Responsable: >Luca Patrizi & Francesco Zappa

AG71 - Repenser les « langues islamiques » : adaptations, ruptures et reconfigurations

Date : 2022-09-22 | 08:45:00-10:45:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
ISAMM
Salle :
C12
Responsable : Luca Patrizi & Francesco Zappa
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Patrizi Luca Université de Turin
Mengozzi Alessandro Université de Turin
Zappa Francesco Università di Roma Sapienza
Cancian Alessandro The Institute of Ismaili Studies

AG71 - Repenser les « langues islamiques » : adaptations, ruptures et reconfigurations  FR

Salle: C12
Responsables :   Luca Patrizi, Université de Turin, Italie et Francesco Zappa, Université de Rome, Italie

  • Luca Patrizi, Université de Turin, (Italie), Le rôle du lexique des Arabes du désert dans la formation de la terminologie religieuse en Islam
  • Alessandro Mengozzi, Université de Turin, (Italie), Les traits islamiques dans les langues et littératures minoritaires : la littérature syriaque tardive et la littérature araméenne moderne
  • Francesco Zappa, Sapienza Université de Rome, (Italie), Relire les "langues islamiques" de Bausani 40 ans après FR
  • Gianfranco Bria, « Sapienza » Université de Rome / Université de la Calabre / CETOBAC, (Italie), La désislamisation de la langue albanaise : entre ruptures épistémologiques et nouvelles perspectives culturelles FR Annulé
  • Alessandro Cancian, The Institute of Ismaili Studies, London, (United Kingdom), Epistemic Rupture or Cultural Eclecticism? A Modern Iranian Sufi Master’s Translation of Sulṭān ʿAlī Shāh’s Qur’anic Commentary EN

AG71 - Repenser les « langues islamiques » : adaptations, ruptures et reconfigurations 1/2 FR/EN

Les « langues islamiques » entre arabisation et islamisation 

Dès les débuts de l’histoire de l’islam, une relation étroite s’articule entre la langue arabe et l’islam. Une première phase de cette rencontre entre langue et religion réside dans la réappropriation du lexique des Arabes du désert, plié aux nouveaux besoins techniques de la sphère religieuse. Dans la période de formation de l’islam, nous assistons à l’émergence d’une typologie de la langue arabe qui dérive des différents dialectes de la langue préislamique, mais qui reste innervée par le lexique coranique. Avec l’expansion de la domination politique et religieuse de l’islam en dehors des frontières étroites du Proche-Orient, certains peuples islamisés ont conservé leurs langues d’origine. Cependant, leur adhésion à l’islam a entraîné un transfert massif de termes arabes dans leurs idiomes, arabisés et islamisés. Ce processus peut également être observé dans les dernières étapes de l’expansion, lorsque les langues des peuples les plus éloignés du centre initial, de l’Afrique subsaharienne à l’Asie du Sud-Est, ont été arabisées et islamisées. Ce constat a conduit l’islamologue italien Alessandro Bausani (m. 1988) à forger l’expression des « langues islamiques ». Dans certains cas, même les langues des peuples non-musulmans ont fini par manifester à certains égards cette influence de la langue arabe. Cet atelier vise à mettre en lumière le phénomène linguistique comme vecteur d’une dimension religieuse, même en dehors du contexte strictement islamique.

En élaborant sa notion de « langues islamiques », Alessandro Bausani (1921-88) précisait qu’à l’époque contemporaine, à cause de l’impact des nationalismes et de l’influence grandissante des langues des colonisateurs, les processus qui naguère avaient connecté les langues des musulmans ont subi un revirement provoquant une rupture épistémologique. Pourtant, depuis quelques décennies, des processus ultérieurs, encouragés par la crise des paradigmes nationalistes, ont investi les langues des musulmans. D’un côté, de nouveaux acteurs religieux proposent des programmes aussi ambitieux que militants de (ré-)islamisation des langues, y compris celles des anciens colonisateurs, à l’échelle globale. D’un autre côté, une nouvelle omniprésence du lexique et du formulaire religieux islamiques a été signalée dans des langues de toute l’œcoumène islamique. Même l’écriture fait l’objet d’un réinvestissement, avec des appels au retour à l’alphabet arabe. Malgré les apparences, toutefois, on ne renoue pas avec les usages ou les imaginaires prémodernes. 
Cet atelier se penchera sur des regards d'acteurs musulmans modernes associant leurs langues à l’islam. On prendra en compte aussi bien les imaginaires linguistiques (Houdebine) qui se dégagent des pratiques langagières que les réflexions explicites articulées dans des discours métalinguistiques. Les langues dont on discutera (en français et en anglais) seront représentatives de l’ampleur et de la diversité des mondes musulmans.


