Responsable: >Mohsen Ben Hadj Salem

A12 - Atmosphères en crises : Architecture, vécu et sensorialité à l’épreuve du Covid

Date : 2022-09-23 | 11:00:00-13:00:00

Évènement : Symposium CriseS

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ESCT
Salle :
D9
Responsable : Mohsen Ben Hadj Salem
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Ben Ayed Alia Carthage
Ben Hadj Salem Mohsen École Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis
Noomani Rahma Carthage

Vivre sous le Covid
A12 - Atmosphères en crises : Architecture, vécu et sensorialité à l’épreuve du Covid FR

Salle : D9

Responsable: Mohsen Ben Hadj Salem, École Nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis-Université de Carthage

  • Alia Ben Ayed, École nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis, Le Covid vécu par les sans-abris
  • Mohsen Ben Hadj Salem, École Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis,  Ville et covid : le silence révélé
  • Rahma Noomani, École nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis, Confinement et nouvelles habitudes. Quand l’espace modifie le temps. 

A12 - Atmosphères en crises : Architecture, vécu et sensorialité à l’épreuve du Covid FR

Dès le début de la pandémie, urbanistes et spécialistes de la ville ont commencé à débattre sur les effets urbains que cette crise sanitaire pourrait entraîner. Les enjeux sont-ils réellement urbains ou plutôt sociétaux ? Comment agir sur la société en période de crise ? Peut-on percevoir sous un angle nouveau les atmosphères urbaines?
Habiter la ville n’est, en effet, pas uniquement une question spatiale, mais prioritairement sensorielle. Deux pistes de réflexion structurent et argumentent l’intérêt porté au croisement « ambiances urbaines » et covid. 
D’une part, la volonté d'agir sur la ville post-covid  est tributaire des acquis en termes d’approches multi sensorielles sur la ville pendant la pandémie.
D’autre part, faut-il cependant qu’habiter soit synonyme de vivre en phase avec la pandémie? De la dompter ? Ne pourrait-on trouver des moyens de desserrer les liens qui le lient la ville  à son nouvel adversaire, (ou ami !)) Plutôt que de l’enfermer dans une querelle perdue d’avance ?
Cet atelier expose les résultats d’expériences ou de recherches qui s’interrogent sur la perception de l’usager, en examinant notamment comment plusieurs approches mobilisent des méthodes différentes qui permettent aux ambiances, sensorialités et espaces urbains de nous informer sur l’impact de l’épidémie sur notre être en ville.

Responsable: Mohsen Ben Hadj Salem, École Nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis-Université de Carthage

  • Alia Ben Ayed, École nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis, Le Covid vécu par les sans-abris
Nous ne disposons pas de statistiques officielles sur le nombre des sans-abris en Tunisie, toutefois une enquête menée par l’association Dar Tounes (Maison de Tunisie) en 2014 en dénombre 3 000. Au dire des associations en charge de ces personnes, dont "Beity" (Ma maison) et "Dar Tounes", ce nombre a vraisemblablement augmenté depuis la crise économique qui sévit dans le pays à la suite des événements de 2011, à laquelle s’est surajoutée la crise sanitaire du covid. Selon Raoudha Somrani, présidente de l’association Dar Tounes, plus de la moitié des sans-abris sont originaires des régions intérieures et défavorisées et 30% sont des femmes.
Dans quelle mesure la pandémie a-t-elle affectée l’ambiance vécue des sans-abris ? Qu’en est-il de la vie dans la rue désertée - du fait des mesures de confinement – en termes de sentiment de précarité et d’insécurité ?

  • Mohsen Ben Hadj Salem, École Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis,  Ville et covid : le silence révélé
Le silence est l’intervalle de temps pendant lequel le son est interrompu, suspendu, en attente. Le silence peut concerner un blanc dans une conversation, silence communicationnel et social, mais chaque silence a sa propre qualité, qu’il s’agit de déceler et nommer. Le silence nocturne de la ville n’est pas le silence de la même ville désertée pendant les confinements. S’il peut être recherché, il peut aussi être redouté. S’il peut jouer un rôle répulsif ou anxiogène, il peut aussi attirer. 
Le silence, ce blanc fugace, est alors image phonique et auto-référentielle d’un paysage sonore contemporain, caractérisé par des pauses rythmiques qui renvoient par exemple à l’idée de parenthèse (intercaler, de séparer du contexte en y restant lié) ou de mutisme.

