A54 - Socio-economic evolutions, civil societies and international relations 1/2

La dernière moitié du siècle a été le témoin de changements et d'évolutions importants dans presque toute la vie humaine et sociale. Ils ont lieu dans les conditions de vie économiques et sociales, ainsi que dans les domaines des innovations technologiques qui ont un impact sur nous, par exemple, via la numérisation et la mondialisation. Les médias sociaux et l'internet modifient notre mode de communication et nos possibilités de créer de nouveaux types de comportements et d'activités communs. Nos deux ateliers visent à aborder ces changements et évolutions en prêtant attention, d'une part, à leurs connexions avec les sociétés civiles et les relations internationales, ou, d'autre part, en essayant de comprendre une seule de ces trois dimensions. D'une certaine manière, les conditions de vie quotidienne constituent le point de départ de notre tentative de comprendre l'évolution des sociétés civiles. Elles concernent en effet différents mouvements spontanés tels que les "Indignados de la Puerta del Sol" à Madrid, le "Hirak" en Algérie, et bien d'autres.

Les communications de ces deux ateliers ont discuté de différents mouvements sociaux, de la manière dont ils sont liés à leurs réalités sociales en évolution, et de leur impact sur les relations internationales de diverses manières. Parmi celles-ci figurent des tentatives d'analyse de la présence africaine à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, de l'activisme non violent en Algérie et du rôle des femmes dans les processus de paix en Libye, en Syrie et au Yémen. Plusieurs communications traitent des perspectives euro-méditerranéennes concernant les relations instables de l'UE aujourd'hui, et les attitudes des pays d'Europe de l'Est dans le passé avec le Maghreb. 

Ces thèmes sont étudiés dans différentes disciplines qui permettent une comparaison intéressante en appliquant les approches théoriques et méthodologiques les plus avancées en anthropologie, histoire, relations internationales, sciences politiques, ainsi que dans la recherche sur la paix et les conflits. 

Responsable: Tuomo Melasuo, TAPRI, Tampere Peace Research Institute, Tampere University, Finlande

Le Kirghizstan est une exception par rapport aux quatre autres pays d'Asie centrale pour trois raisons importantes : premièrement, le pays a connu au moins trois transferts de pouvoir violents au cours des trois dernières décennies depuis son indépendance. Alors que dans les autres pays de la région, seul un décès a entraîné le transfert du pouvoir au niveau présidentiel. Deuxièmement, la situation des droits de l'homme au Kirghizstan est plus favorable que dans les quatre autres pays. Troisièmement, la polarisation du système de pouvoir entre le Nord et le Sud ainsi que les rivalités ethniques et partisanes au sein du gouvernement. Le Kirghizstan entre dans le nouveau système politique après l'élection présidentielle de janvier 2021 et les élections parlementaires de novembre 2021. Les élections parlementaires et le faible taux de participation ont montré que la société kirghize est toujours fragmentée. L'unité nationale n'a pas encore été réalisée. Dans ce cas, les pouvoirs des acteurs étrangers tels que la Russie, les États-Unis et la Chine sont toujours influents. Il semble que si le futur gouvernement du Kirghizstan parvient à équilibrer les intérêts des acteurs étrangers, à savoir la Russie et les États-Unis, et à mettre le développement économique à l'ordre du jour en mettant l'accent sur les régions du sud, il peut espérer que le Kirghizstan serve de modèle en Asie centrale. Il devrait être le catalyseur d'un mouvement vers la décentralisation et la démocratie.

