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AG68 - Saisir les mondes arabes et musulmans post-2011 : propositions analytiques et enjeux méthodologiques

Date : 2022-09-22 | 14:00:00-16:00:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
ISAMM
Salle :
C5
Responsable : Manon-Nour Tannous
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Hassabo Chaymaa Université Witwatersrand
Rey Matthieu IFPO
Tannous Manon-Nour Université de Reims Champagne Ardenne
Hmed Choukri Université Paris-Dauphine/GIS MOMM

AG68 - Saisir les mondes arabes et musulmans post-2011 : propositions analytiques et enjeux méthodologiques FR

Salle: C5
Responsable: Manon-Nour Tannous, Université de Reims-Champagne Ardenne, France

  • Chaymaa Hassabo, University of Johannesburg (Afrique du Sud) et Choukri Hmed, Université Paris-Dauphine, (France), Sociologie des situations et des dénouements révolutionnaires dans les mondes arabes
  • Matthieu Rey, Ifpo (Beyrouth) et Manon-Nour Tannous , Université de Reims, (France), Qu’avons-nous appris de la Syrie depuis 2011 ? Les études syriennes et la crise en cours

AG68 - Saisir les mondes arabes et musulmans post-2011 : propositions analytiques et enjeux méthodologiques FR

Dix ans après les situations révolutionnaires qui ont marqué les mondes arabes, l’effort de réflexivité s’impose pour comprendre ce qui a changé dans nos pratiques, nos méthodes et nos savoirs. Au-delà d’une simple logique de bilan et/ou de l’injonction à considérer (ou non) 2011 comme une rupture, il s’agit, dans cet atelier, de proposer une réflexion sur les sciences sociales du politique dans les mondes arabes et musulmans. Il s’agira en particulier de proposer une réflexion sur les enjeux méthodologiques, les défis, obstacles et innovations de l'empire dans le contexte post-2011. Cela implique de réfléchir à la manière dont la communauté scientifique travaille aujourd’hui sur la région, dans un contexte d’accès au terrain caractérisé par la violence des conflits et le renforcement autoritaire. Afin de saisir les évolutions, les participant·e·s proposeront une historiographie des études et des savoirs académiques sur la région. Un autre enjeu méthodologique consiste à se départir d’approches revenant à analyser le présent de manière binaire (« issues révolutionnaires » vs « restaurations autoritaires »), ou focalisées sur le processus de mobilisation sans en percevoir les conséquences en termes de recomposition du champ institutionnel.

Responsable: Manon-Nour Tannous, Université de Reims-Champagne Ardenne, France

  • Chaymaa Hassabo, University of Johannesburg (Afrique du Sud) et Choukri Hmed, Université Paris-Dauphine, (France), Sociologie des situations et des dénouements révolutionnaires dans les mondes arabes
La conception dominante des transitions politiques dans la science politique contemporaine a récemment été bousculée par le cycle de mobilisations ouvert dans les mondes arabes depuis la fin de l’année 2010, lequel a conduit, dans certains cas, à des changements de régimes protéiformes. Prenant appui sur les exemples tunisien et égyptien, cette communication se propose d’interroger autrement les processus de transition et de desserrer la focale excessivement tournée par les chercheurs soit sur l’espace des mouvements sociaux, soit à l’inverse sur le champ politique institué, en considérant à l’inverse leurs interactions. Elle propose ensuite des pistes théoriques et méthodologiques afin de mieux appréhender ce que Michel Dobry nomme la recomposition des transactions collusives qui s’opère après la crise politique (Dobry, 2009). Elle montre ainsi comment les transitions se fondent sur les recompositions du champ du pouvoir, dans un contexte où la légitimité des institutions et du nouveau régime politique reste fragile et mise à mal par une série de protestations là encore multisectorielles. Si la perspective transitologique est lourde de présupposés à la fois rationalistes et universalistes, elle soulève la question de l’évaluation par le chercheur du degré de complétude des dénouements révolutionnaires : le changement institutionnel promu ou initié par les révolutionnaires a-t-il eu lieu et jusqu’à quel degré ?

