Responsable: >Pepicelli Renata

A7 - Gender in Crisis in Tunisia: social, economic, juridical and cultural shifts of a gender reconfiguration 2/2

Date : 2022-09-21 | 16:15:00-18:15:00

Évènement : Symposium CriseS

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ESCT
Salle :
D14
Responsable : Pepicelli Renata
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Pepicelli Renata Université de Pise
Bonci Alessandra Université Laval

Genre, groupes sociaux, crises sociales et sanitaires 

A7 - Gender in Crisis in Tunisia: social, economic, juridical and cultural shifts of a gender reconfiguration 2/2 EN

Salle: D14
Responsable : Pepicelli Renata, Université de Pise, Italie

  • Renata Pepicelli, University of Pisa (Italy), Le mouvement-ombre des femmes d’Ennahda dans les années 1990: entre la répression d’État et la crise de l’islamisme tunisien
  • Alessandra Bonci, Université Laval, (Canada), La tunisianité en crise: comment les musulmanes pieuses illibérales remettent en cause les rôles de genre et l'identité nationale dans la Tunisie post-révolutionnaire ? 

  • Renata Pepicelli, University of Pisa (Italy), Le mouvement-ombre des femmes d’Ennahda dans les années 1990: entre la répression d’État et la crise de l’islamisme tunisien
Dans les années 1990, Ennahda a fait l'objet d'une répression généralisée qui a conduit à l'emprisonnement de milliers de militants et à l'exil ou la clandestinité de nombreux autres dans le pays. La répression et l’ultérieur démantèlement des réseaux Nahdaoui ont conduit à une crise profonde pour le mouvement, à tel point que nombre d'observateurs pensaient qu'il avait été complètement détruit. En 1995, le sociologue Abdelbaki Hermassi a déclaré que Ennahda avait "perdu le train de l'histoire" et "ne pouvait être décrite qu'en termes d'occasions manquées" (Hermassi 1995, p. 157). Mais, comme l'a montré la période post révolution de 2011, le mouvement ne s'était pas désintégré : malgré des difficultés extrêmes, il a réussi à survivre. Ce sont en grande partie les femmes qui ont assuré la survie d'Ennahda. Au cours des années 1990, les femmes du mouvement - moins directement touchées par la répression - deviennent un mouvement-ombre, qui réussit à assurer le lien entre les militants de l'intérieur et de l'extérieur, entre ceux du pays et ceux de la diaspora, organisant des campagnes internationales pour les prisonniers, et assuraient un soutien économique aux familles dans le besoin. Cet activisme des femmes impliquait une redéfinition des rôles de genre dans le mouvement et remettait en cause l'idée d'une tunisianité fondée sur un modèle unique de femme représentative pour tout le pays : laïque et non voilée. En se basant sur des recherches de terrain, cet article vise à faire la lumière sur l'histoire négligée des femmes nahdaouies avant la révolution.

  • Alessandra Bonci, Université Laval, (Canada), La tunisianité en crise: comment les musulmanes pieuses illibérales remettent en cause les rôles de genre et l'identité nationale dans la Tunisie post-révolutionnaire ? 

La norme de la Tunisianité a des racines profondes dans l'histoire tunisienne. (Merone, 2015 ; Zemni, 2016 ; Helal, 2019). Le processus de démocratisation entamé en 2011 a entretenu la stigmatisation des Islamistes, Salafistes et Musulmans illibéraux comme arriérés et non modernes, ne faisant qu'actualiser les exigences de la Tunisianité. Une fois qu'Ennahdha, le parti islamiste au pouvoir, a remodelé la notion Tunisianité pour assurer sa survie (Cavatorta et Merone, 2015 ; Haugbølle, 2015), les Salafistes et les militantes Musulmanes pieuses et illibérales sont devenues les nouvelles exclues de la possibilité de se conformer à une idée unique de citoyenneté. Les Salafistes et les militantes Musulmanes pieuses et illibérales ne rentrent pas dans le cadre de la Tunisianité car leur volonté de réaliser une compréhension non nahdawi, non modérée de l'islam, ne correspond pas aux besoins d'un système politique libéral et laïque (Asad, 2003).
Après une sécurisation progressive de la politique tunisienne, les militantes musulmanes pieuses et illibérales ne s’engagent plus aujourd'hui dans une opposition politique active, n’organisent pas d’actions directes contre l’État et n’encouragent pas d’autres personnes à le faire. Pourtant, elles se sentent marginalisées et exclues de leur propre société et de leur État. Malgré la perception de l’exclusion, elles consacrent leur temps et leur énergie à imaginer une société alternative et plus islamique, résistant et défiant les impositions et les récits restrictifs de l'État tels que le modèle unique pour être une "véritable" citoyenne tunisienne. Ainsi, cette étude vise à montrer l'agentivité de ces femmes en présentant leurs engagements politiques au sein des associations coraniques.