Discutant: Luca Patrizi, Université de Turin, Italie

  • Luca Patrizi, Université de Turin, (Italie), Le rôle du lexique des Arabes du désert dans la formation de la terminologie religieuse en Islam
Au-delà d’une rhétorique péjorative qui désigne la période préislamique de la péninsule arabique comme une ère d’ignorance (al-jāhiliyya), on observe une forte continuité au niveau culturel et des pratiques religieuses et sociales reliant l’ère préislamique à la nouvelle ère inaugurée par la naissance et le développement de l’islam. L’une des continuités les plus frappantes réside dans l’utilisation religieuse de l’arabe préislamique, subdivisé en quelques dialectes qui convergeront, avec la langue du Coran, dans la synthèse linguistique qui s’opère dans la langue arabe classique (al-ʿarabiyya al-fuṣḥā). Cette intervention se concentrera notamment sur l’analyse approfondie de certains termes fondamentaux de la terminologie religieuse islamique, pour lesquels les anciens dictionnaires lexicographiques arabes proposent une étymologie fondée sur les pratiques et coutumes des Arabes du désert, adaptée aux besoins de la nouvelle religion.

  • Alessandro Mengozzi, Université de Turin, (Italie), Les traits islamiques dans les langues et littératures minoritaires : la littérature syriaque tardive et la littérature araméenne moderne
Les dialectes araméens modernes du nord-est, historiquement parlés par les minorités chrétiennes et juives sur le vaste territoire qui comprend le sud-est de la Turquie, le nord de l’Irak et le nord-ouest de l’Iran, appartiennent à une zone complexe de convergence linguistique qui comprend des variétés d’arabe, de kurde et de turc, parlées par la majorité musulmane de la population, et dans laquelle de prestigieuses langues littéraires – ensuite nationales - islamiques (arabe, persan, turc) ont exercé une influence considérable. Les résultats de ce contact ont reçu beaucoup d’attention de la part des chercheurs et, dans certains cas, le phénomène des traits islamiques des dialectes araméens modernes a été envisagé, notamment dans le lexique. Une intégration, apparemment paradoxale, de termes fortement connotés du point de vue islamique dans le langage religieux des chrétiens et des juifs a été également observée. Du point de vue culturel et littéraire, les minorités partagent avec la majorité islamique une grande partie de la culture matérielle, du folklore, des genres littéraires et, dans certains cas, des histoires et des motifs, dont l’origine ultime peut également avoir été chrétienne ou juive. Il est souvent difficile à distinguer, en conséquence, entre ces motifs et les développements ultérieurs de la culture islamique et, en retour, des littératures minoritaires.

  • Francesco Zappa, Sapienza Université de Rome, (Italie), Relire les "langues islamiques" de Bausani 40 ans après FR
Qualifier des langues d'"islamiques" prête le flanc à l'accusation d'essentialisme. Pourtant, ce n'est pas dans cet esprit qu'Alessandro Bausani (1921-88) a introduit cette notion, dans des travaux qui ne cessent d'interpeller le lecteur 40 ans après leur parution. Il ne s'agissait pas d'attribuer à telle ou telle langue une identité exclusive basée sur l'appartenance confessionnelle de ses locuteurs, mais plutôt de rendre compte d'un réseau d'influences qui relient des langues disparates utilisées par des musulmans, notamment dans leurs registres savants, bien au-delà des domaines religieux. L'impact du colonialisme et l'avènement des nationalismes dans les pays musulmans marquent cependant, d'après Bausani, une rupture épistémologique avec ces réseaux, par une invention des "langues nationales" impliquant une redécouverte du fond lexical indigène, une épuration des emprunts aux autres langues islamiques et un engouement pour les langues des colonisateurs. Plus récemment, toutefois, le déclin des paradigmes nationalistes et l'avènement d'un islam mondialisé semblent avoir enclenché une vague de réislamisation des langues des musulmans, qui fait l'objet des préconisations et des théorisations de quelques intellectuels musulmans engagés en même temps que des remarques de plusieurs observateurs, parfois inquiets. En guise d’introduction à l’atelier, on tâchera d’en dresser un bilan provisoire.

