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AM57 - Discriminations et racialisation
Date : 2022-09-20 | 14:00:00-16:00:00
Évènement :
Congrès INSANIYYAT
Programme détaillé : cliquer ci-contre
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A.M | ||
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ESCT | ||
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D17 |
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Modérateur·trice : Hayet Moussa | |
Discutant·e : | |
Les intervenant·e·s : | |
Parikh Shreya | Sciences Po Paris / UNC Chapel Hill |
Ben Hadj Hassen Asma | Université de Sousse |
Loh Timothy Y. | Massachusetts Institute of Technology |
AM57 - Discriminations et racialisation FR-EN Salle: D17 Modératrice : Hayet Moussa, Institut Supérieur des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, Université de Tunis El-Manar
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AM57 - Discriminations et racialisation FR-EN
Modératrice : Hayet Moussa, Institut Supérieur des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, Université de Tunis El-Manar
- Shreya Parikh, Sciences Po Paris, (France), Tracer la ségrégation raciale urbaine : le cas de l’arrondissement de Bhar Lazreg dans le Grand Tunis FR
Des pays comme la Tunisie, le Maroc et la Turquie qui se trouvent sur les routes migratoires mondiales du Sud vers le Nord, accueillent un nombre important de migrants en transit (vers l’Europe) en raison de l'externalisation et la sécurisation des frontières de l'Union européenne. Un bon nombre de ces migrants en transit sont des hommes sans papiers, originaires d'Afrique subsaharienne. Sur leur route vers l’Europe, ils trouvent des emplois précaires où ils sont inévitablement exploités, comme sur des chantiers de construction. La racialisation et la marginalisation de ces migrants, ainsi que leur concentration physique dans des secteurs de la ville où ils trouvent du travail (généralement des quartiers en développement), modifient le terrain urbain lui-même et élaborent des frontières internes, produites par un mode de ségrégation multiforme. En examinant le cas de Bhar Lazreg - un quartier du gouvernorat de Tunis qui accueille et emploie une importante population de migrants subsahariens, cet article propose d’examiner les mécanismes sociaux et politiques qui articulent et concentrent cette population fluctuante dans un même espace urbain. L’inégalité inhérente de cette distribution spatiale constitue-t-elle une forme de ségrégation raciale non-officielle ?
- Asma Ben Hadj Hassen, Centre sur la Migration Mixte en Afrique du Nord (MMC), Les « oubliés » de la pandémie : Accès aux soins pour les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile subsahariens FR
A l'instar de la plupart des pays du monde, la Tunisie n'a pas été épargnée par la pandémie COVID-19. Les catégories vulnérables ont subi surtout ses répercussions économiques, sociales et sanitaires. En effet, les femmes migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile subsahariennes sont particulièrement touchées. La pandémie et les restrictions qui en découlent ont mis les droits sociaux et économiques à rude épreuve. En Tunisie, le droit à la santé est un droit constitutionnel en vertu de l’article 38. Durant la pandémie, bénéficier de ce droit devient plus qu’une urgence pour tous dans un contexte marqué par l’incertitude et l’inconnu. Toutefois, en considérant la fragilisation structurelle du système sanitaire, cette dernière limite la capacité d’accueillir et de traiter un nombre suffisant de patients et ainsi l'accès aux soins peut devenir un indicateur d'inégalité sociale et de discriminations ethno-raciales et genrée envers les migrantes d’origine subsaharienne dont la majorité vit dans une vulnérabilité extrême. Cette contribution s’interrogera sur la manière avec laquelle la dimension genrée, ethnique et migrante peut-elle interférer sur l'accès aux soins pour les migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile d’origine subsaharienne pendant la pandémie de la Covid-19 ? Ainsi, à travers une approche qualitative qui privilégie l'enquête de terrain et ses deux principales techniques de recueil de données que sont l'observation et l'entretien, notre objectif est d’abord d’examiner les niveaux d’assistance sanitaire dont ont bénéficié les migrantes pendant la pandémie ou non. Il s’agira également de repérer les multiples barrières qui en ont entravé l’accès. Cela nous permettra de déterminer les contours du statut migratoire irrégulier et éthnique comme vecteur d'inégalité.
