Responsable: >Ophélie Mercier

A50 - Subjectivities in post-revolutionary Egypt

Date : 2022-09-23 | 11:00:00-13:00:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ISAMM
Salle :
C3
Responsable : Ophélie Mercier
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Mercier Ophelie Ghent University
Elmeligy Nehal University of Illinois at Urbana-Champaign
ElMasry Sarah Scuola Normale Superiore
ElSehamy Mahmoud University of Manchester

A50 - Subjectivities in post-revolutionary Egypt EN

Salle: C3
Responsable: Ophélie Mercier, Ghent University, Belgique
  • ElSayed Mahmoud ElSehamy, University of Manchester, (United Kingdom), Digital contestations in Egypt: Former political prisoners’ counter-narratives and the formation of liminal subjectivities
  • Sarah El Masry, Scuola Normale Superiore, (Italy), Revolutionary chronicles: Women participants bearing the brunt of the Egyptian revolution in their private lives
  • Nehal Elmeligy, University of Illinois at Urbana-Champaign, (United States), Between Physical and Virtual Counterpublics: Feminist Consciousness-raising and Knowledge Production in Contemporary Egypt 
  • Ophélie Mercier, Ghent University (Belgium) / Centre Marc Bloch- (Germany), Conversion of revolutionary capital: meanings and narratives (trans)formation among Egyptian artists in Europe

Subjectivités dans l'Égypte post-révolutionnaire

Une nouvelle orientation des recherches sur l'Égypte post-révolutionnaire s’intéresse au concept de subjectivité afin de comprendre en quoi la révolution apparaît comme un moment ‘life-altering’ pour les révolutionnaires (ElChazli 2020). Le contexte de contre-révolution qui suivit et les évènements violents de 2013 ont exacerbé la fragmentation des relations sociales, et ont verrouillé la sphère publique, avec un fort impact sur la ferveur révolutionnaire et des vies désormais fragmentées (Matthies-Boon 2018). Dans ce contexte, cet atelier se penche sur l’histoire des répercussions de la révolution inaboutie en Egypte et les analyse du point de vue de ses participants. Les présentations mettront en évidence les processus de création d’un nouveau sens de la réalité produit à la fois au niveau individuel et au niveau collectif et social (Deleuze & Guattari 2007). Au niveau individuel, les subjectivités révolutionnaires, c’est-à-dire les émotions, les relations à soi et aux autres, les identités et les pensées réflexives, les rêves et les relations au temps (Tarragoni 2015) seront au coeur des propositions. A partir de diverses approches méthodologiques et différents intérêts empiriques, cet atelier présente les parcours des différents acteurs de la révolution : les activistes, les participants non-militants, les artistes et les anciens prisonniers politiques. Ces trajectoires sont étudiées à partir d’espaces différents, en Egypte et en exil. Cet atelier contribue aux réflexions sur l’héritage de la période révolutionnaire et la façon dont celle-ci pèse aujourd’hui sur le quotidien de ses acteurs, leur représentation de soi et leurs relations aux autres, ainsi que les espaces de socialisation et leur affects.

Responsable: Ophélie Mercier, Ghent University, Belgique

  • ElSayed Mahmoud ElSehamy, University of Manchester, (United Kingdom), Digital contestations in Egypt: Former political prisoners’ counter-narratives and the formation of liminal subjectivities
Contestations digitales en Egypte : Le contre-discours des anciens prisonniers politiques et la formation de subjectivités liminales
 
Depuis 2011, l’Egypte est témoin d’un niveau de répression sans précédent. La régularisation/sécurisation des cyberespaces est indissociable du renouveau autoritaire de la dernière décennie. Dans ce contexte, les plateformes de réseaux sociaux sont devenues des espaces de contestations de l’hégémonie des discours et représentations de l’Etat. Dans cette présentation, j’espère réaliser une ethnographie des réseaux sociaux en me focalisant sur les contre-discours des (anciens) prisonniers politiques centrés sur leur expérience en prison.
A partir d’une méthodologie d’ethnographie digitale, j’examine les formes de l’expression de soi. Je relève dans les discours et les subjectivités émergentes des anciens prisonniers différents thèmes : la documentation, la mise en mémoire et les commémorations ainsi que les expériences de vie après l’emprisonnement. J’illustre les esthétiques qui relient ces thèmes, notamment à travers le dessin et la poésie. En conséquence, j’intègre ces articulations digitales aux réalités quotidiennes des exilés politiques égyptiens auprès de qui je réalise un travail ethnographique. Ces données empiriques permettent d’expliquer l’émergence de (non-)communautés politiques numériques et la liminalité de leurs actions politiques futuristes. Cette présentation montre qu’un groupe d’anciens prisonniers politiques utilisent les plateformes de communication, principalement Facebook et Clubhouse, pour défier et prendre en compte la répression militaire, la marginalisation sociale et la solitude éthique. Ainsi, le numérique apparaît comme une sphère dans laquelle les anciens prisonniers politiques expriment, partagent et échangent non seulement leur liberté mais aussi leur précarité.

