Responsable: >Hanane Idihia

AG52 - Quand la violence engendre le silence - Stratégies de négociation d’accès au terrain et d’évitements ethnographiques

Date : 2022-09-21 | 14:00:00-16:00:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
ISAMM
Salle :
C10
Responsable : Hanane Idihia
Modérateur·trice :
Discutant·e : Hicham Ait Mansour
Les intervenant·e·s :
Tazir Leïla Evry Val d'Essonne
Idihia Hanane Evry Paris-Saclay
Benalioua Mariam Université de Bordeaux
Cortana Leonard New York University

AG52 - Quand la violence engendre le silence - Stratégies de négociation d’accès au terrain et d’évitements ethnographiques FR 

Salle: C10

Responsable : Hanane Idihia, Université Paris-Saclay, Cirec, France

Discutant : Hicham Ait Mansour, Université Mohammed V, Rabat

  • Benalioua Mariam, Sciences Po Bordeaux, LAM, (France), Faire de l’ethnographie sous surveillance : les mobilisations politiques au Rif et à Imider au Maroc.
  • Hanane Idihia, Université Paris-Saclay, Cirec, (France), Temporalité et objectifs de la recherche dans un contexte de commande institutionnelle : Enjeux et limites.
  • Léonard Cortana, New York University, (United States), Quand les cinéastes rassemblent les victimes et leurs bourreaux dans la même pièce. La mise en scène du traumatisme intergénérationnel algérien comme méthodologie de justice restaurative 
  • Leïla Tazir, Université Paris-Saclay et Université de Cordoue, (France et Espagne), De la petite à la grande histoire : l'inquiétude ethnographique de chercheur·se enquêtant sur la mémoire des révoltes algériennes

AG52 - Quand la violence engendre le silence - Stratégies de négociation d’accès au terrain et d’évitements ethnographiques FR 

Nommer et définir sont les premières étapes pour sortir de l’indicible, cependant, les mots ne suffisent pas toujours à épuiser l’horreur de la réalité, à la violence des maux. Les chercheur·se·s ont besoin d’autres outils, au premier rang desquels, les images et les métaphores, qui décuplent la puissance d’évocation et l’impact de nos paroles. 

Cet atelier nous invite à réfléchir aux frontières du dicible et de l’indicible, à sortir des silences par des stratégies d’évitements ethnographiques qui sont soumises à différentes formes de violence, de censure et d'autocensure. Nous mettrons en exergue les stratégies mises en œuvre par les chercheur·se·s (sociologues, anthropologues et politistes) pour négocier l’accès aux terrains dits “sensibles”, soumis à la répression étatique et à la violence sociale et politique. 

Des révoltes populaires (hirak, mouvements sociaux algérien et marocain contemporains) aux violences étatiques post-coloniales, comment le·la chercheur·se négocie l’accès à son terrain et choisit par la suite d’évoquer par la métaphore certaines données difficilement rendues publiques? S’interroger sur le dicible et l’indicible dans pareils contextes, induit une réflexion sur les stratégies d’évitement ethnographique dans la diffusion de certaines données et analyses pour le·la chercheur·se, ainsi que la production du savoir dans des contextes marqués par une violence politique.

Responsable : Hanane Idihia, Université Paris-Saclay, Cirec, France

Discutant : Hicham Ait Mansour, Université Mohammed V, Rabat

  • Benalioua Mariam, Sciences Po Bordeaux, LAM, (France), Faire de l’ethnographie sous surveillance : les mobilisations politiques au Rif et à Imider au Maroc.

Les mouvements sociaux et les révoltes populaires n'ont cessé de marquer l’histoire du Maroc indépendant (Rif 58/59, émeutes de 1981 et 1984, mouvement du 20 février 2011). L’objectif de cette communication n’est pas de revenir sur l'ensemble de ces mouvements mais de réfléchir aux enjeux de l'ethnographie des mobilisations politiques en contexte autoritaire. Dans le cadre des deux enquêtes de terrain que nous avons menées sur le Hirak du Rif et le mouvement sur la voix 96 situé à Imider dans la province de Tinghir, nous nous sommes confronté·es à un défi majeur : celui de la surveillance d'État. Comment construire un lien de confiance avec nos enquêté·es dans un contexte chargé de suspicions ? Comment faire une recherche et produire des résultats tout en protégeant les enquêté·es ? Et comment cette ethnographie sous surveillance peut nous renseigner sur le fonctionnement même d'un système autoritaire, en l'occurrence le Maroc ?

