Responsable: >Pepicelli Renata
A7 - Gender in Crisis in Tunisia: social, economic, juridical and cultural shifts of a gender reconfiguration 1/2
Date : 2022-09-21 | 14:00:00-16:00:00
Évènement :
Symposium CriseS
Programme détaillé : cliquer ci-contre
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ESCT | ||
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D14 |
Responsable : Pepicelli Renata | |
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Discutant·e : | |
Les intervenant·e·s : | |
Sellami Meryem | Université de Tunis El Manar |
Ben Salem Maryam | Université de Sousse |
Elguedri Raoudha | Doha Institute for Graduate Studies |
Simoncini Guendalina | Université de Turin |
Della Valle Clara | Università di Bologna |
Genre, groupes sociaux, crises sociales et sanitaires A7 - Gender in Crisis in Tunisia: social, economic, juridical and cultural shifts of a gender reconfiguration 1/2 EN Salle: D14 Responsable : Pepicelli Renata, University of Pisa, Italy
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Évaluation des impacts genrés des crises en Tunisie : perspectives historiques et analyses multidimensionnelles
La redéfinition des rôles de genre a été au cœur du processus d'édification de la nation en Tunisie. Cependant, au cours des trente dernières années, la crise économique, l'émergence de nouveaux repositionnements politiques et religieux et les défis sécuritaires ont eu des impacts sexospécifiques et genrées sur l’ensemble de la société et à niveau de l’identité du pays.
Au cours des trois dernières décennies, de multiples crises ont affecté la Tunisie, entraînant des changements géopolitiques, sociaux, économiques, juridiques et culturels qui ont été discutés dans les études régionaux sur le Moyen Orient et Afrique du Nord et dans d’autres disciplines. Néanmoins, bien que moins étudiés dans la littérature, tant les crises que les mesures prises par l'État pour les résoudre ont mis en jeu le genre, avec le résultat d’en influencer les rapports, les modèles, les rôles et les identités. Cet atelier vise à aborder cette dimension des crises et à approfondir la discussion sur la manière dont le genre a été mobilisé en temps de crise en Tunisie en explorant aussi les modèles de genre qui ont été négociés dans les réponses institutionnelles et locales à ces crises. Avec un point de départ dans les sciences humaines et sociales et sur la base des enquêtes de terrain et d'analyses d'archives, cet atelier de deux sessions explorera dans une approche interdisciplinaire : les instruments conceptuels et théoriques pour faire face aux crises de genre ; les contestations historiques ou actuelles des significations publiques de la féminité/masculinité ; les reconfigurations ou la consolidation des rôles, des identités et des relations de genre traditionnels émergeant des crises.
Responsable : Renata Pepicelli, University of Pisa, Italy
- Meryem Sellami, Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis and Maryam Ben Salem, Université de Sousse, Masculinities in Tunisia between discourse on the crisis and reconfigurations of gender hierarchies
Les masculinités en Tunisie entre discours sur la crise et reconfigurations des hiérarchies de genre
La notion de crise de la masculinité est problématique à plusieurs égards : tout d’abord, parce qu’elle suppose une identité masculine collective et univoque ; ensuite, parce que la crise sert de soubassement aux discours antiféministes et masculinistes (Dupuis-Déri 2021).
S’appuyant sur une enquête qualitative par entretiens approfondis réalisée auprès d’une cinquantaine d’hommes et de femmes dans différentes régions de la Tunisie, cette contribution se propose de déconstruire la notion de crise en mettant au jour les représentations et appropriations différenciées (en fonction de l’âge, de la classe, du genre, de la religiosité, etc.) et multiples de la masculinité.
Par ailleurs, plutôt que de raisonner en termes de crise, le propos est d’examiner de quelle manière la tension entre permanence des stéréotypes du masculin et du féminin, véhiculés par les institutions officielles et changements au niveau de la hiérarchie des sexes consécutifs aux mutations sociales, culturelles et à l’incertitude politique et la crise économique se traduit par des conflits de pouvoir. Il nous semble que l’attachement à une sexualité normative (l’hétéronormativité, la virginité des femmes) est une des manifestations de la masculinité hégémonique au sens de Connell (Connell 1995) dans un contexte où se reconfigurent les hiérarchies de genre du fait de la perte de l’hégémonie économique des hommes.
- Raoudha Elguedri, Doha Institute for Graduate Studies, Doha, (Qatar), Figure(s) of masculinity(ies) and femininity(ies) through verbal violence among young couples in Tunisia / First readings of the results of a qualitative survey
Figure(s) de masculinité(s) et de féminité(s) à travers la violence verbale au sein des jeunes couples en Tunisie / Premières lectures des résultats d’une enquête qualitative
La Tunisie est incontestablement l’un des pays pionniers dans la région MENA du point de vue de la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes. Durant la phase post révolutionnaire, le combat pour l’égalité totale entre les hommes et les femmes s’est poursuivi et consacré dans la Constitution de 2014 aboutissant à des acquis inédits dans le « monde arabe ». Cependant, ce paysage ne correspond pas à la réalité des chiffres effarants émanant des recherches empiriques menées durant les dix dernières années. Selon une étude réalisée par le CREDIF, à titre d’exemple, « 53,5% des femmes en Tunisie déclarent avoir subi une forme de violence dans l’espace public, 78% de ces violences sont d’ordre psychologique et 75% d’ordre sexuel ».
