Responsable: >Damiano De Facci & Johannes Frische

A21 - L’entrepreneuriat en Afrique du Nord : solution ou symptôme de la crise socio-économique 1/2

Date : 2022-09-21 | 14:00:00-16:00:00

Évènement : Symposium CriseS

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ESCT
Salle :
D13
Responsable : Damiano De Facci & Johannes Frische
Modérateur·trice :
Discutant·e : Houda Laroussi
Les intervenant·e·s :
Frische Johannes Université de Leipzig
De Facci Damiano LADYSS/CESSMA
Dutour Julien Université Saint Quentin en Yvelines
Garraoui Thouraya Université de Leipzig

CriseS, économie et finance

A21 - L’entrepreneuriat en Afrique du Nord : solution ou symptôme de la crise socio-économique 1/2 FR

Salle: D13
Responsable: Damiano De Facci, LADYSS, CESSMA, Paris, France et Johannes Frische, Université de Leipzig/MECAM, Allemagne 
Discutante : Houda Laroussi, Université de Carthage ( à distance )

  • Johannes Frische, Université de Leipzig/MECAM, (Allemagne), L’entrepreneuriat pour sortir de la précarité ?
  • Damiano De Facci, LADYSS, CESSMA, (France) L’entrepreneuriat comme forme d’emploi et instrument de développement local : les limites d’une politique publique
  • Julien Dutour, Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, (France), Remise en cause de l’ESS et de l’entrepreneuriat social : crise du modèle de développement économique dans la région de Sidi Bouzid (Tunisie)
  • Thouraya Garraoui, Université de Leipzig, (Allemagne), Le chômage des diplômés universitaires en Tunisie : vers une crise plus profonde

A21 - L’entrepreneuriat en Afrique du Nord : solution ou symptôme de la crise socio-économique 1/2 FR

Les soulèvements des années 2010 dans les mondes arabes ont mis notamment en exergue les problèmes de chômage, d'ébranlement du niveau de vie et de la sécurité sociale, et de marginalisation socio-territoriale. Dans le cadre d’une crise économique structurelle de longue durée accentuée par la crise Covid-19, l’entrepreneuriat apparaît aux yeux des gouvernements et des organisations internationales comme un moyen pour pallier, voir résoudre, la crise et ses conséquences. En Afrique du Nord en particulier, l'objectif de promotion de l’entrepreneuriat (TPE et PME) s’articule aux enjeux du développement local, de la décentralisation et de l’insertion économique des groupes sociaux fragilisés par la crise et confinés aux activités informelles. 
Dans un contexte de désengagement étatique, les stratégies d'autonomisation économique sont censées mener à l’empowerment. Néanmoins, les recherches montrent également une tendance à la précarisation et soulignent les difficultés à valoriser les efforts personnels (la "disposition entrepreneuriale") et les ressources locales, malgré l'action institutionnelle de formation et de soutien. L’entrepreneuriat formalisé ou informel semble donc représenter à la fois un marqueur de la crise socio-économique et un modèle d’organisation économique permettant la sortie de crise. 
Notre atelier se propose d'analyser les ambiguïtés du recours à l’entrepreneuriat comme solution à la crise, à travers des différentes entrées théoriques et empiriques. Il sera question du concept de précarité appliqué aux jeunes cibles des dispositifs d'entrepreneuriat, d’entrepreneuriat comme instrument de développement local, d’ESS et d’entrepreneuriat social dans des contextes locaux, d’entrepreneuriat féminin et de mouvements de chômeurs.

Responsable: Damiano De Facci, LADYSS, CESSMA, Paris, France et Johannes Frische, Université de Leipzig/MECAM, Allemagne 
Discutante : Houda Laroussi, Université de Carthage

  • Johannes Frische, Université de Leipzig/MECAM, (Allemagne), L’entrepreneuriat pour sortir de la précarité ?
Depuis 2011, les stratégies de développement n’arrivent guère à sortir la Tunisie de l’impasse et cela impacte particulièrement la situation sur le marché de l’emploi. En effet, la précarité reste le sort d’une large frange de la population, notamment « les jeunes ». Ceci dit, les expériences qui en résultent varient selon les différentes catégories sociales, de genres et profils socio-éducatifs. Ce sont surtout les jeunes vulnérables issues des zones défavorisées, souvent éloignés de la formation professionnelle et sans emploi, qui risquent de basculer vers une situation de désintégration ou même de rupture sociale. Les acteurs du champ de l’action sociale priorisent donc l’intégration dans un tissu social contre la construction d’un parcours d’insertion professionnelle. Or la crise COVID-19 a mis à nu de façon alarmante les inégalités socio-économiques au sein de la société car un nombre important des Tunisiens a subi une perte de revenu. Dans ce contexte, les dispositifs visant à promouvoir l’entrepreneuriat et la création de l’emploi se transforment en stratégies pour faire face aux retombées de la crise pandémique.

