Responsable: >Makram Abbes

A106 - Dynamiques récentes de la recherche et transformations des champs des savoirs dans la Péninsule Arabique 1/2

Date : 2022-09-23 | 11:00:00-13:00:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ISAMM
Salle :
C5
Responsable : Makram Abbes
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Breteau Marion American University of Kuwait
Assaf Laure New York University Abu Dhabi
Ayachi Mehdi EHESS

A106 - Dynamiques récentes de la recherche et transformations des champs des savoirs dans la Péninsule Arabique 1/2 FR

Salle: C5
Responsable : Makram Abbes, ENS Lyon, France

  • Marion Breteau, American University of Kuwait, (Kuwait), Etat des lieux de la recherche anthropologique dans les pays du Golfe
  • Laure Salma Assaf, New York Abu Dhabi University, (United Arab Emirates), Penser la stratification sociale dans un monde global : le cas du Golfe
  • Mehdi Ayachi, EHESS, Laboratoire IRIS, (France), Une anthropologie de la vie intellectuelle dans la péninsule Arabique : le cas du Sultanat d'Oman (à distance)

A106 - Dynamiques récentes de la recherche et transformations des champs des savoirs dans la Péninsule Arabique 1/2 FR

Les pays de la péninsule Arabique connaissent depuis quelques années des transformations majeures, que ce soit au niveau du rôle qu’ils jouent au sein du monde arabe et à l’échelle régionale voire internationale, ou bien en termes de modèle social et culturel qui véhicule une certaine idée de la modernité arabe. Tout en étant ancrés dans des traditions pluriséculaires et en se revendiquant d’un patrimoine composé de plusieurs civilisations qui se sont succédées dans la région (gréco-romaines, nabatéennes, islamiques, etc.), les pays de la Péninsule Arabique se montrent résolument tournés vers le futur et proposent, chacun à sa manière, une vision des mondes urbains, des ressources énergétiques ou de l’univers visuel qui devrait être adoptée après l’ère du pétrole. De telles dynamiques produisent des effets importants sur les réalités sociales et politiques que traversent ces pays, et ouvrent la voie à plusieurs domaines des sciences humaines et sociales pour repérer les tendances qui sont actuellement en cours, et interroger les problématiques qui en découlent. Comme en témoignent les découvertes archéologiques récentes au Koweït, au Sultanat d’Oman ou en Arabie Saoudite, les pays de la région sont au cœur d’une réécriture de l’histoire et d’une réévaluation de leur patrimoine humain et culturel. Le présent panel entend donner une idée précise de ces nouveaux lieux du savoir, et des perspectives qu’ils ouvrent aux chercheurs désireux d’aller plus loin dans l’exploration des cultures et sociétés de la région. 

Responsable : Makram Abbes, ENS Lyon, France

  • Marion Breteau, American University of Kuwait, (Kuwait), Etat des lieux de la recherche anthropologique dans les pays du Golfe
Étudiés pour les mutations qu’ils ont connues dès les années 1960-70, les pays du Golfe sont depuis longtemps investis par des sciences sociales telles que les études urbaines ou la science politique. Par leur intérêt pour la fabrique du culturel et du social, ces thématiques de recherche, et les rapports largement teintés d’orientalisme que les chercheurs – pour la plupart occidentaux – pouvaient entretenir avec la région, marquent doublement l’anthropologie. D’abord intéressée par une compréhension des effets de la modernisation sur les populations et cultures locales, nous avons pu assister au passage d’une anthropologie en quête du typique vers une anthropologie dédiée aux enjeux posés par la globalisation. Cette intervention propose de faire un bilan chronologique des études anthropologiques dans les pays du Golfe, des thématiques de recherche privilégiées, ainsi que du glissement de regard qui s’opère aujourd’hui par la réappropriation de la discipline par les chercheurs golfiens eux-mêmes ; témoignant d’une capacité d’adaptation de l’anthropologie face aux changements des sociétés auxquelles elle se consacre.

  • Laure Salma Assaf, New York Abu Dhabi University, (United Arab Emirates), Penser la stratification sociale dans un monde global : le cas du Golfe
Depuis plus d'une décennie, l'expansion de la recherche sur les pays du Golfe a mené à une compréhension plus fine de leurs sociétés et des hiérarchies qui les traversent, dans leur dimension historique comme contemporaine. En particulier, elle a permis de dépasser la seule dichotomie entre citoyens et non-citoyens en éclairant la complexité interne de ces populations, notamment à travers l'étude de ceux que l'on pourrait considérer comme des classes moyennes – même si cette catégorie reste mal définie. Mon intervention se penche sur l'évolution des prismes théoriques à travers lesquels a été décrite la stratification sociale dans les sociétés de la péninsule Arabique – de la caste à la classe en passant par les analyses récentes en termes de compétence ou de privilège racial. Elle suggère que les sociétés urbaines du Golfe, marquées à la fois par une forte diversité et une forte hiérarchisation, offrent une perspective essentielle pour comprendre la recomposition des stratifications sociales dans un monde global.