  • Hanane Idihia, Université Paris-Saclay, Cirec, (France), Temporalité et objectifs de la recherche dans un contexte de commande institutionnelle : Enjeux et limites.
Cette communication prend appui sur une enquête de terrain dans une ancienne ville minière au Maroc réalisée dans le cadre d’une commande institutionnelle franco-marocaine ancrée dans un programme de recherche. Elle interroge la complexité qu’engendre les points de divergence entre recherche scientifique et attente institutionnelle. 


  • Léonard Cortana, New York University, (United States), Quand les cinéastes rassemblent les victimes et leurs bourreaux dans la même pièce. La mise en scène du traumatisme intergénérationnel algérien comme méthodologie de justice restaurative 
Qu’il fasse partie intégrante du film ou soit organisé sous la forme d’une discussion à la suite de la projection du film, de nombreux cinéastes ont mis en scène le débat comme un outil de lutte contre les amnésies historiques. Précisément, dans les relations postcoloniales qui lient l’Algérie à la France, le débat cinématographique se révèle comme une plateforme qui tente de pallier le manque d’instruments de justice restaurative entre les deux pays. Ces débats permettent aussi aux cinéastes qui racontent les histoires interdites de leurs aïeux de confronter le silence familial et de lier leur récit avec ceux d’autres personnes victimisées et de leurs bourreaux. Dans de nombreux cas, les témoins s’expriment pour la première fois et partagent des informations dont la divulgation pourrait les mettre en danger. Comment retranscrire ces échanges en toute sécurité ? Comment les cinéastes et curateur.rices réfléchissent à des stratégies d’encadrement et parfois d’accompagnement de la parole ? Au travers des expériences de la réalisatrice Fatima Sissani sur l’immigration Algérienne en France et la guerre de libération d’Algérie (La langue de Zahra, 2011 ; Les Gracieuses, 2014 Tes cheveux démêlés cachent une guerre de sept ans, 2018) et de la web-série documentaire d’Arte Générations guerre d’Algérie 1962-2022 (Olivier Lambert), nous réfléchirons comment ces témoignages deviennent un espace d’examen des consciences mémorielles à surveiller.


  • Leïla Tazir, Université Paris-Saclay et Université de Cordoue, (France et Espagne), De la petite à la grande histoire : l'inquiétude ethnographique de chercheur·se enquêtant sur la mémoire des révoltes algériennes
Les hirakistes algériens ont réutilisé les slogans, références et dates clefs de l’histoire de la guerre d’indépendance (1954-1962) pendant les manifestations de 2019 à 2020. De part et d’autre de la Méditerranée, les activistes du hirak, algériens et franco-algériens partagent le constat que le projet révolutionnaire de leurs aïeux est inachevé et à réaliser d’urgence.
Dans cette perspective, comment se positionnent les chercheur·se·s franco-algériens travaillant sur ce mouvement, eux-mêmes charriant différents niveaux de cette mémoire, intime et nationale, d’une violence difficilement dicible ? Quelles métaphores et images permettent de désigner au plus près la violence vécue et la cruauté de la réalité ? Comment ces mêmes chercheurs composent-ils dans leur travail avec leur double appartenance et leurs identités nécessairement plurielles, entre cette mémoire anamnestique, le poids de l’héritage colonial et l’exigence ethnographique ?

When violence generate silence - negotiation strategies of field access and ethnographic avoidances

This panel aims to explore the strategies implemented by the scholars (sociologists, anthropologists and politists) to negotiate access to “sensitives' ' fields, submitted to state repression and social violence. From the popular revolts (Algerian and Morrocan contemporary Hirak -movement) to the post-colonial etatic violences, how do scholars negotiate the access of her/his fields and choose to not publish some datas? Reflecting upon speakable and unspeakable in such contexts induce a reflexion on ethnographic avoidances strategies the data and analyses broadcast for the scholars, as well as the production of knowledge characterised by the politic violence. 