Comment expliquer ce décalage entre cette réalité et les politiques en faveur « de la pluralité des genres » et des libertés individuelles ? Pour répondre à cette question et tant d’autres, j’ai mené, avec une équipe de chercheur(e)s sociologues, durant l’année 2020, une étude sociologique qualitative par entretiens semi-directifs, auprès de 25 hommes et femmes, portant sur les violences verbales au sein des jeunes couples en Tunisie. Mon intervention présentera donc une première lecture des résultats de cette enquête, avec le but de comprendre les « nouvelles » figures de masculinité(s) et de féminité(s) en Tunisie, et les conflits autour des attentes, des images et des représentations sociales attachées aux figures de masculinité et de féminité.
- Guendalina Simoncini, University of Pisa, (Italy), Gender representations in time of crisis: the case of Tunisian counter-terrorism discourse between gender essentialism, militarized masculinity and ‘intrinsically peaceful’ women
Représentations de genre en temps de crise : le cas du discours anti terroriste tunisien entre essentialisme de genre, masculinité militarisée et femmes « intrinsèquement pacifiques ».
La crise née de la menace terroriste dans la période qui a suivi la révolution de décembre 2010-janvier 2011 a entraîné une réponse sécuritaire sévère connue sous le nom de guerre contre le terrorisme ou « ḥarb ḍidd al-irhāb ». Le discours antiterroriste, qui plonge ses racines dans un contexte historique bien antérieur à 2011, loin d'être neutre du point de vue du genre, est un discours traversé par des symbolismes et des stéréotypes qui s'articulent à travers le langage verbal et non verbal. Cette contribution vise à enquêter les représentations genrées véhiculées dans le contexte de la crise sécuritaire à travers l'utilisation de l'analyse multimodale du discours, appliquée à un corpus de documents audiovisuels appartenant aux campagnes de sensibilisation gouvernementales et des organisations internationales qui ont vu le jour à partir de 2015. En particulier, la contribution vise à explorer comment le discours antiterroriste permet de présenter et de consolider des stéréotypes et les rôles de genre en produisant et en reproduisant des modèles d'inégalité entre les genres et des relations de pouvoir inégales. Pour cette raison, cette contribution s’interrogera sur les questions de la masculinité militarisée comme forme spécifique de masculinité hégémonique véhiculée par le discours antiterroriste ainsi que sur les représentations du féminin comme intrinsèquement pacifique ou liées à la reproduction sociale en occultant l'expérience de femmes dans la violence politique.
- Clara della Valle, University of Bologna, (Italy), Unpacking the relationship between international agenda and local change: gender roles and power relations in Tunisia through political, security and pandemic crisis.
Analyser la relation entre les agendas internationaux et le changement local : rôles de genre et relations de pouvoir en Tunisie à travers les crises politique, sécuritaire et pandémique.
La révolution de 2010-2011 a conduit à l’émergence d’un panorama varié d’associations de femmes qui a contribué à une reconfiguration des rôles de genre et des relations de pouvoir au sein de la société tunisienne. Au cœur des multiples luttes féminines, il y a l’idée des femmes comme « agents du changement », qui privilégie le concept de « participation » à ceux de « protection » ou de « prévention ». La crise sécuritaire amorcée en 2014 a déclenché l’adoption du premier Plan d’Action tunisien pour la mise en œuvre de l’Agenda Femmes, Paix et Sécurité (FPS). Cependant, le débat global sur FPS a été façonné par un paradigme sécuritaire, qui dépeint les femmes comme des « victimes », ne reconnaissant pas leur résistance quotidienne comme un exercice valide du pouvoir politique. A travers une analyse documentaire et des entretiens avec différentes parties prenantes sur le terrain, cette contribution vise à étudier la relation entre les agendas internationaux et le changement local. Elle soutient que le dossier FPS a suscité peu d’intérêt parmi la société civile féminine jusqu’à présent, principalement en raison de l’intersection problématique entre son cadre sécuritaire et les intérêts, les actions et les formes d’agences des femmes tunisiennes. La contribution explore les potentialités d’une plus grande implication de ces dernières dans le dossier FPS et d’un réalignement du discours global sur FPS sur les spécificités contextuelles du soi-disant « Sud Global », afin de dépasser les récits conservateurs. Il s’attarde également sur les opportunités offertes par la crise sanitaire de 2020 pour réécrire le discours de sécurité internationale dans un paradigme de « sécurité humaine », qui intègre mieux l’« agency » et la « participation » des femmes.