  • Sarah El Masry, Scuola Normale Superiore, (Italy), Revolutionary chronicles: Women participants bearing the brunt of the Egyptian revolution in their private lives
Chroniques révolutionnaires : Comment les femmes participantes ont subi le poids de la révolution égyptienne dans leur vie privée

Les périodes révolutionnaires sont désordonnées. Elles sont souvent marquées par de violents bouleversements politiques et sociaux qui interviennent dans la vie des révolutionnaires bien que celle des participants ordinaires. L'épisode révolutionnaire de l'Égypte en 2011 n'a pas fait exception ; ses « moments Midan » ont fonctionné comme des événements « transformateurs » qui ont bouleversé la vie privée de ses participant-e-s (Ayata & Harders 2019). Dans ce contexte, cet article utilise des histoires de vie pour dessiner les trajectoires de participation de trois femmes non militantes, de leur entrée dans la politique à leur désengagement. Il analyse leurs biographies et retrace les graines de leurs subjectivités résistantes en soulignant comment les temps révolutionnaires ont catalysé leur transformation, mais ont également jeté des ombres sur leurs vies privées. Leurs chroniques révolutionnaires sont empêtrées dans des moments traumatisants de violence sexiste, qu'il s'agisse d'agressions sexuelles, de violence domestique ou d'avortement, qu'elles ont vécus de première main ou dont elles ont été témoins à distance. Les échos de ces épisodes violents personnels/publics continuent de « se répercuter » dans la sphère privée de ces femmes, façonnant leurs subjectivités féminines et leurs parcours et choix postrévolutionnaires (Neveu & Fuilliue 2019). L'article soutient que les temps révolutionnaires entrelacés avec les temporalités personnelles ont produit des conséquences biographiques à long terme qui, parfois, ont marqué les liens affectifs de ces femmes, mais qui leur ont aussi permis de négocier leurs frontières personnelles tout en vivant en Égypte.

  • Nehal Elmeligy, University of Illinois at Urbana-Champaign, (United States), Between Physical and Virtual Counterpublics: Feminist Consciousness-raising and Knowledge Production in Contemporary Egypt 
Counterpublics physiques et/ou virtuels : Prise de conscience féministe et production de savoirs dans l’Egypte contemporaine

En 2020 en Égypte, trois histoires, l’une de harcèlement, l’autre de viol et enfin l’arrestation par l’État de femmes qui dansaient sur TikTok pour « violation des valeurs familiales égyptiennes » ont ​​provoqué une controverse nationale et révélé la prévalence du blâme des victimes et de la censure du comportement des femmes en ligne. Cela a enclenché une éruption sans précédent de campagnes féministes de sensibilisation et de production de savoirs en ligne développées à partir des témoignages de violence sexistes vécues par les femmes. Ce mouvement crée une "[N]ew # Révolution féministe" (Wahba 2020) ou ce que je présenterai comme un counterpublic féministe émergent (Fraser 1990). À l'aide d'analyses de discours et d'entretiens, d'une perspective transnationale sur le genre et la sexualité et de la littérature sur le (cyber) activisme féministe et le counterpublic féministe dans le monde arabe, j'étudie la prise de conscience physique/virtuelle et la production de savoirs féministes des initiatives (notamment sur les réseaux sociaux). Alors que la littérature récente sur le counterpublic féministe égyptien théorise l'activisme récent comme une prise de conscience sur la violence à l'égard des femmes, je souligne qu'il produit également des savoirs féministes sur les stéréotypes de genre, la masculinité, l'image corporelle, etc. leur quotidien, et j’interroge ainsi les nouvelles subjectivités que cela engendre. Je relie également l'utilisation récente de témoignages sur des expériences marginalisées dans l'activisme féministe à partir du travail du collectif de contes (story-telling) BuSSy (créé en 2006) et je situe ainsi les racines du counterpublic féministe égyptien contemporain avant la révolution de 2011.

