A64 - Analyzing, preventing and countering violent extremism (P/CVE) in the MENA region 1/2

Les concepts clés générés par la recherche sur l'extrémisme violent sont en général souvent chargés normativement et imprécis empiriquement. Pour mieux comprendre cette réalité, notre atelier entend engager un dialogue entre des experts participant à trois projets H2020 financés par l’UE qui questionneront la construction de l'extrémisme violent en tant que réponse politique (à la fois dans la rhétorique et la pratique) aux griefs sociaux profondément enracinés dans la région MENA et la manière dont les politiques publiques et les acteurs locaux abordent ce phénomène. Les contextes locaux, nationaux, régionaux et internationaux seront ainsi étudiés en tant que catalyseurs de la montée de la radicalisation et de l'extrémisme violent dans la région au cours de la dernière décennie. Avec l'engagement et la participation civile, armée et politique, les approches PVE et CVE constitueront les principaux domaines d'enquête pour l'atelier proposé. Cela nous permettra d'analyser l'interaction entre les différents niveaux d'intervention (local, national, régional, international) et les acteurs (OSC, institutions étatiques, autorités religieuses) dans la lutte contre l'extrémisme violent depuis les révoltes arabes de 2011 et au-delà. L’atelier vise également à identifier comment l'articulation entre les approches de niveau micro, méso et macro pour aborder et combattre l'essor de l'EV dans la région MENA participe à la définition de ce concept ; et comment les conflits politiques passés et présents sont utilisés par les acteurs nationaux et locaux pour redessiner la carte des affiliations politiques et communautaires, à la fois dans la rhétorique et dans la pratique.

Responsable: Marie Kortam, FMSH, France

Cet article présente les résultats d'une enquête qualitative auprès de 8 jeunes salafistes tunisiens. Les résultats de cette enquête, publiée en 2020, peuvent se résumer en trois grandes idées : la première est que le salafisme tunisien trouve son origine dans le modèle de développement asynchrone, adopté par le Parti au pouvoir depuis l'indépendance. La seconde est que les salafistes considèrent la crise du pays comme une crise exclusivement morale et considèrent donc que la solution radicale réside dans l'application de la charia. La troisième, sur laquelle nous insistons davantage, montre que le chemin vers la communauté salafiste est pluriel et suit des trajectoires subjectives diverses. Ces trajectoires sont si diverses que l’on peut affirmer que le salafisme moderne est plus « individualiste » qu’holistique.

Notre recherche se propose d'aborder le phénomène de l'extrémisme religieux violent en s’intéressant à « l’économie politique de l’endoctrinement religieux », et en observant le déséquilibre du marché des biens religieux. On observe, par exemple, comment la faiblesse du discours religieux local et le dysfonctionnement des institutions religieuses en Tunisie peuvent être au cœur du problème. Tout au long de l’interaction avec de nombreuses parties intervenantes et concernées, telles que des acteurs religieux officiels ou non officiels ou ceux qui ont connu l’extrémisme religieux violent et l’ont abandonné par la suite, ainsi que des intellectuels de différentes sensibilités culturelles, nous avons cherché une véritable possibilité de passer de l’approche de la déradicalisation à celle de la radicalisation transformatrice. Cette transformation serait basée sur la résolution des causes profondes de l’extrémisme violent, tout en s’appuyant sur la résilience et le discours alternatif fournis par les approches locales de paix spirituelle à l’islam.

La recherche sur la radicalisation et l’extrémisme violent se concentre souvent soit sur les moteurs au niveau macro (religion, institutions, politiques, État) soit sur les voies individuelles de radicalisation, laissant de côté l'analyse au niveau méso de la dynamique communautaire. La fondation Jasmine partagera les résultats des activités de recherche mises en œuvre en Tunisie, analysés dans une perspective multi-niveaux et multi-acteurs. La présentation mettra l'accent sur l'importance de l’analyse au niveau méso pour observer les interactions sociales différenciées avec les entités sociales et les acteurs locaux dans le contexte tunisien, tout en établissant des comparaisons avec le Maroc et la Jordanie. La présentation se terminera par des recommandations sur la manière de traduire la recherche au niveau méso en actions préventives en adoptant une position claire contre les approches axées sur la sécurité. Le rôle important des communautés sera souligné et les pratiques méthodologiques pour créer des espaces significatifs de dialogue et de consultation seront discutées.

Le système politique sectaire libanais nous enseigne que les communautés se renforcent dans un contexte de profonde incertitude. Ce système se renforce aujourd'hui tant que les affiliations sectaires servent à la catégorisation des principaux alignements politiques d’une communauté ou d’une autre dans ce contexte. Alors que l’appartenance nationale passe par les canaux sectaires, les participations politiques libanaises s’expriment à travers leurs appartenances confessionnelles. Notre recherche menée sur l’émergence de l’extrémisme violent et les manières d’aborder ce phénomène vise à répondre à la question de savoir pourquoi les gens se tournent vers l’extrémisme alors que les représentations traditionnelles existent encore. Afin de répondre à cette question, nous étudierons entre autres la tendance à la surinterprétation politique, la compatibilité entre appartenances sectaires et appartenance libanaise, et la confusion entre sphère politique et sphère religieuse.