Responsable : Hanane Idihia, Université Paris-Saclay, Cirec, France

Discutant : Hicham Ait Mansour, Université Mohammed V, Rabat

  • Benalioua Mariam, Sciences Po Bordeaux, LAM, (France), Faire de l’ethnographie sous surveillance : les mobilisations politiques au Rif et à Imider au Maroc.
Doing ethnography under surveillance: Political mobilization in the Rif and Imider in Morocco. 

Social movements and popular revolts have not ceased to mark the history of independent Morocco (Rif 58/59, riots of 1981 and 1984, movement of February 20, 2011). The objective of this paper is not to go back over all these movements but to question the challenges of doing ethnography of political mobilisation in an authoritarian regime. Through two field studies conducted on the Hirak of the Rif and the movement on Voice 96 located in Imider in the province of Tinghir, we faced a major challenge: state surveillance. How can we build trust in a context full of suspicions? How to conduct research and produce results while protecting respondents? And how can this ethnography under surveillance inform us about the functioning of an authoritarian regime, in this case Morocco?

  • Hanane Idihia, Université Paris-Saclay, Cirec, (France), Temporalité et objectifs de la recherche dans un contexte de commande institutionnelle : Enjeux et limites.
Temporality and goals of research in a context of institutional demand: Issues and limits

This communication is based on a field investigation in a former mining city in Morocco carried out as part of a frensh-moroccan institutional demand anchored in a research program. It questions the complexity generated by the points of divergence between scientific research and institutional expectations. 

  • Léonard Cortana, New York University, (United States), Quand les cinéastes rassemblent les victimes et leurs bourreaux dans la même pièce. La mise en scène du traumatisme intergénérationnel algérien comme méthodologie de justice restaurative

When the filmmakers gather the victims and their executioners in the same room.
The staging of Algerian intergenerational trauma as a methodology of restorative justice
 
Whether it is an integral part of the film or organized in the form of a discussion following the film's screening, many filmmakers have staged the debate as a tool in the fight against historical amnesias. Precisely, in the postcolonial relationship between Algeria to France, the cinematographic debate is revealed as a platform that tries to compensate for the lack of instruments of restorative justice between the two countries. These debates also allow filmmakers who tell the forbidden stories of their ancestors to confront the family silence and to link their stories with those of other victimized people and their executioners. In many cases, witnesses are speaking out for the first time and sharing information, the disclosure of which could put them at risk. How do we securely transcribe these exchanges? How do filmmakers and curators think about strategies for framing and sometimes accompanying speech? Through director Fatima Sissani's experiences on Algerian immigration to France and the Algerian liberation war (La langue de Zahra, 2011; Les Gracieuses, 2014, Tes cheveux démêlés cachent une guerre de sept ans, 2018) and the documentary web series of Arte Générations Guerre d’Algérie 1962-2022 (Olivier Lambert), we will reflect on how these testimonies become a space for examining uncomfortable historical memories, to be monitored.

  • Leïla Tazir, Université Paris-Saclay et Université de Cordoue, (France et Espagne), De la petite à la grande histoire : l'inquiétude ethnographique de chercheur·se enquêtant sur la mémoire des révoltes algériennes
From the small to the great history: the ethnographic worry from scholars who investigate on the Algerians revolts memory

Contemporary Algerians hirakists have used slogans, references and key dates of the Independence war (1954-1962) during the protests from 2019 to 2020. On both sides of the Mediterranean, the activists of the hirak, algerian and franco-algerians share the observation of the revolutionnary project as unfinished, which ought to be achieved urgently.

In this perspective, how have the Franco-Algerian scholars positioned themselves on this movement, carrying on different levels of memory, intimate and national, that they can hardly express due to its violent nature ? How have these scholars navigated in their works between this anamestic memory, the colonialism's weight and the expected responsibility of the ethnographers to acknowledge their dual belongings and their plural identities ? 


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