Responsable: >Catherine Miller

AG69 - Expressions artistiques et langues du politique et de la citoyenneté au Maghreb et Moyen-Orient

Date : 2022-09-22 | 11:00:00-13:00:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
ISAMM
Salle :
C8
Responsable : Catherine Miller
Modérateur·trice :
Discutant·e : Inès Ben Rejeb
Les intervenant·e·s :
Carle Zoé Paris 8
Souiah Farida Emlyon Business School
Manfredi Stefano CNRS
Ziamari Karima Université Moulay Ismaïl
Caubet Dominique INALCO

AG69 - Expressions artistiques et langues du politique et de la citoyenneté au Maghreb et Moyen-Orient FR

Salle: C8
Responsable: Catherine Miller, CNRS- AIX Marseille Université, IREMAM, France

Discutante : Inès Ben Rejeb, Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de Manouba.

  • Zoé Carle, Paris 8, (France), Les langues du graffiti révolutionnaire - Egypte 2011-2014"
  • Farida Souiah, LAMES, (France), « Ali, ils ont vendu le pays ». Imaginaires politiques et icônes de la contestation du Hirak en Algérie 
  • Stefano Manfredi, CNRS, SeDyL, (France) Changements meta sémiotiques en temps de contestation : « la révolution de décembre » au Soudan (2018-2022)
  • Karima Ziamari, Université Moulay Ismail de Meknès, (Maroc), et Dominique Caubet, PREM, LACNAD, INALCO, (France), La voix du peuple ou la dimension contestataire dans les chants des ultras maghrébins

AG69 - Expressions artistiques et langues du politique et de la citoyenneté au Maghreb et Moyen-Orient FR

Depuis au moins deux décennies, mais surtout depuis les mouvements révolutionnaires de 2011, de nombreux travaux ont pointé la visibilité et la circulation via des canaux divers de très nombreuses productions artistiques et culturelles (blogs, vidéos, films, pièces de théâtre, chansons, blagues, humour, dessins animés, etc.) qui abordent des thématiques sociales et politiques (Jacquemond & Lang 2019). Cette intense production artistique semble indiquer l’émergence de nouvelles sphères de débat public. Cependant, les dimensions langagières de ce phénomène restent relativement peu étudiées en profondeur. Est-ce que ces productions artistiques contestataires révèlent de nouvelles pratiques langagières dans le domaine de l’expression du politique qui traduisent des mutations sociolinguistiques plus profondes et l’émergence de nouvelles normes – alternances codiques, développement de l’écrit dialectal, etc.- et nouveaux registres d’autorité ou bien est-ce qu’elles s’inscrivent dans des formes anciennes de contestation comme l'humour ou la dérision par ex ? Est ce qu’elles contribuent à modifier les idéologies et hiérarchies linguistiques dominantes notamment concernant le rôle, la place et la légitimité des différentes langues en présence ? En quoi modifient-elles les rapports entre langues et citoyenneté, langues et identités dans le monde arabophone? Sans prétendre répondre de façon exhaustive à l’ensemble de ces questions, cet atelier entend réunir des chercheurs de différentes disciplines travaillant sur le Maghreb et le Moyen Orient et explorant plusieurs formes de productions artistiques - chants d’Ultras et de manifestants, poèmes, slogans, graffitis, pièces de théâtre, etc.

Responsable: Catherine Miller, CNRS- AIX Marseille Université, IREMAM, France

Discutante : Inès Ben Rejeb, Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de Manouba.

  • Zoé Carle, Paris 8, (France), Les langues du graffiti révolutionnaire - Egypte 2011-2014
Les graffitis sont des objets culturels hybrides à tous points de vue, mêlant texte et image selon des modalités variables, mêlant les références culturelles, mais également les registres de langues et les langues elles-mêmes. Ces pratiques scripturaires sont en outre un point de contact privilégié entre des cultures de lutte anciennes et les nouvelles cultures numériques, tout particulièrement du point de vue linguistique. A partir d'un corpus de graffitis de la rue Mohammed Mahmoud au Caire, collecté entre 2011 et 2014, cette communication s'attardera sur les feuilletages et les hybridations linguistiques qui s'exposent sur les murs réels et sur leurs miroirs numériques.