A7 - Assessing gendered impacts of crises in Tunisia: historical perspectives and multidimensional analysis 1/2 EN
The redefinition of gender roles has been at the core of the nation-building process in Tunisia. However, over the last 30 years, economic crisis, the emergence of new political and religious repositioning, security challenges produced engendered impacts on the society and on the identity of the country.
In the last 3 decades, multiple crises have affected Tunisia bringing geopolitical, social, economic, legal and cultural shifts that have been discussed in area studies and other disciplines. Nevertheless, both crises and the measures taken to solve them by the state brought gender into play and resulted in influencing gender relations, models, roles and identities being less studied in the literature. This workshop aims at tackling this dimension of crises and at enhancing the discussion about how gender has been mobilized in times of crisis in Tunisia exploring gender models that have been negotiated in institutional and grassroots responses to these crises. With a point of departure in human and social sciences and on the basis of fieldwork and analysis of archives this two-session panel will explore from an interdisciplinary approach: conceptual and theoretical instruments tackling gender crises; historical or actual contestations of public meanings of femininity/masculinity; reconfigurations or consolidation of traditional gender roles, identities and relationships emerging from the crises.
Responsable : Pepicelli Renata, University of Pisa, Italy
- Meryem Sellami, Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis and Maryam Ben Salem, Université de Sousse, Masculinities in Tunisia between discourse on the crisis and reconfigurations of gender hierarchies
The notion of a crisis of masculinity is problematic in several respects: first, because it presupposes a collective and unambiguous male identity; then, because the crisis serves as a foundation for anti-feminist and masculinist discourses (Dupuis-Déri 2021).
Based on a qualitative survey by in-depth interviews carried out with around fifty men and women in different regions of Tunisia, this contribution aims to deconstruct the notion of crisis by bringing to light the differentiated representations and appropriations (in based on age, class, gender, religiosity, etc.) and multiples of masculinity.
Moreover, rather than reasoning in terms of crisis, the aim is to examine how the tension between the permanence of stereotypes of masculinity and femininity, conveyed by official institutions and changes in the hierarchy of the sexes resulting from changes in social, cultural and political uncertainty and the economic crisis translates into power struggles. It seems to us that the attachment to normative sexuality (heteronormativity, the virginity of women) is one of the manifestations of hegemonic masculinity in the sense of Connell (Connell 1995) in a context where gender hierarchies are reconfigured because of the loss of the economic hegemony of men.
- Guendalina Simoncini, University of Pisa, (Italy), Gender representations in time of crisis: the case of Tunisian counter-terrorism discourse between gender essentialism, militarized masculinity and ‘intrinsically peaceful’ women
The crisis arising from the terrorist threat in the period following the Tunisian revolution of 2010-2011 resulted in a harsh security response known as the War on Terror or "ḥarb ḍid al-irhāb". The political and military repressive responses have been accompanied by a counter-terrorism discourse that far from being gender-neutral has been marked by symbolisms and stereotypes articulating through verbal and non-verbal language. This contribution aims to investigate the gendered representations conveyed in the context of the security crisis in Tunisia. The paper will apply multimodal discourse analysis to a corpus of audio-visual materials belonging to awareness campaigns of the Tunisian government and international organizations that have been implemented in Tunisia since 2015. In particular, the contribution aims to explore how counter-terrorism discourse contributed to transmitting and consolidating gender roles and stereotypes by producing and reproducing patterns of gender inequality and unequal power relations. For this reason, this contribution will question militarized masculinity, as a specific form of hegemonic masculinity conveyed by the discourse of "ḥarb ḍidd al-irhāb", as well as femininity is seen as intrinsically peaceful and linked to social reproduction that contributes obscure the plural experience of women in political violence.
- Clara della Valle, University of Bologna, (Italy), Unpacking the relationship between international agenda and local change: gender roles and power relations in Tunisia through political, security and pandemic crisis.
The 2010-2011 revolution led to the emergence of a variegated panorama of women associations that has contributed to a reconfiguration of gender roles and power relations within Tunisian society. At the core of multiple female struggles there is the idea of women as “agents of change”, which privileges the concept of “participation” to those of “protection” or “prevention”. The security crisis started in 2014 triggered the adoption of the first Tunisian Action Plan for implementing the Women, Peace and Security (WPS) Agenda. However, the global debate on WPS has been shaped by a securitarian paradigm, which depicts women as “victims”, failing in recognizing their everyday resistance as a valid exercise of political power. Through doc analysis and interviews to different stakeholders on the ground, this contribution aims at investigating the relationship between international agenda and local change. It argues that the WPS dossier has aroused little interest among female civil society so far, mainly due to the problematic intersection between its securitarian framing and the interests, actions and forms of agencies of Tunisian women. The contribution explores the potentialities of their greater involvement in the WPS dossier and a realignment of the global WPS discourse to the contextual specificities of the so-called “Global South”, in order to going beyond conservative narratives. It also lingers on the opportunities provided by the 2020 health crisis for re-writing the international security discourse within a “human security” paradigm, which better integrates women’s “agency” and “participation”.