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AM48 - Politique étrangère et relations internationales

Date : 2022-09-21 | 08:45:00-10:45:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.M
Lieu :
ESCT
Salle :
D17
Responsable :
Modérateur·trice : Rachida Tlili-Sellaouti
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Hedjazi Nour Paris 8
Dominguez de Olazabal Itxaso Universidad Carlos 3 de Madrid
Tinas Rukiye Eskisehir Osmangazi University

AM48 - Politique étrangère et relations internationales FR-EN

Salle: D17

Modératrice : Rachida Tlili-Sellaouti, FLAH, Université de la Manouba

  • Rukiye Tinas, Université Eskisehir Osmangazi, (Turquie), L’influence stratégique de la Turquie en Afrique FR
  • Itxaso Domínguez de Olazábal, Universidad Carlos III de Madrid, (Espagne), The European Neighbourhood Policy and the unacknowledged Mediterranean colour line EN
  • Nour Hedjazi, Université Paris 8, (France), La Russie en Libye : anatomie d'une influence FR

  • Rukiye Tinas, Université Eskisehir Osmangazi, (Turquie), L’influence stratégique de la Turquie en Afrique FR
Depuis 2005, le continent africain constitue un axe majeur de la stratégie d’influence de la Turquie, qui obtient cette même année le statut d’observateur à l’Union africaine. Trois ans plus tard, un accord stratégique est conclu entre la Turquie et l’Union, ce qui donne de l’élan à « la politique d’ouverture à l’Afrique » du gouvernement du Parti de la justice et du développement de Recep Tayyip Erdogan au pouvoir depuis 2002. Le nombre d’ambassades turques en Afrique a plus que triplé depuis 2009, avec ses 43 ambassades Ankara dispose du réseau diplomatique le plus large dans le continent. Les acteurs et institutions de diplomatie publique et les outils du soft power de la Turquie contribuent à l’élargissement de son influence en Afrique. D’abord culturelle et économique, l’offensive turque a pris un tournant sécuritaire et stratégique. Dès 2013, la Turquie applique sa politique africaine de partenariat dans les domaines de l’éducation, du développement et de la culture ainsi que les domaines militaire et stratégique. S’inscrivant dans le domaine de la diplomatie publique, cette recherche porte sur la politique africaine de la Turquie des années 2000. La question est de savoir comment la Turquie, se démarque-t-elle des anciennes puissances coloniales, mais aussi russe et chinoise en Afrique, menaçant aucunement les intérêts des Etats africains comme elle l’avance elle-même. De même, ayant débarqué comme un nouvel acteur face aux Etats investis depuis très longtemps déjà en Afrique, nous verrons comment la Turquie cherche à étendre sa sphère d’influence dans les différentes régions du continent. En vue de répondre à cette problématique seront analysés la stratégie, les acteurs et les institutions de la diplomatie publique ainsi que les outils du soft power de la Turquie en Afrique. 

  • Itxaso Domínguez de Olazábal, Universidad Carlos III de Madrid, (Espagne), The European Neighbourhood Policy and the unacknowledged Mediterranean colour line EN
 La politique européenne de voisinage et la “color line” méditerranéenne inavouée

Une analyse approfondie de la dimension méridionale de la politique européenne de voisinage (PEV) de l'UE met en lumière la manière dont discours et pratiques portent un imaginaire changeant de l’espace méditerranéen : du cercle d’amis à la ceinture de feu, où l’Europe est une forteresse dans laquelle le "mode de vie européen" doit être protégé. Les études des développements récents de l’attitude de l'UE en tant que puissance néo-impériale éludent une analyse plus systématique de la race, non seulement en termes de civilisation, mais surtout comme signe de l’épaisseur de la frontière raciale (« colour line ») qu’est la Méditerranée.  En se concentrant principalement sur la communication "Un nouvel agenda pour la Méditerranée" et en discutant la littérature sur le capitalisme racial (Robinson, 1983 ; Bhattacharyya, 2018 ; Virdee, 2018 ; Lentin, 2020), cette recherche vise à comprendre comment la PEV éclaire non seulement l'échec de l'UE à assumer son histoire coloniale (Bhambra & Narayan) mais aussi sur ses réalités (post)coloniales marquées par un continuum colonial traduit par différents mécanismes de capitalisme racial.
 