  • Damiano De Facci, LADYSS, CESSMA, (France) L’entrepreneuriat comme forme d’emploi et instrument de développement local : les limites d’une politique publique
La communication se propose de revenir sur l’action publique pour l’emploi en Tunisie, en analysant les jeux des acteurs qui participent à la façonner et en se focalisant sur l’entrepreneuriat comme institutions au carrefour des régulations politiques, sociales et économiques.
L’analyse de la référence à l’entrepreneuriat dans l’action publique de l’emploi en Tunisie permet de comprendre les contradictions et les conflits autour des formes d'intégration à l'emploi dans le cadre d’un modèle de développement en transformation. Elle permet également de saisir les limites d'une politique publique qui considère l’entrepreneuriat à la fois comme la solution au chômage et comme un levier de développement. 
Il s’agira de mettre au jour à la fois la tendance à l’individualisation de la question de l’emploi, l’implication d’une multiplicité d’acteurs qui remettent en question les compromis institutionnalisés entre l’État, les syndicats et les acteurs privés et les demandes de décentralisation liées au développement du secteur privé et aux acteurs de promotion de l’entrepreneuriat. 

  • Julien Dutour, Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, (France), Remise en cause de l’ESS et de l’entrepreneuriat social : crise du modèle de développement économique dans la région de Sidi Bouzid (Tunisie)
Dans la Tunisie post-révolutionnaire touchée par une crise économique profonde, la reconstruction d’un environnement socio-économique viable des régions de l’intérieur, et particulièrement à Sidi Bouzid, ne se fait pas sans difficulté. Parmi les voies privilégiées, à la fois par les acteurs de la société civile locale et internationale dès 2012 et par les gouvernements tunisiens successifs à partir de 2016, se trouvent être l’Economie Sociale et Solidaire et l’entrepreneuriat social (Sigillò, De Facci, 2018). Ces deux modèles, couramment considérées comme des alternatives au capitalisme libéral (Laville, 2019), apparaissent comme inclusives pour les classes marginalisées de Sidi Bouzid. 
Pourtant, l’ESS et l’entrepreneuriat social ne rencontrent pas le succès attendu (Carpentier, Dutour, 2020) : porteurs de symboles qui valorisent des socialisations particulières et avancées, les difficultés de financement dues au défaut d’instances encadrant le domaine ont tendance à avantager les individus issus des classes aisées ou moyennes dans la mise en place de leurs projets et, ainsi, à réactiver les inégalités qu’elles étaient censées réparer.

  • Thouraya Garraoui, Université de Leipzig, (Allemagne), Le chômage des diplômés universitaires en Tunisie : vers une crise plus profonde
Le chômage des diplômés est un problème structurel et fondamental (Bousnina, 2013). Il a touché toutes les catégories sociales et les secteurs économiques pendant des périodes différentes. Le chômage a marqué, d’une façon inégale, toutes les catégories des diplômés des universités, des filières et des disciplines scientifiques en Tunisie (INS).
Ce phénomène socio-économique a donné naissance à des crises économiques, politiques, culturelles et sociales. D’où la propagation des réactions populaires sous forme de grèves, protestations et des soulèvements sociaux guidés par des diplômés chômeurs tels que la révolution de 2011 et les événements de 2020. Par la suite, des unions composées des diplômés chômeurs sont apparues. Ils ont poussé le Parlement vers la déclaration officielle de la « loi 38».
Ces diplômés souffrent d'une offre d’emploi limitée à cause de la pandémie, de la faillite des entreprises et du perturbation de l’environnement économique...Le marché de l’emploi devient incapable de répondre la demande croissante puisque le nombre des diplômés n’a pas cessé de s’augmenter. Ils sont nombreux, mais ils manquent de compétences, de qualités et d'expérience. Même pour les plus qualifiés d’entre eux, leurs compétences ne sont pas en adéquation avec les critères demandés par les employeurs. C’est un signe de l’isolement du marché de l’emploi par rapport à l'université tunisienne.

Entrepreneurship in North Africa: a symptom or a solution in the face of socio-economic crisis? 