  • Gianfranco Bria, « Sapienza » Université de Rome / Université de la Calabre / CETOBAC, (Italie), La désislamisation de la langue albanaise : entre ruptures épistémologiques et nouvelles perspectives culturelles FR
Cette communication vise à vérifier l'utilité de la notion de « langue islamique » introduite par Bausani par rapport au cas de la langue albanaise, en analysant l’évolution culturelle et linguistique de sa littérature au cours des différentes étapes du processus de construction nationale, qui entraînait également la création (voire la réinvention) d’un alphabet standard et une rupture linguistique et culturelle avec l’héritage ottoman. Dans un premier temps, il s’agira d’examiner la désislamisation progressive qui a investi la culture littéraire albanaise depuis la période de Rilindja (Renaissance) et qui a été renforcée par la révolution culturelle du régime athée communiste ; ensuite, on prendra en considération le processus de réislamisation des Albanais pendant la période postsocialiste, soit en pleine mondialisation, quand la langue albanaise est perçue comme indigène et athée, notamment par rapport à l’arabe qui est considéré comme une des expressions authentiques principielles de l'identité musulmane.

  • Alessandro Cancian, The Institute of Ismaili Studies, London, (United Kingdom), Epistemic Rupture or Cultural Eclecticism? A Modern Iranian Sufi Master’s Translation of Sulṭān ʿAlī Shāh’s Qur’anic Commentary EN
Rupture épistémologique ou éclectisme culturel ? La traduction du commentaire coranique de Sulṭān ʿAlī Shāh par un maître soufi iranien moderne.

En adoptant, en guise d’hypothèse de travail, la notion de « langues islamiques » élaborée par Alessandro Bausani, on identifie intuitivement l’arabe comme l’ancêtre dominant et le persan comme son héritier naturel. Dans le cadre de cette interaction linguistique, les passages d’une langue à une autre, loin de répondre uniquement à des exigences pratiques, représentent un terrain plus subtil où l’autorité spirituelle se négocie, se redresse et se renouvelle. 
Les maîtres soufis chiites d’Iran ont produit une riche littérature exégétique, au sein de laquelle se démarque, à l’époque contemporaine, le Tafsīr bayān al-saʿāda fī maqāmāt al-ʿibāda, rédigé par le maître éponyme de l’ordre Gunābādī, Sulṭān ʿAlī Shāh (m. 1909), qui représente, en un sens, le texte fondateur du soufisme chiite moderne. Dans cette contribution, nous examinerons à travers le prisme des « langues islamiques » une traduction anthologique persane de ce traité, réalisée par Riḍā ʿAlī Shāh (m. 1992), l’un des successeurs de l’auteur à la tête de son ordre. Le maître/traducteur ne se borne pas à une traduction officielle des propos de son illustre prédécesseur ; il ajoute aussi des éclairages historiques et personnels qui l’éloignent de la tradition classique, en marquant un décalage dont le recours au persan est un élément majeur. L’étude de ce texte, ainsi que d’autres matériaux similaires, peut nous aider ainsi à comprendre le rôle joué par cette langue dans l’histoire du soufisme chiite au XXème.



