Responsable: >Heikel Ben Mustapha

A42 - Sociolinguistique et crises 1/2

Date : 2022-09-23 | 14:00:00-16:00:00

Évènement : Symposium CriseS

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ESCT
Salle :
B3
Responsable : Heikel Ben Mustapha
Modérateur·trice :
Discutant·e : Farah Zaiem Ben Nedjma
Les intervenant·e·s :
Rhibi Chokri Université de Gabès
Dourari Abderrazak Alger 2
Laroussi Foued Université de Rouen
Calvet Louis-Jean Aix-Marseille Université

Responsable : Heikel Ben Mustapha, Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, Université de la Manouba
Discutante : Farah Zaiem Ben Nedjma, Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, Université de la Manouba

  • Abderrazak Dourari, Université Alger 2 (Algérie), Plurilinguisme, planification linguistique, conflit et gouvernance en Algérie
  • Chokri Rhibi, Université de Gabès, Dénomination en temps de crise sanitaire: des mots pour dire les maux
  • Heikel Ben Mustapha, Faculté des Lettres, des Arts et de Humanités de La Manouba, Sociolinguistique de la Tunisie : de la société en Crise à la Crise des catégories

A42 - Sociolinguistique et crises 1/2 FR

L’atelier essaie d’apporter un regard sociolinguistique sur la question des crises. La crise y est envisagée sous diverses facettes, économique, éducative, conceptuelle, sanitaire, civilisationnelle, et plus largement socioculturelle. La sociolinguistique étant une linguistique « de crise », les auteurs essaieront d’étudier plusieurs contextes de crise à la lumière de l’apport de « la linguistique sociale ». 
L’intervention de Calvet apporte une lecture des rapports entre les crises et leur versant linguistique. Laroussi choisit d’approcher l’impact de la crise du COVID 19 sur l’invention langagière et les attitudes qu’elle motive. Dourari, présentera la crise politique opposant les langues en Algérie dans son versant linguistique, à travers la planification linguistique  Elimam propose à travers l’étude des métissages entre « le Maghribi », langue maternelle commune aux Maghrébins, de réfléchir sur la possibilité d’une sociolinguistique maghrébine et surtout sur ce qui l’empêche « d’émerger/ de s’émanciper ». Rhibi, quant à lui, approche la crise du Covid 19 à partir de la dénomination. Salikoko Mufwene pose le problème des « crises ethnolinguistiques » en Afrique dans leur rapport avec le maintien des langues d’ « héritage ». Cherrad et Kazwini, nous invitent à découvrir la question des langues dans le contexte de l’enseignement des disciplines non-linguistiques à partir de la « législation » et des pratiques. Vigouroux, soulève le problème des crises économiques en Afrique subsaharienne en rapport avec la vitalité des langues vernaculaires. Quant à Ben Mustapha, il pose le problème des concepts et catégories maniées dans la description du contexte linguistique tunisien, qui devient complexe à cause de la crise qui traverse la société tunisienne.

Responsable : Heikel Ben Mustapha, Faculté des Lettres, des Arts et de Humanités de la Manouba, Université de la Manouba
Discutante : Farah Zaiem Ben Nedjma, Faculté des Lettres, des Arts et de Humanités de la Manouba, Université de la Manouba

  • Louis-Jean Calvet, (Aix-Marseille Université), Langues et crises, crises des langues

  • Foued Laroussi, Université de Rouen (France), La sociolinguistique , linguistique de la crise : le covid 19 comme exemple
Il y a plus de 40 ans, Jean-Baptiste Marcellesi, père de la sociolinguistique française, écrivait un article qui a fait date dans l’histoire de la discipline : « De la crise de la linguistique à la linguistique à la linguistique de la crise : la sociolinguistique » (1980). Dans cet article, il réaffirmait les prises de position d’Antoine Meillet lesquelles s’inscrivaient dans le droit chemin des propositions d’Émile Durkheim selon lequel « le langage est éminemment un fait social ». On ne peut séparer le changement linguistique des conditions extérieures dont il dépend. Il convient ici de préciser le sens du « fait social ». Ce dernier n’est pas conçu au sens de Ferdinand de Saussure (CLG) : la langue est sociale car elle se fait dans la société mais au sens de Meillet qui lui donne un sens durkheimien : expliquer les faits linguistiques par les faits sociaux. Aujourd’hui et depuis la crise sanitaire liée au Covid-19, un nouveau jargon a fait irruption dans notre vie quotidienne, nombre d’items lexicaux réservés à un domaine spécialisé sont devenus des mots de la vie de tous les jours : Covid, virus, gestes-barrière, confinement, test PCR, test antigénique, vaccin, vaccination, pass sanitaire…
Relayé quotidiennement par les médias, ce discours est-il en train de se banaliser ? À partir d’une petite enquête de terrain, menée en Tunisie, j’essaierai de voir quel est l’impact de ce discours lié à la crise sanitaire sur les personnes. Comment le reçoivent-ils ? L’émergence d’un lexique nouveau est-elle désormais intégrée dans les pratiques langagières ordinaires des Tunisiens ?
 
