Responsable: >Nora Lafi & Markus Koller

A103 - Arrêt réflexif sur les études ottomanes aujourd’hui

Date : 2022-09-22 | 14:00:00-16:00:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ISAMM
Salle :
Amphithéâtre
Responsable : Nora Lafi & Markus Koller
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Temime Blili Leila La Manouba
Lafi Nora Leibniz-Zentrum Moderner Orient Berlin
Koller Markus Ruhr University Bochum
Guechi Fatima Zohra Université Frères Mentouri
Alghafal Suaad Al Fateh University

A103 - Arrêt réflexif sur les études ottomanes aujourd’hui EN

Amphithéâtre
Responsables : Nora Lafi, Leibniz-Zentrum Moderner Orient, Berlin et Markus Koller, Ruhr University Bochum, (Allemagne)

  • Alghafal Suaad, Al Fateh University, Tripoli, (Lybia), How to teach and do research on ottoman history in Libya today?
  • Fatima Zohra Guechi, Université Frères Mentouri, (Algérie), Constantine, Ottoman studies in Algeria: questions and contextualisations
  • Markus Koller, Ruhr University Bochum, (Allemagne), Teaching Ottoman History in the Context of Digital Humanities
  • Nora Lafi, Leibniz-Zentrum Moderner Orient, Berlin, (Allemagne),  The Practice of Ottoman History in Europe and the Persistence of Ambiguities and Instrumentalisations
  • Leila Temime Blili, Université de la Manouba, Ottoman Studies in Tunisian Universities since Independence : from Reluctance to New Comparative Perspectives?FR

A103 - Arrêt réflexif sur les études ottomanes aujourd’hui EN

Insaniyyat 2022 est une occasion de débattre des conditions de l’enseignement et de la recherche en sciences humaines et sociales. Les liens établis entre la transmission des connaissances et les capacités des disciplines à interroger le réel semblent en mutation. Il est utile, ainsi, de s’interroger sur la logique des changements en cours. Ceux-ci s’expriment par des demandes qui sollicitent de plus en plus l’attention et le temps d’encadrement. On note une sorte de « dérive des continents » des notions, des outils et des pratiques d’étude. Nous observons aussi l’apparition de nouvelles attentes de la part des étudiantes et étudiants. Au-delà des choix d’objets et des thèmes de recherche comme des contextes nationaux, on note une évolution des catégories de pensée et des habitus théoriques et pratiques mobilisés. Les questions de financement sont souvent déterminantes et favorisent les tendances de captation des moyens matériels. Même s’il y a des socialisations heureuses, on ne peut s’empêcher de constater écarts et décalages persistants. Cette session, co-organisée par la SIHMED (Société internationale des historiens de la Méditerranée), propose une réflexion collective dans cette optique autour du thème des études ottomanes et de leur statut et nature dans un contexte régional où perdurent différentes visions au travers historiographies nationales et discours politiques. La perception de l'empire ottoman en tant qu'objet d'étude en est fortement influencée et les possibilités d’internet démultiplient les circulations. Formatage de la recherche par l’horizon d’attente idéologique et institutionnel, porosité entre recherche et prégnance sociale de clichés sur la période, inertie contemporaine des postures coloniales relatives à l’histoire ottomane, particulièrement en contexte nord-africain, projection dans le passé des catégories identitaires contemporaines : toutes ces questions méritent d’être mises en perspective.

Responsables : Nora Lafi, Leibniz-Zentrum Moderner Orient, Berlin et Markus Koller, Ruhr University Bochum, (Allemagne)

  • Alghafal Suaad, Al Fateh University, Tripoli, (Lybia), How to teach and do research on ottoman history in Libya today?
Comment enseigner et faire des recherches sur l'histoire ottomane dans la Libye d'aujourd'hui ?
La Libye d'aujourd'hui est confrontée à de multiples défis liés à son identité même. Dans ce contexte troublé, l'écriture de l'histoire est constamment sous pression et l'enseignement également. L'objet de cet article est de discuter des questions liées à l'interprétation de la période ottomane au miroir de ces déterminations fortes et violentes. Il s'agira d'explorer à la fois l'émergence de nouvelles tendances ou de nouveaux récits interprétatifs sur la période ottomane et l'inertie et la résurgence de postures mûries lors de phases antérieures, de la colonisation italienne aux débuts de l'indépendance ou de la révolution.

