Responsable: >Damiano De Facci & Johannes Frische

A21- L’entrepreneuriat en Afrique du Nord : solution ou symptôme de la crise socio-économique 2/2

Date : 2022-09-21 | 16:15:00-18:15:00

Évènement : Symposium CriseS

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ESCT
Salle :
D13
Responsable : Damiano De Facci & Johannes Frische
Modérateur·trice :
Discutant·e : Houda Laroussi
Les intervenant·e·s :
Chapus Quentin INRAE
Bouatouch-Legrand Maia EHESS
Schwarz Christoph Université d'Innsbruck

CriseS, économie et finance

A21- L’entrepreneuriat en Afrique du Nord : solution ou symptôme de la crise socio-économique 2/2 FR

Salle: D13
Responsables : Damiano De Facci et Johannes Frische, Université de Leipzig/MECAM, Allemagne 
Discutante : Houda Laroussi, Université de Carthage ( à distance )

  • Quentin Chapus, INRAE, (France), Entrepreneuriat social et ESS au Maroc : entre complémentarités et tensions (à distance)
  • Maïa Bouatouch-Legrand, Chercheuse indépendante, L’entrepreneuriat : un nouveau mode d’expressions féminines dans le Caire contemporain ?
  • Christoph Schwarz, Université d’Innsbruck, (Autriche), Le rôle des mouvements sociaux dans la reconfiguration des régimes de transition à la vie adulte: Les biographies des militants diplômés chômeurs au Maroc

  • Quentin Chapus, INRAE, (France), Entrepreneuriat social et ESS au Maroc : entre complémentarités et tensions   (à distance)
Le Maroc a connu ces dernières années l’apparition de nombreux acteurs, majoritairement de type associatif, visant à promouvoir “l’innovation sociale” chez les jeunes. Revendiquant l’inscription dans le courant d’origine étatsunienne du “social entrepreneurship” (ou “entrepreneuriat social”), ces acteurs diffusent un message qui tente de combiner enjeux de performance économique et utilité sociale ou environnementale de l’entreprise (la recherche “d’impact”). A partir d’une enquête de terrain réalisée entre 2015 et 2017, mêlant matériaux ethnographiques et entretiens semi-directifs, nous montrons que l’entrepreneuriat social au Maroc a d’emblée été bien plus proche du modèle porté par la start-up que de celui de l’entreprise sociale plus traditionnelle de type coopérative/mutuelle. Nous expliquons cela par l’action de bailleurs privés internationaux qui ont été prompts à financer les dispositifs associatifs les plus compatibles avec leur vision de l’entrepreneuriat. Les « entrepreneurs sociaux » marocains rencontrés témoignent ainsi d’une vision peu critique du capitalisme, bien que la recherche d’utilité sociale soit au cœur de leur engagement. Si, paradoxalement, les structures plus classiques de l’ESS se retrouvent marginalisées dans la lutte de qualifications qui les opposent à l’entrepreneuriat social ou aux start-up, cet attrait pour le « social » pourrait néanmoins contribuer à politiser de nombreux jeunes et à poser les bases d’une redéfinition de l’acte entrepreneurial.

  • Maïa Bouatouch-Legrand, Chercheuse indépendante, L’entrepreneuriat : un nouveau mode d’expressions féminines dans le Caire contemporain ?
On peut constater depuis quelques années au Caire une augmentation de l’investissement de femmes dans la défense de causes féminines et ce en empruntant à la forme entrepreneuriale. Alors qu’il est de plus en plus difficile de se constituer en association et que l’ONGisation du féminisme est en fort déclin, les porteuses de projets, si elles souhaitent formaliser leur existence juridique, semblent privilégier la forme de l'entreprise, et à tout le moins, en empruntent les outils. En parallèle, le chômage des diplômé·es pousse les individus à prendre en charge leurs destins en créant leur emploi. Un certain renouveau des entreprises féminines, sociales par leur objet, adoubées par la promotion du “social business” et de “l’entreprise sociale”, peut être lu comme une nouvelle façon de générer des ressources. Pourrait-il aussi être lu comme un nouveau moyen de s’exprimer, de proposer du changement social en composant avec les dispositifs de coopération internationale et notamment ceux qui promeuvent le leadership féminin ?