  • Abderrazak Dourari, Université Alger 2 (Algérie), Plurilinguisme, planification linguistique, conflit et gouvernance en Algérie
L’Algérie, à l’instar des autres Etats maghrébins (Tunisie, Maroc notamment), est un Etat–nation moderne né de la conjonction de plusieurs facteurs historiques, culturels et anthropologiques remontant à une temporalité de plusieurs siècles et dont les événements qui l’animent se déroulent sur un vaste espace relativement stable depuis au moins l’émergence du royaume Numide, deux siècles av. J.-C.
Les nombreux peuples et cultures qui s’y sont succédé, ainsi que leurs interactions avec les populations « autochtones », ont produit des phénomènes qui ont surdéterminé le processus d’élaboration de son être actuel. Le plurilinguisme (et le multiculturalisme) en est l’un des traits déterminants. 
A la sortie de la nuit coloniale, les dirigeants nationalistes ont assigné pour le nouvel Etat-nation des traits culturels et linguistiques choisis selon une téléologie idéologique : le distinguer de l’Etat colonial tout en empruntant à celui-ci son organisation politico- juridique jacobine.
Le monolinguisme fondé sur la langue arabe scolaire/classique a constitué le noyau dur de sa politique linguistique et culturelle en disjonction patente avec la réalité macro-sociolinguistique. Le non affranchissement par les élites du pouvoir de cette vision entretient une situation crisogène d’intensité variable qui soulève à son tour des interrogations sur la nature et les objectifs de l’organisation de la gouvernance au regard des nécessités universelles de stabiliser la société et l’Etat en créant des synergies linguistiques, et développementales humaines et économiques.
Aussi tenterons-nous ici de percer au jour les linéaments du rapport schizophrénique entre le mode de gestion du plurilinguisme et la situation sociolinguistique d’un côté, et les contraintes objectives découlant de l’organisation juridico-politique de l’Etat, de l’autre côté. Nous partons, pour ce faire, de l’hypothèse que le conflit linguistique et culturel persistant en est la conséquence plutôt que la cause.
 
  • Chokri Rhibi, Université de Gabès, Dénomination en temps de crise sanitaire: des mots pour dire les maux
   La langue ne peut être considérée comme un "répertoire immobile". Au contraire, elle est même le lieu d'un travail incessant (Benveniste, 1974) qui nous fait découvrir de nouveaux usages dictés par une nouvelle réalité. Partant de ce constat, nous nous proposons d'étudier, dans cette communication, l'émergence d'un certain nombre de termes ou de concepts dans un contexte un peu particulier qu'a connu le monde entier en ce début du XXIème siècle, celui de la pandémie du coronavirus ou plus précisément de la Covid-19. La dénomination de cet événement va de pair avec la production de mots nouveaux et bien évidemment d'un discours "néologiquement" marqué. Ce processus de dénomination s'accompagne le plus souvent d'une dimension émotionnelle qui se manifeste à travers de nombreux procédés discursifs. Ainsi le choix des termes mobilisés pour dire la crise est déterminant voire décisif  dans la manipulation de l'opinion publique face au  surgissement d’un événement inattendu.

A42 - Sociolinguistic and Crisis 1/2 FR

This workshop deals with the Crisis in a sociolinguistic view. Crisis is dealt with in diverse perspectives which cover a number of sociocultural realities such as economics, education, health, civilisation and concepts. As sociolinguistic is defined as the linguistics of Crisis, the contributors will present studies of several contexts from the sociolinguistic point of view.
Calvet tends to study the correlation of crisis and its linguistic dimension. Laroussi’s contribution is centered on the impact of Covid 19 Pandemic on the verbal creation and attitudes which it motives. Dourari presents Algerian political Crisis and language conflicts from the perspective of language planning. Elimam focuses on « Maghribi » Language which is the common maternal language of the Maghribis. He proposes to deal with the possibilities of a maghribi sociolinguistics, especially what impedes its emergence. Rhibi deals with Covid 19 Pandemic in the perspective of denomination. Mufwene proposes a study of the ethnolinguistics crisis in Africa and its impact on the heritage languages maintenance. Cherrad and Kazwini invite us to discover the linguistic reality and problems in teaching non-linguistic curricula from the perspective of praxis and legislations. Vigouroux’s contribution correlates the economic crisis and the vernacular maintenance in sub saharan Africa. Ben Mustapha raises the question of analytical categories and their capacity in describing the Tunisian linguistic context which becomes intricate due to social crisis.
 
