AM67 - Sociologie du travail et des professions 1

Une représentation sociale (Moscovici, 1961) est en rapport avec d’autres représentations formant ainsi un environnement symbolique et social (Abric, 2001 ; Jeoffrion, 2009 ; Valence & Roussiau, 2006, 2009). L’objectif de cette étude a été de vérifier l’hypothèse de l’existence d’une relation entre la représentation sociale qu’on se fait de son propre métier et celle qu’en a la population générale. Il s’agit plus particulièrement du métier de musicien en contexte tunisien. Ce qui est également en jeu dans cette étude, c’est le rôle joué par la « distance à l’objet » de représentation et celui du statut social. Selon Abric (2001) la  « distance à l’objet » d’une représentation sociale (Abric & Tafani, 1995) qu’a un groupe donné, rend compte du fonctionnement, de la dynamique et de l’effet de la représentation sociale. La distance à l’objet se compose du degré de connaissance, d’implication et de pratique qu’a un groupe à son égard. Par ailleurs, on sait que les représentations sociales sont déterminées par les positions et les enjeux de pouvoir (Doise, Clémence & Lorenzi-Cioldi, 1992). Ainsi, il s’agit également de rendre compte de l’effet de modulation du statut (étudiant en musique/professionnel sans diplôme/diplômé) sur la relation entre représentations sociales. A cet effet, une enquête a été menée par entretiens semi-directifs auprès de 20 sujets non musiciens, 20 sujets étudiants en musique, 20 sujets musiciens professionnels non diplômés et 20 diplômés. Les résultats montrent une représentation sociale du métier de musicien organisée autour de trois grandes dimensions, psychologique, sociale et socio-professionnelle, ainsi que l’existence du phénomène de polarité (éléments positifs/négatifs).  

Dans le contexte actuel, les transformations économiques, socioculturelles et politiques post révolutionnaires continuent de susciter un débat intense sur la place occupée par le travail et son avenir. Un débat important accompagné par une forte inquiétude chez les jeunes qui voient leur condition se dégrader vers davantage de précarité parallèlement à l’augmentation du taux de chômage. Le même contexte montre que le travail a un aspect presque sacré pour les jeunes, comme en témoigne l’importance du slogan « travail, liberté, dignité » scandé pendant la Révolution.  Ergo, les multiples revendications pour l’accès au travail sous-entendent une diversité de représentations qui remettent parfois en cause le rapport au travail dans sa définition classique. La théorie de la ''valeur-travail'' reste-t-elle pertinente pour le cas des jeunes Tunisiens ? Cette question est d’autant plus importante que les enjeux du développement supposent un changement qui passe nécessairement par l’avènement d’un nouveau rapport au travail. De surcroît, lorsque la lutte pour l’accès à l’emploi s’intensifie et que l’exercice du travail reflète le malaise qui entoure le contexte général. Cette question est aussi complexe parce qu’elle fait appel à des considérations économiques et surtout à des considérations sociologiques, philosophiques, culturelles et même éthiques.

L’objet de cette contribution consiste à s’interroger sur les significations du rapport au travail, à partir de diverses situations de jeunes qui sont au chômage, en précarité ou bien qui ont un emploi, ainsi que les différentes trajectoires antérieures à ces situations (formations et études). Les évocations des vécus donnent, au-delà des représentations du travail, la mesure de ce qui s’y joue, selon les individus et leurs parcours. Il s’agit donc de déplacer le regard porté sur cet objet, les jeunes, pour mieux comprendre en filigrane, la valeur/sens du travail chez eux. A partir des résultats de notre enquête de terrain issus d’entretiens semi-directifs avec des jeunes de 20 à 40 ans, on se propose d’analyser la matrice des pratiques et des représentations renvoyant à leur rapport au travail, les faisant évoluer en décalage vis-à-vis des politiques publiques de formation et de promotion de l’emploi. Ces décalages les poussant de facto à se positionner parfois en marge de l’Etat et des territoires.

Au Maroc, l'accès des conducteurs de véhicules lourds en ville est organisé par des règles qui organisent leurs déplacements dans l'environnement routier. En effet, ces conducteurs sont amenés, à différentes occasions, à circuler avec leurs véhicules dans les zones à forte densité piétonnière. Dans un tel contexte, la circulation pour ces conducteurs présente des risques et des incidences pouvant survenir, éprouvant leur contrôle de la situation. Nous proposons de vérifier une hypothèse stipulant le rôle des croyances sur l'adaptation aux conditions de circulation des conducteurs de véhicules lourds.  À cette fin, un questionnaire a été réalisé avec des conducteurs de véhicules poids lourds, dont les réponses à une série d'items faisant référence à des normes et à des croyances normatives. En guise de résultats, il ressort que lesdites croyances auxquelles adhèrent ces conducteurs est un déterminant important des normes subjectives d'accès aux voies de l'environnement urbain. Ainsi, les résultats mettent en évidence la nécessité de considérer les normes sociales relatives aux actes à risque qui paraissent tolérables, en vue de la mise en place de programmes de prévention et de sensibilisation ciblés et adaptés.

Le New Public Management (Nouveau Management Public ; NPM), référence obligée des politiques publiques dans de nombreux pays, s'introduit graduellement au sein des organisations publiques tunisiennes, provoquant dans son sillage une variété de crises humaines et institutionnelles. Les réformes inspirées du NPM se heurtent, en effet, tant aux traditions bureaucratiques qu'aux résistances des acteurs du système public. Le manager est au cœur de ce système. Cette contribution, à visée exploratoire, a pour ambition de mieux comprendre le ressenti des managers publics face aux valeurs du NPM et à leurs effets sur l'évolution de leur métier. Après avoir présenté le cadre analytique du NPM et son applicabilité dans le contexte tunisien, la recherche révèle les enjeux que traversent les managers dans leur rapport au NPM, à savoir la professionnalisation de leur métier, le développement de leurs compétences et l'exercice de l'évaluation. Cette recherche met en évidence toute l'importance de l'implication des managers publics dans la construction d'un New Public Management tunisien.