parable of every single wound by digging in depth, even if such a description is painful in itself. Their narratives sometimes aim at performing practices of transitional justice, normally structured around three key pillars: accountability, acknowledgement and reparation. Also symbolic reparation can play a crucial role, by achieving a shared knowledge about the past, which is especially important in avoiding recurrence. In this scenario, Fihris (2016) by Sinān Anṭūn can be read through the lens of the transitional justice. By cataloging material and immaterial destruction, Anṭūn is acknowledging and documenting violence: he tries to give voice to the victims of history as a means to recompose the trauma. If transitional justice also guarantees “restitution for victims” (Philpott 2015: 336), Fihris becomes an unconventional space for commemoration.

  • Cristina Dozio, Università degli Studi di Milano, (Italy), From Testimonial Literature to Fiction: Addressing the Reconciliation Process in Morocco
Youssef Fadel (Yūsuf Fādil, b. 1949) is a Moroccan writer and playwright who was imprisoned in the torture centre Derb Moulay Chérif in 1974–1975 because of his writings, especially his play Lguirra (The War). This personal experience exemplifies the conflict between the intellectual and the authority in a period of political crackdown known as the Years of Lead (sanawāt al-raṣāṣ). 
Several years later, Fadel is an established writer who received national and international literary prizes. His latest novels Qiṭṭ abyaḍ jamīl yasīru maʻī (2011), Ṭāʾir azraq nādir yuḥalliqu maʻī (2013), and Faraḥ (2016) are considered a loose trilogy about Morocco’s recent history shedding light on some contested memories, such as political imprisonment, the Western Sahara conflict, and the construction of King Hassan II’s mosque.
This paper places Fadel’s trilogy in relation with testimonial literature to explore the contribution of cultural productions in the Moroccan reconciliation process. It argues that this trilogy, with its narrative techniques and approach to violence, conceives peace as never taken for granted, but rather achieved through negotiations.

  • Fernanda Fischione, Sapienza Università di Roma (Italy) – Université Internationale de Rabat (Morocco), “You have left a void we cannot fill”: The heritage of Edmond Amran El Maleh in the novel Aḥǧiyat Idmūn ʿAmrān al-Māliḥ by Muḥammad Saʿīd Iḥǧiyūǧ
The departure of many Moroccan Jews between 1948 and 1967 left a void in Moroccan society, to the extent that some scholars account for the existence of a “double trauma” (Trevisan Semi 2010: 108): a trauma for both who left for Israel and the Moroccan society at large. This profound social rift has never been mended.
Moroccan Jewish intellectual Edmond Amran El Maleh (1917-2010) is the hero of the short novel Aḥǧiyat Idmūn ʿAmrān al-Māliḥ (2020) by Muḥammad S. Iḥǧiyūǧ. In his novel, Iḥǧiyūǧ stages the “double trauma” of Moroccan Jews and Muslims by giving voice to the liminal character of El Maleh, who stands in between the desire for the Promised Land and the Moroccan land his ancestors and he inhabited for generations. A critic of Zionism and the French colonial ideology, El Maleh is a pivotal figure in the debate about pluralism and peaceful coexistence in Morocco. He “devoted his critical and fictional writings to disproving the myth of a timeless and intrinsic Jewish-Muslim/Arab enmity” (Harrison 2016: 129), and his appearance as a semi-fictional character in a contemporary novel is a sign that the above-mentioned “double trauma” is far from being healed.

  • Paola Viviani, Università degli Studi della Campania “Luigi Vanvitelli”, (Italy), Literature as a Mirror: The Search for Peace and Pacification in Moroccan Society
Various periods of war and peace – or, better, pacification – have been characterizing the history of Morocco during the 20th century and up to now. In its turn, pacification was achieved in the country by means of both violent and non-violent strategies, depending on the actors involved and the glocal context. Again in the most recent past, Morocco has been going through major changes in many fields which have been affecting the lives of some of its most marginalized members. Literature always served as a mirror, thus reflecting and registering events and their outcomes on the individual as well as collective levels. This paper will focus on a reading of Banāt al-Ṣubbār (2018) by Karīma Aḥdād so as to investigate whether and to what extent a renewed approach to pacification within Moroccan society can be still considered as possible.

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