  • Ophélie Mercier, Ghent University (Belgium) / Centre Marc Bloch- (Germany), Conversion of revolutionary capital: meanings and narratives (trans)formation among Egyptian artists in Europe
Conversion du capital révolutionnaire : (trans)formation des engagements et discours des artistes égyptiens en Europe

L'expérience de la révolution a transformé la vision du monde de nombreux artistes égyptiens. Ces transformations se sont répercutées à la fois dans la prise de conscience et la mobilisation politique et dans l'impact qu'elles ont eu sur la créativité et les pratiques artistiques dans le milieu culturel au cours de la période révolutionnaire. Par la suite, à travers de possibles connexions établies suite à l’intérêt du secteur culturel occident pour l’évènement révolutionnaire, où la pression de quitter le contexte contre-révolutionnaire, de nombreux artistes se sont installés en dehors des frontières nationales égyptiennes. Cette proposition étudie en quoi l'expérience de la révolution a ouvert de nouvelles possibilités et de nouveaux imaginaires pour les artistes égyptiens et comment leur déplacement ultérieur vers l'Europe a affecté ces transformations. Grâce à un travail ethnographique auprès d'artistes égyptiens à Berlin et à Paris, analysant leurs trajectoires de vie et leur travail artistique, cet article examine comment leurs nouvelles positionnalités et identités labellisées en tant qu'« artistes migrants arabes » contribuent à la conversion de leur engagement militant. Les espaces qui interrogent les discours décoloniaux et/ou queer comme identités politiques deviennent de nouveaux territoires d'exploration et servent à créer de nouvelles significations. Ces espaces ne sont pas spécifiques aux Égyptiens et font davantage écho à la réverbération transnationale de la révolution avec d'autres mouvements révolutionnaires au Moyen-Orient et plus globalement dans le monde. Les subjectivités transnationales dans des espaces avec d'autres intellectuels du Sud contribuent à créer des liens, à trouver des espaces de soulagement face à la dévalorisation sociale que la migration peut impliquer et à créer de nouvelles subjectivités.

A50 - Subjectivities in post-revolutionary Egypt EN

A new trend of research on post-revolutionary Egypt is exploring the concept of subjectivities and how the revolution appears as a “life-altering” moment for revolutionaries (ElChazli 2020). The counter-revolutionary situation that ensued and the heinous events of 2013 have exacerbated the fragmentation of social relations, and sealed off the public sphere, impacting the revolutionary energies and creating fragmented afterlives (Matthies-Boon 2018). It is precisely why this panel tells the stories of the aftermath of the “failed revolution” in Egypt and what happened to it from the eyes of its makers. It deals with the process of creating a new sense of reality that takes place both within individuals and the density of society (Deleuze & Guattari 2007). On the individual level, revolutionary subjectivities are the emotions, the relations to oneself and to others, the identities and the reflexive thinking, dreams, and relations to time (Tarragoni 2015). Following a diversity of methodological approaches and empirical interests, this panel features various analytical angles of the lives of revolutionary actors; including activists, non-activist participants, artists and former political prisoners who inhabit different spaces in Egypt and in exile. It seeks to provide insights on how the heritage of Egypt’s revolutionary period still impacts its actors’ everyday lives, their self-representation and relations to others, their spaces of socialisation and their affects until today.

Responsable: Ophélie Mercier, Ghent University, Belgique

  • ElSayed Mahmoud ElSehamy, University of Manchester, (United Kingdom), Digital contestations in Egypt: Former political prisoners’ counter-narratives and the formation of liminal subjectivities
Since 2011, Egypt has witnessed unprecedented levels of repression. The regularization/securitization of cyber-spaces was integral to this authoritarian renewal throughout the last decade. In this context, social media platforms are spaces of contestations of hegemonic state narratives and representations. In this paper, I aim to produce an ethnography of social media by focusing on (former) political prisoners’ counter-narratives of their experiences in prison. Employing digital ethnographic methods, I examine patterns in their self-expressions: I denote themes of documentation, memorialization and commemoration, and the afterlives of imprisonments in former prisoners’ narratives and emerging subjectivities. I illustrate the intersecting aesthetics that interconnect these themes, mainly drawings and poetry. Accordingly, I embed these digital articulations in the everyday of Egyptian political exiles, with whom I have extended ethnographic research. I account for the emerging digitally mediated political (non-)communities and the liminality of their futuristic political actions. I argue that a group of former political prisoners utilize communication platforms, mainly Facebook and Clubhouse, to break through and reckon with militarized repression, social marginalization, and ethical loneliness. Accordingly, the digital emerges as a sphere in which former political prisoners express, share and exchange their freedom. And their precarity as well.