L'Algérie a atteint 96 156 associations en 2017. Ce nombre, gagné après une période de trois décennies, est considéré comme l'un des plus élevés de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Cependant, il suscite encore des interrogations quant à l'impact réel du secteur associatif sur la situation sociale, économique, voire politique des citoyens. Dans cette proposition, je reprends cette question et la réexamine à la lumière des données collectées dans le cadre d'un travail de terrain qualitatif réalisé en ville d'Oran entre 2017 et 2019 auprès de 60 militants représentant des associations aux objectifs différents. Lors de ce travail de terrain, je me suis intéressée plus particulièrement à la structure des associations, à leur composition, à leurs principales initiatives et aux difficultés qu'elles rencontrent lors de leur travail. Aussi, je me suis interrogée sur leurs relations avec l'État et les collectivités locales. Si les résultats ont réaffirmé le fait que le manque de professionnalisme, la dépendance financière et les influences politiques empêchent les associations d'être performantes et efficaces, il a été constaté, en revanche, que certaines associations sont capables d'innover et d'expérimenter dans les domaines de la formation, de l'emploi, de la socialisation à la citoyenneté, de la diffusion de l'esprit d'entreprise et de la participation à la gestion environnementale locale. Ces éléments ont été considérés comme les signes et les contours d'un mouvement associatif émergent. 

Pour circonscrire l’actuelle situation de crise de l’aire méditerranéenne, nous examinerons en particulier l’instabilité du Grand Maghreb de la Libye post-Kadafi à la crise algéro-marocaine en passant par la Tunisie du président Kais Saied . Les retombées de cette instabilité sur les rapports avec l’Union Européenne l’obligent à recentrer sa géopolitique méditerranéenne en raison de ses intérêts économiques vu l’énorme potentiel énergétique en question et les problèmes liés aux flux migratoires vers l’UE. Dans quelle direction la nouvelle approche politique du triangle France-Italie-Allemagne, conscientes de la nécessité d’une politique méditerranéenne plus autonome par rapport aux puissances extra-méditerranéennes, s’oriente-t-elle ?

Résister à la frontière : Suivre les expériences quotidiennes des Africains à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.  

Cette contribution explique les expériences quotidiennes de personnes originaires d'Afrique vivant à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. De nos jours, le Mexique est le destinataire de milliers de personnes du monde entier qui tentent de traverser la frontière mexico-américaine. En ce sens, le flux de la migration africaine a augmenté autour de la zone nord-américaine ces dernières années. La frontière qui sépare les villes de Tijuana (Mexique) et de San Diego (États-Unis) est le lieu où les contradictions, les exclusions et les disparités sociales qui se produisent dans le monde global sont visibles dans les activités quotidiennes de Tijuana.  La vie quotidienne dans cette ville est marquée par un ensemble complexe de problèmes sociaux qui combine la routine de la population de Tijuana avec des situations endémiques de violence, de pauvreté et d'exclusion sociale. En outre, les zones frontalières de cette région restent un lieu dangereux pour les migrants et les demandeurs d'asile. Basée sur un travail ethnographique sur la ville frontalière mexicaine de Tijuana, cette contribution explique les conditions des migrants africains dans cette ville.  L'objectif est d'exposer les difficultés et les défis auxquels ils sont confrontés dans ce contexte social problématique et de suivre la manière dont les différents acteurs de la société civile travaillent sur ces questions. La présentation montrera une partie du travail de terrain à Tijuana, qui comprend des entretiens approfondis et des observations participantes sur les conditions quotidiennes des migrants.

La crise sanitaire mondiale, la pandémie de Covid-19, a fermé les frontières et interrompu les mobilités formelles dans le monde entier. Elle a également placé un nombre sans cesse croissant de personnes dans une situation de grande vulnérabilité en termes d'emploi et d'accès aux moyens de subsistance de base, indépendamment du statut de citoyenneté. Les personnes ayant un statut migratoire précaire et celles qui n'ont pas de statut de résident régulier se sont retrouvées dans une position encore plus vulnérable, en raison de l'intensification de la fermeture des frontières et de l'insécurité existentielle croissante concernant les perspectives de construire une vie qui ait un sens, à court et à long terme. Cette présentation s'appuie sur ma recherche ethnographique multi-sites à long terme avec des personnes en mouvement ou aspirant à l'être autour de la Méditerranée. La présentation réfléchira aux multiples crises qui se chevauchent et à leurs liens avec les mobilités aspirationnelles et actualisées, en accordant une attention particulière aux diverses temporalités de ces crises et à leurs effets sur des vies situées différemment.