  • Claire Beaugrand, CNRS, Irisso (France) et Amin Moghadam, Ryerson University-CERC, (Canada), Construire un champ pluriel d’études aréales : les tiraillements du Golfe
Au-delà des revendications nationalistes portant sur la dénomination du Golfe persique ou arabique, cette division géopolitique a profondément marqué la recherche en sciences sociales sur la région. En combinant une réflexion historiographique à la sociologie politique des institutions de recherche, cette communication interrogera les processus de constitution des champs d’études aréales du Golfe, Gulf Studies, et des études iraniennes, Iranian Studies, dans les milieux universitaires anglo-saxons. Nous nous intéresserons d’une part, aux processus historiques qui ont contribué à la formation asynchrone de ces champs d’études aréales, à leur démarcation progressive comme domaines distincts et légitimes, à leur tension les uns par rapport aux autres et, a contrario, à leur convergence parfois. D’autre part, nous développerons une approche empruntant à la sociologie des acteurs académiques et scientifiques en analysant leur rapport aux autres types d’expertise (journalistique, diplomatique) et à l’économie politique des institutions de recherche (financements publics et mécénat privé des élites économiques iraniennes diasporiques) qui influencent l’orientation politique et scientifique des centres d’études, les enjeux et les frontières de ces champs d’études.  

  • Matthieu Rey, Ifpo (Beyrouth) et Manon-Nour Tannous , Université de Reims, (France), Qu’avons-nous appris de la Syrie depuis 2011 ? Les études syriennes et la crise en cours
Les études syriennes présentent un paradoxe au début du soulèvement. Alors que les questions de sécurité empêchent de faire du terrain, les événements suscitent une forte demande sociale et un nouvel intérêt scientifique. Cette présentation analyse les nouvelles études syriennes résultant du soulèvement. Objets de recherche, lieux du savoir, approches ont été transformés par la relation entre terrain, opinions et monde de la recherche. Alors que quelques académiques ont produit des analyses sur le pays dans la première décennie du XXIème siècle, de nombreux aspects restaient peu étudiés, comme l’histoire contemporaine. L’attraction nouvelle à partir de 2011 a modifié cet état de choses. Cette présentation s’appuie sur une analyse réflexive de deux chercheurs sur leur travail, sur des observations menées dans les centres de savoir, sur des entretiens avec les principaux responsables scientifiques, et sur l’observation de mots-clés dans la production textuelle. Des séquences distinctes suivent étroitement les évolutions de terrain (2011-2; 2013; 2014-6), une nouvelle carte du savoir en résulte, et de cela, nous voudrions souligner comment la crise syrienne aboutit à une profonde reconfiguration du champ scientifique donnant place aux think tanks et autres lieux de savoir.

Making sense of post-2011 Arab and Muslim worlds: New analytical and methodological paths

Ten years after the uprisings that shook the Arab world, the time is ripe for an in-depth critical review of what has changed in our practices, methods and knowledge. Beyond the notion of merely taking stock and decreeing whether (or not) 2011 should be seen as a turning point, the aim of this workshop is to reflect on the politically-focused social sciences in the Arab and Muslim worlds, and in particular on methodological issues, challenges, obstacles and innovations in empiricism in the post-2011 context. This distance-taking implies analysing how the research community undertakes work on the region today, when access for conducting field work is hindered by violent conflict and growing authoritarianism. To better grasp these developments, participants will propose a historiography of academic studies and knowledge production on the region. A further methodological challenge is that of avoiding approaches limited to analysing the present in binary terms - revolutionary outcomes v. authoritarian restorations - or focusing on processes of mobilisation while neglecting the consequences in terms of the recomposing of the institutional field.

