Responsable: >Baptiste Sellier

AG48 - Penser l’expérience palestinienne : réflexivité et variation d’échelles

Date : 2022-09-22 | 11:00:00-13:00:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
ISAMM
Salle :
C6
Responsable : Baptiste Sellier
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Bontemps Véronique CNRS
Labadi Taher IFPO
Sellier Baptiste EHESS
Slitine Marion EHESS

AG48 - Penser l’expérience palestinienne : réflexivité et variation d’échelles FR

Salle: C6
Responsable: Baptiste Sellier, EHESS, France

  • Véronique Bontemps, CNRS, IRIS, (France), Penser la Palestine au prisme du colonial : quels enjeux ?
  • Taher Labadi, LEST/IFPO, (France), Le discours économique à l'épreuve du fait colonial en Palestine
  • Baptiste Sellier, EHESS, CMH, (France), Mythologie et formalisme israéliens : le déni du fait palestinien par le refoulement de l’espace et du temps réels
  • Marion Slitine, EHESS, Centre Norbert Elias/MuCEM, (France), Une Palestine globale. Le prisme de la mondialisation dans les études palestiniennes

AG48 - Penser l’expérience palestinienne : réflexivité et variation d’échelles FR

Cet atelier entend proposer des réflexions (méthodologiques, réflexives, épistémologiques, empiriques) sur la production des savoirs concernant la Palestine et la manière dont celle-ci affecte les communautés de chercheur.ses. D’une part, nous partons de l’hypothèse que les « études palestiniennes » constituent un champ singulier, qui renforce l’importance de la réflexivité du.de la chercheur.se. Ainsi, il y a lieu de s’interroger sur les effets du conflit colonial sur la production de savoirs et sur les pratiques scientifiques, la conflictualité inhérente à ces savoirs, ainsi que sur l’interaction des chercheur.ses avec des objectifs ou des attentes qui peuvent excéder ou déborder les frontières de la recherche. D’autre part, il s’agira d’envisager la Palestine dans ses différents contextes locaux, régionaux et globaux, de façon à articuler les études palestiniennes à d’autres expériences de recherche (terrains « sensibles », « minés », études des réseaux…)  - cela afin de « sortir » la question palestinienne d’une forme d’exceptionnalisme méthodologique. Pour ce faire, nous nous appuierons sur deux années du séminaire « Penser l’expérience palestinienne » (2019-2021) à travers 4 axes conceptuels (4 intervenant.es) que nous envisagerons de manière critique : domination, réflexivité, colonial, mondialisation à partir du cas palestinien.

Responsable: Baptiste Sellier, EHESS, France

  • Véronique Bontemps, CNRS, IRIS, (France), Penser la Palestine au prisme du colonial : quels enjeux ?
Si la question palestinienne a historiquement été posée sous l’angle du colonial (voir l’article de Maxime Rodinson paru en 1966 dans la revue Les Temps modernes intitulé « Israël fait colonial »), le fait même d’envisager la situation palestinienne au prisme du colonial et de la comparer avec d’autres situations coloniales passées ou actuelles (Algérie, settler colonialism, apartheid...) continue de susciter de vastes débats qui vont bien au-delà du champ académique. Je chercherai ici à dégager les enjeux d’une telle comparaison et à resituer le champ des études palestiniennes dans les travaux portant sur les dominations coloniales.

  • Taher Labadi, LEST/IFPO, (France), Le discours économique à l'épreuve du fait colonial en Palestine
Cette communication propose une rupture avec le discours dominant sur l’économie palestinienne, lequel appréhende séparément le développement des économies palestinienne et israélienne et prétend maintenir une distinction stricte entre l’économique et le politique. Le cas palestinien a ceci d’intéressant que ce qui y relève de l’économique ou du politique ne va justement pas de soi. D’une part l’économie est un terrain de l’affrontement colonial, soit un lieu privilégié des politiques d’exclusion, de confiscation et de répression menées à l’encontre de la société palestinienne. De l’autre les formules « dividendes de la paix », « investir dans la paix » et « paix économique » renvoient à une rationalisation économique de la gestion du conflit.

  • Baptiste Sellier, EHESS, CMH, (France), Mythologie et formalisme israéliens : le déni du fait palestinien par le refoulement de l’espace et du temps réels
Israël, en tant qu'Etat issu d'un processus de colonisation de peuplement de la Palestine par le mouvement sioniste, continue d'être confronté à la réalité du fait palestinien, c'est-à-dire à la présence d'un peuple doté d'un ancrage familier dans l'espace. Relié à un passé et un futur immédiat, cet ancrage réel contraste avec le déficit complet de "capital d'autochtonie" du sionisme politique débutant en Palestine, déficit que la continuation d'une politique de conquête et de colonisation aux dépens des Palestiniens actualise en reconfrontant Israël à un principe de réalité diamétralement opposé à ses revendications nationales sur les territoires qu'il convoite, et qui les délégitime. Ce contraste total entre construction idéale et réalité sociale effective a poussé depuis ses débuts le mouvement sioniste puis l'Etat d'Israël à écarter l'espace et le temps effectifs de la continuité et du vécu par la négation du contexte réel, en prenant appui sur un droit naturel historique supra-contextuel, et sur un droit formel positif infra-contextuel, qui enjambent le problème de délégitimation posé par le fait palestinien dans le mythe et la procédure. Cette communication aura pour but d'explorer cette construction de la légitimation israélienne à travers l'exemple de la colonisation contemporaine de Jérusalem-Est, qui s'apparente à "une prophétie auto-réalisatrice".    

