Responsable: >Marta Roca Escoda & Monia Lachheb

A75 - Penser le genre et les sexualités en Méditerranée 1/2

Date : 2022-09-20 | 14:00:00-16:00:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ISAMM
Salle :
C3
Responsable : Marta Roca Escoda & Monia Lachheb
Modérateur·trice :
Discutant·e : Sara Borrillo
Les intervenant·e·s :
Hamdi Nassim Université de Tunis
Roca Escoda Marta Lausanne
Hamila Ahmed Université de Montréal
Maffi Irene Lausanne

A75 - Penser le genre et les sexualités en Méditerranée 1/2 FR

Salle: C3
Responsables: Monia Lachheb, Université de La Manouba, et Marta Roca Escoda, Université de Lausanne (Suisse)
Discutante : Sara Borrillo, Université de Naples, Italie

  • Nassim Hamdi, Université de Tunis, Concilier islam et homosexualité en Tunisie. Vers une lecture gay-friendly
  • Marta Roca Escoda, Université de Lausanne, (Suisse), De l’efficience procréative à la justice reproductive : lutter contre le retour de bâton des droits procréatifs en Espagne (à distance)
  • Ahmed Hamila, Université de Montréal, (Canada), Conséquences de la COVID-19 et accès aux soins de santé: résultats d’une enquête menée auprès des personnes LGBTQI+ migrantes et racisées à Montréal en provenance du bassin méditerranéen
  • Irene Maffi, Université de Lausanne, (Suisse), La prise en charge médicale comme dispositif de réglementation des conduites sexuelles et reproductives et de production de la bonne féminité dans la Tunisie postrévolutionnaire (à distance)

A75 - Penser le genre et les sexualités en Méditerranée 1/2 FR

Le présent panel souhaite questionner le rapport à la sexualité et ses significations dans les différentes sociétés en Méditerranée. Il vise à rendre compte de la diversité des conceptions de l’intime et s’interroge sur les fondements normatifs des sexualités, les représentations et les constructions des imaginaires qui les concernent, les modes de politisation des questions sexuelles et les formes de manifestation des rapports de pouvoir qu’ils génèrent. Que nous apprennent les sexualités lorsqu’elles croisent les différentes réalités politiques et socioculturelles ? Quels éclairages apportent les sexualités sur les inégalités  et les formes diverses de discrimination ? Les sexualités se croisent avec le genre en tant que grille de lecture des rapports de pouvoir et des modes de construction des normes. Leurs formes d’imbrication attestent de la normalisation du corps, de l’intime, des identités et leurs modes d’expression. Comment se négocient les rapports de genre autour des sexualités ? 
Les problématiques liées au genre et aux sexualités touchent des réalités multiples  et s’inscrivent dans des champs disciplinaires variés : les politiques migratoires, la santé reproductive, les normes morales et le rapport au fait religieux, etc. Le croisement des regards sur les sexualités et les rapports de genre ainsi que leur imbrication, mobilisent une pluralité des perspectives et des approches méthodologiques en sciences sociales. Ils ouvrent le débat sur la diversité des représentations et des pratiques en Méditerranée.

Responsables: Monia Lachheb, Université de La Manouba, et Marta Roca Escoda, Université de Lausanne (Suisse)
Discutante : Sara Borrillo, Université de Naples, Italie

  • Nassim Hamdi, Université de Tunis, Concilier islam et homosexualité en Tunisie. Vers une lecture gay-friendly
En Tunisie, les débats autour de la question homosexuelle sont souvent submergés par des avis religieux. La conduite homosexuelle demeure aux yeux de la société tunisienne une sexualité déviante, hors norme et illicite. En réaction, les gays et lesbiennes tunisiens devaient faire appel à diverses stratégies pour pouvoir conjuguer leur appartenance religieuse avec leur orientation sexuelle.  La présente contribution tente d’éclairer le rapport qu’entretiennent huit jeunes homosexuels/les tunisien-e-s avec le fait religieux. Elle interroge ainsi leur mode de croire et comment ils/elles s’impliquent dans une pratique herméneutique de l’islam en faisant recours à des nouvelles lectures individualisées des textes scripturaires qui permettent de concilier l’homosexualité avec l’affiliation religieuse.