Reassessing “Islamic languages”: adaptation, disruption and reconfiguration

“Islamic languages” between Arabisation and Islamisation

From the very beginning of the history of Islam, a close relationship was established between the Arabic language and Islam. A first phase of this encounter between language and religion lies in the re-appropriation of the lexicon of the Arabs of the desert, adapted to the new technical needs of the religious sphere. In the formative period of Islam, we witness the emergence of a typology of the Arabic language that derives from the various dialects of the pre-Islamic language, but which is still pervaded by the Quranic lexicon. As the political and religious domination of Islam expanded beyond the narrow borders of the Near East, some Islamised peoples retained their original languages. However, their adherence to Islam led to a massive transfer of Arabic terms into their Arabised and Islamised idioms. This process can also be observed in the later stages of the expansion of Islam, when the languages of the peoples furthest from the original centre, from sub-Saharan Africa to Southeast Asia, were Arabised and Islamised. This led the Italian Islamologist Alessandro Bausani (d. 1988) to coin the term ‘Islamic languages’. In some cases, even the languages of non-Muslim peoples have come to manifest this influence of the Arabic language in some respects. This workshop aims to highlight the linguistic phenomenon as a vehicle for a religious dimension, even outside the strictly Islamic context.

Modern Muslims looking at their own languages: between epistemic break and identity rearrangement 

Elaborating on his notion of “Islamic languages”, Alessandro Bausani (1921-88) suggested that in modern times, due to the impact of nationalisms and the growing influence of colonial languages, an epistemic break happened that overturned the dynamics hitherto connecting the disparate languages spoken by Muslims worldwide. However, in the last decades, following the crisis of the nationalist paradigms throughout the Muslim World, a number of new processes have affected these languages. On one hand, new religious activists have proposed ambitious projects of re-Islamisation of languages, including the languages of the colonisers, in a militant globalized framework. On the other hand, Islamic religious vocabulary and formulas have become ubiquitous in the current uses of any language spoken by Muslims. Even written language and its script have become again a bone of contention, with occasional calls for a return to the Arabic alphabet in those languages that had previously abandoned it. In spite of appearances, however, there is more at stake than a revival of old usages. This panel will focus on the views that modern Muslims of different background hold on the association of their languages to Islam. We will address both elements of “linguistic imagination”, which can be detected from language practices, and explicit theoretical statements articulated through metalinguistic discourses. The languages under scrutiny reflect both the vastity and the diversity of the Muslim World.

  • Luca Patrizi, Université de Turin, (Italie), Le rôle du lexique des Arabes du désert dans la formation de la terminologie religieuse en Islam
The role of the lexicon of the Arabs of the desert in the formation of religious terminology in Islam


Beyond the pejorative rhetoric that refers to the pre-Islamic period in the Arabian Peninsula as an era of ignorance (al-jāhiliyya), there is a strong continuity in culture and religious and social practices linking the pre-Islamic era to the new era inaugurated by the birth and development of Islam. One of the most striking continuities lies in the religious use of pre-Islamic Arabic, subdivided into a few dialects that will converge, together with the language of the Qur’an, in the linguistic synthesis that takes place in the classical Arabic language (al-ʿarabiyya al-fuṣḥā). In particular, this paper will focus on a detailed analysis of some fundamental terms of Islamic religious terminology, for which the ancient Arabic lexicographical dictionaries propose an etymology based on the practices and customs of the Arabs of the desert, adapted to the needs of the new religion.

  • Alessandro Mengozzi, Université de Turin, (Italie), Les traits islamiques dans les langues et littératures minoritaires : la littérature syriaque tardive et la littérature araméenne moderne
Islamic Features in Minority Languages and Literatures: Late Syriac and Modern Aramaic Literature

The modern Aramaic dialects of the Northeast, historically spoken by Christian and Jewish minorities in the vast territory that includes southeastern Turkey, northern Iraq and northwestern Iran, belong to a complex area of linguistic convergence that includes varieties of Arabic, Kurdish and Turkish, spoken by the Muslim majority of the population, and in which prestigious Islamic literary - and later national - languages (Arabic, Persian, Turkish) have exerted considerable influence. The results of this contact have received much scholarly attention, and in some cases the phenomenon of Islamic features in modern Aramaic dialects has been considered, especially in the lexicon. A seemingly paradoxical integration of terms with strong Islamic connotations into the religious language of Christians and Jews has also been observed. From a cultural and literary point of view, minorities share with the Islamic majority much of the material culture, folklore, literary genres and, in some cases, stories and motifs, whose ultimate origin may also have been Christian or Jewish. It is often difficult to distinguish, therefore, between these motifs and later developments in Islamic culture and, in turn, minority literatures.