  • Marion Slitine, EHESS, Centre Norbert Elias/MuCEM, (France), Une Palestine globale. Le prisme de la mondialisation dans les études palestiniennes
Il s’agira dans cette communication, d’étudier en quoi la Palestine est globale, en explorant ce qu’elle signifie pour le monde et en quoi la Palestine est si importante sur le plan international, au moment même où à l’inverse, la superficie du territoire contrôlée par les Palestiniens se réduit de jour en jour. Par ailleurs, cette intervention abordera en quoi le prisme de la mondialisation permet de renouveler les études palestiniennes et en quoi ces dernières peuvent contribuer à renouveler les études sur la mondialisation, mais aussi sur les mouvements de solidarité internationale et les luttes (post)coloniales ailleurs dans le monde. La question du comparatisme sera posée afin de désenclaver les études palestiniennes de la grille de lecture nationale, d’appréhender pourquoi et comment la Palestine est si cruciale à l'échelle globale, et de situer les luttes « locales » pour la Palestine par rapport à une série de processus mondiaux et de flux culturels qui façonnent les conditions de vie au quotidien des Palestiniens.

Thinking the Palestinian experience: reflexivity and variation of scales

This workshop intends to propose reflections (methodological, reflexive, epistemological, empirical) on the production of knowledge about Palestine and the way it affects communities of researchers. On the one hand, we start from the assumption that "Palestinian studies" constitutes a singular field, which reinforces the importance of the researcher's reflexivity. Thus, it is necessary to question the effects of the colonial conflict on the production of knowledge and on scientific practices, the conflictuality inherent in this knowledge, as well as the interaction of researchers with objectives or expectations that may exceed or go beyond the boundaries of research. On the other hand, we will consider Palestine in its different local, regional and global contexts, in order to articulate Palestinian studies with other research experiences (sensitive fields, network studies...) - this in order to "get out" the Palestinian question from a form of methodological exceptionalism. To do this, we will rely on two years of the seminar "Thinking the Palestinian experience" (2019-2021) through 4 conceptual axes (4 speakers) that we will consider critically: domination, reflexivity, colonial, globalization from the Palestinian case. 

Responsable: Baptiste Sellier, EHESS, France

  • Véronique Bontemps, CNRS, IRIS, (France), Penser la Palestine au prisme du colonial : quels enjeux ?
The economic discourse to the test of the colonial fact in Palestine

This contribution proposes a break with the dominant discourse on the Palestinian economy, which views the development of the Palestinian and Israeli economies separately and claims to maintain a strict distinction between the economic and the political. The interesting thing about the Palestinian case is that the economic and political aspects are not self-evident. On the one hand, the economy is a terrain of colonial confrontation, a privileged place for the policies of exclusion, confiscation and repression carried out against Palestinian society. On the other hand, the formulas "peace dividend", "investing in peace" and "economic peace" refer to an economic rationalization of the management of the conflict.

  • Taher Labadi, LEST/IFPO, (France), Le discours économique à l'épreuve du fait colonial en Palestine
The economic discourse to the test of the colonial fact in Palestine

This contribution proposes a break with the dominant discourse on the Palestinian economy, which views the development of the Palestinian and Israeli economies separately and claims to maintain a strict distinction between the economic and the political. The interesting thing about the Palestinian case is that the economic and political aspects are not self-evident. On the one hand, the economy is a terrain of colonial confrontation, a privileged place for the policies of exclusion, confiscation and repression carried out against Palestinian society. On the other hand, the formulas "peace dividend", "investing in peace" and "economic peace" refer to an economic rationalization of the management of the conflict.

  • Baptiste Sellier, EHESS, CMH, (France), Mythologie et formalisme israéliens : le déni du fait palestinien par le refoulement de l’espace et du temps réels
Israeli mythology and formalism: the denial of the Palestinian fact by the repression of real space and time

Israel, as a state born out of a process of colonization of Palestine by the Zionist movement, continues to be confronted with the reality of the Palestinian fact, that is, the presence of a people with a familiar anchorage in space. Linked to a concrete past and future, this real anchorage contrasts with the complete deficit of "autochthonous capital" of political Zionism beginning in Palestine, a deficit that the continuation of a policy of conquest and colonization at the expense of the Palestinians actualizes by confronting Israel with a principle of reality diametrically opposed to its national claims on the territories it covets, and which delegitimizes them. This total contrast between ideal construction and effective social reality has pushed the Zionist movement, and then the State of Israel, since its beginnings, to put aside the effective space and time of continuity and experience by negating the real context, relying on a supra-contextual historical natural law, and on an infra-contextual positive formal law, which straddle the problem of delegitimization posed by the Palestinian fact in myth and procedure. This contribution aims to explore this construction of Israeli legitimization through the example of the contemporary colonization of East Jerusalem, which is akin to "a self-fulfilling prophecy".    

  • Marion Slitine, EHESS, Centre Norbert Elias/MuCEM, (France), Une Palestine globale. Le prisme de la mondialisation dans les études palestiniennes
A global Palestine. The Prism of Globalization in Palestinian Studies

The aim of this intervention is to study how Palestine is global, exploring what it means to the world and why Palestine is so important internationally, at a time when, conversely, the area of territory controlled by the Palestinians is shrinking by the day. Furthermore, this intervention will address how the prism of globalization can renew Palestinian studies and how it can contribute to renewing studies on globalization, but also on international solidarity movements and (post)colonial struggles elsewhere in the world. The question of comparativism will be raised in order to open up Palestinian studies from the national reading grid, to understand why and how Palestine is so crucial on a global scale, and to situate "local" struggles for Palestine in relation to a series of global processes and cultural flows that shape the daily living conditions of Palestinians.

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