  • Fatima Zohra Guechi, Université Frères Mentouri, (Algérie), Constantine, Ottoman studies in Algeria: questions and contextualisations
Les études ottomanes en Algérie : questions et contextualisations

Discuter des conditions d'enseignement et de recherche en sciences humaines et sociales en Algérie est un défi pour qui veut comprendre les liens établis entre la transmission des savoirs et les capacités des disciplines à interroger le réel. Il est donc utile de s'interroger sur la logique des changements en cours en Algérie. Cet article propose une réflexion sur le thème des études ottomanes en Algérie après la colonisation, à partir de l'indépendance, mais aussi après les années noires qui ont tué ou chassé la recherche et en quelque sorte imposé les visions historiographiques nationales. La perception de l'Empire ottoman en tant qu'objet d'étude est fortement influencée par des formulations idéologiques. Cette communication souhaite explorer ces dimensions et les utiliser comme outil pour questionner l'identité nationale, la dimension mémorielle et les conditions mêmes d'exercice de la profession d'historien.

  • Markus Koller, Ruhr University Bochum, (Allemagne), Teaching Ottoman History in the Context of Digital Humanities
L'enseignement de l'histoire ottomane dans le contexte des Humanités numériques
Depuis plusieurs années, les Digital Humanities (DH) exercent une influence toujours plus grande sur les sciences humaines et donc aussi sur les études ottomanes internationales. Les conséquences et les possibilités de ce développement en matière de recherche sont discutées dans un grand nombre de conférences et d'ateliers. Cependant, la question de savoir comment ce processus affecte l'enseignement n'a jusqu'à présent rencontré qu'un intérêt limité. Ma conférence abordera cet aspect en utilisant l'exemple de l'histoire ottomane en Afrique du Nord. S'appuyant principalement sur des projets de recherche en cours, la présentation donnera d'abord un aperçu des discussions méthodologiques et théoriques actuelles sur la relation entre l'enseignement et les humanités numériques, puis discutera de trois champs d'action possibles. Actuellement, les récits historiques induits par la politique ou l'idéologie gagnent une grande pertinence socio-politique - également dans une perspective globale. Dans ce contexte, il convient de se demander comment les approches des DH (analyse des données de masse, etc.) peuvent contribuer à l'analyse critique de la genèse et de la pertinence de telles images historiques. Le projet de recherche correspondant examine la signification de l'histoire ottomane en tant que point de référence pour la politique étrangère turque dans la région de l'Afrique du Nord. Un deuxième champ d'action concerne les options pour l'internationalisation de l'enseignement de l'histoire ottomane basé sur la DH. L'accent est mis ici sur la question de savoir comment les étudiants d'Afrique du Nord peuvent être activement impliqués dans le développement et la mise en œuvre des projets de recherche de la DH, permettant ainsi une étude de l'histoire ottomane orientée vers la pratique qui contribue à la qualification pour divers domaines professionnels.

  • Nora Lafi, Leibniz-Zentrum Moderner Orient, Berlin, (Allemagne),  The Practice of Ottoman History in Europe and the Persistence of Ambiguities and Instrumentalisations
La pratique de l'histoire ottomane en Europe et la persistance des ambiguïtés et des instrumentalisations
Les universités et centres de recherche européens ont une longue tradition d'étude de l'empire ottoman, qui a donné lieu à un nombre remarquable d'études séminales. Elle a cependant été, dès ses débuts, marquée par de fortes ambiguïtés idéologiques, qui ont culminé à l'époque coloniale, durant laquelle l'interprétation de la période ottomane était une question de consolidation du pouvoir dans les provinces occupées de l'empire. Aujourd'hui, malgré le développement d'études critiques qui explorent les racines idéologiques du colonialisme, on constate une influence persistante des postures héritées de la phase coloniale, sous la forme de clichés interprétatifs de l'époque ottomane. De nouveaux clichés, pas toujours déconnectés des premiers, sont également venus récemment s'ajouter à cette situation, principalement autour de l'émergence d'un horizon d'attente fortement connoté idéologiquement et lié à l'identité même de l'Europe. L'objet de cet article est de décrypter la nature et l'influence de ces postures ambiguës. Il se concentrera principalement sur la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Italie, pays qui ont tous une riche tradition d'études ottomanes et dans lesquels les débats de société et les attentes pressantes concernant la recherche et l'enseignement et leurs conditions d'exercice et de financement contribuent à remodeler l'interprétation de l'histoire ottomane.