  • Christoph Schwarz, Université d’Innsbruck, (Autriche), Le rôle des mouvements sociaux dans la reconfiguration des régimes de transition à la vie adulte: Les biographies des militants diplômés chômeurs au Maroc
Pendant vingt-cinq ans, le Maghreb et le Moyen-Orient ont été les régions avec les taux de chômage des jeunes les plus élevés au monde, et les développements depuis 2011 n'ont guère changé ces chiffres. La situation des jeunes chômeurs a été principalement discutée dans une perspective plutôt technique qui s'est concentrée sur les politiques et les institutions, et a été problématisée comme une « transition bloquée », souvent en ignorant l’agency des jeunes en question. Cependant, des mouvements comme les diplômés chômeurs au Maroc qui se sont mobilisés depuis le début des années 1990 offrent des exemples particulièrement instructifs de façon parfois paradoxale dont les jeunes négocient ces transitions au sein d'un régime autoritaire. Cette intervention applique le concept de « régimes de transitions vers la vie adulte » (Walther 2006) afin d'identifier les dynamiques au sein du régime des transitions d'un point de vue des militants qui le contestent.

Entrepreneurship in North Africa: solution or symptom of the socio-economic crisis 2/2

  • Quentin Chapus, INRAE, (France), Social entrepreneurship and SSE in Morocco: between complementarities and tensions  (remote)
In recent years, Morocco has seen the emergence of numerous actors aiming to promote "social innovation" among young people. Claiming to be part of the American "social entrepreneurship" movement, these actors are spreading a message that attempts to combine economic performance with the social utility of the enterprise (the so-called "impact"). Based on a field survey conducted between 2015 and 2017, mixing ethnographic materials and semi-structured interviews, we show that social entrepreneurship in Morocco has from the outset been much closer to the model carried by the start-up than to that of the more traditional cooperative social enterprise. We explain this in part by the action of international private donors who have been quick to finance the associative mechanisms that are most compatible with their vision of entrepreneurship. The Moroccan "social entrepreneurs" we met thus show an uncritical vision of capitalism, although the search for social utility is at the heart of their commitment. If, paradoxically, the more classic SSE structures find themselves marginalized in the struggle for qualifications that pits them against social entrepreneurship or start-ups, this attraction for the "social" could nonetheless contribute to politicizing many young people and to laying the foundations for a redefinition of the entrepreneurial act. 

  • Maïa Bouatouch-Legrand, Chercheuse indépendante, Voicing through entrepreneurship : a new form of expression for women in contemporary Cairo ?
Over the past few years, Cairo witnessed the mushrooming of female initiatives advocating and supporting women’s issues, using an entrepreneurial framework. As it becomes more difficult to form a legally registered association and as the NGOization of feminism strongly decreases, project holders tend to favor the entrepreneurial form for constituting a legal entity. At the least, they use its managerial and business tools. In the meanwhile, high unemployment rates, especially affecting educated women, pushes for individuals to sustain themselves by creating their own jobs. The sense of renewal among enterprises created by women and for women could be seen as a way to create incomes, supported by the international promotion of social businesses and social enterprises. It might also be understood as being used as a way of voicing while taking the opportunity of international cooperation entities supporting female businesses and leadership.

  • Christoph Schwarz, Université d’Innsbruck, (Autriche), The role of social movements in the reconfiguration of youth transition regimes: The biographies of unemployed graduate activists in Morocco
For twenty-five years, the Maghreb and the Middle East have been the regions with the highest youth unemployment rates in the world, and developments since 2011 have done little to change these figures. The situation of unemployed youth has mainly been discussed from a rather technical perspective that has focused on policies and institutions, and was problematized as a “stalled transition”, often ignoring the youth’ agency. However, movements like the unemployed graduates in Morocco who have mobilized since the early 1990s offer particularly instructive examples of the sometimes paradoxical ways in which youth negotiate these transitions within an authoritarian regime. This paper applies the concept of "regimes of transitions to adulthood" (Walther 2006) to identify the dynamics within the regime of transitions from the perspective of the activists who challenge it.

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