Portes blindées, volets roulants anti-effraction, le message sonore est clair : c’est clos, et c’est manifestement bien fermé. En effet, les sons sur lesquels nous pouvons compter, toujours présents à la même heure dans un même lieu, ne sont pas légion : les sirènes d'alerte, l'effervescence à l'heure de la récré dans l'école d'à côté, le camion poubelle ou plus localement ici à la médina de Tunis, les vendeurs ambulants ou les appels à la prière des minarets. A travers la fenêtre de l’habitat, ces amarres sonores nous relient au monde bien au-delà des limites du regard; fidèles, discrètes, ponctuelles, un peu élastiques, leurs variations en ravivent la présence et le sens. Les fenêtres entrouvertes de nos pièces d'habitation sont les tenants de ces invisibles amarres, elles guident vers nos oreilles le raclement du pavé extérieur, et le bruissement des arbres, bref, la vie. 
Le silence est ici condition d’adhérence et d’existence urbaine, la ville est un ensemble de haltes auditives orchestrées pour organiser notre vécu, des situations de tout-un-chacun de tous-les-jours. Or, on est habitué au silence urbain qui indiquerait que l’activité va reprendre.  La problématique du silence renverrait ici à des principes de composition et d’organisation temporelle du paysage sonore urbain – la permanence, le cycle, le discret…. 

  • Rahma Noomani, École nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis, Confinement et nouvelles habitudes. Quand l’espace modifie le temps. 
Cette contribution rendra compte d’une étude portant sur les nouveaux modes d’occupation du logement apparus pendant le confinement. Une première partie, théorique, exposera nos concepts-clés de transfert dans l’habitat et de trajectoire habitante. Une deuxième partie, empirique, comprendra une étude comparative des habitudes habitantes, avant et après le confinement, dans des immeubles résidentiels.
L’habiter, en tant qu’occuper souvent, longtemps et quotidiennement un espace domestique, est un processus indissociable de la notion d’habitude. Notre hypothèse est que les configurations spatiales d’une habitation résultent des habitudes de l’habitant ; ces habitudes font l’objet de transferts au cours des trajectoires habitantes où s’illustrent l’idée du foyer d’enfance qui s’actualise dans chaque maison (Bachelard 1957) ou celle du dernier logement où l’habitant déménage tous les précédents (Sloterdijk 2004). Pour Heidegger, le temps vécu à travers l’affect est « authentique », subjectif et non-mesurable (1927). En intensifiant le vécu de l’espace intérieur, le confinement a altéré́ le rapport de chacun au temps, et donc ses modes d’habiter. C’est ce lien entre espace restreint, temps subjectif et habitudes transfigurantes qu’il s’agira de mettre au jour. 

Atmospheres in crisis: Architecture, experience and sensoriality to the test of covid 

From the beginning of the pandemic, urban planners and city specialists began to debate the urban effects of covid health crisis. Are the issues really urban or rather social? How to act on society in times of crisis? Can we perceive urban atmospheres from a new perspective?
Living in the city is not only a question of space, but primarily a sensory one. Two paths of reflection argue the interest in the intersection of “urban atmospheres” and covid. On the one hand, the desire to act on the post-covid city depends on the achievements in terms of multi-sensory approaches to the city during the pandemic.
On the other hand, should living be synonymous with living with the pandemic? To tame it? Couldn't we find ways to loosen the ties that bind the city to its new adversary (or friend!) rather than locking it into a losing quarrel?
We are going to turn to the results of experiments or research which question the user perception, and see in particular how several approaches mobilize different methods which allow the atmospheres, sensorialities and urban spaces to inform us about the impact of the epidemic on our city everyday life.

