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AM45 - Littérature classique

Date : 2022-09-22 | 16:15:00-18:15:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.M
Lieu :
ISAMM
Salle :
C6
Responsable :
Modérateur·trice : Hager Ben Driss
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
Essakouti Asmaa Freie Universität Berlin
Nouha Chaouch Basma Université de Tunis
Fischer Jens WWU Münster
Luzi Romina EHESS

AM45 - Littérature classique FR-EN-AR

Salle: C6
Modératrice : Hager Ben Driss, Université de Tunis
  • Asmaa Essakouti, Berlin Graduate School Muslim Cultures and Societies, (Allemagne), When the Charlatan Meets the Philologist, Strangerhood in Ḥarīrī’s Impostures EN
  • Basma Nouha Chaouch, Université de Tunis AR
  •  قيم الإنسان العربي قديما
  • Jens G. Fischer, Westfälische Wilhelms-Universität Münster, (Allemagne), Arabic panegyric poetry as a part of political crisis management in the Ayyubid period EN
  • Romina Luzi, EHESS, (France), Les romans paléologues. Permanence et renouvellement FR

  • Asmaa Essakouti, Berlin Graduate School Muslim Cultures and Societies, (Allemagne), When the Charlatan Meets the Philologist, Strangerhood in Ḥarīrī’s Impostures EN
Quand le rusé rencontre le grammairien. L’étrangéité dans Les Séances de Hariri

Dans son article “Du pélerinage au tourisme”, Bauman définit l’identité à partir de son rapport à l’espace et distingue quatre catégories principales : le pèlerin qui se dirige vers une destination et un but précis, le flâneur errant et tournant à sa guise, le vagabond prenant plaisir à ses pérégrinations après avoir été chassé par sa tribu et enfin, le touriste en quête de nouvelles expériences. Quelques siècles avant cette analyse sociologique, et plus précisément en l’an cinq de l’Hégire, al-Ḥarīrī présente dans ses Maqāmāt ou Séances deux autres formes de relations à l’espace à travers deux personnages qui se rencontrent dans cinquante séances se déroulant dans des villes et des contextes différents pour échanger des anecdotes, des récits de ruse et des expressions extravagantes. Le premier personnage, celui du narrateur, se distingue par sa curiosité aigüe et son désir ardent de collecter les fantaisies langagières et les dits les plus étranges et pour ce faire, il parcourt la terre d’Islam d’Est en Ouest. Le second est le héros rusé qui n’est ni en quête de savoir ni d’étrangeté parce qu’il est l’incarnation et l’emblème des deux. Il ne cesse néanmoins de se déplacer, d’abord parce qu’il a perdu son pays suite à l’invasion byzantine et parce que le fait de s’établir dans un endroit est susceptible de le démasquer, de dévoiler ses ruses et de générer des échecs et des scandales.  A travers ces deux personnages, al-Ḥarīrī établit une comparaison explicite entre deux formes d’étrangéité ; la première, confortable et touristique, est fondée sur la recherche de l’exotisme et de ce qui est hors du commun ; la deuxième, pragmatique et procédant d’une nécessité, est dictée par un impératif de survie y compris par le recours à des procédés immoraux. En dépit de la prépondérance du thème de l’étrangéité et de sa présence dans les incipits et dans les discours des personnages, les études académiques portant sur Les Séances d’ al-Ḥarīrī n’ont donné aucune importance à ce thème, considéré comme un cadre creux sans incidence sur la construction de l’intrigue. Cette étude consiste à mettre l’accent sur l’expérience de l’étrangéité dans Les Séances d’al-Ḥarīrī et son lien consubstantiel à l’esprit du texte et à sa littérarité, d’autant plus que notre époque contemporaine est hantée par les questions de la migration, de l’exil et de l’étrangéité. 

  • Basma Nouha Chaouch, Université de Tunis AR
  •  قيم الإنسان العربي قديما
Les valeurs de l’homme arabe autrefois

L'homme arabe avait recours autrefois à un ensemble de valeurs humaines adoptées par une loi régissant sa vie individuelle et sociale, celle-ci étant établie par un juge lors de conflits et de crises politiques, économiques ou sociales entre les membres de la communauté. Cette étude tente d’interroger la littérature poétique arabe ancienne et la littérature critique sur cette question pour explorer ses diverses manifestations et schémas d’une part, et la façon de se déroulent dans la réalité politique, économique et sociale des sociétés arabes d’autre part. Enfin, notre but est également d'en étudier les diverses répercussions sur ces sociétés. 

  • Jens G. Fischer, Westfälische Wilhelms-Universität Münster, (Allemagne), Arabic panegyric poetry as a part of political crisis management in the Ayyubid period EN
Le rôle de la poésie panégyrique arabe dans la gestion des crises politiques à l‘époque ayyoubide

La récitation de la poésie panégyrique figure dans le déroulé de nombreux cours arabes prémodernes, mais sa signification et sa fonction dans ce contexte restent mal comprises. Souvent considérée comme de la flatterie par les critiques modernes, cette poésie faisait en réalité partie intégrante de la vie politique de ces cours, dont elle rendait visible l‘ordre interne et exprimait les valeurs. Ceci est particulièrement évident dans le cas des louanges écrites dans des moments de crise, tels qu‘une défaite, une rébellion ou la mort d‘un souverain. Dans cette présentation, nous examinons des exemples de tels poèmes de l‘époque ayyoubide (du milieu du 12e au milieu du 13e siècle). Ces poèmes, loin de simplement flatter le souverain, contribuaient à stabiliser l‘ordre politique menacé en affirmant rituellement sa légitimité et en démontrant sa viabilité. La poésie panégyrique doit donc être considérée comme un élément important de la gestion des crises politiques à cette époque.