The Arab uprisings of 2010/2011 have highlighted problems such as unemployment, the undermining of living standards and social security, as well as socio-territorial marginalization. Against the backdrop of a long-term structural crisis of the economy accentuated by Covid-19 pandemic, entrepreneurship constitutes in the eyes of governments and international organizations a means to mitigate if not resolve the crisis and its consequences. In North Africa the objective of promoting entrepreneurship (SMEs) is linked to the challenges of local development, decentralization and the economic inclusion of social groups that are particularly affected by the crisis and confined to informal activities.
As the state disengages from the economic sphere, strategies for economic autonomization are supposed to lead to empowerment. However, research also shows an increase in socio-economic precariousness, and demonstrates the challenges in putting in value individual efforts (the "entrepreneurial disposition") and local resources, despite institutional training and support. Formalized or informal entrepreneurship thus seems to represent both a marker of the socio-economic crisis and a model of economic organizing that offers an escape from the crisis.
Drawing on different theoretical and empirical approaches, our workshop proposes to analyze the ambiguities of the use of entrepreneurship as a solution to the crisis. We discuss the concept of precariousness for the case of young people targeted by entrepreneurship schemes. Moreover, we address entrepreneurship as an instrument of local development, SSE (Social and Solidarity Economy) and social entrepreneurship in specific local contexts as well as women's entrepreneurship and the movements of the unemployed. 

Responsable: Damiano De Facci, LADYSS, CESSMA, Paris, France et Johannes Frische, Université de Leipzig/MECAM, Allemagne 
Discutante : Houda Laroussi, Université de Carthage

  • Johannes Frische, Université de Leipzig/MECAM, (Allemagne), Entrepreneurship as a way out of precariousness?
Since the revolution of 2011, developmental strategies have hardly managed to bring the country out of the impasse. The impact of the economic crisis becomes evident through the situation in the labor market. Indeed, precariousness remains the fate of a large segment of the population, especially "youth". However, the ensuing experiences vary for different social categories, genders and socio-educational profiles. It is mostly vulnerable young people living in disadvantaged urban areas who are excluded from vocational training and unemployed. Many of them are at risk of falling into a situation of disintegration or social rupture. NGOs and public actors in the field of social work therefore give priority to social inclusion rather than building a pathway for labor market integration. However, the COVID-19 crisis has laid bare profound inequalities within society, as a significant number of Tunisians have suffered a loss of income. In this context the devices aiming to promote entrepreneurship and job creation are transformed into strategies for addressing the economic fallout of the pandemic crisis.

  • Damiano De Facci, LADYSS, CESSMA, (France) Entrepreneurship as a form of employment and a tool for local development: the limits of public policy
This presentation aims to examine public action for employment in Tunisia, by analyzing policy networks and focusing on entrepreneurship as an institution at the interface between political, social and economic regulations.
Analyzing the role of entrepreneurship in employment policies in Tunisia allows us to understand the contradictions and conflicts surrounding forms of employment in the context of the transformations of the local development model. It also allows us to understand the limits of a public policy that considers entrepreneurship as both a solution to unemployment and a lever for development. 
This presentation aims to highlight the trend towards the individualization of the employment issue, and the involvement of a multiplicity of actors who question the institutionalized compromises between the State, the unions and private actors, and the demands for decentralization linked to the development of the private sector and the actors promoting entrepreneurship.

  • Julien Dutour, Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, (France), Questioning SSE and social entrepreneurship: the crisis of the economic development model in the Sidi Bouzid region (Tunisia)
In post-revolutionary Tunisia affected by a deep economic crisis, the reconstruction of a reliable socio-economic environment in the interior regions, and particularly in Sidi Bouzid, is not done without difficulty. Among the solutions favored, both by local and international civil society actors from 2012 and by successive Tunisian governments since 2016, we can mention the SSE and social entrepreneurship (Sigillò, De Facci, 2018). Both of these models, commonly seen as alternatives to liberal capitalism (Laville, 2019), appear to be inclusive for the marginalized classes of Sidi Bouzid.
Yet, SSE and social entrepreneurship do not meet with the expected success (Carpentier, Dutour, 2020): as bearers of symbols that value particular and advanced socializations, the difficulties of funding due to the lack of institutions framing the field tend to favor individuals from the advantaged or middle classes in the implementation of their projects and, thus, reactivate the inequalities they were supposed to fight.

  • Thouraya Garraoui, Université de Leipzig, (Allemagne), Unemployment of university graduates in Tunisia: towards a deeper crisis
Graduate unemployment is a structural and fundamental problem (Bousnina, 2013). It has affected all social categories and economic sectors during different periods. Unemployment has marked, in an unequal way, all categories of graduates of universities, fields and scientific disciplines in Tunisia (Statistics of the Tunisian National Statistics Institute).
This socio-economic phenomenon has given rise to economic, political, cultural and social crises. Hence the spread of popular reactions in the form of strikes, protests and social uprisings guided by unemployed graduates such as the 2011 revolution and the events of 2020. Subsequently, unions composed of unemployed graduates have emerged. They pushed the Parliament towards the official declaration of the "Law 38".
These graduates are suffering from a limited job supply due to the pandemic, the bankruptcy of companies and the disruption of the economic environment. The labor market is becoming unable to meet the growing demand since the number of graduates has not stopped increasing. They are numerous, but they lack skills, qualities and experience. Even for those who are qualified, their skills are not in line with the criteria demanded by employers. This is a sign of the isolation of the job market at the Tunisian university.

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