Responsable: Manon-Nour Tannous, Université de Reims-Champagne Ardenne, France

  • Chaymaa Hassabo, University of Johannesburg (Afrique du Sud) et Choukri Hmed, Université Paris-Dauphine, (France), Sociologie des situations et des dénouements révolutionnaires dans les mondes arabes
Sociology of revolutionary situations and outcomes in the Arab world(s)

The cycle of mobilizations that occurred in the Arab Worlds since the end of 2010 has recently shook up the dominant perspective behind “political transitions” in contemporary political science. This cycle has led, in some cases, to multiple facetted regime changes. Drawing on the cases of Tunisia and Egypt, this paper aims at questioning the processes of transition by studying the interactions between the space of social movements and the institutionalized politics field. Then, it suggests some theoretical and methodological tools in order to better understand what Michel Dobry calls the re-composition of ‘collusive transactions’ after a political crisis (Dobry, 2009). Therefore, it shows how transitions are based on the power field's re-composition in a context where the legitimacy of the institutions and the new political regime remains fragile due to the persistence of multisectoral protests. Though the transitology perspective is fraught with rationalist and universalist presuppositions, it raises the question of how the researcher can assess the degree of completion of revolutionary outcomes: did the institutional change promised or initiated by revolutionaries take place, and if yes, to what extent?

  • Claire Beaugrand, CNRS, Irisso (France) et Amin Moghadam, Ryerson University-CERC, (Canada), Construire un champ pluriel d’études aréales : les tiraillements du Golfe

Delineating polymorphic area studies: the Gulf tug-of-war

The geographic name of the Gulf, Persian or Arabian, has famously been the subject of long-lived nationalist claims. This geopolitical divide has also deeply affected social sciences’ researches on the region. Reflecting on the historiography of the field and following a sociological approach of research institutions, this paper questions the processes through which the fields of Gulf Studies and Iranian Studies have been gradually constructed in the American and British academia. On the one hand, it focuses on retracing the asynchronous historical formations of these two sub-fields of area studies. It unpacks their progressive delination as distinct and legitimate fields, shows the tension between the two and, conversely, their convergence at times. On the other hand, based on the sociology of academic and scientific actors, it analyses the relationship between academics and other types expertise holders (from the fields of journalism, diplomacy, intelligence). Finally, looking into the political economy of research institutions (public funding and private donations of Iranian diasporic benefactors) it demonstrates how all these factors intersect to influence the political and scientific orientation of the study centers and the shifting boundaries of these fields of study.  

  • Matthieu Rey, Ifpo (Beyrouth) et Manon-Nour Tannous , Université de Reims, (France), Qu’avons-nous appris de la Syrie depuis 2011 ? Les études syriennes et la crise en cours
What have we learned about Syria since 2011? Syrian studies and the current crisis

Syrian studies have presented a paradox since the beginning of the uprising. While security issues undermined the possibility of carrying out intensive fieldwork, the events triggered both high public demand for information on the situation and new academic interest. This presentation analyses the “new” Syrian studies that have resulted from the uprising. Objects of interest, places, approaches have all been reshaped by the tenuous relationship between the researcher, the field and the public opinion. While scholars did produce academic literature on Syria in the first decade of the twenty-first century, several aspects remained understudied, with, for example, a lack of studies of Syria’s modern history. This situation underwent major change after 2011 as Syria attracted attention. A careful analysis of the last decade in Syrian studies may help to understand how the uprising has affected research and how the new works reframe our understanding of Syria. This presentation is based on both internal and reflexive observations from time spent in different centers, interviews with members of think tanks, universities and the press, and a keyword analysis of the main search engine. Current developments on the ground frame topics and methodology in a specific way. From this perspective, we can reconstruct several sequences of research (2011-2; 2013; 2014-2016). These are accompanied by a new mapping of the knowledge produced. The Syrian crisis led other actors to become involved in the production of reports, analysis and political guidelines.

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