  • Sarah El Masry, Scuola Normale Superiore, (Italy), Revolutionary chronicles: Women participants bearing the brunt of the Egyptian revolution in their private lives
Revolutionary times are messy. They are often marked by violent political and social upheavals that intervene in the lives of revolutionaries and ordinary participants alike. Egypt’s revolutionary episode in 2011 was no exception; its “Midan moments” functioned as “transformative” events that upended the private lives of its participants (Ayata & Harders 2019). Against this backdrop, this paper uses life history interviews to sketch the trajectories of participation of three non-activist women, from their foray into politics to disengagement. It parses their biographies and traces the roots of their resistant subjectivities underlining how the revolutionary times came to catalyze their transformation, but also cast shadows on their private lives. Enmeshed in their revolutionary chronicles were traumatic moments of gendered violence from sexual assaults and domestic violence to undergoing abortion experienced firsthand or witnessed from afar. The echoes of these personal/public violent episodes continue to reverberate throughout the private sphere of these women shaping their feminine subjectivities and post-revolutionary paths and choices. The paper argues that revolutionary times interlaced with personal temporalities has produced long term biographical consequences that, at times, scarred the affective ties these women have, but also empowered them to negotiate their boundaries while still living in Egypt.   

  • Nehal Elmeligy, University of Illinois at Urbana-Champaign, (United States), Between Physical and Virtual Counterpublics: Feminist Consciousness-raising and Knowledge Production in Contemporary Egypt 
In 2020 in Egypt, three cases of harassment, rape, and the state arresting women for “violating Egyptian family values” by dancing on TikTok caused nationwide controversy and exposed the prevalence of victim blaming and censorship of women’s behavior online. This spurred an unprecedented eruption of online feminist consciousness-raising and knowledge production campaigns, which relied on women’s gender-based violence testimonies, creating a “[N]ew # Feminist Revolution” (Wahba 2020) or, I argue, an emerging feminist counterpublic (Fraser 1990). Utilizing discourse analysis and interviews, a transnational gender and sexuality lens, and literature on feminist (cyber) activism and the feminist counterpublic in the Arab world, I investigate the physical/virtual consciousness-raising and feminist knowledge production of (social media) initiatives.

While recent literature on the Egyptian feminist counterpublic theorizes recent activism as raising consciousness about violence against women, I highlight it is also producing feminist knowledge about gender stereotypes, masculinity, body image, etc. I analyze how this feminist knowledge affects campaign members and audience in their everyday lives, and what new subjectivities it offers them. I also link the recent use of testimonies about marginalized experiences in feminist activism to the storytelling group BuSSy (established in 2006), therefore, locating the roots of Egypt’s contemporary feminist counterpublic pre 2011 revolution.

  • Ophélie Mercier, Ghent University (Belgium) / Centre Marc Bloch- (Germany), Conversion of revolutionary capital: meanings and narratives (trans)formation among Egyptian artists in Europe
The experience of the revolution transformed the world views of many Egyptian artists, either through political awareness and mobilization, or through the impact it had on the creativity within the cultural field at that time. Following connections established through the spotlight that the uprising created and/or exiting the counter revolutionary context, many artists have settled outside of Egyptian national boundaries. This proposition investigates how the experience of the revolution opened new possibilities and imaginaries for Egyptian artists and how their subsequent migration to Europe affected these transformations.

Through ethnography among Egyptian artists in Berlin and in Paris analysing their life trajectories and their artistic work, this paper examines how their new positionalities and labeled identities as ‘Arab migrant artists’ contribute to the conversion of their political engagement. Spaces that examine decolonial discourses and/or queerness as political identities become new territories of exploration and serve to create new meanings. These spaces are not specific to Egyptians and rather echo the transnational reverberation of the revolution along with other revolutionary movements in the Middle East and more globally. Transnational subjectivities in spaces with other Arabs and more generally with other intellectuals from the Global south contribute to create connections, find spaces of relief from the social downscaling that the migration can implicate and create new subjectivities.   


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