Responsable: >Mohamed Fadil

A69 - Comprendre le radicalisme violent dans le contexte marocain

Date : 2022-09-23 | 16:15:00-18:15:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ISAMM
Salle :
C2
Responsable : Mohamed Fadil
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Benlarbi Driss Université Moulay Ismaïl
Azim Sara Université Moulay Ismaïl
Er-Rifaiy Amina Université Moulay Ismaïl

A69 - Comprendre le radicalisme violent dans le contexte marocain FR

Salle: C2
Responsable: Mohamed Fadil, Université Mohamed Ben Abdellah-Fès, Maroc

  • Driss Benlarbi, Université Moulay Ismail, (Maroc), Morphologie du courant djihadiste au Maroc, comprendre les distinctions spatiales et leur rapport à l'extrémisme violent
  • Sara Azim, Université Moulay Ismail, (Maroc), Réflexion sur le radicalisme violent à l’ère du numérique dans le contexte marocain
  • Amina Er-rifaiy, Université Moulay Ismail - (Maroc), L’approche étatique en matière de lutte contre le radicalisme violent au Maroc

A69 - Comprendre le radicalisme violent dans le contexte marocain FR

La problématique de radicalisme violent est devenue une question importante dans les domaines des sciences humaines, notamment quand il s’agit d’un espace varié comme l’Afrique qui représente actuellement un espace des conflits et de tensions. Ce qui ouvre plusieurs pistes de réflexion et d’analyse notamment celle liées aux questions religieuses, politiques, sociales et culturelles.  La notion de crise peut être l’un des aspects principaux liés à la question du radicalisme violent dans un contexte spécifique, soit à travers la durée de cette « crise », ou dans une dimension spatiale qui se caractérise par un type organisationnel spécifique. Dans le cadre ou il y a un phénomène social, la notion de crise prend un sens large, ce qui demande au chercheur de choisir une perspective claire en rapport avec le phénomène en cours d’étude.
Dans ce cadre-là, nous proposons un atelier simple sur le thème de radicalisme violent au Maroc, ouvrant différents points de réflexion et de débat scientifique en rapport avec la  notion de crise à la base des données de terrains (des observations et des entretiens avec les différents acteurs au Maroc), à fin d’ouvrir des pistes de discussion autour l’évolution du phénomène dans le contexte marocain qui a connu plusieurs actes violents. Les participants à cet atelier sont des professeurs chercheurs et des doctorants en socio-anthropologie qui vont présenter des communications scientifiques autour du radicalisme violent dans le contexte marocain, à partir de leurs angles et aspects de recherche (religion, culture, politique et social).

Responsable: Mohamed Fadil, Université Mohamed Ben Abdellah-Fès, Maroc

  • Mohamed Fadil, Université Mohamed Ben Abdellah-Fès, (Maroc), De l’expérience marocaine face au radicalisme religieux (le salafisme jihadiste)
L’émergence de l’islamisme (1969) au Maroc relança la question de la légitimité religieuse, censée être définitivement tranchée en faveur de la monarchie depuis la Constitution de 1962. Les islamistes ne furent pas moins gênés, ils se retrouveront en fait piégés dans une logique interrogeant l’utilité de leur émergence sur la scène politique d’un pays dont le chef d’Etat se proclame commandeur des croyants, et donc leur projet d’islamiser ce qui se prétend être déjà islamique. Bien que ce paradoxe d’origine accompagne la relation de la monarchie avec ses rivaux religieux, tout se passait selon la tradition d’un pays qui semble immunisé contre la violence religieuse grâce à sa stabilité et l'originalité de son régime politico-religieux. Pourtant, cette situation bascule quand, à partir de l’an 2003, le pays est la cible d’une série d’attentats portant la signature des activistes du salafisme jihadiste. Le régime politico-religieux, avec au centre le commandeur des croyants, passe à l’attaque à travers une politique de lutte contre ce que l'on considérera désormais le radicalisme religieux violent, politique qui sera rapidement considérée comme étant une des plus efficaces et réussies dans le domaine. A travers une approche conciliant histoire, théologie, sociologie des religions et sociologie politique, cette proposition tentera de présenter les repères fondamentaux de l’expérience marocaine en matière d’affrontement du radicalisme religieux (le cas du salafisme jihadiste) en référence à la spécificité du régime politique marocain d’un côté (la commanderie des croyants), et des modes d’action du salafisme jihadiste de ce pays de l’autre côté.  
 