A7 - Assessing gendered impacts of crises in Tunisia: historical perspectives and multidimensional analysis 2/2 FR

Responsable : Renata Pepicelli, Université de Pise, Italie


  • Renata Pepicelli, University of Pisa (Italy), Le mouvement-ombre des femmes d’Ennahda dans les années 1990: entre la répression d’État et la crise de l’islamisme tunisien
The shadow movement of Ennahda women in the 1990s: between state repression and the crisis of the Tunisian Islamism

In the 1990s Ennahda was subjected to a widespread repression that led to thousands of militants being imprisoned, and many others in exile and hiding in the country. The repression and the subsequent dismantling of the Nahdaoui networks meant a deep crisis for the movement, to the point that many believed it had been completely destroyed. In 1995, the scholar Abdelbaki Hermassi stated that Ennahda had "lost the train of the history" and "could only be described in terms of missed opportunities" (Hermassi 1995, p. 157). But, as the post-2011 revolution has shown, the movement had not disintegrated: despite extreme difficulties, it managed to survive. It was largely the women who ensured the survival of Ennahda. During the 1990s, the women of the movement - who were less directly affected by repression - became a shadow movement, who managed to ensure the link between militants inside prison and outside, between those in the country and those in the diaspora, who organized international campaigns for prisoners, provided economic support for families in need. This activism by women implied a redefinition of gender roles in the movement and challenged the idea of Tunisianité based on a single model of woman representative of the whole country: secular and unveiled. Based on field research, this paper aims to shed light on the neglected history of Nahdaoui women before the revolution

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  • Raoudha Elguedri, Doha Institute for Graduate Studies, Doha, (Qatar), Figure(s) of masculinity(ies) and femininity(ies) through verbal violence among young couples in Tunisia / First readings of the results of a qualitative survey
Tunisia is unquestionably one of the pioneer countries in the MENA region from the point of view of promoting equality between men and women. During the post-revolutionary phase, the fight for total equality between men and women continued and was enshrined in the 2014 constitution, resulting in unprecedented achievements in the “Arab world”. However, this landscape does not correspond to the reality of the staggering figures emanating from empirical research carried out over the past ten years. According to a study carried out by CREDIF, for example, "53.5% of women in Tunisia report having suffered some form of violence in the public space, 78% of this violence is psychological and 75% 'sexual order'.
How can this discrepancy between this reality and the policies in favor of “gender plurality” and individual freedoms be explained? To answer this question and so many others, I conducted, with a team of sociologist researchers, during the year 2020, a qualitative sociological study by semi-structured interviews, on 25 individuals, men and women. , dealing with verbal abuse among young couples in Tunisia. My intervention will therefore present a first reading of the results of this survey, with the aim of understanding the "new" figures of masculinity(ies) and femininity(ies) in Tunisia, and the conflicts around expectations, images and social representations. attached to figures of masculinity and femininity.



  • Alessandra Bonci, Université Laval, (Canada), La tunisianité en crise: comment les musulmanes pieuses illibérales remettent en cause les rôles de genre et l'identité nationale dans la Tunisie post-révolutionnaire ? 
The Tunisianité in crisis: how pious illiberal Muslim women challenge the gender roles and the national identity in the post-revolutionary Tunisia?

The standard of Tunisian-ness, also known as “Tunisianité”, has deep roots in Tunisian history (Merone, 2015; Zemni, 2016; Helal, 2019). The process of democratization that started in 2011 maintained the stigma of Islamists as backward and non-modern, only updating the requirements of this “Tunisianité”. Once Ennahdha, the Islamist party in government, reshaped the boundaries of “Tunisianité” to secure their survival (Cavatorta and Merone, 2015; Haugbølle, 2015), the illiberal, pious women activists became the new excluded from the opportunity of being model citizens. They do not fit in the frame of Tunisianité because their will of performing a non-Nahdawi, non-moderate understanding of Islam, does not match with the needs of a liberal and laïque political system (Asad, 2003). 
After a progressive securitization of the Tunisian politics, illiberal, pious Muslim women activists today do not engage in active political opposition, do not organize direct actions against the state nor encourage other people to do so. Yet, they feel marginalized and excluded from their own society and government. Despite the perception of exclusion, they employ their time and energies imagining an alternative and more Islamic society, resisting and challenging the restrictive state-led impositions and narratives such as the unique model for being a ‘proper’ Tunisian citizen. Therefore, this study aims at showing these women’s agency by presenting their trajectories of political engagement within the koranic associations.


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