  • Mehdi Ayachi, EHESS, Laboratoire IRIS, (France), Une anthropologie de la vie intellectuelle dans la péninsule Arabique : le cas du Sultanat d'Oman
L’attribution en mai 2019 du prix littéraire international Booker à l’écrivaine omanaise Jūkha Al-Ḥārthī est venu confirmer le statut de nouvelles centralités culturelles acquis par les pays du Golfe au sein de l’espace panarabe. Pourtant, l’étude des créateur·rices et des médiateur·rices culturel·les continue d’apparaître comme le parent pauvre des études golfiennes. Plus encore, la dispersion des disciplines (histoire intellectuelle, sociologie de la culture, études littéraires…), la segmentation des objets de recherche (entre productions religieuses et productions patrimoniales et culturelles) ainsi que le tropisme pour les textes plutôt que pour les pratiques, ne permettent qu’imparfaitement de saisir la vie intellectuelle des sociétés du Golfe. En partant du cas omanais, mon intervention s’attache à dégager les linéaments d’une anthropologie de la vie intellectuelle attentive aux carrières, aux lieux et aux formes de sociabilités, aux formes et aux contenus des productions symboliques et aux différents modes d’intervention publique d’une diversité de producteur·rices intellectuel·les (savant·es, philosophes, écrivain·es, poète·esses, militant·es, médiactivistes). En s’intéressant à ce que j’appelle des « pratiques de pensée », on verra comment celles-ci se saisissent de la question des hiérarchies raciales et statutaires pour les penser et les critiquer. On interrogera ainsi la place et le rôle des idées dans la transformation des rapports sociaux et au sein des dynamiques de changement qui traversent aujourd’hui les sociétés golfiennes. 

Recent research dynamics and transformations of knowledge fields in the Arabian Peninsula

The countries of the Arabian Peninsula have undergone major transformations in recent years, both in terms of the role they play within the Arab world and on a regional and even international scale, and in terms of the social and cultural model that conveys a certain idea of Arab modernity. While rooted in centuries-old traditions and boasting a heritage composed of several civilizations that have succeeded one another in the region (Greco-Roman, Nabatean, Islamic, etc.), the countries of the Arabian Peninsula are resolutely looking to the future and proposing, each in its own way, a vision of urban worlds, energy resources or the visual universe that should be adopted after the oil era. Such dynamics have important effects on the social and political realities of these countries, and open the way for several fields of the humanities and social sciences to identify the trends that are currently underway, and to interrogate the issues that arise from them. As evidenced by recent archaeological discoveries in Kuwait, Oman and Saudi Arabia, the countries of the region are at the heart of a rewriting of history and a revaluation of their human and cultural heritage. This panel intends to give a precise idea of these new territories of knowledge, and of the perspectives they open to researchers wishing to go further in the exploration of the cultures and societies of the region. 

Responsable : Makram Abbes, ENS Lyon, France

  • Marion Breteau, American University of Kuwait, (Kuwait), Etat des lieux de la recherche anthropologique dans les pays du Golfe
State of the art of anthropological research in the Gulf countries

Studied for the changes they have undergone since the 1960s and 1970s, the Gulf countries have long been the focus of social sciences such as urban studies and political science. Through its interest in the cultural and social fabric, these research themes, and the largely orientalist relationships that researchers – mostly Western – have had with the region, have had a double impact on anthropology. Initially interested in understanding the effects of modernization on local populations and cultures, we have witnessed a shift from an anthropology in search of the typical to an anthropology dedicated to the issues raised by globalization. This paper proposes to make a chronological assessment of anthropological studies in the Gulf countries, of the privileged research themes, as well as of the shift in perspective that is taking place today through the reappropriation of the discipline by the Gulf researchers themselves, testifying to anthropology's capacity to adapt to the changes in the societies to which it is devoted.

  • Laure Salma Assaf, New York Abu Dhabi University, (United Arab Emirates), Penser la stratification sociale dans un monde global : le cas du Golfe
Thinking about social stratification in a global world: the case of the Gulf

For more than a decade, the expansion of research on the Gulf countries has led to a more detailed understanding of their societies and the hierarchies that run through them, both in their historical and contemporary dimensions. In particular, it has made it possible to go beyond the dichotomy between citizens and non-citizens by shedding light on the internal complexity of these populations, notably through the study of those who could be considered as middle classes - even if this category remains ill-defined. My paper examines the changing theoretical prisms through which social stratification in Arabian societies has been described - from caste to class to recent analyses of ability or racial privilege. It suggests that the urban societies of the Gulf, marked by both high diversity and high hierarchy, offer an essential perspective for understanding the re-composition of social stratifications in a global world.

  • Mehdi Ayachi, EHESS, Laboratoire IRIS, (France), Une anthropologie de la vie intellectuelle dans la péninsule Arabique : le cas du Sultanat d'Oman
An anthropology of intellectual life in the Arabian Peninsula: the case of the Sultanate of Oman

The awarding of the Booker International Literary Prize in May 2019 to Omani writer Jūkha Al-Ḥārthī has come to confirm the status of new cultural centralities acquired by the Gulf countries within the pan-Arab space. Yet the study of cultural creators and mediators continues to appear as the poor relation of Gulf studies. Moreover, the dispersion of disciplines (intellectual history, sociology of culture, literary studies...), the segmentation of research objects (between religious productions and heritage and cultural productions) as well as the tropism for texts rather than for practices, only imperfectly allow us to grasp the intellectual life of Gulf societies. Starting from the Omani case, my paper aims to draw the lineaments of an anthropology of intellectual life attentive to the careers, places and forms of sociability, to the forms and contents of symbolic productions and to the different modes of public intervention of a diversity of intellectual producers (scholars, philosophers, writers, poets, activists, media activists). By focusing on what I have decided to call "practices of thought", we will see how these practices take up the question of racial and statutory hierarchies in order to reflect on and criticize them. We will thus question the place and the role of ideas in the transformation of social relations and within the dynamics of change that are presently traversing Gulf societies. 

>