  • Farida Souiah, LAMES, (France), « Ali, ils ont vendu le pays ». Imaginaires politiques et icônes de la contestation du Hirak en Algérie 

« Ali, ils ont vendu le pays ». Imaginaires politiques et icônes de la contestation du Hirak en Algérie 

Dans les rues et les places des villes algériennes, des manifestants criaient : « Ali ! Ils ont vendu (le pays), Ali » (يا علي، بعوها يا علي). Ali La Pointe, de son vrai nom Ali Ammar, était un combattant de la guerre d’indépendance algérienne, mort le 8 octobre 1954. De nombreux slogans et poèmes oraux du Hirak lui sont adressés et son visage s’affiche sur les pancartes et les banderoles des manifestants. Des captures d’écran du film de Gillo Pontecorvo, La Bataille d’Alger, qui romanticise son parcours sont reprises par les manifestants qui leur prêtent de nouveaux dialogues pour formuler un rejet du calendrier électoral imposé par l’armée. Le portrait de l’acteur se substitue parfois à celui du combattant de la guerre d’indépendance; l’histoire et la fiction se mêlent. Ali La Pointe est l’une des icônes qui peuplent les imaginaires politiques des Algériens, et qui est rappelée lors de ce mouvement protestataire. Il est loin d’être le seul. A partir de l’étude des icônes rappelés dans les chants et les slogans du Hirak, cette communication vise à analyser le rapport à l’histoire et ses présences pour articuler un discours contestataire. Elle interroge notamment le rôle des productions culturelles et marchandes dans la fabrique et la circulation des icônes et discours de la contestation. 

  • Stefano Manfredi, CNRS, SeDyL, (France) Changements meta sémiotiques en temps de contestation : « la révolution de décembre » au Soudan (2018-2022)

  • Karima Ziamari, Université Moulay Ismail de Meknès, (Maroc), et Dominique Caubet, PREM, LACNAD, INALCO, (France), La voix du peuple ou la dimension contestataire dans les chants des ultras maghrébins
Les chants ultras constituent un nouvel espace de contestation dans plusieurs pays arabes (Algérie, Egypte, Maroc, Tunisie, …). Publiés et largement diffusés grâce à des vidéos sur les réseaux sociaux, ils peuvent être analysés à la fois comme une nouvelle forme artistique populaire et comme langue du politique non canonique. Du stade à la rue et en circulant dans plusieurs pays arabes, ils dépassent les frontières nationales grâce aux médias qui participent de leur circulation et popularité. Au Maroc, certaines chansons sont emblématiques de la contestation sociopolitique, notamment la chanson des ultras Eagles « f bladi delmouni : on m’a opprimé dans mon propre pays » qui est devenue presque un hymne arabe. Lors des toutes premières manifestations du Hirak algérien, les chants et les mots d’ordre des Ultras ont animé les cortèges, dont le plus célèbre la Casa del Mouradia (Ouled El behdja de l’USM-Alger) mélant derja, français, italien ou anglais.  Les ultras au Maghreb s’érigent ainsi en « voix du peuple : sawt chaab» et produisent des chansons qui dénoncent l’oppression, l’injustice et les inégalités. Cette communication s’interroge sur la dimension langagière du discours contestataire ultras. Quelles formes linguistiques employées ? Comment le discours contestataire est-il mis en avant dans les chants ultras maghrébins ?

Artistic Expressions and Languages of Politics and Citizenship in the Maghreb and the Middle East

Summary of the workshop (1500 characters including space) 
For at least two decades, but especially since the revolutionary movements of 2011, many studies have pointed to the increasing visibility of a great number of artistic and cultural productions (blogs, videos, films, plays, songs, jokes, humor, cartoons, etc.) which address social and political themes (Jacquemond & Lang 2019). This intense artistic production seems to indicate the emergence of new spheres of public debate. However, the linguistic dimensions of this phenomenon remain relatively little studied in depth. Do these protest artistic productions reveal new language practices in the field of political expression that reflect deeper sociolinguistic mutations and the emergence of new standards - code switching, development of dialect writing, etc. - and new registers of authority or do they fit into old forms of protest such as humor or derision, for example? Do they contribute to modifying the dominant linguistic ideologies and hierarchies, particularly concerning the role, place and legitimacy of the different languages ​​involved? How do they modify the relationship between languages ​​and citizenship, languages ​​and identities in the Arab-speaking world? Without claiming to provide an exhaustive answer to all of these questions, this workshop intends to bring together researchers from different disciplines working on the Maghreb and the Middle East and exploring several forms of artistic production - songs of Ultras and demonstrators, poems, slogans, graffiti, plays, etc.