La relation entre l'UE et ses voisins du Sud est depuis le début structurée par des logiques de hiérarchisation et de différenciation qui reproduisent en permanence les régimes de racialisation. Dans ces derniers, le Sud est implicitement perçu comme une périphérie sacrifiable dont la dépossession n'est pas un dommage collatéral, mais une exigence pour que l'UE maintienne les logiques du capitalisme selon les des régimes raciaux qui font de la race un moyen de naturaliser et justifier les asymétries structurelles dans divers domaines (migration, sécurité, commerce, lutte contre le changement climatique, transition numérique…) L'accumulation racialisée du capital ne crée et ne perpétue pas seulement un centre dans le Nord global et une périphérie dans le Sud global, mais elle contribue également à façonner les propres périphéries du Sud maintenues aussi par des élites politiques et économiques cooptées, que l'on retrouve également dans le voisinage sud de l'UE (Proglio, 2016 ; Salem, 2020). Ce continuum colonial n'est pas sans susciter aussi des résistances dans les sociétés du Sud (Del Sarto, 2016).

  • Nour Hedjazi, Université Paris 8, (France), La Russie en Libye : anatomie d'une influence FR
La Libye post-révolutionnaire, au-delà d’un territoire fragmenté et d’un pouvoir décentralisé [Bensaâd, 2012], assiste depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi à l’émergence d’acteurs étatiques et non-étatiques au cœur des équilibres de pouvoir. En leur sein converge, d’une part l’affrontement idéologique entre nouvelles et anciennes élites pour l’accession au pouvoir [Thiriot, 2013] et d’autre part, la primauté de la résistance comme source de légitimité du pouvoir [Foucault, 1976]. La Russie a longtemps entretenu des relations pragmatiques avec l’ancien régime libyen. La Jamahiriya a été, entre autres, un client majeur de l’armement russe. De nombreux contrats d’armements et d’infrastructures, non aboutis, ont été signés sous Mouammar Kadhafi. Dans l’optique de préserver ses intérêts économiques tout en revendiquant une voix indépendante dans le jeu mondial [Raviot, 2016], la Russie s’est progressivement et durablement agrégée aux acteurs devenus incontournables en Libye. Si la plupart des travaux et publications appréhendent l’influence russe en Libye sous le prisme de la coercition, à savoir le déploiement de mercenaires via des sociétés paramilitaires privées, nous nous efforcerons d’analyser les stratégies d’influence diplomatique, informationnelle et numérique [Grossman, Ramali, DiResta, Bradshaw, Healzer et Hubert, 2020] tout en nous intéressant aux réseaux russes d’entrepreneurs d’influence [Laruelle et Limonier, 2021]. Dans ce cadre, nous nous proposons d’analyser l’implication plurielle et protéiforme de la Russie dans le conflit libyen à la lumière de ses stratégies d’influence.

Si nous considérons la centralité saharienne [Bensaâd, 2019] de la Libye comme un « pôle de pouvoir captant et impulsant des luttes de pouvoir », l’hypothèse d’une incursion russe en Afrique subsaharienne par les différents canaux de ses entrepreneurs d’influence présents en Libye est indéniablement plausible. Les enjeux économiques impliquant l’énergie, la reconstruction d’infrastructures et la privatisation de la guerre, à l’œuvre en Libye mobilisent aussi bien des réseaux d’affaires que des réseaux de la diplomatie traditionnelle russe. Cette intervention s’appuiera notamment sur les données récoltées lors d’entretiens menés entre 2019 et 2021 à Moscou et Kazan – et prochainement à Tunis –, avec des acteurs libyens et russes tant issus du secteur étatique (diplomates, militaires, fonctionnaires internationaux), que non-étatique (hommes d’affaires, partis politiques, journalistes).


  • Rukiye Tinas, Université Eskisehir Osmangazi, (Turquie), Turkey's strategic influence in Africa FR
Turkey’s Strategic Influence in Africa

Since 2005, the African continent has been a major focus of Turkey’s strategy of influence, which in the same year obtained observer status at the African Union. Three years later, a strategic agreement is reached between Turkey and the Union, which gives impetus to the “policy of openness to Africa” ​​of the government of the Justice and Development Party of Recep Tayyip Erdogan in power since 2002. The number of Turkish embassies in Africa has more than tripled since 2009, with its 43 embassies Ankara has the largest diplomatic network in the continent. Turkey’s public diplomacy actors and institutions and soft power tools are helping to expand its influence in Africa. First cultural and economic, the Turkish offensive took a security and strategic turn. From 2013, Turkey applied its African partnership policy in the fields of education, development and culture as well as the military and strategic fields. As part of the field of public diplomacy, this research focuses on Turkey’s African policy in the 2000s. The question is how Turkey stands out from the former colonial powers, but also Russian and Chinese in Africa, in no way threatening the interests of African States as the Turkish state itself claims. Similarly, having arrived as a new player in the face of the states that have already been invested in Africa for a very long time, we will see how Turkey is seeking to extend its sphere of influence in the different regions of the continent. In order to answer this question, the strategy, actors and institutions of Turkey’s public diplomacy as well as the tools of Turkish soft power in Africa will be analysed.