  • Leila Temime Blili, Université de la Manouba, Les études ottomanes dans les universités tunisiennes depuis l'indépendance : des réticences aux nouvelles perspectives comparatives ?
Les études ottomanes en Tunisie ont longtemps été confrontées à une forte réticence collective dans la profession historique, qui reflétait l'idée que la nation nouvellement indépendante se faisait d'elle-même et de son histoire. Les aspects relatifs à l'ottomanité ont été balayés par l'insistance, par la première génération d'historiens après l'Indépendance, qui a adopté les paradigmes transmis par leurs professeurs à l'époque coloniale, sur l'autonomie de la Régence de Tunis. La description de la relation avec Istanbul comme étant perdue, a été utilisée comme un argument exemptant les historiens d'examiner la dimension impériale et son impact sur la société locale. L'ensemble du récit historique national était fondé sur la minimisation de la période ottomane. Le mot même d'"Ottoman", à quelques exceptions près, était absent. Les historiens qui exploraient la dimension ottomane, comme A. Temimi, étaient soumis à la marginalisation. L'identité ottomane était surtout étudiée à travers le sort des Morisques en Tunisie et dans les réseaux méditerranéens. Dans le contexte du renouveau international actuel des études ottomanes, cet article examine les perspectives de recherche qu'une attention à la dimension ottomane de l'histoire de la Tunisie peut ouvrir. La communication examinera également comment les études ottomanes constituent une porte d'entrée pour le développement d'approches comparatives, à l'échelle de l'Afrique du Nord et au-delà.

INSANIYYAT 2022 is an opportunity to debate the conditions of teaching and research in the humanities and social sciences. The links established between the transmission of knowledge and the capacities of disciplines to question reality seem to be changing. It is useful, therefore, to question the logic of the changes underway. These are expressed in demands that require more and more attention and supervision time. We note a kind of "continental drift" of notions, tools and study practices. We are also seeing the emergence of new expectations on the part of students. In addition to the choice of research topics and themes and the national contexts, there has been an evolution in the categories of thought and the theoretical and practical habits used. Questions of funding are often decisive and favour the tendency to capture material resources. Even if there are happy socialisations, one cannot help but notice persistent gaps and discrepancies. This session, co-organised by the International Society of Mediterranean Historians (ISMHE), proposes a collective reflection in this perspective on the theme of Ottoman studies and their status and nature in a regional context where different visions persist through national historiographies and political discourses. The perception of the Ottoman Empire as an object of study is strongly influenced by this, and the possibilities of the Internet increase circulations. The formatting of research by the ideological and institutional horizon of expectation, the porosity between research and the social prevalence of clichés on the period, the contemporary inertia of colonial postures relating to Ottoman history, particularly in the North African context, the projection into the past of contemporary identity categories: all these questions deserve to be put into perspective.

Responsables : Nora Lafi, Leibniz-Zentrum Moderner Orient, Berlin et Markus Koller, Ruhr University Bochum, (Allemagne)

  • Alghafal Suaad, Al Fateh University, Tripoli, (Lybia), How to teach and do research on ottoman history in Libya today?
Present-day Libya is facing multiple challenges pertaining to its very identity. In this troubled context, history writing is constantly under pressure and teaching as well. The object of this paper is to discuss matters related to the interpretation of the Ottoman period in the mirror of such strong and violent determinations. It will explore both the emergence of new trends or interpretive narratives about the ottoman period and the inertia and resurgence of postures matured during earlier phases, from Italian colonial to early independent or revolutionary.