  • Driss Benlarbi, Université Moulay Ismail, (Maroc), Morphologie du courant djihadiste au Maroc, comprendre les distinctions spatiales et leur rapport à l'extrémisme violent

    Le Maroc est l'un des pays qui a subi le fléau de l'acte terroriste, depuis les premiers stades de son émergence, qui a pris une forme organisationnelle internationale, avec la vague des Afghans et de l'organisation centrale d'al-Qaïda, comme les attentats de l'hôtel Issni à Marrakech en 1994, que les analystes politiques jugent comme une réaction à la situation politique et le régime au Maroc. Elle a été idéologiquement encadrée par les répercussions de l'invasion soviétique des terres afghanes et les tensions politiques dans le monde islamique , en particulier l'invasion américaine de l'Irak et l'appel d'Al-Qaïda à mettre fin à l'influence étrangère dans les pays islamiques et à établir un nouveau califat islamique. Malgré les défaites subies par l'État islamique et le retrait de son contrôle en Syrie et en Irak, et le retour de ses combattants dans leurs pays, le spectre du terrorisme plane toujours sur le Maroc, et appelle donc à plus de vigilance, d'autant plus que cette organisation terroriste est devenue une référence mondiale de la pensée djihadiste, cherchant à se renouveler et à s'étendre en lui faisant des refuges sécurisantes, notamment la côte africaine, le Sahara et la région maghrébine de l'Afrique du Nord, ce qui se manifeste dans la série d'affrontements avec des cellules terroristes qui est toujours en cours en Algérie, Tunisie, Libye et Maroc.

  • Sara Azim, Université Moulay Ismail, (Maroc), Réflexion sur le radicalisme violent à l’ère du numérique dans le contexte marocain
Le phénomène de radicalisme violent se voit et se développe dans un contexte mouvant, un contexte qui a révélé à une complexité de motifs et de facteurs d’intégration des jeunes et des adolescents en particulier aux rangs des groupes extrémistes. En effet, le numérique joue un rôle important dans la dynamique du phénomène du radicalisme violent, il est considéré comme un outil essentiel dans la stratégie de recrutement et de propagande destinée principalement aux jeunes et adolescents, il assure une forte visibilité et une domination via la production des contenus numériques afin d’orienter les jeunes vers le chemin de l’extrémisme violent.  Les premiers résultats de terrain, obtenus dans le cadre de notre projet de recherche ont confirmé que : 

  • Il y a une relation causale entre le processus de radicalisation et le processus de communication via le numérique, entre les réseaux sociaux et le discours radical. Du fait que la démarche de la circulation de discours de haine et de violence, commence par le contact direct via le numérique, partant des préoccupations des jeunes et des adolescents, qui vont par la suite avancer vers des sujets radicaux
  • La situation de crise socio-économique que peuvent vivre les individus, quel que soit le contexte, contribue à accélérer ou à permettre aux groupes extrémistes un terrain fertile pour recruter un grand nombre de jeunes et adolescents marocains issus des classes sociales précarisées. Cela confirme que la crise est une crise sociale et économique avant d’être sanitaire. 

  • Amina Er-rifaiy, Université Moulay Ismail - (Maroc), L’approche étatique en matière de lutte contre le radicalisme violent au Maroc
La radicalisation violente est un processus traité par différents acteurs : des institutions étatiques ou non étatiques. Ce constat nous autorise cependant à poser une interrogation qui pourrait être une hypothèse sur l’approche institutionnelle de la lutte contre l’émergence de radicalisme violent depuis les attentats de la ville Casablanca en 2003, jusqu'au moment de la pandémie Covid-19 qui est considérée comme une période de crise sanitaire. Nous avons mobilisé des entretiens approfondis avec les acteurs institutionnels officiels qui ont développé ou des mécanismes de lutte contre l’extrémisme violent. Parmi les résultats, nous trouvons que les stratégies menées jusqu’au jour-là ont ciblé les individus qui sont partis aux foyers de conflit, nous pouvons diviser ces individus aux deux catégories : les hommes et les femmes. A partir d'une approche socio-anthropologique, nous visons à présenter dans cette communication une analyse des actions menées dans le processus de déradicalisation des programmes pour gérer l’émergence de radicalisme violent dans le contexte marocain, et une réflexion scientifique sur l’exécution de ses programmes.

Understanding violent radicalism in the Moroccan context

The issue of violent radicalism has become a core question in the fields of the humanities and social sciences, especially when it comes to a diverse space such as Africa, which currently represents a space of conflict and tension. This opens up several avenues for reflection and analysis, particularly those related to religious, political, social and cultural issues.  The notion of crisis can be one of the main aspects linked to the issue of violent radicalism in a specific context, either through the duration of this "crisis", or in a spatial dimension that is characterized by a specific organization. In the context of a social phenomenon, the notion of crisis takes on a broad meaning, which requires the researcher to choose a clear perspective in relation to the phenomenon under study. In this context, we propose a simple workshop on the theme of violent radicalism in Morocco, opening different points of reflection and scientific debate in relation to the concept of crisis based on field data (observations and interviews with different actors in Morocco), in order to open avenues of discussion around the evolution of the phenomenon in the Moroccan context which has experienced several violent acts. Participants in this workshop are professors and researchers and doctoral students in socio-anthropology who will present scientific papers on violent radicalism in the Moroccan context, from their angles and aspects of research (religion, culture, politics and social).