- Timothy Y Loh, Massachusetts Institute of Technology, (États-Unis), Disability discourses, sign language, and the production of rights-bearing deaf citizens in Jordan EN
La Jordanie: les discours traitant sur le handicap, le langage des signes, et la formation de citoyens sourds titulaires de droits
Cette recherche s'appuie sur une étude de terrain ethnographique qui a pour but d'analyser comment, au cours des années précédentes, les personnes sourdes en Jordanie mènent des discours qui abordent leurs droits. La Jordanie a fait de grands efforts pour garantir les droits des personnes handicapées avec l'adoption d'une loi en 2017 et après avoir signé et ratifié la convention relative aux droits des personnes handicapées. Au cours de mon travail de terrain, j'ai vite remarqué que les "droits des personnes handicapées" avait proliféré parmi les acteurs d'État mais aussi dans les conversations de tous les jours. Pour mes interlocuteurs, l'accès au langage des signes se trouvait au cœur de la notion de droit. En effet les signataires sourds faisaient référence à la langue des signes jordanienne (LIU) comme étant leur "droit pour sourds", bien que le mot arabe pour "droit" (haq) ait une longue histoire, le signe pour "droit" en LIU est un néologisme et semble être un emprunt à la langue des signes américaine (ASL). Je m'appuie sur le cas Jordanien pour mesurer ce qui est gagné mais aussi perdu quand on encadre la surdité et l'handicap sous uniquement une question d'accès et d'inclusion, dans un régime des droits de l'homme libéral et international.
- Shreya Parikh, Sciences Po Paris, (France), Tracer la ségrégation raciale urbaine : le cas de l’arrondissement de Bhar Lazreg dans le Grand Tunis FR
Racial segregation of migrants in Global South cities: the case of Bhar Lazreg in Tunis
Countries like Tunisia, Morocco and Turkey that lie on global migration routes from the Global South to the Global North have come to host significantly large numbers of transit migrants because of recent developments towards externalization and securitization of the European Union borders. Many of these transit migrants are Sub-Saharan African, undocumented, male, and work in precarious and exploitative blue-collar jobs like construction work. The racialization and marginalization of these migrants, together with their physical concentration in parts of the cities where their labor is most needed, changes the urban terrain itself. By examining the case of Bhar Lazreg – a neighborhood of Tunis governorate that hosts a large undocumented Sub-Saharan migrant population employed in the construction sector locally, this paper asks – what are the social and political mechanisms that produce a spatial concentration of these migrants? Can this unbalanced spatial distribution of these migrants leading to the creation of informal segregated quarters inside in Tunis be understood as a form of urbanized racial segregation?
- Asma Ben Hadj Hassen, Centre sur la Migration Mixte en Afrique du Nord (MMC), Les « oubliés » de la pandémie : Accès aux soins pour les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile subsahariens FR
The "forgotten" of the pandemic: Inequalities in access to care for sub-Saharan migrant, refugee and asylum seeking
Like most countries in the world, Tunisia has not been spared by the COVID-19 pandemic. Vulnerable groups have been particularly affected by its economic, social and health repercussions. Indeed, sub-Saharan migrant women, refugees and asylum seekers are particularly affected. The pandemic and the resulting restrictions have put a strain on social and economic rights. In Tunisia, the right to health is a constitutional right under Article 38. During the pandemic, enjoying this right becomes more than an emergency for all in a context marked by uncertainty. However, considering the structural fragility of the health system, the latter limits the capacity to receive and treat a sufficient number of patients and thus access to care can become an indicator of social inequality and ethno-racial and gender discrimination towards migrant women of sub-Saharan origin, the majority of whom live in extreme vulnerability. This paper will explore how the gendered, ethnic and migrant dimension can interfere with access to care for migrant, refugee and asylum-seeking women of sub-Saharan origin during the Covid-19 pandemic. Thus, through a qualitative approach that favors field research and its two main data collection techniques, namely observation and interview, our objective is first to examine the levels of health assistance that migrant women received during the pandemic or not. It will also identify the multiple barriers to access. This will allow us to determine the contours of irregular and ethnic migratory status as a vector of inequality.
- Timothy Y Loh, Massachusetts Institute of Technology, (États-Unis), Disability discourses, sign language, and the production of rights-bearing deaf citizens in Jordan EN
This paper draws upon ethnographic fieldwork to examine how new discourses about rights have been taken up by deaf Jordanians in recent years. Jordan has made concerted efforts to ensure the rights of its disabled citizens, passing a new law in 2017 and signing and ratifying the Convention on the Rights of Persons with Disabilities. During my fieldwork, I noticed that "disability rights" has proliferated in Jordan in state as well as everyday discourses. For my interlocutors, central to the notion of rights is access to sign language: deaf signers referred to Jordanian Sign Language (LIU) as their “deaf right," for example, and although the Arabic word for “right” (haq) has a long history, the sign for “rights” in LIU is a neologism and appears to be a borrowing from American Sign Language (ASL). I use this Jordanian case to explore what is gained and lost under the framing of deafness and disability as solely an issue of access and inclusion within a liberal international human rights regime.