  • Marta Roca Escoda, Université de Lausanne, (Suisse), De l’efficience procréative à la justice reproductive : lutter contre le retour de bâton des droits procréatifs en Espagne
En Espagne, l’accès à la PMA pour les couples lesbiens a été accordé juste après la loi 3/2005 ouvrant le mariage aux couples homosexuels. Avec l’arrivée du parti conservateur au pouvoir à la fin des années 2000, on assistera à un retour au bâton des droits LGBT et procréatifs avec la remise en cause plusieurs acquis légaux en lien avec l’égalité de genre et des sexualités (avortement, éducation sexuelle à l’école, identité de genre, etc.). Des militantes féministes et LGTBI catalanes ont vu la nécessité et l'opportunité de travailler pour la défense des droits sexuels et reproductifs en même temps que la mise en œuvre de la loi 11/2014 contre LGTBIphobie. Par la suite le 2 mai 2015, une plainte pour discrimination a été déposée au Parlement catalan. Cette plainte est allée plus loin et a appelé à un accès à la santé qui tienne compte des besoins spécifiques de la communauté LGBT. Notre communication va retracer ces revendications en regardant ce que le droit (ou la négation des droits) fait à l’action collective et comment celle-ci mobilise le droit et revendique des droits.

  • Ahmed Hamila, Université de Montréal, (Canada), Solidarités Queer : une perspective décoloniale du militantisme transnational au Liban et en Tunisie 
Ces dernières années on a vu se multiplier les rhétoriques de solidarités internationales envers les droits des minorités sexuelles et de genre, érigés en symboles de la modernité occidentale. Ces discours visent en priorité les pays d’Afrique et du Moyen-Orient et notamment les pays dits arabo-musulmans, considérés comme les pays les plus hostiles aux droits des minorités sexuelles et de genre, devenant ainsi des terrains d’investissement privilégiés pour les pays du Nord.  Dans le cadre de cette recherche, il s’agit de questionner la notion polysémique de solidarité en l’appliquant au cas de la transnationalisation des mouvements LGBTQI+ de deux pays : la Tunisie et le Liban. Le cas de la transnationalisation des mouvements LGBTQI+ paraît approprié pour réfléchir à la notion de solidarité dans la mesure où il nous permet de saisir le travail politique nécessaire à la construction de la solidarité comprise comme le résultat de la convergence des identités et des intérêts des acteurs impliqués au-delà des frontières nationales. Ainsi, cette recherche vise à répondre aux questions suivantes : quel est le contenu de la solidarité, comment fonctionne-t-elle et quelles sont ses limites ? Comment la rhétorique solidaire des pays du Nord est-elle perçue par ceux à qui elle est destinée ?

  • Irene Maffi, Université de Lausanne, (Suisse), La prise en charge médicale comme dispositif de réglementation des conduites sexuelles et reproductives et de production de la bonne féminité dans la Tunisie postrévolutionnaire
Depuis l’indépendance (1956), la Tunisie a entamé des réformes visant à moderniser la famille, les relations entre hommes et femmes et les pratiques reproductives. A partir de la fin des années 1960, les politiques de contrôle des naissances ont marqué l’émergence de dispositifs de disciplinarisation des conduites sexuelles et reproductives des citoyenen.ne.s inédits. Ces dispositifs ont pris pour cibles les femmes.  Des formes de disciplinarisation différentes ont été et sont toujours exercées sur les femmes selon les catégories administratives et morales dans lesquelles elles sont inscrites par les professionnel.le.s de santé. Dans ma communication, j’entends explorer les modalités à travers lesquelles l’État réglemente la vie sexuelle et reproductive des femmes (et indirectement des hommes) en examinant le dispositif de prise en charge médicale au sein des centres des santés sexuelles et reproductifs publics.  

Thinking about gender and sexualities in the Mediterranean

This panel wishes to question the relationship to sexuality and its meanings in the different societies of the Mediterranean. It aims to take into account the diversity of conceptions of intimacy and questions the normative foundations of sexualities, the representations and constructions of the imaginary that concern them, the modes of politicization of sexual questions and the forms of manifestation of the power relationships that they generate. What do sexualities teach us when they intersect with different political and socio-cultural realities? What insights do sexualities bring to inequalities and various forms of discrimination? Sexualities intersect with gender as a grid for reading power relations and modes of constructing norms. Their intertwined forms attest to the normalization of the body, intimacy, identities and their modes of expression. How are gender relations negotiated around sexualities? 
The issues related to gender and sexuality touch on multiple realities and are part of various disciplinary fields: migration policies, reproductive health, moral norms and the relationship to religion, etc. The intersection of views on sexuality and gender relations, as well as their intertwining, mobilize a plurality of perspectives and methodological approaches in the social sciences. They open the debate on the diversity of representations and practices in the Mediterranean area.