  • Francesco Zappa, Sapienza Université de Rome, (Italie), Relire les "langues islamiques" de Bausani 40 ans après FR
Rereading Bausani’s « Islamic languages » 40 years later.

Labelling one or more languages as “Islamic” easily arouses suspicions of essentialism. However, it was not an essentialist stance that animated Alessandro Bausani (1921-88) when he introduced this notion, in a few articles that still prove thought-provoking some 40 years after their publication. His aim was not to assign an exclusive, fixed identity to any given language on the basis of the confessional identity of its speakers. Rather, Bausani intended to make sense of a web of influences connecting disparate languages used by Muslims, especially in the learned register, well beyond the religious sphere. From this perspective, the impact of colonialism and the rise of nationalisms in the Muslim World had caused, according to Bausani, an epistemic break in that web, through the invention of “national languages” entailing a rediscovery of “indigenous” lexical stocks, a purge of borrowings from other “Islamic languages” and a preference for the languages of the European colonisers. However, more recently, the decline of the nationalist paradigms and the rise of a globalized Islam seem to have triggered a wave of re-Islamization of the languages of Muslims, which has become the object of conscious theorisation by engaged Muslim intellectuals, as a well as a source of concern for outside observers. This paper will try to draw a provisional assessment of these trends by way of a general introduction to the panel.

  • Gianfranco Bria, « Sapienza » Université de Rome / Université de la Calabre / CETOBAC, (Italie), La désislamisation de la langue albanaise : entre ruptures épistémologiques et nouvelles perspectives culturelles FR
The de-Islamization of Albanian: between epistemic break and new cultural perspectives

This paper aims to check the usefulness of the notion of “Islamic languages” introduced by Bausani for analyzing the case of Albanian. It will discuss cultural and linguistic developments in its literature through the different stages of the process of Albanian nation building, also entailing the creation (actually the reinvention) of a standard alphabet and a linguistic and cultural break with its Ottoman past. I will start from analyzing the gradual de-Islamization that affected Albanian literary culture since the Rilindja (Renaissance) period, and was further enhanced by the atheist communist regime’s cultural revolution. Subsequently, I will discuss the process of re-Islamization that has been taking place in the post-socialist period, i.e. in an era of increasing globalization, when Albanian has been perceived as an indigenous, atheist language by a growing number of local Muslims, especially when compared with Arabic, which is currently viewed as the authentic means of expression of incorrupt Islamic identity.

  • Alessandro Cancian, The Institute of Ismaili Studies, London, (United Kingdom), Epistemic Rupture or Cultural Eclecticism? A Modern Iranian Sufi Master’s Translation of Sulṭān ʿAlī Shāh’s Qur’anic Commentary EN
Reading Alessandro Bausani’s assessment of “Islamic Languages” and assuming the existence of such a thing, Arabic would intuitively represent the ruling progenitor and Persian the heir apparent. Within this interplay, shifts between languages have not represented a mere matter of convenience but a more subtle terrain where spiritual authority has been negotiated, redressed and renovated. Iranian Shiʿi Sufi Masters and dignitaries have produced a voluminous exegetical literature, within which the 19th century Tafsīr bayān al-saʿāda fī maqāmāt al-ʿibāda emerges as one of the most important works. This commentary, written by the eponym master of the Gunābādī Sufi order, Sulṭān ʿAlī Shāh (d. 1909), represents in some way the foundational work of modern Shiʿi Sufism. In this paper, I look at a Persian translation of sections of this tafsīr carried out in the 20th century by one of Sulṭān ʿAlī Shāh’s successors at the head of the order, Riḍā ʿAlī Shāh (d. 1992), through an “Islamic languages” lens. In this work, the master/translator does not restrict his writing to an authoritative translation of his illustrious predecessor’s words, but adds historical and personal clarifications, which set him apart from the classical tradition, highlighting a shift in which the use of Persian is a crucial element. The study of this text, as well as of similar materials by the same master, may help understand the role this language played in the history of Shiʿi Sufism in the 20th century.



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