  • Romina Luzi, EHESS, (France), Les romans paléologues. Permanence et renouvellement FR
Les romans byzantins de la fin du Moyen Âge s'inspirent des romans courtois et déclinent ces modèles occidentaux selon la tradition littéraire byzantine (rhétorisation par des longs discours et monologues, ekfraseis) et puisent dans des motifs plus populaires, tels qu'une narration ponctuée par des locutions méta-énonciatives et des répétitions qui miment une performance orale.
Le choix du registre vernaculaire, l'adhésion au modèle courtois et l'emprunt d'éléments fabuleux marquent un tournant dans la littérature byzantine, caractérisée par un extrême conservatisme dans la langue (usage de la langue atticisante cachant pendant des siècles l'évolution de la langue parlée) et dans les modèles antiques.
Certains de ces romans, comme le Callimaque et le Libistros utilisent des motifs ancestraux propres aux contes, par exemple, celui du cheval volant (issu des contes des Mille et une nuits) et des objets magiques au service des héros ou d'hideuses sorcières ; d'autres, comme le Florios et Imperios, suivent le plot des modèles occidentaux, eux-mêmes inspirés respectivement du conte Neema et Noam et de Qamar az-Zaman et la princesse de Chine des Mille et une nuits.
La simplicité et l'universalité de ces histoires a secondé leur transmission dans l'espace méditerranéen. Ces ouvrages sont un exemple emblématique de l'acculturation opérant jusqu'à une époque récente, si bien que nous devons parler de libres adaptations et non de traductions.


  • Asmaa Essakouti, Berlin Graduate School Muslim Cultures and Societies, (Allemagne), When the Charlatan Meets the Philologist, Strangerhood in Ḥarīrī’s Impostures EN
In his article “From Pilgrim to Tourist” Bauman compares four modes of identity: the pilgrim heading to a defined destination, the flaneur strolling at his leisure, the vagabond roaming freely and the tourist moving purposely towards a new experience. Centuries before Bauman, in the 5th/11th century, al-Ḥarīrī wrote fifty Maqāmāt or Impostures where two characters meet in fifty different cities and contexts to exchange playful words, tricks and anecdotes. The first character is the narrator, a passionate philologist driven by one sole goal: finding strange and curious knowledge. The second is a swindler who fled his homeland after its invasion by the Byzantines; henceforth, he travels between countries tricking people with paronomasias, lipograms and sermons. Through these two characters, Ḥarīrī contrasts two modes of strangerhood (ghurba), the first is privileged and touristic, seeking the strange and the exotic, while the second is driven by necessity and pragmatic, using all means, including immoral ones, to assure survival. So far, maqāma scholarship has ignored the depth of the experience of strangerhood within Ḥarīrī’s collection. This paper argues that the notion of strangerhood in Ḥarīrī’s maqāmāt has a significant impact on their literary value, especially in contemporary times, when exile, migration and strangerhood are pressing issues.

  • Basma Nouha Chaouch, Université de Tunis AR
  •  قيم الإنسان العربي قديما
The values of the Arab man in the past

The Arab man once had recourse to a set of human values adopted by a law governing his individual and social life, which was established by a judge during political, economic or social conflicts and crises between members of the community. This study attempts to interrogate ancient Arabic poetic literature and critical literature on this issue to explore its various manifestations and patterns on the one hand, and how they play out in the political, economic and social reality of Arab societies on the other. Finally, the aim is also to study the various repercussions that result from it.

  • Jens G. Fischer, Westfälische Wilhelms-Universität Münster, (Allemagne), Arabic panegyric poetry as a part of political crisis management in the Ayyubid period EN
The recitation of panegyric poetry features prominently in the ceremonies and rituals of many premodern Arabic courts, yet its precise meaning and function in this context remain poorly understood. Often dismissed as mere flattery by modern critics, this poetry in fact played an important role in the political life of these courts, making visible its internal order and articulating the values upon which this order was based. This is particularly evident in the case of praise poems written in moments of crisis, such as military defeats, rebellions, or the death of a sovereign. In this presentation we will consider examples of such poems from the so-called Ayyubid period (mid-12th to mid-13th century). I will argue that these poems, far from merely stroking the ruler’s ego, helped to stabilise a threatened political order by ritually affirming its legitimacy and demonstrating its viability. Panegyric poetry can thus be said to have been an important part of political crisis management in this period.

  • Romina Luzi, EHESS, (France), Les romans paléologues. Permanence et renouvellement FR
The Palaiologan romances. Permanency and renewal

The late medieval byzantine romances, inspired by courtly romances, align these western models with the byzantine literary tradition  (emphasis on rhetorical elements like lengthened discourses, monologues and ekphraseis) and draw from more popular patterns, such as a narrative which is punctuated by meta-enunciative locutions and repetitions and which therefore imitate an oral performance.
The election of the vernacular, the uptake of the courtly model and the presence of fairytale elements highlight a milestone in the byzantine literature, which was hitherto characterised by an outmost conservatism in the language (the usage of the atticizing idiom which had disguised the evolution of spoken speech) as well as in the choice of ancient models.
Some of these romances, such as Callimachos and Libistros, employ ancestral fabulous motifs, for instance, the flying horse (derived from the tales of the Thousand and one nights) and magical items for the benefit of the heroes and of hideous witches ; others, like Florios and Imperios, adapt the templates of the western works, which are themselves inspired by the plot respectively of the Neema and Noam and Qamar az-Zaman and the princess of China, the both in the Thousand and one nights. The simplicity and universality of these stories facilitated their transmission in the Mediterrenean area. These romances are an emblematic illustration of the acculturation which proceeded up to recent times, so that we should consider them as free adaptations rather than translations.

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