Responsables: Monia Lachheb, Université de La Manouba, et Marta Roca Escoda, Université de Lausanne (Suisse)
Discutante : Sara Borrillo, Université de Naples, Italie

  • Nassim Hamdi, Université de Tunis, Concilier islam et homosexualité en Tunisie. Vers une lecture gay-friendly
Reconciling Islam and homosexuality. Towards a gay-friendly Islamic hermeneutic
In Tunisia, debates around homosexual issue are often overwhelmed by religious opinions. Homosexuality remains in the eyes of Tunisian society a deviant, perverse and illicit sexuality. In response, Tunisian gays and lesbians had to use various strategies to be able to combine their religious affiliation with their sexual orientation. This contribution attempts to shed light on the religiosity of eight young Tunisian homosexuals. Therefore, it interrogates their religious belief and how they engage in a hermeneutical practice of Islam by appealing to new individualized interpretations of scriptural texts that make it possible to reconcile homosexuality with religious affiliation.

  • Marta Roca Escoda, Université de Lausanne, (Suisse), De l’efficience procréative à la justice reproductive : lutter contre le retour de bâton des droits procréatifs en Espagne
From procreative efficiency to reproductive justice: fighting the backlash to reproductive rights in Spain
In Spain, access to assisted reproduction for lesbian couples was granted just after the law 3/2005 opening marriage to homosexual couples. With the arrival of the conservative party in power at the end of the 2000s, there was a backlash to LGBT and reproductive rights, with several legal gains related to gender and sexuality equality (abortion, sex education in schools, gender identity, etc.) being challenged. Catalan feminist and LGTBI activists saw the need and opportunity to work for the defence of sexual and reproductive rights at the same time as the implementation of Law 11/2014 against LGTBIphobia. Subsequently, on 2 May 2015, a complaint of discrimination was filed in the Catalan Parliament. This complaint went further and called for access to health care that takes into account the specific needs of the LGBT community. Our presentation will trace these claims by looking at what the law (or the denial of rights) does to collective action and how it mobilises the law and claims rights.

  • Ahmed Hamila, Université de Montréal, (Canada), Conséquences de la COVID-19 et accès aux soins de santé: résultats d’une enquête menée auprès des personnes LGBTQI+ migrantes et racisées à Montréal en provenance du bassin méditerranéen
In recent years, there has been an increase in the rhetoric of international solidarity with the rights of sexual and gender minorities, which have been erected as symbols of Western modernity. These speeches are aimed primarily at African and Middle Eastern countries, and in particular the so-called Arab-Muslim countries, which are considered to be the most hostile to the rights of sexual and gender minorities, thus becoming privileged investment areas for the countries of the North.  In this research, we question the polysemic notion of solidarity by applying it to the case of the transnationalization of LGBTQI+ movements in two countries: Tunisia and Lebanon. The case of the transnationalization of LGBTQI+ movements seems appropriate to reflect on the notion of solidarity insofar as it allows us to capture the political work necessary for the construction of solidarity understood as the result of the convergence of the identities and interests of the actors involved beyond national borders. Thus, this research aims to answer the following questions: what is the content of solidarity, how does it work and what are its limits? How is the rhetoric of solidarity in the North perceived by those for whom it is intended? 

  • Irene Maffi, Université de Lausanne, (Suisse), La prise en charge médicale comme dispositif de réglementation des conduites sexuelles et reproductives et de production de la bonne féminité dans la Tunisie postrévolutionnaire
Medical care as a means of regulating sexual and reproductive behaviour and producing good femininity in post-revolutionary Tunisia 

Since independence (1956), Tunisia has undertaken reforms aimed at modernizing the family, gender relations and reproductive practices. From the end of the 1960s, birth control policies marked the emergence of new mechanisms for disciplining the sexual and reproductive behaviour of citizens. These measures mainly targeted women. Different forms of disciplining have been and still are exercised on women according to the administrative and moral categories in which health professionals inscribe them. In my paper, I intend to explore the ways in which the state regulates women's (and indirectly men's) sexual and reproductive lives by examining the medical and bureaucratic routines within government sexual and reproductive health facilities.  

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