  • Fatima Zohra Guechi, Université Frères Mentouri, (Algérie), Constantine, Ottoman studies in Algeria: questions and contextualisations
Discussing the conditions of teaching and research in the humanities and social sciences in  Algeria is a challenge for those who want to understand the links established between the transmission of knowledge and the capacities of disciplines to question reality. It is useful, therefore, to question the logic of the changes underway in Algeria. This paper proposes a reflection on the theme of Ottoman studies in Algeria after colonisation, from the time of independence, and also after the black years which killed or chased away research and in a way imposed national historiographic visions. The perception of the Ottoman Empire as an object of study is strongly influenced by ideological formattings. This paper wishes to explore such dimensions and to use them as a tool to question national identity, the dimension of memory and the very conditions of exercise of the historical profession.

  • Markus Koller, Ruhr University Bochum, (Allemagne), Teaching Ottoman History in the Context of Digital Humanities
For several years now, Digital Humanities (DH) have been exerting an ever-increasing influence on the humanities and thus also on international Ottoman studies. The consequences and possibilities of this development with regard to research are being discussed in a large number of conferences and workshops. However, the question of how this process affects teaching has so far met only limited interest. My lecture will address this aspect using the example of Ottoman history in North Africa. Primarily against the background of ongoing research projects, the presentation will first provide an overview of the current methodological-theoretical discussions on the relationship between teaching and digital humanities and then discuss three possible fields of action. Currently, politically or ideologically induced historical narratives are gaining great socio-political relevance - also in a global perspective. Against this background, the question should be discussed how approaches of DH (mass data analysis, etc.) can contribute to the critical analysis of the genesis and relevance of such historical images. The corresponding research project examines the significance of Ottoman history as a reference point for Turkish foreign policy in the North African region. A second field of action concerns options for the internationalisation of teaching on Ottoman history based on the DH. The focus here is on the question of how students in North Africa can be actively involved in the development and implementation of DH research projects, thus enabling a practice-oriented study of Ottoman history that contributes to qualification for various professional fields.

  • Nora Lafi, Leibniz-Zentrum Moderner Orient, Berlin, (Allemagne),  The Practice of Ottoman History in Europe and the Persistence of Ambiguities and Instrumentalisations
European universities and research centres have a long tradition of study of the ottoman empire, that has given a remarkable number of seminal studies. It was however, from its very beginning, marked by strong ideological ambiguities, that culminated in the colonial era, during which interpreting the ottoman period was a matter of power consolidation in the occupied provinces of the empire. Nowadays, in spite of the development of critical studies that explore the ideological roots of colonialism, a persisting influence of postures inherited from the colonial phase, under the form of interpretive clichés about the ottoman era, can be noted. New clichés, not always disconnected from the former, also recently added to this situation, mostly around the emergence of a strongly ideologically connoted horizon of expectation related to the very identity of Europe. The object of this paper is to decipher the nature and influence of such ambiguous postures. It will focus mostly on France, Germany, Great-Britain and Italy, all countries that have a rich scholarly tradition of ottoman studies and in which societal debates and pressing expectations about research and teaching and their condition of exercise and financing contribute to reshaping the interpretation of ottoman history.

  • Leila Temime Blili, Université de la Manouba, Ottoman Studies in Tunisian Universities since Independence : from Reluctance to New Comparative Perspectives?FR
Ottoman Studies in Tunisian Universities since Independence: from Reluctance to New Comparative Perspectives?

Ottoman studies in Tunisia have long faced a strong collective reluctance in the historical profession, that mirrored the idea that the newly independent nation had of itself and of its history. Aspects pertaining to ottomanity were swept aside by the insistence, by the first generation of historians after Independence, who adopted paradigms transmitted by their professors in the colonial era, on the autonomy of the Regency of Tunis. Describing the relationship with Istanbul as loose, was used as an argument exempting historians from examining the imperial dimension and its impact on local society. The whole national historical narrative was based on the minimisation of the ottoman period. The very word "Ottoman", with a few exceptions, was absent. Historians who explored the Ottoman dimension, like A. Temimi, were subject to marginalisation. Ottoman identity was mostly studied through the fate of Moriscos in Tunisia and in Mediterranean networks. What this paper will examine is, in the context of the present-day international renewal in ottoman studies, the research perspectives that an attention to the ottoman dimension of the history of Tunisia can open. The paper will also examine how ottoman studies constitute an entry for the development of comparative approaches, at the scale of North-Africa and beyond.

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