Responsable : Heikel Ben Mustapha, FLAH, Université de la Manouba
Discutante : Farah Zaiem Ben Nedjma, FLAH, Université de la Manouba

  • Louis-Jean Calvet, (Aix-Marseille Université), Languages and crises, crises of languages 
ABSTRACT MISSING
 
  • Foued Laroussi, Université de Rouen (France), Sociolinguistics, linguistics of the crisis: covid 19 as an example 
More than 40 years ago, Jean-Baptiste Marcellesi, the father of French sociolinguistics, wrote a landmark article in the history of the discipline: "From the crisis of linguistics to the linguistics of the crisis: sociolinguistics" (1980). In this article, he reaffirmed Antoine Meillet's positions, which were in line with Émile Durkheim's propositions that "language is eminently a social fact". Linguistic change cannot be separated from the external conditions on which it depends. The meaning of 'social fact' should be clarified here. The latter is not conceived in the sense of Ferdinand de Saussure (CLG): language is social because it is made in society, but in the sense of Meillet, who gives it a Durkheimian meaning: explaining linguistic facts by social facts.
Today and since the health crisis linked to Covid-19, a new jargon has burst into our daily life, a number of lexical items reserved for a specialized field have become words of everyday life: Covid, virus, barrier gestures, containment, PCR test, antigenic test, vaccine, vaccination, health pass...
Is this discourse, relayed daily by the media, becoming commonplace? Based on a small field survey conducted in Tunisia, I will try to see what impact this discourse linked to the health crisis has on people. How do they receive it? Is the emergence of a new lexicon now integrated into the ordinary language practices of Tunisians?
 
  • Abderrazak Dourari, Université Alger 2 (Algérie), Plurilinguisme, planification linguistique, conflit et gouvernance en Algérie 
Plurilingualism, language planning, conflict and governance in Algeria
Algeria, like the other Maghreb states (Tunisia, Morocco in particular), is a modern nation-state born of the conjunction of several historical, cultural and anthropological factors dating back several centuries and whose events have been taking place over a vast and relatively stable area since at least the emergence of the Numidian kingdom two centuries BC.
The many peoples and cultures that have succeeded one another, as well as their interactions with the 'indigenous' populations, have produced phenomena that have overdetermined the process of elaboration of its present being. Multilingualism (and multiculturalism) is one of the determining features. 
At the end of the colonial night, the nationalist leaders assigned cultural and linguistic features to the new nation-state, chosen according to an ideological teleology: to distinguish it from the colonial state while borrowing from it its Jacobin political and legal organization.
Monolingualism based on the Arabic school/classical language constituted the hard core of its linguistic and cultural policy in clear disjunction with the macro-sociolinguistic reality. The failure of the power elites to free themselves from this vision maintains a crisis situation of varying intensity, which in turn raises questions about the nature and objectives of the organization of governance with regard to the universal need to stabilize society and the state by creating linguistic synergies and human and economic development.
We shall therefore attempt here to uncover the lineaments of the schizophrenic relationship between the mode of management of plurilingualism and the sociolinguistic situation, on the one hand, and the objective constraints arising from the legal-political organization of the State, on the other. We assume that the persistent linguistic and cultural conflict is the consequence rather than the cause.
 
  • Chokri Rhibi, Université de Gabès, Dénomination en temps de crise sanitaire: des mots pour dire les maux
Naming in times of health crisis: words for evils
 
 Language cannot be considered as an "immobile repertoire". On the contrary, it is even the place of an incessant work (Benveniste, 1974) which makes us discover new uses dictated by a new reality. Based on this observation, we propose to study, in this paper, the emergence of a certain number of terms or concepts in a rather particular context that the whole world has experienced at the beginning of the 21st century, that of the coronavirus pandemic or more precisely of Covid-19. The naming of this event goes hand in hand with the production of new words and obviously of a 'neologically' marked discourse. This naming process is most often accompanied by an emotional dimension that manifests itself through numerous discursive procedures. Thus the choice of terms used to describe the crisis is decisive, even decisive, in the manipulation of public opinion in the face of an unexpected event.

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