Responsable: Mohsen Ben Hadj Salem, École Nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis-Université de Carthage

  • Alia Ben Ayed, École nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis, The covid experienced by the homeless
We do not have official statistics on the number of homeless people in Tunisia, however, a survey conducted by the association Dar Tounes (Maison de Tunisie) in 2014 counted 3,000. According to the associations in charge of these people, including "Beity" (My house) and "Dar Tounes", this number has probably increased since the economic crisis which raged in the country following the events of 2011. Hitherto concealed by an authoritarian regime, homelessness has become a visible phenomenon in cities.
There are many reasons for homelessness, but the phenomenon is always linked to precariousness, misery, violence and insecurity. The Covid 19 pandemic has undoubtedly exacerbated the phenomenon leading to an increase in the number of people on the streets and a deterioration in their living conditions.
According to psychology specialists (Douville, 2014), life on the street affects the relationship to the body and to space. The difficulty of isolating oneself in a bubble of protective interiority, an absolute condition of being-in-the-world (Sloterdijk, 2005), would no doubt explain this loss of fundamental reference points. Permanent exposure to a hostile exterior (climatic rigor, violence, insecurity) annihilating the very possibility of the realization of Dasein (Heidegger, 1985). Without home, it becomes impossible to realize oneself. The body is as if absent, erased, no longer has value, does not exist, and in fact we no longer wash, take care of ourselves.
What are the possible trajectories for these wandering bodies? To what extent has the pandemic more or less affected an already altered relationship with the body and space? What about the relationship to the other? What about the feeling for people on the street immersed in a deserted street atmosphere – due to the confinement of others –?

  • Mohsen Ben Hadj Salem, École Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis,  City and covid: the revealed silence
Silence is the time interval during which sound is interrupted, suspended, on hold. Silence can concern a blank in a conversation, communicational and social silence, but each silence has its own quality, which must be detected and named. The night silence of the city is not the silence of the same deserted city during the confinements. If it can be sought, it can also be feared. If it can play a repulsive or anxiety-provoking role, it can also attract.
Silence, this fleeting white, is then a phonic and self-referential image of a contemporary soundscape, characterized by rhythmic pauses which refer for example to the idea of ​​parenthesis (to insert, to separate from the context while remaining linked to it) or of silence.

Armored doors, burglar-proof roller shutters, the sound message is clear: it's closed, and it's clearly closed. Indeed, the sounds on which we can count, always present at the same time in the same place, are not legion: the warning sirens, the garbage truck or more locally here in the medina of Tunis, for example the prayer calls from the minarets. Through the window, these sound moorings connect us to the world well beyond the limits of the gaze; faithful, discreet, punctual, a little elastic, their variations revive their presence and meaning. The half-open windows of our living quarters are the holders of these invisible moorings, they guide the scraping of the pavement outside and the rustling of the trees towards our ears, in short, life.
Silence is here a condition of adherence and urban existence, the city is a set of orchestrated auditory halts to organize our experience, everyday situations of everyone. However, we are used to urban silence which would indicate that activity is about to resume. The issue of silence would refer here to principles of composition and temporal organization of the urban soundscape – permanence, cycle, discrete….

  • Rahma Noomani, École nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis, Confinement and new habits. When space changes time.
This presentation will focus on a study about the new ways of occupying a house that emerged during lockdown. First, a theoretical part will present the key concepts of transfer in a habitat and its inhabitant’s trajectory. Then, an empirical part will include a comparative study of some cases of “inhabiting habits” that we were able to observe before and after lockdown in residential buildings.
The process of inhabiting – meant as occupying a domestic space often, everyday and for a long time – is inseparable from the notion of habit. Our hypothesis is that spatial configurations of a dwelling result from the habits of the inhabitant; these habits are subject to transfers that happen in the trajectories of the inhabitants; such trajectories illustrate the idea of ​​the childhood home as it is reset in every house (Bachelard 1957) or that of the last dwelling where the inhabitant moves all the previous ones (Sloterdijk 2004). According to Heidegger, time as it is experienced through affect is “authentic”, subjective and unmeasurable (1927). By intensifying the experience of the inner space, lockdown has altered everyone's relationship to time, and therefore their ways of living. This project intends to bring attention to that link between restricted space, subjective time and transfiguring habits.

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