  • Itxaso Domínguez de Olazábal, Universidad Carlos III de Madrid, (Espagne), The European Neighbourhood Policy and the unacknowledged Mediterranean colour line EN
A thorough analysis of the Southern dimension of the EU's European Neighbourhood Policy (ENP) calls attention to how discourse and practices cast light on a shifting imagination of the Mediterranean space: from a ring of friends to a ring of fire, to fortress Europe in which the ‘European way of life’ has to be protected. Recent developments on the study of the EU’s behaviour as a neo-imperial power elide a more systematic analysis of race not only in civilizational terms but above all regarding the materiality of the global colour line, and in this case of the colour line that is the Mediterranean. Focusing mainly on the Communication ‘A New Agenda for the Mediterranean’ and engaging with the literature on Racial Capitalism (Robinson, 1983; Bhattacharyya, 2018; Virdee, 2018; Lentin, 2020), this research aims at understanding how the ENP casts light not just on the EU’s failure to come to terms with its colonial history (Bhambra & Narayan) but also with its (post)colonial realities characterized by a colonial continuum operated by different mechanisms of Racial Capitalism. 

The relationship between the EU and its Southern Neighbourhood has been since its inception structured alongside hierarchizing and differentiating logics of ongoing reproduction of regimes of racialization. In the latter, the South is implicitly perceived as an expendable periphery whose dispossession is not collateral damage, but a requirement, for the EU to maintain the logics of capitalism according to racial regimes that instrumentalises race as a dispositif to naturalize and justify structural asymmetries in different fields, such as migration, security, and trade, but also the fight against climate change and digitalisation. Racialized capital accumulation does not only create and perpetuate a core in the Global North and a periphery in the Global South but also contributes to the shaping of the South’s own peripheries maintained by co-opted political and economic elites, which can also be found in the EU’s Southern Neighbourhood (Proglio, 2016; Salem, 2020). This colonial continuum is not without resistance across societies in the South (Del Sarto, 2016).

  • Nour Hedjazi, Université Paris 8, (France), La Russie en Libye : anatomie d'une influence FR
Russia in Libya: Anatomy of an Influence

Post-revolutionary Libya, beyond a fragmented territory and a decentralized power [Bensaâd, 2012], has witnessed since the fall of the regime of Muammar Gaddafi the emergence of government and non-government actors at the heart of power balances. Within them converges on the one hand, the ideological confrontation between new and old elites for the accession to power [Thiriot, 2013] and on the other hand, the primacy of resistance as a source of legitimacy of power [Foucault, 1976]. Russia has long maintained pragmatic relations with the former Libyan regime. The Jamahiriya was, among other things, a major customer of Russian armaments. Many unfinished armament and infrastructure contracts were signed under Muammar Gaddafi. With a view to preserving its economic interests while claiming an independent voice in the global game [Raviot, 2016], Russia has gradually and durably joined the players that have become essential in Libya. If most of the works and publications apprehend the Russian influence in Libya under the prism of coercion, namely the deployment of mercenaries via private paramilitary companies, we will aim to analyze the strategies of diplomatic, informational and digital influence [Grossman, Ramali, DiResta, Bradshaw, Healzer and Hubert, 2020] while focusing on Russian networks of influence entrepreneurs [Laruelle and Limonier, 2021]. In this context, we propose to analyze the plural and protean involvement of Russia in the Libyan conflict in light of its strategies of influence.

If we consider Libya's Saharan centrality [Bensaâd, 2019] as a "pole of power capturing and driving power struggles", the hypothesis of a Russian incursion into sub-Saharan Africa through the various channels of its influential entrepreneurs present in Libya is undeniably plausible. The economic stakes involving energy, the reconstruction of infrastructures and the privatization of the war, at work in Libya mobilize both business networks and networks of traditional Russian diplomacy. This intervention will be based on data collected during interviews carried out between 2019 and 2021 in Moscow and Kazan – and soon in Tunis –, with Libyan and Russian actors both from the government sector (diplomats, soldiers, international civil servants), and non-government actors (businessmen, political parties, journalists).


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