Responsable: Catherine Miller, CNRS- AIX Marseille Université, IREMAM, France

Discutante : Inès Ben Rejeb, Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de Manouba.

  • Zoé Carle, Paris 8, (France), Les langues du graffiti révolutionnaire - Egypte 2011-2014
The languages of revolutionary graffiti- Egypt 2011-2014

Graffiti as a cultural practice are hybrid in many ways : mixing text and image, they are at the crossroads of local and global references. They are also a linguistic hybrid, since they intertwine registers and even languages. Those written practices can be seen as local and low-technology medias, maintaining close links with high-technology medias and numeric environments. The latter shape their contents but also have an impact on their social lives beyond their often ephemeral existence on the walls of revolutionary cities. This communication will analyze a collection of graffitis from the Egyptian Revolution, collected from 2011 and 2014 on the walls of the Mohammed Mahmoud street in Cairo dowtown. It will focus on the linguistic intertwining of graffitis both on physical and on digital walls.

  • Farida Souiah, LAMES, (France), « Ali, ils ont vendu le pays ». Imaginaires politiques et icônes de la contestation du Hirak en Algérie 
“Ali! They sold (the country), Ali.” Political imaginaries and icons of protest in the Algeria Hirak

In the streets of Algerian cities, demonstrators were shouting, “Ali! They sold (the country), Ali” ([يا علي، بعوها يا علي]. Ali La Pointe, whose real name was Ali Ammar, fought and died during the Algerian War of Independence: he is a shahid [martyr]. Demonstrators recited poems and sang to Ali. They displayed his face on their T-shirts, on banners and placards. They used and diverted screenshots of Gillo Pontecorvo’s film, The Battle of Algiers, which romanticizes his journey, to formulate a rejection of the electoral calendar imposed by the army. The portrait of the actor sometimes replaces the one of the fighter: history and fiction intertwined. Ali La Pointe is an icon of protest in Algerians political imaginaries. Demonstrators recall his memory to fight battles of the present time. This presentation aims to analyze the relationship to history and its presence to articulate a protest discourse. In particular, it questions the role of cultural and commercial productions in the marking and circulation of icons of protest. 

  • Stefano Manfredi, CNRS, SeDyL, (France) Changements meta sémiotiques en temps de contestation : « la révolution de décembre » au Soudan (2018-2022)
Meta-Semiotic Changes in Times of Contestation: "The December Revolution" in Sudan (2018- 2022)
This paper proposes to analyze the processes by which the actors of the December Revolution in Sudan - both revolutionary and counter-revolutionary actors - use language for political and economic purposes. Drawing on an ethnographic analysis of oral and written language practices, the study describes the meta-semiotic changes that occurred during the 2018-2022 protest and analyzes them through their embeddedness in the political and socio-cultural context of the Sudanese revolution. By focusing on the processes of indexical (re)ordering and commodification of language, the study shows how a phase of political crisis can generate meta-semiotic reconfigurations of revolutionary linguistic resources in order to make them more suitable for the market economy and/or to produce political consensus.

  • Karima Ziamari, Université Moulay Ismail de Meknès, (Maroc), et Dominique Caubet, PREM, LACNAD, INALCO, (France), La voix du peuple ou la dimension contestataire dans les chants des ultras maghrébins

The voice of the people or the protest dimension in the North African Ultras Chants

Ultras chants constitute a new space of political protest in several Arab countries (Algeria, Egypt, Morocco, Tunisia, etc.). Published and widely circulated through videos on social networks, they can be analysed both as a new popular art form, and as the language of non-canonical politics. From the stadiums to the streets and travelling through several Arab countries, they cross national borders thanks to the media which contribute to their circulation and popularity. In Morocco, certain songs are emblematic of socio-political protest, in particular the Ultras Eagles’ chant f’bladi delmouni (“I was oppressed in my own country”) which has almost become an Arabic anthem. During the very first demonstrations of the Algerian Hirak, the Ultras’ chants and slogans animated the protest marches, including the most famous La Casa del Mouradia (of the Ouled El Behdja - USM-Alger), mixing Derja, French, Italian and English. Ultras in the Maghreb thus pose themselves as "the voice of the people: sawt chaab" and produce chants that denounce oppression, injustice and inequalities. This paper questions the linguistic dimension of the Ultras' protest speech. What linguistic forms are used? How is the protest speech put forward in the North African Ultras’ chants?

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