Responsable: Mohamed Fadil, Université Mohamed Ben Abdellah-Fès, Maroc

  • Mohamed Fadil, Université Mohamed Ben Abdellah-Fès, (Maroc), De l’expérience marocaine face au radicalisme religieux (le salafisme jihadiste)
The Moroccan experience with violent religious radicalism (the case of jihadist Salafism)

The emergence of Islamism (1969) in Morocco reopened the question of religious legitimacy, which was supposed to have been definitively settled in favor of the monarchy since the 1962 Constitution. The Islamists were no less troubled, and in fact found themselves trapped in a logic that questioned the usefulness of their emergence on the political scene of a country whose head of state proclaimed himself Commander of the Faithful, and thus their project to Islamize what claimed to already be Islamic. Although this original paradox characterized the relationship of the monarchy with its religious rivals, everything was going according to the tradition of a country that seems immune to religious violence thanks to its stability and the originality of its political-religious regime. However, this situation changed when, from 2003 onwards, the country became the target of a series of attacks by jihadist Salafist activists. The politico-religious regime, with the commander of the believers at the center, went on the attack through a policy of fighting against what will henceforth be considered violent religious radicalism, a policy that will quickly be considered as one of the most effective and successful in the field. Through an approach that conciles history, theology, sociology of religions and political sociology, this proposal will attempt to present the fundamental benchmarks of the Moroccan experience in confronting religious radicalism (the case of jihadist Salafism) with reference to the specificity of the Moroccan political regime on the one hand (the commandery of the believers), and the modes of action of jihadist Salafism in this country on the other.  
 
  • Driss Benlarbi, Université Moulay Ismail, (Maroc), Morphologie du courant djihadiste au Maroc, comprendre les distinctions spatiales et leur rapport à l'extrémisme violent
Morphology of the jihadist current in Morocco, understanding the spatial distinctions and their relationship to violent extremism

  Morocco is one of the countries that has suffered the scourge of terrorist acts, since the early stages of its emergence, which took an international organizational form, with the wave of Afghans and the central organization al-Qaeda, such as the attacks on the Hotel Issni in Marrakech in 1994, which political analysts consider as a reaction to the political situation and the regime in Morocco It was ideologically framed by the repercussions of the Soviet invasion of Afghan lands and political tensions in the Islamic world, particularly the U.S. invasion of Iraq and al-Qaeda's call to end foreign influence in Islamic countries and establish a new Islamic caliphate. Despite the defeats suffered by the Islamic State and the withdrawal of its control in Syria and Iraq, and the return of its fighters to their countries, the specter of terrorism still hangs over Morocco, and therefore calls for more vigilance, especially since this terrorist organization has become a global reference of jihadist thought, seeking to renew itself and expand by making safe havens for it, including the African coast, the Sahara and the Maghreb region of North Africa, which is manifested in the series of clashes with terrorist cells that is still ongoing in Algeria, Tunisia, Libya and Morocco.

  • Sara Azim, Université Moulay Ismail, (Maroc), Réflexion sur le radicalisme violent à l’ère du numérique dans le contexte marocain
Violent radicalism of youth and adolescents in the digital age in the Moroccan context

The phenomenon of violent radicalism is seen and develops in a changing context, a context that has revealed a complexity of motives and factors of integration of young people and adolescents to the ranks of extremist groups.  Indeed, the digital plays an important role in the dynamics of the phenomenon of violent radicalism, it is considered an essential tool in the strategy of recruitment and propaganda aimed primarily at youth and adolescents. By ensuring high visibility and dominance through the production of digital content to guide young people towards the path of violent extremism.  The first field results, obtained within the framework of our research project, have confirmed that: 
- There is a causal relationship between the process of radicalization and the communication process via digital, between social networks and radical discourse. The fact that the process of the circulation of hate speech and violence, begins with direct contact via the digital, starting from the concerns of young people and adolescents, which will then advance to radical topics
- The situation of socio-economic crisis that individuals may experience, whatever the context contributes to accelerate or allow extremist groups a fertile ground to recruit a large number of Moroccan youth and adolescents from the precarious social classes. This confirms that the crisis is a social and economic crisis before a health crisis. 

  • Amina Er-rifaiy, Université Moulay Ismail - (Maroc), L’approche étatique en matière de lutte contre le radicalisme violent au Maroc
The state approach to combating violent radicalism in Morocco

Violent radicalization is a process handled by different actors: state and non-state institutions. However, this observation allows us to ask a question that could be a hypothesis on the institutional approach to the fight against the emergence of violent radicalism since the attacks in Casablanca in 2003, until the time of the Covid-19 pandemic, which is considered a period of health crisis. We mobilized in-depth interviews with official institutional actors who have developed mechanisms to combat violent extremism. Among the results, we find that the strategies carried out so far have targeted individuals who have gone to the hotbeds of conflic. We can divide these individuals to two categories: men and women. From a socio-anthropological approach, we aim to present in this paper an analysis of the actions carried out in the process of deradicalization programs to manage the emergence of violent radicalism in the Moroccan context, and a scientific reflection on the implementation of its programs.

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